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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Retrouver la plume de Javier Marias et me perdre à nouveau dans les méandres de ses histoires est un vrai plaisir .
Dans son dernier roman il nous revient avec une histoire dans l'Espagne postfranquiste qui draine encore les résidus de trente-six années d'un régime meurtrier, que tout le monde essaie d'oublier sans demander de comptes à personne ("L'avenir était si tentant qu'il valait la peine d'enterrer le passé"). le narrateur Juan de Vere, un jeune homme de vingt-trois à l'époque, nous la raconte quelques décennies plus tard, alors qu'il est déjà un homme d'âge mûr.
Jeune diplômé Juan trouve par l'intermédiaire de son père un poste de secrétaire privé auprès du cinéaste Eduardo Muriel. Muriel est marié à Beatriz Noguera, la quarantaine,belle et sensuelle.
Très préoccupé par une affreuse rumeur sur un de ses amis, qui "se serait conduit de manière indécente avec une femme, et peut-être même plusieurs", Muriel va y impliquer Juan pour découvrir la vérité. Ce dernier est d'autant plus étonné que Muriel lui-même se conduit de manière très trés indécente avec sa propre femme......
Pour le jeune de Vere se présente une intrigue à double tranchant. D'où, pour arriver à ses fins, il va développer une sérieuse habitude d'espionnage voir de voyeurisme facilitée par son lieu de travail : la maison même de Muriel. Mais notre Sherlock Holmes ne va pas confiner ses activités à la seule maison, où il finit par "faire partie des meubles".
Beaucoup de surprises l'attendent, lui et nous aussi lecteurs.....

Voici grosso modo le début de l'histoire, si vous connaissez Marias, votre curiosité est déjà très aiguisée pour la suite où l'on assistera à une dissection en directe. Il n'épargne aucun détails, s'égarant dans des digressions méditatives continues, croquant des portraits de mâles latinos à "l'irrespect excessif " à l'égard des femmes,
y laissant glisser des histoires vraies comme l'affaire Mariella Novotny / Harry Alan Towers ,scandale politico-sexuel dans les années 60, auscultant le passé où un secret en cache un autre plus inavouable encore, qu'il nous distille au compte-gouttes ......secrets dont il aurait mieux valu en laisser certains en paix........,plus que l'intrigue c'est le style de Marias qui méne le jeu, passionnant.


Si vous êtes une ou un aficionado de lui, vous allez adorer ce livre, si vous ne le connaissez pas encore, l'occasion à jamais de le rencontrer et si vous êtes entre les deux à vous de voir......


" Thus bad begins and worse remains behind"( Shakespeare - Hamlet Act 3 Scene 4)
“Si rude soit le début, le pire reste derrière nous.”

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Madrid, 1980. Ses études tout juste terminées, Juan de Vere entre au service du réalisateur Eduardo Muriel, comme secrétaire particulier. Très vite, il devient son bras droit, son ''prolongement'' naturel et passe ses journées et parfois même ses nuits dans l'appartement de son employeur, rencontrant sa famille et ses amis. Impressionné et admiratif, Juan accepte tout naturellement la requête de Muriel quand celui-ci lui demande d'espionner discrètement l'un de ses amis, le docteur van Vechten, pédiatre en vue qui, dans le passé, ''se serait mal conduit avec une femme, et peut-être même plusieurs'' selon la rumeur. La pire des choses selon Muriel, au grand étonnement de son secrétaire qui voit jour après jour son employeur se conduire mal avec sa propre épouse, la belle Beatriz qu'il insulte, humilie et ne touche plus malgré l'amour fou qu'elle semble lui porter. Voilà donc le jeune de Vere embarqué dans une double enquête : découvrir les agissements de van Vechten pour le compte de Muriel et connaître les secrets de ce mariage malheureux, pour son compte personnel.

C'est avec le recul dû à l'âge que, quelques trente ans après les faits, Juan de Vere nous raconte ses débuts dans la vie active et dans le monde, cinq ans après la mort du caudillo, au moment où l'Espagne enterrait le dictateur et avec lui les années de dictature. C'est l'heure du grand pardon et de l'oubli des crimes commis, ceux des vaincus et des vainqueurs. Pourtant, derrière les réputations blanches comme neige se tient l'ombre du franquisme et les rumeurs persistent...
Dans son style tout en circonvolutions, Javier Marias nous mène, de détours en digressions, de répétitions en lenteurs volontaires, dans une Espagne qui s'enivre de sa liberté toute fraîche, préférant une conciliante amnésie aux règlements de compte. Cela ne l'empêche pas d'évoquer la guerre qui mit à genoux les républicains et les fit souffrir bien longtemps encore après la défaite et la movida, cette période d'effervescence et de libération des moeurs dans une société qui n'osait pas encore légaliser le divorce.
Un roman dense, puissant, qui passionne, sait ménager un certain suspense et évoque l'amour et ses désillusions, la haine qui en est le pendant, la trahison, le mensonge et le pardon impossible. Une prose magnifique et une analyse fine et fouillée de cette société entre deux eaux qui regarde son avenir mais reste plombée par les blessures du passé. Un écrivain, un vrai !
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Avec « Si rude soit le début », Javier Marías nous offre un livre en droite ligne avec le reste de son oeuvre. Vous ne serez pas perdu, ses thèmes de prédilection sont bien présents et même des références à d'autres romans pour ceux qui les ont lus. Javier Marías décortique l'intime indicible et les zones d'ombre que nous cachons dans les tréfonds de nos consciences et il y réussit avec son brio habituel et son écriture inimitable.

Le jeune Juan de Verde est engagé comme secrétaire particulier d'un réalisateur de cinéma madrilène, qui va lui demander d'enquêter secrètement sur le mystérieux docteur van Vechten, pédiatre qui soigne l'ensemble de la famille. Cela ne vous dit rien ? Il y a un clin d'oeil explicite à la trilogie « Ton visage demain », d'autant plus que Javier Marías se permet une brève incursion du personnage de Peter Wheeler, le vieux professeur d'Oxford, ancien espion britannique, qui nous est présenté dans le premier tome "Ton visage demain : Fièvre et lance" et va faire s'engager le personnage principal Jaime Deza sur la voie d'un certain espionnage dans les tomes suivants.

Lecture passionnante s'il en est, je ne la recommanderais pas comme entrée en matière de l'oeuvre géniale mais particulière de cet auteur. « Comme les amours » reste bien plus facile d'accès, à mon sens.

Le seul bémol peut-être est la traduction qui, par moment, n'est pas gouleyante comme à l'accoutumée. Il y a eu changement à ce niveau chez l'éditeur. De-ci de-là, un terme ou l'autre étonnent le lecteur assidu de cet auteur, habitué à un lexique invariablement élégant même quand il est question des choses les plus crues ou triviales. Et puis, dire qu'appeler un médecin 'docteur' est pédant, que se faire avoir comme un gogo est une expression surannée, n'est pas correct. Mais j'imagine bien que la traduction d'une telle verve, d'une telle faconde ne doit pas être chose aisée.

Le titre aussi m'a intriguée. L'auteur a emprunté à nouveau, écrit-il, le titre du livre à Shakespeare. C'était déjà le cas de « Demain dans la bataille, pense à moi » tiré de Richard III et de « Un coeur si blanc » de Hamlet. Mais impossible ici de retrouver la bonne pièce en cherchant « Si rude soit le début » sur internet, ou sa prolongation "Si rude soit le début, mais le pire est derrière nous". C'est par le titre anglais « Thus bad begins » que j'ai découvert le pot aux roses. Il s'agit à nouveau d'Hamlet dans ses vers célèbres « I must be cruel only to be kind. Thus bad begins and worse remains behind », qui est traduit à l'inverse en français comme dans La Pléiade où l'on lit "Je ne dois être cruel que pour être juste. Ceci commence mal, mais pire viendra". En revanche, Javier Marìas nous fait un grand clin d'oeil en appelant son protagoniste Juan de Vere, lorsqu'on sait que Edouard de Vere est une des figures hypothétiques de Shakespeare.

Lecture captivante donc et sans doute davantage encore pour le lecteur féru de l'univers de cet auteur hors norme, qui sera ravi de reconstituer le fil rouge tracé entre les différentes oeuvres de Javier Marías.
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Excellent ouvrage sur l'Espagne à peine sortie de la dictature, un jeune, Juan de Vere, devient le secrétaire personnel d'un cinéaste célèbre, Eduardo Muriel. Auprès de lui, il découvre peu à peu certains secrets familiaux liés à son milieu (son épouse Béatrice Noguera et l'un de ses vieux amis), qui s'approfondissent pendant la première partie du roman et se dénouent à la fin. Comme à son habitude, le style de Javier Marias est incomparable de subtilité et de précision, avec de nombreuses références à des oeuvres littéraires ou bien du cinéma. A titre d'exemple, le titre de l'ouvrage est une référence à Shakespeare, assez mal traduite en français, puisque j'aurais plutôt traduit ainsi: "Ainsi commencent les mauvaises choses", plutôt que "si rude soit le début". le texte d'origine est le suivant: "Thus, bad begins and worse remains behind", étant précisé que dans le titre, Marias ne fait référence qu'à la première partie de la citation.
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