Ce volume contient quatorze récits, dont treize des débuts de
Suehiro Maruo, datant de 1981-1982. Disons-le sans fard, si certaines de ces histoires sont sans queue ni tête, elles ne sont pas forcément dénuées de tête à queue. Ici, on ne plaisante pas : l'ambiance est toujours malsaine, la violence quasi-omniprésente, généralement à caractère sexuel. Où est donc l'ero-guro tant vanté chez cet auteur culte ? L'érotisme est plus que discret, il est à la limite suggéré dans des moments où rêve et réalité pourraient se fondre, mais c'est tellement fugace…Et trop vite tué dans l'oeuf, avec l'irruption brutale et grossière de la scatologie (que de caca !). Les scènes de sexe non consenties dominent, dont les femmes sont victimes. Elles savent aussi se venger cruellement (attention aux scènes sanguinolentes de sexes tranchés…). L'adultère, parfois teinté d'inceste, est presque toujours le thème central. La vision japonaise traditionnelle et machiste est à l'oeuvre, la femme étant fautive et coupable de pensées et d'actes pervers. On retrouve aussi quelques obsessions empruntées au porno japonais, les hommes aimant jouer de leur langue (mais pourquoi donc cette manie de fourrer sa langue dans l'oeil de sa partenaire ???).
Heureusement, pour relever le niveau, on signalera l'esthétisme bien réel des planches, et quelques histoires ─ minoritaires, c'est dommage ─, dont l'intrigue est plus poussée et assez machiavélique, avec tromperie et vengeance dans un trio infernal.
Ce volume me laisse quand même sinon déçu, du moins perplexe, après une lecture de Tomino la maudite qui m'avait assez enthousiasmé. le format d'histoire longue permettait un réel déroulement d'intrigue et de donner de la consistance aux personnages, et la perversion bien présente, y compris parfois sexuelle, se faisait nettement plus psychologique.