Marpeau Elsa – "
Et ils oublieront la colère" – Gallimard, 2015 (ISBN 978-2-07-271077-3)
Encore un roman raté par "trop plein", qu'il s'agisse de l'écriture, de l'intrigue, des personnages principaux etc.
L'auteur appuie son intrigue sur le phénomène des femmes tondues à la Libération de 1944-1945 pour collaboration (horizontale ou autre) avec l'occupant allemand : ça devient déjà invraisemblable lorsqu'elle veut nous faire croire que la femme tondue "Marianne" aurait en fait aidé la Résistance, sans que les résistants en question ne prennent sa défense, participant au contraire à la tonte. de tels cas ont peut-être existé, mais bon, ça n'a pas dû être si courant.
Et le retournement de situation (tiré par les cheveux – si j'ose dire) survenant en toute fin du récit annihile littéralement toutes les Profondes Réflexions semées ça et là.
Une couche supplémentaire est ajoutée par le fait que celui qui enquête en premier sur ces évènements, en 2015, est un prof d'histoire-géo auquel l'auteur donne un patronyme maghrébin, lequel de surcroît projetait d'insérer ces évènements dans une perspective plus large du genre "les violences faites au corps des femmes en temps de guerre", une antienne mainte fois ressassée.
Histoire d'en remettre encore une couche, l'enquêtrice elle-même a, bien évidemment, subi une enfance hyper-super-malheureuse, ce qui l'amène à endurer stoïquement blessures et accidents corporels sans arrêter son enquête (encore bien évidemment) et à s'infliger elle-même le châtiment de la victime : on nage dans le lieu commun (de type magazine de salon de coiffure) à haute dose.
Bien évidemment, mais cela va de soi, les personnages masculins sont tous des salauds, des demeurés, des abrutis, à la seule exception (histoire tout de même d'avoir l'air) du trop gentil supérieur hiérarchique, un hyper-sensible qui se cache derrière un ton bourru (quand je vous dis qu'on nage dans le lieu commun).
Ajoutez quelques détails, comme le fait que le prénom allemand "Hans" s'écrit avec un "s" terminal et non un "z", ou encore ces tout plein jolis paysages décrits si tant plein poétiquement, et ça donne vraiment du trop c'est trop...
Pour terminer, il me semble qu'écrire un roman basé sur une fouille documentaire historique devrait imposer à l'auteur de maintenir un certain seuil de vraisemblance dans le reste de l'ouvrage : la façon dont l'enquêtrice – sensée être membre de la gendarmerie – mène l'enquête est tout bonnement irréaliste, invraisemblable, et ça contribue à détruire la crédibilité du reste.
Il est bien dommage qu'un thème aussi délicat soit traité de la sorte.
C'est pourquoi, sur le thème des femmes tondues, je me permets d'ajouter à la mince bibliographie figurant en fin de volume, la référence à l'ouvrage suivant (voir recension) :
Frétigné Philippe et Leray Gérard, - "La tondue : 1944-1947" - éditions Vendémiaire, 2011 (ISBN 978-2-36358-011-5)