Ils ont fait l'Histoire, tome 24 : L'empereur Meiji

Ce nouveau tome de la série Ils ont fait L Histoire, collection de bandes dessinées qui prend la forme de biographies historiques présentant une dimension pédagogique car à destination du grand public, et qui espèrent vraiment que le public scolaire se prêtera au jeu, est consacré à celui qui incarne aux yeux de l'Occident incarne la modernisation du Japon : l'Empereur Meiji !

Nous sommes dans un anti-biographie puisque personne n'a jamais su et ne saura jamais ce qu'il se passait dans la tête d'un empereur coupé de la réalité issu d'une dynastie coupée de la réalité... Ayant accédé au trône à l'âge de 14 ans après la mort particulièrement opportune pour certains de son père Kômei à l'âge de 36 ans (les rumeurs et les théories d'un assassinat n'ont jamais été étouffées), Mutsuhito a été érigé en symbole de l'unité nationale par une clique qui l'ont transformé en marionnette présentable pour les dirigeants occidentaux... Mais la marionnette qui n'a jamais eu droit à la parole n'a pas toujours obéi aux ordres !

pour découvrir le reste il faut faudra 1 à 2 clics de plus, mais on n'est plus à cela près depuis le Jeudi Noir de Babelio ^^
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Avec cet album consacré à l'empereur Meiji, les auteurs choisis dans le cadre de la collection Ils ont fait l'histoire, tentent d'apporter leur pierre à l'édifice en tentant de sensibiliser le grand public au rôle réellement joué par le monarque en question.

La démarche est ici ambitieuse, car nombre de lycéens ont été formés selon une école historiographique qui est ici remise en cause. Nous découvrons en effet un monarque très différent de l'image qui est communément admise : un chef d'état qui se construit au fil des années en fonction du bon vouloir de ses conseillers. Sans être une marionnette, son rôle est des plus complexes.

Se sont ces personnages là qui tiennent ici la première place, au travers d'une discussion entre deux meneurs politiques, qui pour les besoins du moment (trancher un point politique concernant la Corée) refont le fil de leur histoire passée. La mise en abîme est ici quelque peu artificielle ce qui rend l'ensemble assez difficile à lire, du moins au début.

L'album est construit en trois grandes parties : la conquête qui oppose plusieurs factions se battant au nom de l'empereur, les tentatives de construction d'une nouvelle société puis les échanges avec l'étranger et le rôle croissant joué par le Japon sur la scène internationale.

Tout cela est passionnant mais également difficile à lire et à suivre. Des explications complémentaires auraient été les bienvenues. Si le cahier scientifique permet de replacer tout cela en perspective, il ne lève, pour autant, pas toutes les opacités.

Pour complexifier le tout, le texte tient ici beaucoup de place. L'appropriation est difficile surtout pour les personnes qui ne sont pas adeptes de la culture nippone ou asiatique en général. Les dessins manquent également de finesse. Il y a ici surtout des gros plans sur des personnages ou des visages. Ceux-ci sont réussis, mais le trait souffre beaucoup dans les scènes de bataille…

Si cet album ressemble davantage à un livre illustré qu'à une bande dessinée, même si la lecture est difficile et s'il manque des éléments pour mettre le lecteur à son aise ici, voici, tout de même, un ouvrage qui mérite le détour. Vos perceptions de la période, vont en prendre un sacré coup. Effet garanti !

Qui était vraiment l'empereur Mutsu Hiro, dit Meiji (1852 - 1912), qui a symbolisé pour l'Occident l'entrée du Japon dans l'ère moderne ? Cette question constitue la trame de cette BD de la série Ils ont fait l'Histoire. Et sans grande surprise, au terme d'échanges entre deux de ses principaux collaborateurs, l'énigme demeure. Ce jeune homme parvenu tôt au pouvoir impérial a été façonné par ceux qui ont mené une révolte pour donner le coup de grâce aux shoguns Tokugawa. le but était de maintenir l'unité du peuple autour de son souverain, tout en orientant le pays vers la modernité, à coup de changements sociaux sans précédents. D'un pays fermé sur lui même, ils ont fait une nation industrieuse, commerçante et surtout militaire. Les grands perdants sont les grands féodaux, les samouraïs devenus inutiles face à une armée moderne, et les paysans lourdement taxés pour financer ces évolutions.

Ce bouleversement a été en partie causé par l'arrivée en 1853 du commodore Perry au Japon, exigeant l'ouverture du marché japonais au commerce occidental. Les plus éclairés des dirigeants japonais ont alors compris que si l'archipel ne se modernisait pas, il subirait la présence occidentale comme la Chine le faisait au même moment. D'où une volonté de changer les choses, de bousculer le féodalisme et de se structurer pour résister, puis des décennies plus tard pour étendre son influence en Corée et en Mandchourie aux dépends de la Chine et de la Russie tsariste.

Dans l'ensemble, la BD resitue toute cette évolution, mais le fait avec une certaine confusion dans les principaux personnages. Les deux anciens ministres, Ito Hirobumi et Katsura Taro, qui se remémorent le basculement d'époque et le rôle qu'ils y ont joué, sont difficilement reconnaissables quand ils interviennent plus tôt dans leur jeunesse. Les dessins ont beau être très agréables et fort réussis dans les scènes de combats (guerre civile de Boshin ou bataille navale de Tsushima), l'abondance de personnages et de noms cités perdent un peu le lecteur.

La compréhension générale des enjeux et des choix opérés demeure. Les notes finales de Guillaume Carré viennent compléter utilement le récit.

En lisant cette bande dessinée, j'imaginais en apprendre davantage sur l'Empereur Meiji. Dans le film le dernier Samouraï (E. Zwick, 2003), son personnage n'avait pas été très développé. Était-il pour ou contre le sakoku (politique isolationiste) ? Au fond quel homme était-il ? Après lecture, je ne pense pas avoir pu cerner le personnage.

« Mais finalement, aucun de nous ne le connaît vraiment, ne sait même ce qu'il pense de son rôle dans notre histoire. »

Le sujet est plutôt le contexte de l'époque. On commence en 1853 quand le Commodore Matthew Perry fait une démonstration de force dans la baie d'Edo (aujourd'hui baie de Tokyo) avec ses canons. On termine sur une autre référence de film avec l'assassinat de Hirobumi Ito à Harbin en 1909 (2009 Lost Memories de Lee Si-myung, 2002) qui aurait fortement contribué à l'indépendance de la Corée.

Dans l'ensemble, une lecture intéressante. J'ai bien aimé les graphismes et surtout le dossier de 7 pages à la fin qui donne envie d'en apprendre davantage sur l'histoire du Japon.




Challenge BD 2020
Challenge livre historique 2020

Très documentée, cette BD nous donne plus à voir les affres de la politique d'ouverture qui se met en place au Japon à partir de 1868 qu'un portrait de l'homme qu'était l'empereur Meiji. Celui-ci est bien présent mais c'est davantage la manière dont les différents "partis" vont influencer ses choix et la manière dont les changements se mettent en place qui sont évoqués. Guillaume Carré, chercheur spécialiste du Japon, assure la rigueur du propos mais peut perdre quelque peu le lecteur totalement néophyte de l'histoire japonaise et asiatique de cette période. le dessin est illustratif mais sans réelle touche d'originalité. Pas inintéressant, loin de là mais un peu trop copieux par moment.