Le seul livre qui se trouvait dans cette maison à part un dictionnaire Larousse était celui des fables que, dans sa jeunesse des années d'abondance, Albert avait gagné en prix d'excellence à l'école primaire. Il y puisait toute sa science, toute sa philosophie, toute sa morale. Souventes fois, il s'y référait. Et ses lectures lui faisaient regretter de n'avoir pas dépassé la sixième année à l'école du rang.
Ils souffrent d'enchifrènement. Ce sont des personnes enrhumées. Beaucoup de gens durant la saison hivernale souffrent du rhume. Mais c'est leur corps qui est malade, déprimé, misérable. Qui parmi vous n'a pas connu ces heures où on se sent mal en point physiquement ? Mais ça passe avec le temps, le temps qui guérit tout.
Une femme comme la Marie Roy, indépendante, un peu rebelle, accepterait-elle de se lancer avec son homme dans une aventure aussi invraisemblable que celle de changer de partenaire un de ces quatre soirs d'été ?
On vivait en terre si catholique, si ordonnée, si juste, que la femme sortirait ses crocs si d'aventure quelqu'un évoquait cette possibilité scabreuse et, comme une fourche-fière, les enfoncerait dans la personnalité de l'imprudent et impudent personnage qui aurait osé proférer pareille proposition infaisable et infamante.
La plupart des hommes tutoyaient le bossu tandis que les femmes le vouvoyaient afin de bien montrer la hauteur et l'épaisseur du mur qui les séparait de lui. On le craignait sous des airs respectueux. On lisait trop de virilité dans sa voix et dans son regard. Certes, il ne représentait aucun danger pour un homme, mais pour les femmes, ce n'était pas la même chanson. Une saine prudence était de mise dans leurs rapports avec lui, prudence proportionnelle aux attraits que les personnes du beau sexe savaient posséder.
Les hommes, faut toujours leur donner l'impression que c'est eux autres qui mènent tout. Comme dirait le bonhomme Richard : "Nous autres, les femmes, on laisse les hommes faire les lois, pis on se contente de faire la loi."