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Richard Mason (II) (Traducteur)
316 pages
Presses de la cité Paris (30/04/1963)
3/5   1 notes
Résumé :
Certes, le vent passe sans s'arrêter sur les plus belles choses, mais le cœur de l'homme sait-il mieux voir ce qui s'offre à lui ?
Devine-t-on, sous le sourire tendre d'une jeune Nippone, l'affreuse douleur qui lui broie le cerveau ? Reconnait-il, dans la délicatesse passionnée de ses caresses, l'immense désespoir devant une maladie quasi-incurable ?
L'homme, ici, Michael Quinn, est un officier anglais qui, après avoir été blessé dans la jungle birmane... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Premier roman de Richard Mason, publié en 1946, "Le Vent Ne Sait Pas Lire" fut cependant traduit en Français après son best-seller "Le Monde de Suzie Wong", et fatalement, cette première romance interraciale anglo-asiatique semble être, encore aujourd'hui, le brouillon pataud du "Monde de Suzie Wong".
"Le Vent Ne Sait Pas Lire" est en effet l'archétype du premier roman d'un auteur, qui tient à raconter une histoire sans trop savoir encore quel ton employer et quelle atmosphère installer. Bien qu'abondamment nourri d'éléments autobiographiques (Mason, comme son héros Michael Quinn, était soldat britannique détaché en Inde et en Birmanie durant la Seconde Guerre Mondiale), ce roman peut-être un peu trop soigné, un peu trop précis, dégage hélas une grande platitude, malgré l'inégalité de ses parties. La passion amoureuse de Miquel Quinn, alter-ego de Mason, pour cette jeune enseignante japonaise passée dans le camp des anglais, et qui cache le secret à peine voilé d'une maladie létale, a ceci de particulier qu'elle est précisément peu intense. le personnage même de Sabby / Miss Weï est terriblement inconsistant, brumeux. La jeune femme est à la fois passionnée et fataliste, amoureuse et craintive, et d'un infantilisme qui cadre mal tant avec la mentalité japonaise de l'époque qu'avec le statut d'une enseignante détachée dans des opérations militaires d'envergure. Elle reflète les fantasmes ignorants et encombrés de clichés d'un anglais qui, quoi qu'il en dise, n'aime cette jeune femme que parce chacune de ses attitudes lui semble exotique et imprévisible. Il n'est ému physiquement que par l'aspect purement infantile de la jeune femme, et aussi par ses "grands yeux" mobiles, rieurs, et apparemment peu bridés si on l'en croit.
Tout cela est très superficiel, très immature, tout en se prétendant paradoxalement très passionné, mais on aura bien du mal à lire la passion dans les mots de Richard Mason, ce qui est tout de même un peu gênant pour un mélodrame romantique.
Il est vrai qu'à côté de cette liaison un peu plate, Mason évoque avec plus d'attendrissement les amitiés d'hommes dans un milieu militaire, et les ironies viriles qui cachent pudiquement la véritable estime que ces compagnons d'infortune ont pour eux-mêmes. Toute la deuxième partie du roman échappe d'ailleurs à cette monotonie tranquille de militaires de réserve qui prennent le temps de se trouver des fiancées locales, pour plonger dans l'ambiance fébrile et bien plus intense d'un récit de guerre, lors de la capture de Quinn et de son escouade par des soldats japonais, et sa périlleuse évasion de leurs griffes. Toute cette partie-là est paradoxalement plus réussie, car sans doute plus emplie des souvenirs personnels de Richard Mason, mais néanmoins, elle creuse assez étrangement un chemin de traverse contrasté avec la romance très morne et très adolescente avec Sabby.
La fin du roman est néanmoins d'autant plus réussie qu'elle évite le pathos lacrymal et voyeuriste qu'une telle intrigue à la "Madame Butterfly" pouvait induire. Richard Mason choisit effectivement d'arrêter son récit abruptement après que la jeune femme aie subi une lourde intervention chirurgicale, dont les jours suivants seront cruciaux pour mesurer ses chances de survie. le narrateur, Michael Quinn, partage bien évidemment son espoir et les projets d'avenir qu'il conçoit avec Sabby. Mais seule la réserve inquiète du chirurgien et la résilience empressée de l'héroïne laissent entendre que la mort est au bout du chemin. le roman s'achève sur les pensées positives de Michael Quinn et sur sa foi en la survie de la femme qu'il aime. On comprend à demi-mot que si le récit s'arrête là, c'est que le drame vient juste après, mais le lecteur n'y assistera pas. Cette fin ouverte est d'une grande subtilité, même s'il n'est pas impossible non plus que Mason se soit senti dépassé au moment de terminer son récit de manière aussi tragique.
Car au final, "Le Vent Ne Sait Pas Lire" narre avant tout une fragile passion qui nait au coeur de la tourmente d'une guerre mondiale, et qui permet brièvement à un homme et à une femme d'échapper au tourbillon mortifère de la folie des hommes comme à celui de la maladie, et qui donne à chacun d'entre eux la force de vivre et de continuer. La mort de Miss Weï signerait la fin de ce cocon sentimental et psychologique qui a, d'une certaine façon, protégé Michael et Sabby de tout ce qui pouvait les détruire. Mason a voulu raconter la naissance et le tissage de ce cocon, mais il n'a pas voulu narrer sa destruction, de peur sans doute de laisser entendre qu'une telle passion serait finalement dérisoire. "Le Vent Ne Sait Pas Lire" reste donc, malgré son caractère dramatique, un roman ouvertement positif et hédoniste, qui souligne l'importance de vivre chaque instant de bonheur comme si c'était le dernier, même si cela n'empêche pas les drames de l'existence contre lesquels on ne peut rien.
Il eut hélas probablement fallu une plume plus expérimentée et plus adroite pour mieux démontrer cette philosophie honorable, mais Richard Mason n'eût pas à rougir de ce" premier roman, qui non seulement se révéla un appréciable succès commercial pour un jeune auteur, mais fut également l'objet, avant "Suzie Wong", d'une adaptation cinématographique éponyme, avec Dirk Bogarde et Yoko Tani. le scénario du film a également été écrit par Richard Mason, qui a changé quelques éléments de son roman, le rendant à la fois plus romantique (Michael et Sabby se marient), mais aussi plus ordinairement lacrymal (la mort de Sabby y est mise en scène), et ajoutant à cette romance une dénonciation du racisme de la part des collègues militaires de Michael Quinn, ce qui était totalement absent du roman, où bien au contraire les compagnons de caserne de Quinn sont particulièrement envieux de sa situation.
Même si on pourra juger que le film est peut-être plus réussi que le livre, "Le Vent Ne Sait Pas Lire" ne décevra pas les fans de "Suzie Wong", tant malgré ses indéniables défauts et ses ambitions littéraires peut-être un peu trop complexes, le roman se laisse gentiment lire, et ses maladresses comme ses naïvetés demeurent encore touchantes.
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The World of Suzie Wong (1960), adaptation du roman de Richard Mason
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