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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Parfaites dans le genre, incisives, ciselées, allusives et légèrement déroutantes, avec un humour décalé et acide qui m'a souvent fait penser à Topor. Situées dans un monde surréaliste qui est à peine différent du nôtre, elles poussent jusqu'à l'absurde nos incohérences : oui, nous répugnons à nous occuper de nos vieux parents, oui, nous supportons mal la diversité dans notre voisinage, oui, certaines civilisations tendent à cloîtrer les femmes et d'autres se débarrassent des petites filles dès la naissance, oui, nous rêvons d'une sélection génétique de nos rejetons et d'une euthanasie à discrétion pour nos proches. Frédérique Martin crée très simplement un univers juste parallèle, juste un peu poussé à l'absurde, glaçant.
Et la dernière nouvelle, "Les manquantes", qui brode sur l'utopie (ou la dystopie ?) d'un monde sans femme est- saisissante, la conclusion à peine esquissée s'ouvrant sur l'horreur.
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Le titre et la couverture ont de quoi attirer l'oeil du flâneur des librairies qui ne peut manquer de sourire et de s'emparer du volume pour le feuilleter histoire d'en savoir un peu plus. Je l'avais moi-même repéré grâce à quelques avis enthousiastes sur les blogs alors... Un bon recueil de nouvelles contemporaines, ce n'est pas si fréquent, le genre reste sous-apprécié et sous-représenté en France. Les 12 textes rassemblés ici m'ont vraiment séduite. Un ton piquant, une plume alerte et une belle maîtrise du format court, bien plus complexe qu'on ne l'imagine. Et surtout...

... un fil conducteur qui tient la route et donne tout son sens à l'agencement de ces textes qui, l'un après l'autre, apportent une petite pierre à l'édifice construit par l'auteure. Histoire de proposer un autre angle de vue sur la société telle que nous la connaissons. Ce recueil de nouvelles, c'est un peu comme ces labyrinthes de miroirs déformants où l'on déambule en famille en riant jaune de se découvrir soudain nain ou géant, obèse ou rachitique. Frédérique Martin parle de nous, de notre société mais avec à chaque fois un petit décalage, une sorte de twist qui permet d'appuyer là où ça pourrait faire mal. Les situations qu'elle décrit pourraient tout à fait trouver leur place dans un futur proche et leur origine dans des dysfonctionnements déjà identifiés mais dont les conséquences sont mésestimées ou volontairement occultées.

Par ce biais, l'auteure nous montre ce que pourrait devenir notre rapport au monde dans une société de plus en plus axée sur la consommation, la prévention des risques poussée à l'extrême, le voyeurisme lié au règne du spectaculaire, l'appât du gain... Chaque histoire possède en elle suffisamment de bases réelles pour que le twist fonctionne et nous projette soudain dans un mauvais rêve. Bien sûr, comme dans tout recueil, chacun aura ses textes préférés ; néanmoins, il règne ici une appréciable homogénéité.

De mon côté, j'ai découvert une auteure et je compte bien poursuivre mon exploration de ses publications. Quant à ce recueil, je lui souhaite de rencontrer un large public car il contribuera sans nul doute à la promotion du genre qui en a bien besoin.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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La vente dont il est question dans le titre est celle d'une mère par son fils. Première nouvelle d'un recueil de douze, elle donne le ton de celles qui suivront. Nous pourrions être dans la société actuelle, juste un cran plus loin, les limites sont franchies dans bien des domaines et les situations poussées à leur paroxysme font ressortir crûment la deshumanisation à l'oeuvre.
Je pense notamment aux nouvelles qui portent sur le début et la fin de la vie ; un enfant choisi sur catalogue, où l'on ajoute ou retranche les traits de caractères désirés comme on remplirait un caddy au supermarché. Et l'homme à qui l'on annonce qu'il a un cancer et qui sait que ce que l'on attend de lui, c'est de débarrasser le plancher vite et bien, avant qu'il ne coûte trop cher à la collectivité et inflige le spectacle de sa déchéance à son entourage.
Présenté comme cela, vous devez pensez que c'est un recueil très sombre. Oui et non. J'avoue que j'ai pris beaucoup de plaisir à cette lecture, ce que l'auteure fait de ses personnages est souvent jubilatoire et inattendu ; il n'y a pas spécialement de chute, mais souvent un pas de côté qui nous entraîne là où nous ne pensions pas aller.
L'inventivité des histoires m'a réjouie, je passais d'une nouvelle à l'autre, friande de la suite, un mélange de familiarité et d'étrangeté montant crescendo, le tout fort bien écrit, avec causticité. A noter que je n'ai pas trouvé de nouvelle inférieure ou moins intéressante, ce qui est rare dans ce genre de recueil.
Un coup de coeur !


Lien : http://legoutdeslivres.canal..
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Tout d'abord, je souhaiterais exprimer ma gratitude envers les blogueurs qui m'ont incitée à dépasser mes petites préventions personnelles pour aborder ce recueil de nouvelles, que j'aurais sans cela naturellement boudé, étant adepte de formats plus longs. En dehors des nouvelles De Maupassant et de Villiers de l'Isle-Adam, véritables orfèvres en la matière, je n'ai pas dû en lire beaucoup… et je ne suis plus loin de penser que c'est sans doute une grosse erreur ! En tout cas, Frédérique Martin pourrait bien m'avoir réconciliée avec le genre.
Il faut dire que ses textes, au-delà de leur indéniable qualité littéraire, présentent une remarquable cohérence. Prise individuellement, chaque nouvelle nous installe de plain-pied dans une atmosphère très particulière et, à l'exception d'une ou deux peut-être, à la thématique plus convenue, toutes se révèlent également percutantes. Pourtant, peu accoutumée, donc, à cette forme littéraire, j'éprouvais à la fin de chaque texte une certaine gêne à entrer dans un nouvel univers, à faire connaissance avec de nouveaux personnages que j'allais bientôt quitter… une gêne néanmoins fugace puisque j'ai dévoré ce livre d'une traite !

C'est que l'auteur sait y faire. Elle nous ouvre la porte d'un monde qui nous semble au premier abord familier : celui d'un vide-grenier par une journée ensoleillée ou d'un quartier paisible de Paris où un personnage vient d'emménager. Parfois la situation est plus exceptionnelle, et plus dramatique aussi ; mais on est néanmoins dans un cadre bien circonscrit que l'on peut aisément se représenter, celui d'une prison ou du foyer d'un homme malade, en fin de vie. Pourtant, l'auteur distille très vite un sentiment d'étrangeté qui fait basculer une situation que l'on pensait parfaitement appréhender du côté d'un monde d'anticipation : ce ne sont plus notre environnement et notre vie que nous montre Frédérique Martin, mais ce qu'ils pourraient devenir si nous n'y changeons rien.

Mais ce qui est particulièrement brillant, c'est la manière dont la tension monte crescendo. Plus on avance dans le livre, plus les tableaux qui nous sont présentés s'éloignent de nos repères familiers pour nous emmener vers quelque chose d'oppressant et d'effrayant qui n'est rien d'autre qu'une image de ce que pourrait être notre avenir. L'absurdité, le mensonge, l'âpreté au gain, l'individualisme, le rejet de l'autre, une forme d'aseptisation... tout cela conduit à une société toujours plus avilissante et menaçante pour ceux qui la constituent. L'une des dernières nouvelles nous entraîne dans un monde à la Orwell où chacun est scruté et sommé de faire son autocritique pour la sauvegarde de la communauté...

Sans lourdeur aucune, avec au contraire une forme de dérision ou de décalage qui lui permet de ne jamais sombrer dans un discours moralisateur, Frédérique Martin met en évidence les dérives d'une société qui crée les conditions de sa propre perte. A la fois léger et inquiétant, parfois drôle et pathétique, ce recueil est d'une réjouissante acidité.

Lirai-je après cela d'autres nouvelles ? C'est possible. Une chose est au moins sûre, c'est que je lirai d'autres oeuvres de cet auteur qui a su me séduire de la manière la plus inattendue !

Lien : http://delphine-olympe.blogs..
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On passe très vite sur la couverture pour se plonger dans ses nouvelles. La première donne le ton : un jeune homme vend sa mère (fauteuil compris) dans une brocante. Très vite, on comprend que Frédérique Martin nous transpose dans une société où bien des choses ont changé. Que ce soit le contrôle des faits et des actes de chacun ou un pouvoir collectif qui dirige, le monde où évoluent les personnages de ces nouvelles est froid, intransigeant avec ses règles et ses codes, l’argent et la consommation sont les maîtres-mots.

Les individus sont le plus souvent privés de leurs libertés et obligés d’obéir. Que ce soit une femme gagnante d’un cadeau empoisonné à l’Organisation des Consciences Unies qui vous juge, ces nouvelles (hormis deux qui ont un air de déjà lu) font froid dans le dos. L’auteure utilise avec brio le cynisme de ces mondes futuristes et les nouvelles vont en crescendo. Très bien écrites ( Frédérique Martin possède ce talent pour camper des personnages et une situation en quelques pages), elles nous amènent à nous poser des questions (je pense notamment à la nouvelle intitulée La prophétie de la goutte d’eau) sur les dérives. Attention, ça remue !

Un très bon recueil de nouvelles à lire !
Lien : http://claraetlesmots.blogsp..
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J'envisage de te vendre (j'y pense de plus en plus) est un recueil qui regroupe 12 nouvelles inédites ou pas puisque certaines avaient déjà été précédemment publiées dans diverses revues.

Chaque nouvelle possède un ton propre mais l'ensemble est fortement marqué par un coté absurde et surtout cynique (très présent dans chacune des histoires). le quotidien est grossi, imagé mais tellement transpirant de réalisme. En quelques pages Frédérique Martin dépeint un univers (le nôtre) à peine exagéré et forcé dans lequel nos failles et nos travers sont explicitement exposés.

Elles ne sont pas toutes détonantes ou inoubliables mais certaines marquent. Elles ont chacune de bonnes idée et des mises en scène de choses de la vie assez originale (des plus graves au plus légères), donnant une vision différente et une approche qui tend à la réflexion.
Et si dans le fond ce n‘est pas vraiment gai, le ton et le tournant que l'auteure donne à chaque nouvelle a quelque chose d'entrainant et de moins perturbant, bien que l'étrangeté de certaines et la plume directe de l'auteure ne puissent laisser le lecteur indifférent et surtout non concerné..............................
Lien : http://libre-r-et-associes-s..
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Avouez que ce titre est interpellant :)
C'est en partie pour lui que j'ai eu envie de lire ce recueil de nouvelles, mais aussi et surtout parce que j'étais tombée sous le charme de la plume de Frédérique Martin il y a un peu plus d'un an, avec Sauf quand on les aime, un de mes coups de coeur de la rentrée littéraire 2014. J'en gardais le souvenir d'une écriture mêlant hargne et douceur, douleur et délicatesse, à la fois dure et drôle. Et j'ai beaucoup aimé retrouver ici cette plume, que j'ai reconnue malgré un registre très différent : on pourrait en effet se croire dans un roman d'anticipation.

Ces nouvelles ont pour point commun de nous proposer une vision de la société peut-être pas si éloignée qu'on pourrait le croire. Les personnages sont tous différents, leurs histoires également, mais toutes ont en commun de nous transporter dans un futur (proche?), dans une société un peu décalée, un peu étrange, un peu effrayante... justement parce qu'elle n'est qu'un peu différente. Chacune met l'accent sur un comportement, un abus de pouvoir, une évolution qui interpellent, tant ils pourraient nous paraître naturels. Par petites touches, Frédérique Martin nous amène à réfléchir, à nous indigner, à nous révolter contre ce que notre monde pourrait être en train de devenir, sous nos yeux, sous les effets de l'argent, du pouvoir ou de la consommation. Si certains textes vont un peu loin et m'ont de ce fait moins touchée, si l'un d'entre eux m'a moins étonnée, j'ai trouvé que d'autres étaient particulièrement d'actualité (je pense notamment au Pompon de Mickey et à La prophétie de la goutte d'eau, sans doute ma préférée), ce qui ne les rend que plus remuants.

Comme souvent lorsqu'il s'agit d'un recueil de nouvelles, il est donc difficile d'attribuer une appréciation globale, certains textes étant plus à mon goût que d'autres. Quelques-uns peuvent paraître plus légers, mais ce n'est finalement qu'une impression (c'est le cas de la première nouvelle, le désespoir des roses, dont est tiré le titre du recueil). Mais dans tous les cas, c'est remuant et très bien écrit. J'ai retrouvé ce talent qui fait se dessiner devant mes yeux des personnages et leur situation, même alors que les textes n'excèdent jamais la vingtaine de pages. On reste parfois sur sa faim, de ce point de vue, lorsqu'on lit des nouvelles; ce n'est pas le cas ici. C'est condensé, certes, mais sans qu'il y manque quoi que ce soit d'essentiel, et c'est mordant à souhait.

Entre cynisme et finesse, des nouvelles qui font parfois froid dans le dos, superbement écrites.


Et puis, parce que j'ai trouvé l'idée géniale, je ne résiste pas à vous inciter à aller voir le court-métrage tiré de la première nouvelle du recueil, dans lequel Frédérique Martin interprète elle-même les rôles de ses deux personnages, tout en lisant son texte en voix off. Visant à promouvoir son ouvrage, ce film est une vraie réussite à mes yeux. Je vous renvoie au site de l'auteure pour y découvrir ses explications.
Lien : http://margueritelit.canalbl..
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L'histoire/Le sujet : Uns suite de nouvelles donc, dans un monde proche, très proche du notre. Chacune s'appuie sur un aspect de la société qui peut nous toucher, et en donne un version tellement .... différente de ce que 'l'on pourrait imaginer...

Le style : Les nouvelles sont assez courtes, le style est simple sans être léger. Ce recueil est vraiment très agréable à lire.

Et la couverture alors ? En lien avec la première nouvelle, bien sur. Elle fait frissonner, un peu, après lecture ...

En conclusion ? Cette suite de nouvelles peut surprendre d'un premier abord. Les thèmes sont tous liés à la société actuelle, mais traités dans un futur proche, ou comme une uchronie, et nous amène dans une réalité parallèle qui peut se montrer inquiétante, stressante, surprenante... déstabilisante dans tous les cas. L'auteur sait nous plonger dans chacun de ces moments en nous amenant des personnages qui tantôt se racontent à la première personne, tantôt sont observés, mais auxquels on peut s'attacher ou s'indentifier.
La vision du monde donnée ici n'est pas forcément des plus optimistes, de la vente de la mère encombrante, au refus de la mort programmée, de la télé réalité vampirisante au monde où les femmes ne peuvent vivre librement.... Chacun de ces thèmes ne peut laisser indifférents. C'est ce qui m'a plu. Même si toutes les nouvelles ne sont pas égales, certaines m'ont réellement happée, et je n'ai pu m'en détacher.

Bref, j'ai passé un réel bon moment en découvrant ces nouvelles, qui n'ont rien ou presque rien de drôle, il est vrai, mais qui font réfléchir sur une société qui, on le voit tous les jours, part un peu dans tous les sens ...
Lien : http://sofynet2008.canalblog..
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