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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Crise existentielle d'un homme au mitan de sa vie comme matière à un roman d'une exquise délicatesse et sobriété.
Errant dans Jérusalem, le narrateur, une sorte d'ours misanthrope, croit voir la silhouette d'une femme avec qui il a vécu une brève mais lumineuse liaison il y a presque cinquante années.
Cette rencontre fortuite ou rêvée déclenche une longue méditation sur une vie faite d'abandons, de non choix, de protection et de solitude, éclairée par la Suie en do mineur de Bach.
D'un sujet ténu et triste, Jean Mattern compose, en excellent stylise qu'il est, un monologue subtil et harmonieux qui procure une étrange douceur où l'on devine un sentiment d'apaisement
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A l'occasion d'un voyage à Jérusalem, offert pour ses cinquante ans par son neveu, Robert Stobetzky, aperçoit une silhouette, un port de tête inoubliable et unique dans la Via Dolorosa, ceux de Madeleine, avec laquelle il a partagé, vingt-six années auparavant, alors étudiant, en 1969, trois semaines de bonheur intense.

Madeleine le quitta brutalement, second abandon pour Robert, après la mort de ses parents lorsqu'il avait dix ans. Début des années 70, il s'installa à Bar-sur-Aube, là où son frère vit, il y créa une librairie, vite devenue pour lui son refuge.

C'est donc au milieu des années 90, que Robert, célibataire endurci, un poil misanthrope, ou plutôt qui n'aime pas les groupes, surtout ceux qu'on lui impose, visite Jérusalem. Lui, né de parents juifs, pas croyant, que les religieux qui arpentent les rues agacent. Ce voyage sera pour lui, sans qu'il s'en doute, râlant sur son neveu Émile qui le lui a offert, le moyen de sortir de sa bulle baralbine pour faire le point. Il raconte son enfance, entre foyers et familles d'accueil, avec Maurice son frère ; sa rencontre avec Madeleine, leurs trois semaines intenses et le brusque retour à la solitude, la découverte, un jour à la radio, de la suite en do mineur pour violoncelle et cette claque qui lui fait prendre plusieurs décisions dont celle de se mettre à la musique.

Mise à part, une sensation de longueur sur la fin du texte, cette impression que le narrateur tourne en rond, que l'idée de base s'épuise un peu, j'ai beaucoup aimé le roman de Jean Mattern. Il y a d'abord sa manière de parler de littérature, de musique qui m'a donné envie d'entendre cette suite en do mineur de Bach, sachant que je suis inculte en matière de musique dite classique. Évidemment sur la rencontre amoureuse ou amicale, sur la rupture, l'abandon et la solitude. Sans grandiloquence, dans de longues phrases, parfois très longues et très belles, il va au plus près des émotions. de belles pages également sur l'homosexualité et la difficulté à la vivre il y a 25 ans, si tant est que ça soit plus aisé maintenant. Sous le prétexte de parler de soi, le narrateur parvient à parler des autres et aux autres de tous les thèmes et les questionnements qui nous occupent chaque jour.
Lien : http://www.lyvres.fr/
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Comment faire face à la douleur d'une rupture, comment amortir le choc d'une perte ? c'est à ce questionnement qu'est consacré le roman de Jean Mattern Suite en do mineur.
Robert Stobetzky est un homme d'âge mur, qui participe à un voyage organisé en Israël, par l'entremise de son neveu Emile qui l'a poussé à l'accomplissement de ce déplacement. Prisant très moyennement les circuits organisés, Robert, juif non pratiquant, dont les parents originaires d'un shtetl ukrainien ont miraculeusement échappé à la déportation en se cachant dans la campagne française, s'isole rapidement du groupe. Il arpent la Via Dolorosa dans la vieille ville de Jérusalem et croit y reconnaître Madeleine, une femme qui l'a aimé et déniaisé il y a trente ans à Paris en 1969.
Cette vision d'un autre temps devient alors le prétexte pour démêler les fils de la mémoire, ses mécanismes, ses lois parfois.
Ainsi, le narrateur revisite-t-il la notion de deuil et parvient à la circonscrire et la définir : « Je ne me serai pas senti, ce soir-là en l'attendant, plus orphelin que jamais. Mes ces vagues de tristesse qui nous frappent dans les moments les moins appropriés, c'est peut-être cela, le deuil. »
Le narrateur est bouleversé, par le souvenir de cette femme, bien évidemment mais Jean Mattern expose aussi des interrogations très pertinentes : sur le souvenir, la nostalgie, la trace que laisse, ou ne laisse pas, une personne dans l'existence de ceux qu'elle rencontre.
Madeleine, cette femme qui l'aimé et emmené voir Hair au théâtre de la Porte Saint-Martin, est-elle toujours les même trente ans plus tard ? Là encore, l'auteur du récit fait appel à la mécanique de conservation du souvenir, des sensations, des empreintes affectives : « L'image que j'ai gardé de Madeleine se confond avec le profil aperçu à quelques mètres d'ici. C'est elle, et le seul doute que je veux bien admettre est de savoir si au bout de trente ans on est encore la même personne. »
Un autre sentiment est passé au scanner par Jean Mattern : la nostalgie. Cette dernière est souvent convoquée pour décrire les années soixante, période d'émancipation et de liberté. Pourtant, en se remémorant les paroles de cette comédie musicale Hair, le narrateur fait un constant qui infirme l'attrait de la nostalgie : « Mais en écoutant Johann chanter cet air tiré de Hair, je me rendis compte que l'excitation de l'époque Peace and Love renfermait autant de drames que d'amour et de paix. »
Ce roman renferme également un autre décryptage :celui du pouvoir de la musique sur les êtres humains .Le narrateur Robert , lorsqu'il déménage à Bar-sur-Aube pour y fonder une librairie, se lie avec un professeur de musique qui l'initie au violoncelle .C'est cette rencontre avec l'univers musical son ambivalence , sa richesse qui aident Robert Stobetzky à surmonter , définitivement, la douleur du souvenir , l'acceptation de son parcours de vie : « La musique, quand elle sonne juste, déplore et console en même temps, elle chante la beauté du monde et se lamente de notre solitude irréductible. L'humanité a besoin de musique, car elle seule peut faire danser notre âme. »
Une activité essentielle pour l'humain, en quelque sorte…
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Roman de la nostalgie pure, cette histoire rondement menée a tout pour raviver les braises de nos amours perdus. Quand Robert Stobetzky croit entrevoir la silhouette au port altier tant admirée de son ancienne dulcinée, il vrille et sillonne comme un fauve les chemins de cette histoire dissoute depuis longtemps. L'endroit fortuit de cette apparition, le Jérusalem d'aujourd'hui, laisse présager un miracle longuement espéré. «La suite en do mineur», est aussi le choc prodigieux d'une rencontre avec la musique de Bach qui représente sans aucun doute la réconfortante étreinte du narrateur.
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