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Citations sur Neuvains du sommeil et de la sagesse (12)

Sommeil, mon confident que je crains de trahir,
silencieusement près du puits de sagesse
où chaque être s'accorde à son désir, tu pose

tes mains sur l'innocence du visage, tu désarmes
le mensonge et l'orgueil, rallume dans le cœur
le feu qui le maintient en vie. Sommeil ô

montreur d'ombre ! mémoire de la terre,
donneur de force qui enseignes
aux yeux absents le prix d'une heure de lumière.

(P13)
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LXXXV


Plongé dans le livre, page après page, à lire cette histoire ancienne,
 le temps sans pesanteur a passé, qui fait oublier le sommeil.
  Et soudain cet appel sans voix, cette inquiétude

à travers l'air : là-bas cette liqueur, c'est l'aube,
 et c'est presque un effroi que de voir
  le ciel se vider de ses astres, et la lune d'été qui s'enfuit.

Oui, c'est l'appel de l'aube à la voix blanche, dans ma mémoire
 ivres les mots de cette nuit dansent encore, et je dédaigne
  le sommeil. Je sors dans la campagne, prêt au départ.

p.97
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II


Veilleur veilleur j'attends dans une chambre sombre
 et ma garde est sans peur. Un enfant nu sommeille
  dans ma crypte de temps. Il a la clé de mon empire.

J'attends, je vous attends, siècles neufs, nouveaux âges,
 je sais des philtres insolents
  pour qu'encore les lèvres chantent.

Je réveille le nom du plus ancien désir. Je suis
 né d'aujourd'hui, je suis le fis de mon attente :
  ouvre-toi, mon pays ! au nom de l'avenir.

p.14
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L


Soudain il fut midi sur ce chemin de terre
où je m'étais aventuré, et la lumière
trop lourdement pesait sur les blés alentour.

Et partout dans le frémissement du monde j'entendais
les voix de la folie amère qui guettait
ma pauvreté errante.

Hélas, je tends l'oreille et je cherche à entendre
ta voix qui maintenant dans les vallées de l'outre-monde
erre très lentement et peut-être se perd.

p.62
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XCVI


La sagesse a des doigts de lavande, elle parfume les armoires,
elle cueille au jardin les fruits et préfère les fruits aux fleurs,
elle ne coupe pas les fleurs et ne les met pas dans des vases.

La sagesse a des yeux de chat, car elle voit mieux dans le noir,
son sommeil est épris du monde et l'univers est sa maison.
La sagesse chérit les blés et sait le prix de la patience.

La sagesse a des mains de fier courage et nous révèle sa tendresse,
elle est la fille du silex, servante et maîtresse à la fois.
La sagesse avance masquée, sachant qu'un dieu parle en nos songes.

p.108
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XXXV


Vous que je vois passer sous les arbres du soir,
promeneurs qui cherchez peut-être votre image
au fond de cette nuit où la lune décroît,

vous veufs de tout sommeil, marcheurs nocturnes qui venez,
l'angoisse au cœur, vous blottir dans cette ombre
en écoutant le bruit de l'eau, ou peut-être le chant de la grive,

faites taire vos pas. Quittez toute espérance
et tout regret. C'est ici le pays charitable de l'ombre
où se prépare la saison neuve d'après l'enfer.

p.47
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Si longtemps j'ai cru te connaître ! J'ai cru que j'apprivoiserais
ton errance secrète et sauvage, et je cherchais des mots
pour dire les instants de ta beauté de cendres.

Mais je sais aujourd'hui tout ce que tu excèdes, et qu'au-delà de moi
s'établit ta lumière, au-delà de tout nom.
Je tremble que tu viennes. Je gémis si tu ne viens pas.

Mais l'ange alors qui parfois me visite en rêve
(ce n'était pour nulle consolation)
levant son glaive m'ordonna la patience.
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LXXXVI


Viendras-tu quelque jour au puits de l'obscure tendresse
 boire une eau partageable où plus d'une heure, plus d'un jour,
  nos cœurs pourront chercher comment inventer le nouvel amour

si bien que le désert ne sera plus qu'un souvenir ?
 Oui, si tu peux, ne tarde pas, porteur d'offrande,
  et que tu viennes avec l'arc ou la lyre, près du puits je t'accueillerai.

Tout l'avenir est une colline incertaine,
 bruissante sur l'azur absolu. Des portes invisibles tremblent,
  dans le matin, une source au loin parle et prie.

p.98
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LXXXIV


La nuit du solstice d'été, je vis en rêve
 une jeune femme vêtue de blanc, aux cheveux noirs,
  qui dansait parmi des enfants en deuil. C'était

au soleil déclinant, elle avait la splendeur de la jeunesse
 et déjà toute la douleur d'avoir été. Et soudain
  je t'ai reconnue au clair mouvement de ta jupe

sans pouvoir distinguer ton visage, alors que la nuit approchait
 dans de vives lueurs d'orage, je t'appelais depuis la grille,
  je voulais franchir ton abîme, et naître enfin.

p.96
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LVIII


Beaux arbres de la nuit sous les étoiles d'août
qui redoutez l'orage, arbres nus, désirés,
arbres nourris de nuit par toutes vos racines,

en vous plus ne se plaint la dryade craintive qui
se souvient de la vie et soupire et s'endort,
arbres de dur amour et d'âpre solitude

accueillants à l'oiseau comme à l'enfant qui fuit
et passe sous vos branches et rêve de grandir
sans perdre ce qui fait votre sommeil si fort.

p.70
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