Luis Mateo Díez reprend dans ce livre la tradition cervantine et semble prendre grand plaisir à narrer des histoires dans un roman "provincial" d'un charme certain, loin du centralisme madrilène, en prônant humour et vitalisme.
Durant l'Espagne d'après-guerre, dans un village assoupi, des membres désoeuvrés d'un club littéraire s'entichent d'un poète qui aurait percé à jour la source de la magique fontaine de l'âge. Mus en chevaliers picaresques du 20è siècle, ils entament une quête mi païenne mi sacrée, sorte d'héroïsme de la défaite donquichottesque.
Dans une écriture ingénieuse tournée vers une oralité devenue source de toute narration, personnages et situations rejoignent joyeusement les grands classiques castillans dans une réalité distordue par l'humour et le rêve : le fou lucide, les rencontres de hasard, les dialogues argumentés, l'organisation du récit en épisodes, la superposition des histoires. L'auteur puise avec allégresse dans les traditions et rites oraux de sa région d'origine, les montagnes et vallées de son enfance devenues mythe d'un paradis perdu.
La fontaine de l'âge est une oeuvre particulièrement attachante où mémoire, paroles et récits engendrent une "épique de la survie" passionnément déraisonnable.
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