« [Le car] ne revenait jamais avant fin juillet et alors c'était pire. Mes amis m'avaient complètement oublié, ils avaient inventé de nouveaux jeux, des codes secrets et, jusqu'au bout de l'été, je me sentais exclu. Ensuite, je ramais comme un fou pendant des mois pour rattraper le temps perdu et reprendre ma place dans la bande. »
Noé est un narrateur très lucide sur son monde, mais aussi porté sur l'autodérision lors de certaines situations saugrenues dans lesquelles il va se mettre les pieds : ses repas où les épices, préalablement toutes mélangées par l'adolescent lors de sa vengeance, se retrouvent constamment dans les mauvais plats; la grève du zèle du facteur qui provoque la déclamation de son courrier sur la place publique (on est en 1998); la brouille entre les vieux du village et les dissidents qui créent le Cercle de la nouvelle jeunesse… L'ensemble est vraiment comique!
Cela donne une idée du style de
Carole Martinez, qui truffe son suspens de légèreté et de tranches de vie amusantes. En contrepartie, plusieurs réflexions plus sérieuses émanent aussi du texte, dont l'impact du commérage sur autrui et l'importance d'un équilibre familial. La plume de l'auteure est par ailleurs assez jolie et on la sent passionnée des mots. le lecteur appréciera notamment comment le personnage principal se questionne sur le sens de certains mots entendus, qui seront ultérieurement expliqués de façon toute naturelle dans un dialogue. Et il est impossible de ne pas craquer sur la façon dont Vague et Noé mènent l'enquête en parallèle des personnes âgées et de la police : par le registre de lecture de la bibliothécaire. Ils partent ainsi à la recherche d'indices en analysant les habitudes de lecture de tous et chacun et les livres qu'ils ont lus, en passant de
Victor Hugo à Oui-oui!
Malgré toutes ces belles qualités, comme bien souvent lorsque je lis un policier, je n'ai pas beaucoup accroché au roman. le lecteur sent bien qu'on l'amène constamment sur de fausses pistes et, à moins d'un coup de chance, il n'est pas réellement possible d'identifier le coupable avant le narrateur. Bref, ce n'est pas l'intrigue qui m'a fait apprécier le roman. Mais bon, je sais que je suis rabat-joie envers les récits policiers. Les amateurs devraient aimer!
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