Ceux qui me touchent

Un père de famille invente des histoires pour sa fille en intégrant ses exigences : une princesse, des cochons zombies- il travaille à l'abattoir ; un cerf - il en croise un sur sa route ; un cochon au grand coeur - il en vole un tatoué à l'abattoir. Il espère ainsi changer sa vie qui ne lui convient pas. Mais la réalité résiste à ses rêves.
Dans ce roman graphique, les couleurs de fond changent au fil des chapitres, avec des tons saturés de vert et de jaune, orange, rose. Je ne suis pas fan du crayonné du dessin, des gros traits de couleur ajoutés qui forment les ombres. Cela donne un côté flou, esquissé. Mais le scénario est prenant.
Cela me fait penser à A la ligne de Joseph Ponthus. de la difficulté de vivre de son art et de se résigner à un travail alimentaire, trouvé et vécu comme une punition. La fin entretient un flou, que le lecteur comblera suivant son rapport à la réalité : à t-il effectivement changé le cours de sa vie, ou n'est-ce qu'une histoire qu'il se raconte ? Parce que son véritable talent est là : raconter des histoires.

Un papa qui raconte une histoire à la demande de sa fille. Une histoire particulière avec une princesse, un loup, une baguette arc-en-ciel et des cochons zombis. Une histoire qui par moment reflète sur leur vie.

Une vie pas toujours évidente, avec une mère qui travaille à l'hôpital et un père à l'abattoir porcin. Pour éviter les frais de garde, ils travaillent en décalé et se voient peu.

Le travail de Fabien commence à peser de plus en plus sur son moral, certaines de ses prémonitions se réalisent et il ne demande qu'à changer de vie.

Un récit touchant, percutant. Une remise en question sur la consommation de viande mais aussi sur les abattoirs. le tout sans être moralisateur.

Les dessins ne sont pas du style qui me plaît habituellement mais j'ai trouvé qu'ils correspondaient bien au texte par leur aspect réaliste.

Merci beaucoup à Babelio pour l'envoi de ce roman graphique.

Très Déroutant. Très glauque. J'ai aimé et j'ai pas aimé. Difficile de ne pas être atteinte par cette lecture. J'ai entrevu un espoir ... puis il y a eut la fin. Brute.  Et pourtant ça parle de rêves, de changements pour une meilleure vie...

Nous suivons Fabien qui enchaîne les heures dans un abattoir de cochons et qui le supporte de moins en moins. Sa femme travaille dans un hôpital et n'a pas non plus un quotidien facile. Et au milieu de tout ça, leur petite puce Elisa de 5 ans insouciante aime dessiner et inventer des histoires. On ressent l'échappatoire pour ce papa d'être avec sa petite fille, et cela se ressent même dans la colorisation avec des teintes beaucoup plus chaude. A plusieurs reprises sa fille reste sa bouée de sauvetage, son ancre pour ne pas céder a la lassitude.

Je ne préfère pas trop en dire, mais grâce à l'histoire de sa fille il va se confronter à des coïncidences desquelles découlera certains choix discutables.
L'auteur nous emmène dans plusieurs réflexions tout au long du récit : l'élevage intensif, l'abattoir, les sans abris, la précocité et c'est très déconcertant de réalisme.
J'avais déjà lu Ceux qui me restent de ce duo et ce roman graphique est tout aussi bouleversant. J'ai quand même été déroutée par celui ci qui est plus sombre, plus dur que le précédent ou j'avais trouvé de la justesse et de l'espoir en fin de tome.
Les graphismes sont toujours très prenants, ils donnent une ambiance particulière. le côté brouillon un peu gribouillé aide beaucoup, cela donne envie de tourner les pages encore et encore.

Encore une belle réussite même si j'ai une préférence pour le précédent (sans doute dû au thème principal qui m'a plus touchée) ^^
Merci à la masse critique pour cette belle découverte !