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sur 2029 notes
♫Une femme avec une femme
L'une d'elles dit que c'est mal agir
Et l'autre dit qu'il vaut mieux laisser dire
Ce qu'ils en pensent ou disent ne pourrait rien y faire
Qui arrête les colombes en plein vol
A deux, au ras du sol
Une femme avec une femme♫
MECANO - 1990

Contre ta nature ! Mâle ou femelle ?
Tu regardes ton nombril, te retournes la cervelle !
C'est le bleu qui t'interpelle, le doute t'assaille
Mécano...., un groupe en "bleu" de travail !

L'amour ne répond pas à la morale qu'on t'a apprise,
Dans le square les fleurs poétisent
parler te semble ridicule
tu t'élances et puis, tu recules
questions existentielles, les soucis , tes ennuis
manifestation citoyenne, petit vomi....et peut-être l'harmonie...
tu aimes les silences immobiles
alors pas de phrase inutile?
si tu n'avais pas vu cette blonde bleue aux yeux clairs
tu n'aurais jamais cru fuir les morales absurdes de ton père...
Tiens il bruine! dans le square les arbres sont couchés,
Enfin tu te sens gouine, sauvée d'un monde établi sur des préjugés...

Les sentiments pour arguments
Passionnément, paisiblement,
amour éternel, la vie d'Adèle
mélange de feu et de soleil
Source de vie, le Bleu du ciel ,
5 * Roman graphique qui vous réveille .










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Mourir d'aimer. Une femme avec une femme. Les histoires d'amour finissent mal en général. Les mots bleus.
Quelle belle et triste histoire nous donne Julie Maroh avec textes et dessins en tout point magnifique. Un hymne à la tolérance, à l'amour celui avec un grand A, à la différence. La découverte de sa sexualité, son déni puis son acceptation sans tabou par une adolescente à la sensibilité si fragile, le regard des autres (réconfortant ou cruel). Tout cela Julie Maroh le décline avec force, sensualité, retenue, délicatesse. Une flèche en plein coeur, grand merci à vous Julie.
Je lui dirais les mots bleus ceux qu'on dit avec les yeux …
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Oui, le bleu est une couleur ultra chaude. Et de la chaleur, ce roman graphique en fournit énormément, mais de la bonne chaleur, de la chaleur humaine, tendre à souhait. Hymne à l'amour ou ode à la tolérance, Julia Maroh vise en tout cas la reconnaissance de l'altérité, pour une humanité plus riche.

Il est certain que cet ouvrage bénéficie de la reconnaissance accordé à son adaptation cinématographique (La vie d'Adèle, d'Abdellatif Kechiche, Palme d'Or à Cannes 2013). Je l'avoue tout de suite, je ne suis peut-être pas de la meilleure génération pour vanter cette histoire ; en effet, la découverte d'une sexualité, déviante aux yeux de certains, me semble parfois aller de soi de nos jours, et c'est sûrement une erreur, car il existe encore tant d'homophobes, il suffit de voir encore les manifestations anti-« mariage pour tous » qui, souvent au nom d'une « religion de l'Amour », prône un déni d'égalité.
Ici justement, à travers l'histoire de cette adolescente qui découvre que le bleu se révèle une couleur sacrément chaude, Julie Maroh, qui officie à la fois au dessin et au scénario, cherche avant tout à banaliser l'homosexualité. Il faut bien, ou « il faudra bien » pour ceux qui ont vraiment du mal, se rendre compte que l'hétéronormalité n'est qu'une construction de notre société, fortement influencée par notre passif catholique. Il ne tient qu'à nous de considérer la normalité autrement. Ce conflit intérieur est parfaitement mis en scène dans la petite tête de Clémentine qui veut être normale aux yeux de ses amis, de sa famille, mais veut également être avec Emma qui l'intrigue tant. Je ne vais pas dévoiler quoi que ce soit de l'intrigue, même ce qui concerne ce qu'on apprend dès la première page, car ce récit est véritablement initiatique et doit se lire en se plongeant tout entier dans l'esprit de Clémentine.
Être seul face au collectif, tel est le sujet ici ; être la marge face à la masse. Mais attention, l'histoire pourrait être tout aussi bien celle d'un hétérosexuel dans un monde homosexuel, ou bien celle d'un hindouiste dans un monde bouddhiste, voire celle d'un géant dans un monde de nains, ou tout simplement celle d'un blond dans un monde de bruns. Julia Maroh interroge ainsi notre réaction face aux regards extérieurs, parfois compatissants, plus souvent repoussants, mais en tout cas toujours révélateurs.
Je ne suis pas fan de ce qui suscite le fait de raconter cette histoire (la destinée de Clémentine dévoilée dès le départ) et quelques coquilles, d'orthographe comme de lettrage, heureusement légères, sont quand même dommageables. Heureusement, le fond est tellement puisant et prégnant que l'on passe facilement sur ces détails.

Alors, oui, le Bleu est une couleur chaude et reçoit en 2013 (trois ans après la première publication) un retentissement mérité, car c'est un roman graphique honnête, vrai et point du tout tapageur, au contraire, puisqu'il cherche à banaliser ce qui devrait déjà être banal.

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«Bleu encre, bleu azur, bleu marine, bleu klein, bleu cyan, bleu outremer, le bleu est une couleur chaude

Mais la vie, parfois, est un gros hématome. Comment vivre pleinement une histoire d'amour quand tout fait entrave sur le chemin de la vie, les amis, l'entourage, la société et même sa propre famille ? Et bien je vous le dis sincèrement, c'est une histoire qui est vouée à l'échec. Pourquoi ? Parce que les gens qui ne rentrent pas dans le moule n'ont pas droit au bonheur, ainsi va la société et la société, c'est NOUS !

A 16 ans, l'âge des révélations et des métamorphoses, du complexe du homard, il est extrêmement difficile d'aimer, de s'aimer, de voir son corps changer. Tout n'est qu'effervescence et c'est dans cette vulnérabilité que Clémentine se rend compte de sa différence. Clémentine n'est pas attirée par les garçons et refoule l'attirance qu'elle a pour Emma, Emma et ses cheveux si bleus. Pourtant, elle devra se rendre à l'évidence et accepter son homosexualité, envers et contre tous. Rien ne sera plus comme avant, son chemin sera semé d'embuches, de doute et elle devra se battre pour vivre et survivre.

C'est au prix d'une très grande souffrance que Clémentine vit cette mise à l'écart. Elle défiera les préjugés, le regard des autres, le mépris, les sarcasmes, le rejet de ses parents. Pour vivre heureux vivons cachés, mais combien de temps ? Aura-t-elle ce temps nécessaire afin d'être heureuse et de faire accepter sa différence ? Tout au long de ce récit, intense et débordant de vérité, nous vivons le combat de cette jeune fille fragilisée par l'incompréhension de son entourage. Clémentine nous peint son quotidien dans une société qui accorde peu de place à la différence, les homos, les gros, les maigres, les vieux, les laids, en revanche pour les cons…

Ce « one shot » est sublime par son écriture, son esthétisme, et son graphisme. Les personnages sont expressifs et émouvants. Les quelques scènes d'amour sont touchantes et d'une extrême douceur. Des nuances de gris dominent, parsemées de-ci de-là par un dégradé de bleu qui saisit l'instant. Cette première oeuvre réussie de Julie Maroh aborde avec pudeur et sensibilité l'homosexualité féminine. Elle met un grand coup de pied dans la fourmilière et dénonce sans tabou et faux semblant les méprises et les injustices envers la différence. Certaines répliques de cet album choquent et scandalisent :
« C'est des vrais pervers, des malades…. une grosse gouine…tu aimes faire des trucs dégueu'…ça me donne envie de gerber […] »

Notre société puritaine nous inculque des valeurs et des clichés prédéfinis dès notre enfance : Il était une fois une Barbie hétéro, belle, mince, (désolée les grosses ça marche pas) tantôt infirmière, tantôt baby doll. Elle aimait Ken, grand, fort, bronzé avec de vraies tablettes de chocolat (hé oh, j'ai payé, je veux « the must » pour mon image). Ils jouaient tous deux au Monopoly pour devenir très riche, (et ouais si tu es pauvre ça marche pas non plus), alors si toi tu es homo, grosse, laide «you lose» direction la prison sans passer par la case départ, ben quoi c'est un jeu de société.

Et si dans la caisse de la communauté je tirai la carte de LA TOLERANCE et dans le paquet de la chance celle de l'AMOUR ? Il est pourtant si facile d'inculquer de vraies valeurs !

« Il n'y a que l'amour pour sauver ce monde. Pourquoi j'aurais honte d'aimer ? »

Clémentine nous dit ses maux bleus, ses maux qu'elle dit avec les yeux, des maux qui ne vous laisseront pas de glace.

Lien : http://marque-pages-buvard-p..
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Dès la première page, on sait que Clémentine est morte. Dans la lettre posthume qu'elle adresse à Emma, son unique amour, elle lui confie ses journaux intimes et lui réaffirme sa fidélité, même outre-tombe. Dans les carnets secrets de Clémentine, Emma redécouvre la jeune adolescence qui était si mal à l'aise avec sa sensualité naissante. « Les questions des ados sont banales aux yeux des autres. Mais quand on se sent seule à pieds joints dedans, comment savoir sur lequel danser. » (p. 13) Clémentine souffrait en silence de son attirance pour cette fille aux cheveux bleus croisée un jour dans la rue. Cette fille, c'était Emma et il faudra longtemps aux deux jeunes filles pour construire une relation.

Emma est déjà étudiante alors que Clémentine est encore une lycéenne qui potasse son bac en essayant de ne pas se faire remarquer. Emma est déjà une lesbienne affirmée et elle est en couple avec Sabine, une artiste très engagée dans la cause gay. Clémentine ne fait que vivre ses premiers émois amoureux, avec un garçon en plus. Il lui est très douloureux d'accepter sa probable homosexualité et ses désirs dans tout ce qu'ils ont d'effrayant quand on vient d'un monde où les choses sont cadrées et figées. « Je suis une fille et une fille, ça sort avec des garçons. » (p. 20)

Heureusement, il y a Valentin, le seul ami qui ne repousse pas Clem quand elle s'ouvre à lui. « Clem, ce qui est horrible, c'est que des gens s'entretuent pour du pétrole ou commettent des génocides, et non pas de vouloir donner de l'amour à une personne. Et ce qui est horrible, c'est qu'on t'apprenne que c'est mal de tomber amoureuse d'elle juste parce qu'elle est du même sexe que toi. » (p. 85) Finalement, Clémentine apprend qu'on a les préjugés qu'on accepte que les autres nous lancent au visage et qu'il faut prendre garde à ne pas faire de soi-même une caricature. « Mais c'est quoi ce cliché ? La lesbienne qui joue au baby-foot avec ses potes mecs… Et puis merde, je m'amuse. Je suis bien. » (p. 119)

Évacuons sans attendre le seul bémol de ce roman graphique. Je déplore plusieurs fautes d'orthographe vraiment grossières dans ce très bel ouvrage : je préfère croire qu'elles ont été placées à dessein pour rendre crédible le journal adolescent d'une jeune fille bouleversée qui écrit au fil de la plume, en connexion directe avec ses émotions. Tout en dégradés de gris et de blanc, l'image est douce et se prête à l'évocation des souvenirs. Et les fulgurances de bleu qui traversent la page illuminent l'histoire. Oui, le bleu est une couleur chaude parce qu'ici, son pouvoir n'est pas chromatique, il est érotique, et si le dessin est explicite, il n'est jamais vulgaire ou voyeur.

Je ne sais pas pourquoi les amours homosexuelles m'émeuvent autant. Peut-être parce qu'elles demandent un supplément de force pour exister. Mais finalement, ce qui compte, ce n'est pas le sexe de la personne qu'on aime (ni son âge, sa religion, son passé, etc.), mais bien l'amour qu'on lui porte et ce qu'on est prêt à affronter pour vivre pleinement cet amour. Un immense bravo à Julie Maroh pour cette histoire si belle et si sensible. Il me tarde de découvrir le film adapté de ce roman graphique, La vie d'Adèle. Et je ne peux m'empêcher de penser au roman graphique Triangle rose de Michel Duffranne qui raconte le sort des homosexuels durant la Seconde Guerre mondiale : quand on voit les haines que soulèvent encore les revendications gays, je me dis qu'on est bien loin d'avoir tiré toutes les leçons du passé.
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C'est avec "Le bleu est une couleur chaude" que j'ai débuté cette nouvelle année et on peut dire qu'elle a démarré fort : premier livre et premier coup de coeur de l'année !

"Le bleu est une couleur chaude" est un livre magnifique, qui va bien au-delà d'une histoire d'amour entre deux femmes.

C'est grâce au journal intime de Clémentine que nous découvrons son histoire, de ses 15 ans à ses 30 ans. Elle évoque naturellement sa rencontre avec Emma mais nous partage bien plus : ses questionnements, ses doutes, ses angoisses, son déni également mais aussi ses acceptations : acceptation de son corps et de ses désirs, acceptation de son homosexualité, acceptation du regard et du jugement des autres, acceptation d'un amour hors du commun. Au fil des pages, nous observons Clémentine évoluer, grandir, s'accepter, en même temps que sa relation avec Emma évolue, change, s'intensifie.

C'est beau et triste tout à la fois, poignant et bouleversant. Je ne trouve pas d'autres mots...

Je me suis énormément attachée à Clémentine et Emma, d'abord lycéenne et étudiante, puis en tant que femmes actives. J'ai perçu leurs moindres émotions tout au long de ma lecture, j'ai ri avec elles, pleuré avec elles, douté avec elles. J'ai aimé les personnages qui les entourent, et notamment Valentin, le meilleur ami qu'on aimerait tous avoir.

J'ai été également conquise par les dessins, aux traits fins, où le noir et blanc fait place à des couleurs sobres dans la dernière partie du récit. Des dessins tout en finesse, minutieux et expressifs, en totale adéquation avec l'histoire et les ressentis de Clémentine.

Comme je le dis plus haut, on assiste à bien plus qu'une belle histoire d'amour. Il y est question ici et avant tout d'acceptation de soi, mais aussi d'homophobie et de tolérance, d'amitié et d'amour profonds, de l'adolescence et de ses questionnements, du regard et du jugement des autres, de perspectives d'avenir, de sexualité et de sensualité.

Julie Maroh fait preuve d'une sensibilité extrême, et ne peut que nous toucher au plus profond de nous-mêmes. Elle nous met en garde dès la première page, nous prépare au dénouement inéluctable dès le départ. Malgré cela, je n'ai pu m'empêcher de verser quelques larmes à la toute fin. Elle use de mots forts, efficaces, vrais, pour mieux nous émouvoir et nous toucher en plein coeur.

Ce roman graphique est superbe. Malgré une fin tristement belle, il n'en est pas moins lumineux de bout en bout, sans doute grâce aux sujets traités en profondeur mais tout en pudeur, tout comme les personnages et leurs sentiments.
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Je mets sur la platine le Blue Monk de Thelonious Monk. Des bleus à l'âme. Ma vie est une succession de noir et de gris, sombre, seul, l'espoir de découvrir l'amour abandonné. Et puis je rencontre cette femme, sublime d'ailleurs, un sourire à en faire péter les boutons de mon jean. Même en noir et blanc, son regard illuminerait ma putain de vie. Sauf qu'elle a les cheveux bleus. Et tout d'à coup, de la couleur rentre dans ma vie. du bleu partout. J'écoute blue, je pense blue, je vois blue. le blues se chasse de ma vie. Parce que le bleu est une couleur chaude. Ma vie devient chaude, cette nana aux cheveux bleus est chaude. Comme je les aime.

Mais je me demande ce qui m'arrive, une nana aux cheveux bleus ce n'est déjà pas commun. Mais une nana en plus qui se retourne sur mon passage et qui me sourit, c'est, je dois l'avouer, inimaginable. A me retourner avant que je n'ose la retourner. Mes Kickers sont bleues, mes chaussettes deviennent bleues et je mets même un caleçon bleu (il m'arrive effectivement d'en mettre un, certains jours). le bleu transforme ma putain de vie qui pour une fois s'illumine. Blue moon.

Et cette envie de baiser avec cette femme teinte en bleu ne me quitte pas. Les gens me regardent bizarrement, comme si cela était si inhabituel. Après tout, elle a quand même les cheveux bleus, il y a de quoi se poser quelques questions. Après tout, j'ai la bave qui coule aux lèvres, l'oeil lubrique et l'érection fatidique. Des interrogations, le mystère de l'amour, en bleu.

Bien sûr, tu l'auras compris, ce roman graphique n'est pas une histoire de différence, ses cheveux bleus ne sont qu'un prétexte comme l'âge ou le tour de poitrine. C'est un roman d'amour… Et moi, j'aime les histoires d'amour. Viens dans mon Blue hotel. Viens que je te retourne, que j'enlève ton string bleu, je vais te prouver mon amour. Jolie ta nouvelle couleur de cheveux...

blue monk, blue moon, blue hotel, blue love, blue life, putaindevie, des bleus à l'âme.
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Cette BD m'est tombée dessus et je suis ravie de la rencontre.
Non, ce n'est pas le film qui m'y a amenée bien au contraire car je n'ai pas envie de le voir! On me l'a prêté et je l'ai dévoré avec un grand intérêt et émotion!
Comment rester insensible à cette belle histoire racontant les premiers émois adolescents d'une jeune fille qui découvre son attirance pour les filles.
Parcours jalonné de moqueries, dur combat face à l'intolérance des proches: parents et amis quand on a enfin réussi à s'accepter soi- même!
Ce livre parle d'amour avec sensibilité et érotisme mais sans crudité ni voyeurisme, avec délicatesse. C'est émouvant, triste et cruel parfois, bouleversant.
Le dessin est en osmose avec le récit, la couleur, utilisée avec parcimonie est d'autant plus signifiante.
Du grand art qui se passe de mots parfois comme nos sentiments les plus profonds. Cette BD est loin d'être une BD comme les autres...
Un bleu qui réchauffe le coeur et fait vibrer l'amoureux qui sommeille en nous!
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« Mon amour, quand tu liras ces lignes, j'aurai quitté ce monde. »

Avec une telle entrée en matière, on se dit que l'espoir ne va pas être au rendez-vous. Et pourtant.

Clémentine a 15 ans. C'est précisément le jour où elle a un rencard avec Thomas, un Terminale « super mignon » selon ses copines, qu'elle croise une singulière jeune fille aux cheveux bleus. Avec une telle couleur, c'est forcément ses cheveux qu'elle a remarqué en premier. Mais elle a aussi remarqué sa bouche aux lèvres délicatement ourlées et ses yeux aussi bleus que ses cheveux. Une impression générale, une attirance soudaine et indéfinissable qui la poursuit la nuit suivante jusque dans ses rêves, comme un délicieux mais perturbant frisson…

Mais Clémentine a envie d'être comme tout le monde. Elle va donc choisir Thomas, avant de faire machine arrière, impossible de se reconnaitre dans une relation qui n'est pas faite pour elle. Comment lui faire comprendre ? Comment faire comprendre aux autres, quand on ne comprend pas soi-même ce qui se passe en nous ? Au hasard d'une sortie dans un bar, sa route va recroiser celle d'Emma, la fille aux cheveux bleus, la fille qui va tout changer. le bonheur de se sentir aimé, la douce joie de se sentir désiré, le plaisir des corps, le plaisir des sens, l'amour, celui qu'on attendait sans trop vraiment y croire. Et bien sûr, la chute, le monde qui s'effondre, le secret dévoilé, le regard des autres à affronter, la négation de ce que l'on est…

« Je me sens perdue, seule au fond d'un gouffre. Je ne sais pas quoi faire, j'ai l'impression que tout ce que je fais en ce moment est contre-nature... Contre ma nature. Mais pourquoi cette vie convient aux autres et pas à moi ? »

Un tsunami de questions qui se bouscule dans la tête de Clèm', comme dans celle de ceux vivant une situation similaire. Comment faire comprendre aux autres qu'on est toujours le même alors que c'est leur regard qui est différent ? Pourquoi doit-on taire ses sentiments alors qu'on voudrait les crier à la face du monde ? Pourquoi se trouve-ton privé du simple petit bonheur de tenir la personne qu'on aime par la main dans la rue sous prétexte que la main est celle d'une personne du même sexe ? Pourquoi devrait-on se sentir coupable d'aimer ? Oui, pourquoi ?...

« On ne choisit pas de qui on va tomber amoureux et notre conception du bonheur s'impose à nous-même selon notre vécu. »

Julie Maroh signe un album intelligent, empreint d'authenticité et de sensibilité qui, au-delà du sujet qu'il traite, l'homosexualité féminine, est une émouvante, belle, vraie et tragique histoire d'amour.

Le bleu est une couleur chaude, un album aux couleurs de l‘espoir…

Lien : http://bouquins-de-poches-en..
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Chapeau bas, et bleu en l'occurrence, pour cette BD émouvante et forte sur l'amour, la différence et la construction de soi...

La relation entre Clémentine, jolie adolescente troublée, et Emma, lesbienne assumée et engagée, va bien au-delà d'un plaidoyer pour la cause gay. Avant tout, c'est une histoire d'amour, passionnée et paisible, tendre et sensuelle, belle et tragique. À ce titre, elle peut toucher tout le monde, et j'avoue qu'elle m'a plusieurs fois fait montrer les larmes aux yeux.

C'est aussi une histoire différente, et de fait en butte à l'intolérance et au rejet, de la société, des amis, des parents, ainsi qu'aux résistances internes, l'angoisse de 'ça', l'envie d'être comme tout le monde, les doutes et les disputes... Au point de générer souffrance, douleur et maladie d'amour, avec une fin tragique à la Roméo et Juliette.

Le scénario est admirablement servi par le dessin, sensible et beau, et surtout très parlant : petites touches de bleu qui illuminent des planches entières, euphorie dans le bus, larmes qui coulent, désir et plaisir évoqués sobrement, et même les jurons des parents...
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Le bleu est une couleur chaude (niveau vraiment trop super fastoche..)

Le bleu est une couleur chaude, certes. C'est d'ailleurs celle qu'..... a choisi pour ses cheveux. Mais comment s'appelle-t-elle, déjà ?

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