AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,6

sur 53 notes
5
7 avis
4
6 avis
3
3 avis
2
0 avis
1
1 avis
« Mes Fous » Un Livre de Jean-Pierre Martin (Français, né en 1948) 160 pages. éditions de l'Olivier Sorti le 27/08/2020 …

« Je vois des femmes enceintes au ventre transparent d'où sortent par le nombril des milliers de cerfs-volants. »
Depuis que le narrateur ne prend plus ses cachets il voit la vie en rose…

« Mon père est en HP, ma soeur s'est suicidée, ma mère est au bord du suicide, j'ai des antécédents, j'aurais bien aimé avoir une chambre plus tard quand je serai vieille, dans très longtemps, tout à côté d'eux dans un hospice, en attendant je chante, je vais enregistrer un album. »

« Au mot « chant », j'ai sursauté. Et aussi au mot « album ». Je crois savoir à quel point certains schizophrènes, ceux qu'on appelle ainsi, ont envie de chanter. le chant leur paraît un remède. »

« « J'entends des voix. Jésus s'adresse à moi directement. J'aimerais bien voir les religieuses qui m'avaient recueillie quand j'étais tombée dans le fossé. Je leur dirai que Jésus m'a parlé. » Puis elle se met à chanter. Une sorte de cantique pop. Elle me redit ce que je sais : elle veut faire un album. »

Un Livre avec tantôt des fulgurances, tantôt des longueurs. On regrette le manque de dialogues sur toute une partie.

Franchement Mister, allez à la ligne et mettez le tiret quand vous voulez déclamer des prises de paroles.

« C'est tellement bien, tellement rare, d'avoir une amie femme avec laquelle on s'entend parfaitement, de vivre une sorte d'amour sans sexe, sans la frénésie de la chair. »

« – On est tous plus ou moins atteints, mais le fou, c'est d'abord celui qui est sans interlocuteur. »

« « On ne va tout de même pas attendre la fin du monde. » Nous aussi, on a une zone à défendre. »

Désolé pour cette critique « Tout en citations » mais j'ai trouvé que les mots parlaient d'eux-mêmes (Et je ne fais pas ça souvent !)
Phoenix
++
Lien : https://linktr.ee/phoenixtcg
Commenter  J’apprécie          182
Jean-Pierre Martin, « Mes fous » 154 pages
Père de quatre enfants, dont un enfant reconnu autiste asperger et une fille schizophrène, Sandor se sépare de son épouse. Fatigué, il prend un arrêt de travail afin de se reposer. Pour s'éloigner aussi de ceux qu'il ne supporte plus : « les masques, les simagrées (…) Les petits hommes qui se prennent pour quelqu'un. Les surimportants qui pontifient ».
Et tandis qu'il se promène en ville, il constate que son empathie semble attirer les gens différents. Aussi s'interroge-t-il : "Est-ce que j'attire les fous, ou bien est-ce moi qui cherche leur compagnie ?" / Je marche infatigablement, interminablement, sans but, dans les rues, sur les quais, dans les parcs. Quelques humains, des ultrasensibles, perçoivent de l'intérieur mes ondes. Il arrive qu'une rencontre de hasard m'entraîne dans son maelström. Sylvain a bien raison de me dire que je souffre d'un excès d'empathie. C'est vrai que j'ai tendance à voir la folie partout, à débusquer sa menace, chez moi ou chez les autres, à travers des signes légers : une parole exagérément volubile, l'hystérie d'un geste, le mutisme glaçant d'un poisson froid, la logorrhée d'un monologuiste. Les fous et les demi-fous me magnétisent. A moins que ce soit le contraire. Je ne peux pas détourner mon regard. Je suis prêt à les suivre tel un privé qui aurait renoncé à la filature et adopté la méthode directe.
Il se jette sur toutes les lectures qui concernent les différentes formes de folie, évoque ces « corps errants » qui se confient à lui : « Quelquefois, par solidarité, j'ai envie de hurler avec eux, de harponner les autres, tous les autres si indifférents, si pressés, si blindés de normalité. »
Un ouvrage intéressant, sensible, parfois drôle, mais aussi désespérant face à la souffrance de ceux qui sont ignorés. Et une écriture ciselée.
Commenter  J’apprécie          10
Sandor souffre ou du moins est atteint d'un « excès d'empathie ». Il capte et reconnaît les personnes qu'il croise dans les rues de Lyon et qui lui semble en décalage avec le monde extérieur. Il répère les « fous » et revient les fréquenter ensuite au détour de ses déambulations, en revenant tailler le bout de gras avec eux par exemple. Sandor déambule car il est en arrêt de travail et il a le temps d'exercer ce drôle de passe-temps. Il est aussi un fin observateur de sa famille proche. Une famille que l'on pourrait qualifier de dysfonctionnelle et qui ne se trouve pas bien loin des « fous » que Sandor côtoie.

Avec « Mes fous », l'auteur écrit un très beau livre sur les nuances qui existent entre le normal et le pathologique. Il relève à travers les points de vue de son personnage Sandor, un point de vue plus global. Celui que porte la société sur la folie, sur la psychiatrie et sur ces personnages en marge. Des personnages qu'on laisse de côté, qui ne mérite plus notre attention. Des « corps errants » pour reprendre la très belle expression de l'auteur.

Sans être dénué d'empathie et avec un ton très juste, Jean-Pierre Martin invite les lectrices et les lecteurs à une réflexion sur la question. Sandor développe sa pensée au fil du récit et ce n'est jamais manichéen bien au contraire. le personnage principal est touché par ces marginaux et à la lecture de ce livre nous aussi.

« J'ai aussi une fibre ethnographique. J'aurais volontiers pratiqué l'observation participante ».

« C'est vrai que j'ai tendance à voir la folie partout, à débusquer sa menace, chez moi ou chez les autres, à travers des signes légers : une parole exagérément volubile, l'hystérie d'un geste, le mutisme glaçant d'un poisson froid, la logorrhée d'un monologuiste. Les fous et les demi-fous me magnétisent. À moins que ce ne soit le contraire. Je ne peux pas détourner mon regard. Je suis prêt à les suivre tel un privé qui aurait renoncé à la filature et adopté la méthode directe.
Fou n'est pas le mot, même si je le prononce avec affection. Je préfère dire : corps errants. Je les appelle ainsi pour tenter de leur rendre un peu de leur noblesse. »

« Est-ce que j'attire les fous, ou bien est-ce que c'est moi qui cherche leur compagnie ? Quelquefois j'aimerais échapper à cette manie qui est la mienne, décider de ne plus prêter attention. Mais les corps errants saisissent comme personne les fragilités alentour. »
Lien : https://lesmafieuses.wordpre..
Commenter  J’apprécie          10
« Dans son monde tout autre, dans son absence au monde où rien ne se fait de commun, le corps errant est un entre-soi à lui tout seul. »
Sandor est en proie à des « troubles de l'âme » qualifiés par son psychiatre de mélancolie « par ricochet ». Son père sombre dans le chaos, sa fille, Constance, diagnostiquée schizophrène, est l'un de ces corps errant qui parsèment la ville, et lui arpente les rues de Lyon. Cela fait partie des prescriptions : faire le vide, nager, et marcher le plus possible. Vacant, lui aussi en errance, il est à même de voir et de reconnaître les « corps errants », ces fous que l'ont voit paisibles ou gesticulant sur les trottoirs, ceux qui prennent les passants à partie, ces « âmes fêlées » devant lesquelles la majorité d'entre nous baisse le regard et presse le pas. Sandor, lui, s'arrête. Il écoute qui s'adressent à lui.
« (...) Souvent ils vont à l'essentiel: la vie, la mort, l'amour, la haine, la peur du monde, la relation à l'autre, le désir de reconnaissance. Ils expriment admirablement nos névroses banales, notre fatigue de nous-mêmes, notre fureur chronique à fleur de peau, nos entraves matérielles, l'encombrement des choses, le malaise de nos corps, la tristesse quotidienne que produit en nous le sentiment de la fugacité, toutes les entraves qui contrarient la fraîcheur de vivre. »
Sandor a cinquante ans. Ancien de Sciences Po, il travaillait dans une grande société où il n'assistait plus aux réunions qu'avec des lunettes noires pour tenter de pallier son « problème de lucidité », mettant un filtre entre lui et « les masques, les simagrées (…) Les petits hommes qui se prennent pour quelqu'un. Les surimportants qui pontifient ». En congé maladie, il sait déjà qu'il ne retournera sans doute jamais au bureau.
Au fur et à mesure de ses rencontres, il collecte la parole de ceux qu'on n'écoute pas parce que le fou, a-t-il lu, « est d'abord celui qui est sans interlocuteur ». Sandor constitue un « herbier psychotique », avec une empathie sans faille. « Quelquefois, par solidarité, j'ai envie de hurler avec eux, de harponner les autres, tous les autres si indifférents, si pressés, si blindés de normalité. »
Le livre est doux-amer, drôle souvent, intelligent. Il nous donne à voir le parcours d'un homme qui, petit à petit, va se réconcilier avec lui-même, son histoire et ses obsessions, et réussir à changer de vie.
« On ne trouve pas de déraison dans la beauté du monde. »"

Kits Hilaire dans Double Marge (Extrait)
Lien : https://doublemarge.com/mes-..
Commenter  J’apprécie          997
Constance, la fille de Sandor a sombré dans une psychose profonde. C'est tout un monde qui s'écroule, toute une cellule familiale qui explose. Son médecin l'arrête et Sandor se met à errer dans les rues de Lyon, croisant des fous à chaque pâté de maisons, chaque quai de métro, chaque zinc de bar… Il les attire ou est-ce lui qui est attiré par ces fous?

Sandor va se plonger dans la littérature sur la folie, il cherche à comprendre, peut changer le cours des choses, sauver ce qui est à sauver et aimer ce qui tient encore la route: ces trois fils qui se construisent tant bien que mal dans leur vie d'adultes, sa femme qu'il ne désespère pas de reconquérir.
Mais Constance l'obsède. "Oublie Constance!" lui dit un jour son médecin. Comment oublie-t-on son enfant?

Ce roman est absolument splendide. Qui n'a pas un jour souffert devant le désespoir de son enfant aura peut-être du mal à en saisir toute la force. Il raconte le parcours d'un père, d'un parent, meurtri par la non-mort de son enfant, celui qui sombre dans la maladie mentale, pour qui les chances de guérison sont quasi nulles.

Les qualités littéraires de Jean-Pierre Martin sont indiscutables et son personnage est d'une crédibilité bouleversante. Sa douleur est palpable, mais l'espoir qu'il insuffle par les décisions qu'il prend, le regard qu'il porte sur tous ces fous, son amour de père, sa résilience et son humanité, font de ce roman un beau roman, au sens le plus noble du terme, de ces romans que l'on referme trop vite.
Pourquoi n'en parle-t-on pas plus?

Lien : https://carpentersracontent...
Commenter  J’apprécie          20
« Je me suis nommé : Sandor le solitaire assoiffé de relations humaines. »

Dans « Mes fous », Jean-Pierre Martin donne la parole à un personnage qui « se met trop facilement dans la peau des autres », un écorché vif, dont la « vie se barre de tous les côtés ». Son père sombre dans la mélancolie, sa mère est emportée dans ce désastre, sa femme le quitte, et sa fille Constance est schizophrène.

Personne n'aurait envie de se plonger dans un tel récit. Et pourtant comme ce texte est sensible, désenchanté, drôle parfois. Il serait dommage de passer à côté de ce Sandor qui attire à lui les « corps errants », les « fous et demi-fous », les cinglés des carrefours et du métro, tous ces invisibles aux yeux des affairés et qui forment une constellation humaine que Sandor ne cherche pas à consoler, juste à faire exister. Voire à étudier, pour mieux comprendre sa fille.

Dans un style un peu saccadé, rapide comme celui de la marche infatigable et inlassable de Sandor, Jean-Pierre Martin a écrit un livre infiniment douloureux et hypersensible qui touchera ceux qui ont « entamé leur capital de béatitude », mais ne renoncent pas.


Commenter  J’apprécie          60
Un livre assez inhabituel, je ne sais pas trop quoi en penser. Je ne sais même pas si j'ai apprécié, ou non.

Pourtant, j'ai bien aimé l'écriture, le côté poétique des descriptions, les âmes errantes, et l'ambiance qui s'en dégageait. La folie qui ressort des personnages, mais pas une folie d'un point de vue psychiatrique, mais plutôt un côté assez psychédélique, on est comme ailleurs, et c'est plutôt agréable.

Mais au niveau de l'histoire en tant que tel, c'est plutôt décevant. Un récit sans doute trop contemplatif, parce qu'au fond, il ne se passe pas grand-chose. Et puis, quel est le but ? Où va-t-on ? L'auteur aborde la folie, mais pas comme je l'aurais imaginé. Et c'est assez perturbant...

De plus, les personnages sont à peine effleurés, et on ne va pas dans le fond des choses.
Commenter  J’apprécie          00
J'ai adoré ce bouquin franchement une vraie perle ! Car avec une sensibilité et beaucoup d'humour l'auteur nous raconte le quotidien de ceux qui butent, qui penchent, qui chantent la journée et hurlent la nuit.
Le titre résume à merveille le sujet traité mais le plus de ce roman c'est qu'il nous ouvre les yeux sur les fous car il faut comprendre la détresse psychique pour éviter de tomber dans le mal et laisser la douleur prendre le dessus.
Avec une douce ironie et une plume magnifiquement poétique, l'auteur nous offre un éloge unique de la folie. Une histoire à lire sans plus tarder.
Commenter  J’apprécie          50
J'aime bien les romans originaux et celui là l'est assurément par le parti pris. En effet, écrire sur la folie, la schizophrénie, la dépression etc est un acte littéraire difficile qu'il faut savoir manier sans tomber dans le style... clinique !
Ici, sans être aussi emballée que @dis_moi_10_phrases, j'ai trouvé que c'était réussi !
Notre personnage, Sandor Novick, est en arrêt maladie, pris de mélancolie pré-dépression suite à la mort de son père. Sandor est un empathique profond, d'ailleurs il l'est tellement qu'il attire tous les fous errants des villes, on se confie à lui, on partage ses névroses, sa folie car Sandor sait écouter et plus que tout il comprend. Il a pris au 1er degré la maxime d'Ossip Maudelstram, poète russe, qui a écrit "Le fou, c'est d'abord celui qui est sans interlocuteur."
Mais Sandor est aussi le père de Constance, atteint de schizophrènie paranoïde, qui lui bouffe l'espace, les nuits, les repas de famille, la tête, la vie. Alors, il cherche, Sandor dans la folie des autres de quoi s'arrimer à celle de sa fille, dans les conférences sur le sujet. Et puis la folie est partout, dans les livres, la musique, au cinéma alors difficile d'avoir le moral, de tenir bon, d'espérer pour ses autres enfants que ça ira, que Ysé, son ex lui reviendra.
Et pour, non pas "lacher prise", mais "prendre ses distances", il s'échappe à la campagne mais là bas aussi d'autres fous l'attendent. Et enfin après une installation laborieuse dans une ferme restée dans son jus, je l'ai senti sereint mais comme Robert Walser, qu'il cite "Je ne suis pas ici pour écrire, je suis ici pour être fou !"
Commenter  J’apprécie          20
Sensible au témoignage de la souffrance d'un père dont la fille est atteinte d'une schizophrénie grave. D'un point de vue littéraire,j'aime la poésie de ces descriptions des fous,les corps errants dans la ville,les bouleversants,les exilés de l'intérieur,les allumés de toute sorte, celui qui est sans interlocuteur.Par ailleurs le narrateur a une part d'humanité,de souffrance et d'humour qui est très touchante.A noter les pages 119 et 120 renvoient à de nombreux ouvrages littéraires sur la folie,des références .
Commenter  J’apprécie          20




Lecteurs (124) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (2 - littérature francophone )

Françoise Sagan : "Le miroir ***"

brisé
fendu
égaré
perdu

20 questions
3704 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , littérature française , littérature francophoneCréer un quiz sur ce livre

{* *}