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Jean-Yves Masson (Éditeur scientifique)
EAN : 9782864322283
782 pages
Verdier (01/01/1996)
4.33/5   3 notes
Résumé :
En Irlande plus que dans n'importe quel autre pays d'Europe, les poètes ont leur place au cœur de la cité. Depuis qu'à la fin du siècle dernier la " Renaissance celtique " a rendu au pays son autonomie culturelle par rapport à la tradition anglo-saxonne renforcée par des siècles de colonisation, et au fur et à mesure que la langue gaélique longtemps réprimée retrouvait les voies de la création littéraire abandonnées depuis le XVIIIe siècle, la poésie en Irlande est ... >Voir plus
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Citations et extraits (55) Voir plus Ajouter une citation
ESSEULE

Le sifflement froid et vif
Du vent vif et froid,
Qui soufflait sans arrêt dans le ciel,
Las, comme cela me rendait triste.

Le grand vacarme des vagues
Qui se brisaient contre la grève,
Et tout ce bruit lourd et profond,
Las, comme cela me rendait triste.

La mouette qui planait dans l'air
Lançant son chant criard à travers la baie,
Les cris et l'appel des oiseaux,
Las, comme cela rendait triste mon coeur !

La voix du vent et celle de la marée
S'affrontant sans cesse dans un puissant combat ;
La mer, la terre, le ciel, le souffle du vent,
Las, comme ils sont tous tristes !


Douglas HYDE
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Louis MacNeice

LES SYLPHIDES

La vie en un jour : il mena son amie au ballet ;
Lui-même myope n’en vit pas grand-chose —
Tutus blancs dans la grise
Clairière et crescendo de la musique
Soulevant les voiles blanches.

Calice sur calice, campanules dans la brise
Les fleurs de gauche reflet des fleurs de droite
Et les bras nus au-dessus
Des visages poudrés remuant
Comme des algues dans un étang.

En ce moment, pensa-t-il, nous flottons — sans âge, sans rame —

En ce moment, il n’y a aucune séparation, désormais
Tu porteras du satin
Blanc et une ceinture rouge
Sous les arbres qui valsent.

Mais la musique s’arrêta, on rappela les danseuses,
La rivière était parvenue à une écluse — froissement de programmes —
Et nous ne pouvons pas continuer en
Aval si nous ne sommes prêts
À passer par l’écluse et suivre le courant.
Ils se marièrent donc, pour être davantage ensemble,
Et s’aperçurent qu’ils n’étaient plus jamais autant l’un avec
l’autre,
Séparés par le thé du matin,
Par le journal du soir,
Par les enfants et les factures des commerçants.

Se réveillant parfois la nuit, elle était rassurée Par sa respiration régulière mais se demandait si
Cela en valait vraiment la peine et où
S’était écoulée la rivière
Et où étaient les fleurs blanches.

Été 1939
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LES TISSUS DES CIEUX

Si j'avais les tissus brodés des cieux,
Ornés de lumière d'or et d'argent,
Les tissus bleus, les pâles et les sombres
De nuit et lumière et pénombre,
Je les déroulerais sous tes pieds :
Mais moi qui suis pauvre, je n'ai que mes rêves ;
J'ai déroulé mes rêves sous tes pieds ;
Marche doucement car tu marches sur mes rêves.

W. B. YEATS
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Thomas Kinsella

Lettres d'artistes

Dossiers, papiers, épreuves, cartes
avec papier de soie marqués et colorés.
Je cherchais quelque chose, la
confirmation de quelque chose,
dans la boîte en carton
quand mes doigts ont dévié parmi de
gros paquets de lettres d'amour, de
vieilles immédiatetés en élastiques.

J'ai secoué une lettre ouverte de
ses plis, attentivement, et j'ai lu
- et j'ai haussé les épaules, gênée.
Puis remué.
Ma main devint mince et agitée
tandis que les mots rampaient à nouveau
rapidement sur le papier séché.

Lettre par lettre, la folie
s'est approfondie, mais a montré
un courage dans sa propre incertitude;
reconnu la futilité et le gaspillage
dans toute leur importance… une jeune idiotie
désespérée abandonnant
de tout cœur à toutes les chances d'un choix:

Il n'y a qu'un lancer, pas plus. Une seule
offre: faites-le. Sans style,
ce sont des temps désespérés. Il y a
une pauvreté d'esprit dans le vent,
une richesse minable à le braver.
Mes excuses, mais vous êtes ma bien
- aimée et je ne serai pas rebuté.

Qu'en est-il de ces lettres
déchirées ignominieusement
dans l'amour? Le personnage dépouillé de
nos stylos plonge à plusieurs reprises
dans le cliché unique, couvre la
douleur après la douleur du papier rayonnant
avec des extases analytiques,
lutte dans une fureur répétitive.

La chair prend d'assaut notre cerveau; nous prenons d'assaut
notre opposé ravi, la harcelons
avec des métaphores corporelles,
nous projetons nous-mêmes avec des bras bégayant et
poussant des cajoleries, la forçant
- son esprit aux ailes déployées -
à accepter nos cris suspects
avec des yeux choqués et brillants.

Les lettres des artistes (alors que la jeune carrière
se raffermit dans une fierté excitée
et se dirige vers l'autorité
après la première facétie,
l'esprit ébranlé
par le choc après le choc de la compréhension)
tremblent et s'affichent soudainement ! Animal.
Violents organes vitaux du désir.

Une bouche édentée s'ouvre
et nous nous jetons, captivés, contre nos liens
et nous nous précipitons vers elle. Et quand nous avons
été bien mangés et que les parties ont
craché ensemble et sont devenues
«une», alors nous pouvons régler nos poignets
et notre collier germanique
et nous retourner calmement vers des choses distinguées.
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Louis MacNeice

Prière d’avant que de naître

Je ne suis pas encore né; Ô écoutez-moi.
Ne laissez pas la chauve-souris suceuse de sang ou le rat ou l’hermine

ou la goule au pied-bot venir près de moi.

Je ne suis pas encore né ; consolez-moi.
J’ai peur que la race humaine ne m’emmure dans des murs immenses,
ne me contraigne avec des drogues puissantes, ne me subjugue avec de sages mensonges
ne me torture sur de noirs chevalets, ne me roule dans des bains de sang.

Je ne suis pas encore né; fournissez-moi
de l’eau pour me câliner, de l’herbe qui pousse pour moi, des arbres
qui me parlent,
du ciel qui chante pour moi, des oiseaux et une lumière blanche
au fin fond de mon esprit pour me guider.

Je ne suis pas encore né, pardonnez-moi
Pour les péchés qu’en moi le monde va commettre, mes paroles
quand ils me parlent au travers de moi, mes pensées quand ils me pensent,
ma trahison perpétrée par des traîtres au-delà de moi,
ma vie quand ils assassinent en se servant de mes mains,
ma mort quand ils me vivent.

Je ne suis pas encore né; faites-moi répéter
tous les rôles que je devrais jouer les répliques que je dois assumer

quand les vieillards me feront la leçon, les bureaucrates me sermonneront,

les montagnes me regarderont en sourcillant, les amants se moqueront de moi,

les blanches vagues me feront injonction à la folie

et le désert m’appellera à l’anéantissement

et le mendiant refusera mon aumône et mes enfants me maudiront.

Je ne suis pas encore né; Ô écoutez-moi.
Ne laissez pas l’homme qui est une bête ou qui pense qu’il est Dieu
venir près de moi.

Je ne suis pas encore né; Ô remplissez-moi
de la force contre ceux qui voudraient figer mon
l’humanité, voudraient me forcer à n’être qu’un automate létal,
voudraient faire de moi un rouage dans une machine, une chose avec un seul visage, une chose, et contre tous ceux
qui voudraient dissiper mon intégrité, souffler sur moi comme un chardon
de-ci de-là ou de-ci de-là ou me répandre comme l’eau tenue dans les mains.

Ne les laissez pas faire de moi une pierre et ne les laisser pas me renverser.
Sinon tuez-moi.
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Videos de Jean-Yves Masson (9) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-Yves Masson
Roman traduit de l'allemand par Philippe Giraudon. Collection « der Doppelgänger », dirigée par Jean-Yves Masson.
Premières pages et recensions à lire sur le site des éditions Verdier : https://editions-verdier.fr/livre/stern-111/
Site : https://editions-verdier.fr/ Facebook : https://www.facebook.com/EditionsVerdier Twitter : https://twitter.com/EditionsVerdier Instagram : https://www.instagram.com/editionsverdier/
Vidéo adaptée avec l'aimable autorisation des éditions Suhrkamp (photos : © Andreas Münstermann).
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