Il y a des romans qui se passent sous la ceinture et qu'on donne sous
le manteau.
Les watères du château fait partie de ces livres dont il est difficile d'élaborer une chronique tant on ne sait par où débuter. J'aurais pu débuter par cet épisode où vous ne verrez plus votre assiette de poulpe grillé de la même façon après avoir lu
Guillaume Marie. Un tentacule peut en cacher un autre. Vous ne le verrez pas venir. En réalité je vais commencer par écrire que son écriture est limpide, circonstanciée, élégante et remplie de sous-entendus malins. Chaque chapitre au titre intrusif dans la vie de Guillaume le narrateur, permet de savoir à quoi s'attendre pour au final ne rien avoir vu venir. Ce roman c'est un peu le kinder mais avec une véritable surprise à l'intérieur. Pas la petite voiture qui finit déglinguée dès que tu la déposes sur ton étagère. Non, là, on est sûr de la surprise alliant les genres littéraires, passant du polar au roman d'apprentissage, à la poésie, puis à une once d'érotico-pornographie. Cela vous coûtera moins cher qu'un abonnement premium sur Youporn ((il y a un premium ?)
Guillaume Marie au travers de ses derniers écrits vient créer un roman qui s'articule de la meilleure des manières alors que l'exercice était d'entrée de jeu plutôt délicat. On sent à la fois la pudeur et la modestie derrière la plume de l'écrivain. Tout jaillit avec évidence dans la diversité de style et de forme,alternant la poésie et l'enquête pour retrouver son cher et tendre et tout fonctionne sans qu'on s'en rende véritablement compte. À travers l'isolement d'un jeune homme jusqu'à sa majorité, mais aussi une demande de rançon en gros sel, en kilo de lard et de cidre, on avance pas à pas pour s'émerveiller devant une justesse déjantée.
Aux portes de l'absurde, les cartésiens sont rois. C'est à la fois fantastique, sensible, porno-esthétique, drôle, que dis-je TRÈS DRÔLE. L'autodérision coule à flots dans ce château familial ou cet enfant non scolarisé s'ennuie. Ses premiers émois sexuels avec le fils du jardinier viennent briser le fade ambiant. Vous serez fasciné par la revisite de Diogène par le narrateur et de ses sarcasmes sur le métier d'écrivain ou par l'absence de nez sur un visage par
Gogol. Vous serez séduit par la visite d'une licorne nantaise en décembre qui est forcément plus belle que le trajet de l'aéroport au centre ville. Oui je sais c'est moche (non pas la blague, la parcelle de ville). La bise à Michèle dont on ne sait rien et tout à la fois. Oui ce roman est absurde et utilise l'absurde pour combattre l'absurde.