Chercher l'assassin, quoi de plus banal comme histoire. Sauf si « l'enquêteur » est lui-même responsable de ce mort et recherche qui pourrait bien faire office de coupable à sa place.
Se mettre à la place de, voilà bien un des thèmes centraux de ce roman. Ou comment une femme de nature réservée va se métamorphoser, pour noyauter la vie de celui qui a tenté de la violer et qu'elle a tué en se défendant.
Son autre mort tient de la réflexion sociétale en faisant croire à un thriller. Un faux thriller en fait, où
Elsa Marpeau joue avec une histoire qui aurait pu être à suspense pour poser son regard acéré sur notre monde (et le monde littéraire).
Car le mort n'est pas n'importe qui. C'est un écrivain qui a rencontré le succès critique et populaire, le genre d'auteur connu de tous, au caractère fort et provocateur.
Alex, la femme meurtrie en question, va donc s'infiltrer dans l'existence de cet écrivain et faire croire qu'il est vivant le temps de trouver un condamnable de substitution. Ou l'art de violer l'intimité d'un violeur.
Elsa Marpeau parle régulièrement du respect de l'intégrité du corps de la femme dans ses livres (cf, par exemple, les femmes tondues durant la guerre, dans son récent roman
Et ils oublieront la colère). On est une fois de plus dans cette thématique, même si celles traitées sont légion.
Les ficelles sont parfois un peu grosses pour arriver à faire avancer l'histoire, mais ce n'est pas le plus important, parce que ce livre est sujet à pensées et observations.
C'est un véritable portrait du monde littéraire qu'elle nous dresse, peint au vitriol tout comme teinté d'une certaine dérision. Des réflexions sur le statut d'écrivain, mais aussi sur la violence des réseaux sociaux, sur la société #MeToo… Et puis une certaine fascination de ce qui relève du fait divers (l'auteure cite à plusieurs reprises l'affaire Dupont de Ligonnès).
Au final,
Son autre mort est un court roman qu'on ne lâche pas.
Elsa Marpeau a une belle sensibilité pour proposer d'intéressants questionnements sur certains excès d'une société malade, sans oublier le coté romanesque.
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