Et ils oublieront la colère

Je ne sais pas pourquoi mais ce titre était l'un des premiers que je voulais lire en 2015. Je l'attendais depuis un moment et dès qu'il est sortie je me suis précipitée à la librairie pour l'avoir entre les mains. D'ailleurs ma libraire, merci Agnès, ne l'avais mis de coté sans même que j'ai à lui demander. Comme quoi, elle commence à bien me connaitre.
Mais bon, revenant au livre. J'attendais donc ce nouveau titre d'Elsa Marpeau car le précédent avait été un énorme coup de coeur pour moi. Aussi cela impliquait que j'allais être plus exigeante avec celui-ci. Donc au moment de la lecture il y avait à la fois un mélange d'envie et d'appréhension. Mais cette dernière a très vite laisser la place à d'autres sentiments. La colère, l'envie de tuer…. si, si, la révolte ont envahi mon être. Je me suis vite identifiée aux 2 héroïnes de ce polar. Et là où d'habitude, Elsa a une écriture sèche, froide, on retrouve une plume moins distancié, plus intime. Elle crée un véritable roman d'atmosphère. Une atmosphère lourde, gluante, sécrète. Elle restitue parfaitement l'ambiance d'un petit village de campagne, avec ses non-dit, ses secrets enfouis, son passé pas forcément glorieux. Elle fait vivre, sous nos yeux, ces familles qui souvent sont le ciment de ces petites bourgades où rien n'a vraiment changé depuis l'arrivée de l'eau potable.
Elle réussit là un pur roman rural avec ce récit vif, ce style qui allie finesse et rugosité, elle fait revivre a merveille le passé trouble d'une époque encore plus trouble. Je vous l'ai dit j'ai été sous tension avec des sentiments forts voire violents tout au long de cette lecture qui se dévore d'une traite. Il y a un besoin d'urgence dans ce texte, un besoin de souvenance, quand la mémoire devient le seul rempart contre la barbarie.

C'est noir, c'est beau, c'est une fantastique réussite.

Merci Elsa de ne pas m'avoir déçue 🙂
Lien : https://collectifpolar.com/

Il fait chaud en cet été 44 en Bourgogne.
Aussi chaud qu'en cette fin d'été 2015.
Et on y meurt tout aussi facilement.
Marianne court pour échapper à la tonte, folie des foules se découvrant résistantes à la Libération.
70 ans plus tard Mehdi s'effondre presque au même endroit, une balle l'a fauché en pleine jeunesse.

Garance, la flic, court aussi pour échapper à ses démons intérieurs, mais ne s'effondre pas malgré ce qu'elle découvrira...

Ce livre est autant remarquable par son histoire oppressante, lourde de chaleur et de non-dits, que par la qualité de son écriture. Une écriture sensuelle, envoûtante. On voit, on sent, on touche, les grains de peau des vieillards, l'ombre d'un intérieur du hameau isolé, les odeurs des fleurs des champs, les reflets d'un lac, le regard fou de ceux qui on scellé leur bouche pendant trop longtemps.
Et ce jusqu'au final presque surréaliste, poétique, une dernière folie qui libère enfin?

"Dans l'Yonne un homme a été tué, cet homme était Medhi Azem, un professeur d'histoire. le capitaine Garance Calderon va travailler sur ce meurtre qui ne va pas lui être de tout repos. Les principaux suspect sont les propriétaires des terrains sur lesquelles Medhi Azem a été retrouvé mort, ce sont également ses voisins, les Marceau. Colette ainsi que sa fille Rose vivent ensemble puis il y a Christophe, Isabelle sa femme et ses enfants Marine, Thomas et Quentin qui demeurent à côté. Paul Marceau également de la famille est en maison de retraite, il va être interrogé par Garance de nombreuse fois pour de simple détails...
Cette histoire ce déroule en 2015 mais nous sommes replongé dans le passé en 1944 avant la libération. le passé nous raconte l'histoire des Marceau..."

Ce roman est très intéressant mais il ne faut pas se perdre dans l'histoire qui se déroule en "deux" parties, l'une est raconté après la libération mais l'autre se déroule avant. Cependant j'ai trouvé sa bien de connaître l'histoire du passé en même temps que la gendarme essaye de le déchiffrer, sa m'a entièrement plongée dans l'histoire.
La fin est assez étonnante mais je trouve qu'il se passe trop d'actions en même temps.

Garance Calderon est capitaine de gendarmerie dans l'Yonne .Fin août, Garance est chargée d'enquêter sur une mort suspecte au hameau de l'Hermitage. Autour d'un lac, les trois propriétés ont longtemps appartenu à la famille Marceau, Colette, Marianne et Paul, puis à plusieurs héritiers. La maison de Paul a été vendue toute meublée, deux mois plus tôt. L'acquéreur était Mehdi Azem, prof d'Histoire-Géo de trente-et-un ans au Lycée Janot, de Sens. C'est lui la victime.
La famille Marceau a abrité une collabo ”. Petit-fils de Paul, Christophe Marceau avait eu une dispute avec Mehdi Azem. “Un jour, en 1942, leur propriété a été réquisitionnée par les Allemands. Il y en a un qui est venu vivre chez eux. Et à la Libération, Marianne Marceau a filé avec lui. On ne les a jamais revus, ni elle, ni son Boche.”
Ce livre est exceptionnel. Il mêle une histoire passionnante avec des faits divers importantes aux yeux de notre société de nos jours. C'est le meilleur des livres policiers que je n'ai jamais lu surtout qu'il parle de l'histoire de la déportation des juifs un des moments de l'histoire que j'apprécie énormément.

Elsa Marpeau écrivaine est aussi scénariste à succès grâce notamment à l'inclassable Capitaine Marleau, personnage qu'elle a créé et que Corinne Masiero interprète depuis quelques années. Elle est aussi scénariste d'autres téléfilms, comme Alexandra Ehle (avec Julie Depardieu) et d'autres encore comme la série Mystère à Paris.

Et ils oublieront la colère est un roman policier dont l'enquête prend la source pendant la guerre. Elsa Marpeau parle des femmes tondues à la libération, parfois sur de simples rumeurs, d'autres fois pour avoir couché avec l'occupant ; et moi de m'imaginer la situation inverse : la France occupée par des Allemandes et non des Allemands, combien de Français auraient été tondus, mais je divague...

Sous des aspects assez classiques, la romancière construit un roman qui ne ménage ni ses effets ni ses surprises. Garance Calderon est un personnage atypique, au passé lourd mais dont elle a su faire une force plus qu'une faiblesse, même si dans certaines circonstances cette force s'estompe. Opiniâtre, décidée, il n'y a pas grand chose qui puisse la stopper dans sa quête de la vérité, surtout si celle-ci vient du passé et qu'elle pourrit la vie de pas mal de gens.

Très bonne surprise que ce roman policier qui me fait découvrir l'écriture d'Elsa Marpeau. A chaque fois que je me disais que l'enquête tombait dans un truc un peu facile, elle avait un sursaut, un rebondissement qui la faisait partir ailleurs, et ça j'aime.

Pourquoi ne faut-il pas oublier la colère ? Comment peut-on construire l'avenir sans que le passé ne vienne frapper à la porte du présent ? Il n'est point question de nostalgie, mais bien de travail de la mémoire. Les romans noirs d'Elsa Marpeau sont comme les bons nectars. Ils bonifient avec le temps.
Ce dernier nous interroge sur les sombres lendemains de la France libérée du nazisme. Quand vient le temps des règlements de compte, des ralliements de dernière minute aux mouvements de résistance et des cours de justice expéditives. En un mot, on n'est pris dans les méandres du passé, ceux de l'épuration et parallèlement curieux d'élucider un mystère du présent, un sombre crime d'intolérance.
A vous de lire.