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sur 142 notes

Critiques filtrées sur 2 étoiles  
Dans une petite commune de l'Yonne, le cadavre d'un homme gisant près d'un lac est retrouvé. Cet homme, Mehdi Azem, professeur d'histoire dans un lycée de Sens, s'était lancé dans l'écriture d'un livre sur les tontes de femmes au moment de l'Épuration. Pour le capitaine de gendarmerie Garance Calderon, le meurtre d'Azem est lié à ses recherches. Élevée dans la région par ses grands-parents, Calderon soulève donc le voile qui pèse sur certains événements dissimulés depuis soixante-dix ans et peut-être aussi sur son propre passé.
Et ils oublieront la colère est avant tout une histoire de femmes ou plutôt deux histoires de femmes – celle de Marianne durant l'Occupation et celle de Garance – qui se font écho d'un siècle à l'autre. Des femmes fortes, fières et rebelles, de celles qui séduisent et effraient les hommes et qui en paient parfois le prix. Cet entrelacement de la séduction, de l'amour, de la violence et de la mort qui étaient déjà au coeur du précédent roman d'Elsa Marpeau, L'expatriée (et peut-être de ses autres livres que je n'ai pas encore eu l'occasion de lire), est très certainement la qualité essentielle de Et ils oublieront la colère. Elsa Marpeau aime en effet à fouiller la psyché de ses personnages féminins, à déballer leurs conflits intérieurs et leurs blessures et elle le fait bien.
Toutefois, ce travail de mise à nue de l'âme de ses héroïnes et cette réflexion sur la violence se fait ici au détriment de la cohérence de l'intrigue. Clairement, là où certains auteurs cherchent à tout pris l'exactitude, Elsa Marpeau ne tient apparemment pas à la véracité des détails quitte à ce que, parfois, des éléments essentiels de son histoire deviennent bancals. C'est là le point faible de ce roman durant lequel le lecteur peut régulièrement tiquer face à certaines situations ; du travail sur les scènes de crimes aux détails qui s'emboîtent trop bien en passant par la présence de cet Allemand qui semble plus prendre de longues vacances qu'occuper réellement le pays. Plus à cheval – et plus agacé sans doute – que moi sur ce genre de détail, Philippe Cottet en a fait une liste assez exhaustive dans sa chronique du Vent Sombre.
Intéressante réflexion sur l'exercice d'une réelle violence sociale à l'égard des femmes, de la vigueur des ressentiments intégrés par le corps social et la cellule familiale avec les non-dits qui vont avec, Et ils oublieront la colère, malgré par ailleurs une écriture agréable, souffre donc aussi de ce manque de réalisme et d'une vision de l'Occupation qui tient trop souvent de l'image d'Épinal. Ce qui donne un roman dont les promesses initiales ne sont en fin de compte qu'à moitié réalisées.

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Au rayon polar, je préfère les auteurs étrangers, pour l'aspect presque documentaire de certains romans qui permet de se faire une idée des sujets de société actuels dans d'autres contrées, mais en ce qui concerne les auteurs français de polars, que je lis de temps à autres, j'éprouve un peu le même genre de curiosité pour les romans policiers en milieu rural, et j'ai fait ainsi de belles découvertes comme Une femme seule de Marie Vindy, ou Terminus Belz d'Emmanuel Grand.
Ce roman d'Elsa Marpeau emmène le lecteur en Bourgogne, dans la région de Sens, où un jeune professeur d'histoire est retrouvé mort près d'un étang. Garance est capitaine de gendarmerie et chargée de l'enquête. Elle soupçonne que ce meurtre est lié à une affaire remontant à 1944, lorsque des jeunes femmes avaient été tondues par une foule de partisans, dont certains de la dernière heure. Les suspects semblent se limiter à une famille dont les membres très soudés ne laissent rien échapper de leur emploi du temps des dernières heures, et sont encore moins bavards concernant les jours noirs de la Libération. Marianne, leur grand-tante, tante et soeur a en effet disparu à ce moment. Aurait-elle subi des représailles pour avoir approché un ennemi qui logeait dans la famille ?
Malgré un roman qui commençait très bien, avec un thème prenant et une écriture agréable, la lecture m'a laissée un peu perplexe. D'abord le procédé consistant à alterner des scènes de 1944 avec l'enquête en 2015 me semble un peu trop vu et revu, mais ce n'est que mon avis. Ensuite, les membres de la famille, outre que je mélangeais à la lecture les générations, se sont révélés un peu trop caricaturaux à mon goût. Pour ne pas parler du dénouement de l'intrigue qui m'a paru tarabiscoté, avec quelques légères incohérences. J'ai aussi trouvé que l'auteure avait un peu « chargé la barque » de la jeune gendarme qui semble cumuler les traumatismes passés. Et je vais paraître chipoter, mais un personnage qui travaille à Dijon et habite « un pavillon à Flée dans la Sarthe, à une heure de voiture » (page 134), ça m'a tout de même plus qu'étonnée. Il n'y a personne chez Gallimard pour rectifier ce genre de chose ? (il existe un Flée homonyme en Bourgogne, d'où l'erreur).
Bref, un roman policier plutôt bien écrit, bien noir comme je les aime et avec un thème qui ne laisse pas indifférent, mais qui ne m'enthousiasme pas.
Lien : https://lettresexpres.wordpr..
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Marpeau Elsa – "Et ils oublieront la colère" – Gallimard, 2015 (ISBN 978-2-07-271077-3)

Encore un roman raté par "trop plein", qu'il s'agisse de l'écriture, de l'intrigue, des personnages principaux etc.

L'auteur appuie son intrigue sur le phénomène des femmes tondues à la Libération de 1944-1945 pour collaboration (horizontale ou autre) avec l'occupant allemand : ça devient déjà invraisemblable lorsqu'elle veut nous faire croire que la femme tondue "Marianne" aurait en fait aidé la Résistance, sans que les résistants en question ne prennent sa défense, participant au contraire à la tonte. de tels cas ont peut-être existé, mais bon, ça n'a pas dû être si courant.
Et le retournement de situation (tiré par les cheveux – si j'ose dire) survenant en toute fin du récit annihile littéralement toutes les Profondes Réflexions semées ça et là.

Une couche supplémentaire est ajoutée par le fait que celui qui enquête en premier sur ces évènements, en 2015, est un prof d'histoire-géo auquel l'auteur donne un patronyme maghrébin, lequel de surcroît projetait d'insérer ces évènements dans une perspective plus large du genre "les violences faites au corps des femmes en temps de guerre", une antienne mainte fois ressassée.

Histoire d'en remettre encore une couche, l'enquêtrice elle-même a, bien évidemment, subi une enfance hyper-super-malheureuse, ce qui l'amène à endurer stoïquement blessures et accidents corporels sans arrêter son enquête (encore bien évidemment) et à s'infliger elle-même le châtiment de la victime : on nage dans le lieu commun (de type magazine de salon de coiffure) à haute dose.

Bien évidemment, mais cela va de soi, les personnages masculins sont tous des salauds, des demeurés, des abrutis, à la seule exception (histoire tout de même d'avoir l'air) du trop gentil supérieur hiérarchique, un hyper-sensible qui se cache derrière un ton bourru (quand je vous dis qu'on nage dans le lieu commun).

Ajoutez quelques détails, comme le fait que le prénom allemand "Hans" s'écrit avec un "s" terminal et non un "z", ou encore ces tout plein jolis paysages décrits si tant plein poétiquement, et ça donne vraiment du trop c'est trop...

Pour terminer, il me semble qu'écrire un roman basé sur une fouille documentaire historique devrait imposer à l'auteur de maintenir un certain seuil de vraisemblance dans le reste de l'ouvrage : la façon dont l'enquêtrice – sensée être membre de la gendarmerie – mène l'enquête est tout bonnement irréaliste, invraisemblable, et ça contribue à détruire la crédibilité du reste.

Il est bien dommage qu'un thème aussi délicat soit traité de la sorte.
C'est pourquoi, sur le thème des femmes tondues, je me permets d'ajouter à la mince bibliographie figurant en fin de volume, la référence à l'ouvrage suivant (voir recension) :
Frétigné Philippe et Leray Gérard, - "La tondue : 1944-1947" - éditions Vendémiaire, 2011 (ISBN 978-2-36358-011-5)
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Ce polar nous fait voyager dans le temps, entre la période trouble de l'Occupation et l'année 2015. Un professeur d'histoire a été assassiné. C'est Garance Calderon, jeune capitaine de gendarmerie, qui est chargée de l'enquête. Mehdi Azem, passionné par l'époque de la Seconde Guerre mondiale, s'était installé dans la campagne bourguignonne quelques mois auparavant, dans une maison justement chargée d'Histoire, au voisinage trouble...
Si l'alternance entre passé et présent est régulièrement utilisée dans ce genre de polar, le procédé reste intéressant et dynamise la lecture. Le propos du livre (les femmes tondues après la Libération et plus globalement la nécessité de connaître l'Histoire pour ne pas en répéter les épisodes tragiques) est bien sûr digne d'intérêt. Malgré tout, je n'ai pas été transportée. Peut être parce que le texte est émaillé de détails et scènes qui manquent de crédibilité, ou qui sont trop cliché. J'ai eu du mal à m'attacher à l'enquêtrice, forcément perturbée par un passé douloureux, les voisins m'ont paru très caricaturaux, et j'ai trouvé l'histoire de famille vraiment trop chargée. Dommage...
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Moyen dans l'ensemble. le thème de départ est intéressant (aucune victime de la guerre ne doit être oubliée), l'écriture est agréable , les personnages féminins sont très fouillés au détriment hélas de l'intrigue, qui parfois manque de réalisme et de crédibilité.
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