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sur 696 notes
Voilà bien le dernier best-seller à la mode ! 50 pages pour le Manifeste, et 50 autres pour divers avant-propos et autres textes de Marx et Engels... tombées dans un oubli volontaire : cachez donc ce sein que je ne saurais voir... nous chante la muse consumériste et libérale.
Et chacun (y compris moi) de s'exclamer en ce début de XXième : non, non, je l'ai lu, oui ,bon d'accord... mais je ne suis pas communiste !!! Pitié, ne me mettez pas dans la malle aux dinosaures avec les marionnettes de Krazucki et Georges Marchais !
Et pourtant... rien ne sert de nier que ce texte a posé les prémisses d'une révolution idéologique, qui a structuré les postures sociales et politiques, les relations internationales, sur près de 150 ans. Rien que pour cela, donc, ces 50 pages valent bien leur pesant d'Histoire.
Mais aussi, du point de vue philosophique, le Manifeste me semble être à la pensée marxiste ce que le bigmac est au repas traditionnel de thanks giving : sauf à préférer lire le Capital in extenso, le Manifeste est un assez bon résumé de la pensée Marxiste, quoique caricaturé et simplifié à l'extrême. On y retrouve la force de conviction de Marx, portée par un style indéniable. Sous le prisme d'une lutte des classes au niveau mondial, le Manifeste des communistes dresse un portrait -somme toute réaliste, pour l'époque- des rapports entre patronat et salariat, de "l'essence" du capitalisme, et fait le pari (plus risqué... comme L Histoire nous l'a appris depuis) que la lutte pour l'appropriation des moyens de production, l'abolition de la propriété privée et la paix mondiale aboutirait à "une association où le libre développement de chacun est la condition du libre développement de tous"...
On passe certes du réalisme critique à une utopie de programme ; et Les prémisses de la "dictature du prolétariat" -dont on connnait depuis les dégâts- sont posées, mais non dans la lecture "diabolisante" et réductrice qui en a été faite par la bourgeoisie dominante de l'époque, et développée depuis.
Vraiment, qu'on y adhère ou pas, il reste très utile de lire ce bref exposé d'une idéologie politique, pour sa valeur historique, et pour la pertinence de la critique sociale qui y est posée... si les "solutions" proposées ne sont pas les bonnes, ou sont -comme toujours- dévoyées par les travers des hommes, cela n'invalide pas -même au XXième siècle, loin de là...- les problématiques soulevées...
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En lisant ce livre, j'ai pensé à cette image de la Seine glacée que décrit Proust dans "Du côté de chez Swann" et qui ressemble à "une immense baleine échouée, sans défense, et qu'on allait dépecer".

"Le manifeste du Parti communiste" de Marx qui était un document subversif à son époque et qui a influencé presque deux siècles, doit être lu aujourd'hui pour deux raisons. J'utilise le verbe "devoir" parce que je crois qu'il s'agit là d'une lecture indispensable pour en finir avec toutes les idées reçues concernant Marx et le communisme.

D'abord, ce livre est un document historique qui éclaircit cette naissance de la Bourgeoisie puis du Prolétariat et partant, de la lutte des classes. Ainsi dans le premier chapitre, Marx parcourt à vol d'oiseau les différentes étapes de ces naissances ; une véritable genèse. Tout cela d'une simplicité efficace, d'une narration presque romanesque qui n'ennuie jamais le lecteur.

Ensuite, ce livre est un exemple parfait de la verve politique avec sa structure rhétorique et argumentative bien construite. Cela apparaît dans le deuxième chapitre où Marx essaie de répondre aux objections de la bourgeoisie contre les idées des communistes. Il use d'une ironie presque moqueuse qui m'a fait penser à une scène célèbre dans "La Vie est belle" de Roberto Begnini (Guido) lorsqu'il se moque de son fils qui croit qu'on faisait des boutons avec les juifs. Marx ridiculise ses adversaires bourgeois par la simplicité surprenante avec laquelle il leur répond au bonheur des prolétaires. Apprécions cet exemple :

"Vous êtes saisis d'horreur parce que nous voulons abolir la propriété privée. Mais dans votre société la propriété privée est abolie pour les neuf dixièmes de ses membres. C'est précisément parce qu'elle n'existe pas pour ces neuf dixièmes qu'elle existe pour vous. Vous nous reprochez donc de vouloir abolir une forme de propriété qui ne peut se constituer qu'à la condition de priver l'immense majorité de la société de toute propriété."

Ou encore :

"En outre, on a accusé les communistes de vouloir abolir la patrie, la nationalité. Les ouvriers n'ont pas de patrie. On ne peut leur ôter ce qu'ils n'ont pas."

En ancien poète, Marx illustre ses explications de comparaisons. Ainsi ces bourgeois "ressemblent au magicien qui ne sait plus dominer les puissances infernales qu'il a évoquées". de plus, il introduit çà et là des slogans forts et faciles à apprendre pour les prolétaires comme le fameux "Prolétaires de tous les pays, unissez-vous !" qui clôt le livre.

A part cela, on garde beaucoup de distance vis-à-vis les idées de Marx, celles qui ont bouleversé le monde et engendré tant de malheurs ou comme il l'appelle, ce "spectre [qui] hante l'Europe" et le monde en général car "la révolution communiste est la rupture la plus radicale avec les rapports de propriété traditionnels ; rien d'étonnant à ce que, dans le cours de son développement, elle rompe de la façon la plus radicale avec les vieilles idées traditionnelles."
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Il peut sembler surprenant de trouver, encore aujourd'hui, une actualité dans le "Manifeste du parti communiste". Notre monde semble tellement avoir changé depuis Karl Marx et Engels : nous sommes dans un monde qui a vécu deux guerres mondiales, toutes deux traumatisantes, les préoccupations des auteurs peuvent sembler inactuelles, etc.
Pourtant, même si certains aspects ont mal vieilli, finalement, les constats les plus importants en ce qui concerne la lutte des classes, la bourgeoisie, les rapports de domination entre prolétariat et bourgeoisie, le salariat, etc., sont encore actuels, à bien des égards ; on constate encore aujourd'hui, dans toute la société, l'actualité de la pensée marxiste.
Elle a finalement peu vieillie ; toutefois, elle a indéniablement certains aspects peu actuels et on ne peut que contester l'aspect violent de la lutte prônée par le Manifeste du parti communiste qui, même si elle semble pardonnable lorsqu'on considère le contexte historique (rappelons que, lorsque le Manifeste du parti communiste est écrit, le peuple ne peut que rarement s'exprimer par la voie des urnes ; on peut donc comprendre que, dans le Manifeste du parti communiste, se manifeste la tendance à prôner la révolution violente comme manière de changer la société, plutôt que la voie démocratique). Mais, malgré ses petites réserves, cela reste une lecture intéressante, d'un point de vue historique, et pour les idées qui y sont énoncées.
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Lues toutes brutes et toutes nues ces quelques cinquante pages, sans les préfaces, les notes et autres éléments de contexte, parce qu'un texte aussi mythique, il faut bien l'avoir lu me disais-je. A froid, maintenant que la page est définitivement tournée.
Je m'étais fait la même réflexion avec « La désobéissance civile » de Thoreau : c'est étonnant comme les textes ayant eu le plus fort retentissement ne sont jamais à l'image de ce que l'on a pu imaginer voire fantasmer. En tout cas pour ma part, le format pamphlétaire n'est jamais celui auquel je m'attendais.
Le propos et le projet définitivement révolutionnaires sont bien là, mais dans le style, le jus et les forces en présence de l'époque : j'ai été surprise par exemple par la part importante du texte destinée à positionner le projet communiste et affirmer sa radicalité par rapport aux innombrables courants socialistes, là où j'imaginais un brûlot harangueur galvanisant les masses. Ma surprise vient de là en fait : l'impression que ce n'est pas à elles que le texte s'adresse. C'est un peu facile avec le recul de l'histoire, mais du coup c'est la violence du propos qui ressort, pas la part d'idéal que le projet était censé porter.
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"Un spectre hante l'Europe: le spectre du communisme." Marx et Engels ne savaient pas si bien dire.

Le Manifeste du parti communiste est une mise au point à l'intention tout autant de ses opposants que de ses partisans. Il s'agit de dire ce qu'est le communisme et qui sont les communistes.

Ce petit livre lu en trois soirées se divise en quatre parties:
I - Bourgeois et prolétaires
II - Prolétaires et communistes
III - Littératures socialiste et communiste
IV - Position des communistes envers les différents partis d'opposition

Si la première partie explique succintement la théorie marxiste de l'histoire, c'est-à-dire de l'histoire vue comme une lutte entre exploitants et exploités aboutissant inéluctablement à la formation d'une bourgeoisie et d'un prolétariat, les parties suivantes définissent les communistes par rapport à leurs opposants de gauche comme de droite.

L'écriture est limpide. La logique est fatale. Même si, bien sûr, l'homme moderne y découvrira quelques sophismes oiseux, il y verra aussi que la globalisation des télécommunications et les faillites actuelles des libraires sont en bien des points comparables avec le développement des chemins de fer ou la banqueroute des artisans du 19e siècle.

Le message est on ne peut plus clair: "Les communistes se refusent à masquer leurs opinions et leurs intentions. Ils proclament ouvertement que leurs buts ne peuvent être atteints que par le renversement violent de tout l'orde social passé. Que les classes dirigeantes tremblent devant une révolution communiste! Les prolétaires n'ont rien à y perdre que leurs chaînes. Ils ont un monde à gagner."

Grâce à Staline et autres Pol Pot, le communisme n'est guère à la mode. Tant mieux ou tant pis. le lecteur jugera; mais prendra en tout cas beaucoup de plaisir à lire ce virulent et néanmoins jubilatoire pamphlet qui, à mon avis, n'a pas pris une ride en tant que classique de l'argumentation politique.

"Prolétaires de tous les pays, unissez-vous!"... comme disait l'autre.
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Chronique d'une catastrophe annoncée.Quelle fumisterie que ce manifeste!Des idées qui se parent de miel pour êtres plus attrayantes au commun des mortels;une fois l'adhésion acquise le pauvre bougre connaîtra les camps de la mort,les goulags,la torture,la misère,le totalitarisme et autres joies prévues au programme.Vous me direz c'est d'un passé lointain tout çà;moi je dis tant que les enfants de Corée du Nord meurent toujours de faim et des effluves de cette idéologie de la mort,je maudirais ce livre répugnant.
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Ce petit livre très accessible, puisque écrit pour les ouvriers, est étonnamment moderne dans son analyse du rapport entre bourgeoisie et prolétariat, qui s'applique toujours à notre système social actuel....
L'essentiel de la théorie Marxiste est là, qui sera développée plus tard dans le Capital.
La simplicité de la formulation en a fait un best-seller !!!
La 3ème partie sur les autres options de contestation socialiste du régime bourgeois n'est pas évident à transposer aujourd'hui, mais on peut y voir l'opposition entre socialistes libéraux (quel que soit leur pensée) et communistes.
On comprend bien aussi comment la bourgeoisie ayant pris le pouvoir des mains de la noblesse, est la seule classe ennemie des ouvriers.
C'est tellement lucide dans l'analyse et simple dans les solutions qu'on se prend à rêver qu'au delà de la dictature dramatique de l'URSS il existe un monde meilleur où tous pourraient vivre sans conflits et sans exploitation d'une majorité par une minorité ! Par ailleurs, puisque le système capitaliste, comme l'avait prévu Marx et Engels, est à bout de course (ils n'avaient peut-être pas pensé, en 1847, qu'il puisse tenir aussi longtemps) ; il n'est peut-être pas trop tard.
Par contre les auteurs ne cachent pas que le système sera autoritaire.
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J'écoutais récemment un interview de Noam Chomsky qui employait le terme de lutte des classes pour caractériser la situation actuelle. du coup, j'ai eu envie de mettre en perspective la pensée du chantre de celle-ci, Karl Marx avec cette affirmation. Effrayé par l'épaisseur du capital, le Manifeste du Parti Communisme a échoué sur ma pile à lire puis entre mes mains. le troisième chapitre m'a peu intéressé. Dans les deux premiers, les analogies pullulent quant à la description de l'antagonisme entre le prolétariat et la bourgeoisie. Il suffirait de changer les appellations pour que l'état des lieux fasse penser au présent. Hormis, cela, L Histoire nous a appris ce qu'il en est advenu de la mise en oeuvre de ces théories. le sang, les horreurs, le goulag, la dictature et la peur ont teinté ce qui se voulait l'avènement d'une société idéale. La violence comme moyen d'action politique ne peut engendrer que la violence, les frustrations, l'humiliation, l'esprit de revanche, la haine...
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J'avais toujours imaginé un énorme texte à l'image du Capital alors qu'en fait, c'est un tout petit ouvrage. Il y a presque plus de préface de différents auteurs que de manifeste dans la version que j'ai !
Le texte est découpé en différentes partie plus ou moins intéressante. par exemple la troisième partie sur "littérature socialiste et communiste" ne n'a pas du tout intéressé. Par contre les deux premières sont les plus intéressantes et replace quelques vérités (contre les stéréotypes du communisme) et avec des explications historique et social.

Un ouvrage à lire, qu'on soit communiste ou non, simplement pour la culture G pour ceux qui ne se reconnaisse pas dans les idées de Marx.
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Que peut-on conserver de la pensée communiste après l'échec plus qu'évident des régimes politiques et économiques qui ont tenté de l'incarner ? Pas grand chose. La lutte des classes, qui est le fondement de la description de la société par Marx et Engels, a abouti à la dictature du prolétariat, parce qu'elle est un appel haineux à la destruction violente d'une partie de la population. Si forcément la bourgeoisie et le prolétariat sont en lutte, alors le goulag est inévitable. Néanmoins, la description de la société capitaliste du dix-neuvième siècle par les marxiste est assez juste, et l'on se dit à plusieurs reprises en cours de lecture qu'elle demeure juste au vingt-et-unième siècle. Les moyens proposés pour lutter contre l'exploitation des petits par les grands (une révolution violente qui donne le pouvoir au prolétariat, et qui abolit la propriété privée) ne fonctionne pas du tout : si je n'ai aucun intérêt privé à travailler pour mon propre compte, je vais préférer ne pas faire grand chose. C'est ce qui s'est passé. Encore une petite remarque. La pensée marxiste suppose un schéma historique toujours identique : la bourgeoisie renverse les systèmes féodaux anciens et seulement ensuite, le prolétariat renverse la bourgeoisie. Or, ce sont dans des pays où il n'y avait pas vraiment eu de révolution bourgeoise que le communisme a réussi à s'implanter, prouvant paradoxalement que le théorie communiste de l'histoire est fausse. Bref, il faut inventer autre chose que le communiste si l'on créer pour demain des lendemains qui chantent.
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