Publié à New York à la fin du 19ème siècle (1882), Ismaelillo constitue une étape marquante dans l'art poétique de
José Martí tant ce recueil s'inscrit clairement dans le mouvement moderniste initié en Amérique latine par l'immense poète nicaraguayen
Rubén Darío. Et c'est à New York que le poète et père de la nation cubaine va oeuvrer au processus d'indépendance de son pays.
Père d'une nation en cours de réalisation mais également père d'un fils, car ces vers intimes évoquant la vie de
José Martí en quinze poèmes sont dédiés à son enfant dont il est séparé puisque son épouse ne l'a pas suivi aux Etats Unis. Vers intensément émotifs construits tel un rêve éveillé, obsédés de souvenirs, visions graves et oniriques qui s'approprient tout l'espace textuel, son fils est au centre de ses émotions mais aussi pilier du poète, l'aidant au delà de l'intimité paternelle à se réaliser en tant qu'homme porté par un projet politique. le fils devient refuge et protection, inversant les rôles.
L'Ismaël biblique sert de prénom au fils évoqué et devient petit Ismaël dans le titre du recueil, fils chassé avec sa mère dans la Génèse par Abraham mais béni par l'Eternel qui lui promit descendance et grande nation. C'est ce qui arrivera après les guerres cubaines d'indépendance : la naissance d'une république que
José Martí ne connaitra pas de son vivant.
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