Apparition

Fortyfoot House était la bâtisse la plus perverse que j’aie jamais vue. Quel que soit l’endroit d’où vous la regardiez, elle semblait toujours disgracieuse, laide, et déséquilibrée. (...) De chaque point de vue, elle donnait l’impression de n’être qu’une façade, un décor de théâtre sans aucune profondeur. J’avais le sentiment que derrière les murs que je voyais effectivement – il n’y avait rien du tout, à part un jardin vide à l’abandon. J’avais le sentiment que, derrière ces murs, Fortyfoot House n’existait pas.

Chapitre 2

Janie et moi nous étions rencontrés à l’école des beauxarts de Brighton, alors que j’étais en dernière année et elle en première. Elle avait eu le fou rire et s’était caché le visage derrière ses cheveux, mais elle était si jolie que je faisais toujours un détour pour lui parler lorsque je l’apercevais. Nous nous étions revus trois ans plus tard, lors d’un dîner à Hastings. Ce soir-là, elle portait une longue robe violet et blanc en fine toile de coton, un foulard violet noué autour de la tête, et j’étais tombé amoureux d’elle, instantanément et irrévocablement. J’étais toujours amoureux d’elle, encore aujourd’hui, mais d’une façon résignée, sans éclat. Je savais, vu nos disputes innombrables et nos engueulades innombrables, qu’elle et moi ne resterions pas ensemble.

Chapitre 2

Une odeur de pourriture flottait dans le grenier, c’était incontestable, je la sentais. Mais il y avait aussi une autre odeur. Insidieuse, douceâtre, comme du gaz domestique, ou un oiseau en décomposition coincé dans une cheminée. Je ne parvenais pas à déterminer ce que c’était mais une chose était sûre, ça ne me plaisait pas du tout. Je décidai de revenir ici plus tard avec une lampe électrique, et de découvrir l’origine de cette foutue odeur.

Chapitre 1

Au-delà du toit de la chapelle s’élevait la forme sombre tel un cirrus d’un énorme et très vieux cèdre, l’un des plus imposants que j’aie jamais vus, et il émanait quelque chose de cet arbre qui donnait au paysage une impression de lassitude, de regrets, et de moments écoulés qui ne reviendraient jamais.

Chapitre 1

Plus loin, sur la gauche du jardin, de l’autre côté d’un petit ruisseau engorgé de roseaux, il y avait un mur en pierre, croulant et mangé de mousse et de taches sombres. Presque entièrement dissimulées par le mur, se dressaient soixante ou soixante-dix pierres tombales – des croix, des flèches et des anges en pleurs – et une petite chapelle gothique, aux fenêtres vides, dont le toit s’était effondré depuis longtemps.

Chapitre 1

Dans mon rêve je voyais quelqu’un surgir de l’escalier conduisant à mon appartement en sous-sol, quelqu’un de grande taille aux longues jambes, quelqu’un qui se retourna un instant pour me regarder fixement, un homme au visage blanc en pointe, puis il s’éloigna en toute hâte. L’homme-ciseaux aux longues jambes rouges(1), me chuchota quelqu’un à l’oreille. Il est réel.

Chapitre 1

Danny s’était réveillé deux fois au cours de la nuit, lui aussi : la première parce qu’il avait soif, la seconde parce qu’il était effrayé. Il me dit qu’il avait vu quelque chose traverser rapidement sa chambre, une chose voûtée et sombre, mais c’était seulement sa robe de chambre, suspendue au dossier de la chaise.

Chapitre 1

-Que Dieu me fasse minette ,mais tu es un vrai martyr! se moqua Kezia Mason.A présent lâche-moi cureton,avant que j'envoie tes balloches rejoindre tes yeux!

Le paradoxe c'est que nous ne faisons pas l'effort de changer le cours de notre vue lorsque nous en avons la possibilité

J'acquiesçai de la tête. Je suis toujours impressionné par l'esprit d’analyse des enfants. Ils percent à jour toute les excuses et tous les compromis que les adultes sont prêts à accepter, et voient la vérité pure et simple, comme dans un livre d'images. Ils possèdent autre chose, également. Un sixième sens; une intimité avec la nature. Ils peuvent parler aux arbres, aux animaux, aux grenouilles, et parfois ils obtiennent une réponse.