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EAN : 9782848050867
131 pages
Sabine Wespieser (26/08/2010)
3.55/5   31 notes
Résumé :
Au premier regard, quand il la rencontre en 1957 à la sortie d’un concert au bénéfice des réfugiés hongrois, le narrateur sait qu’il peut offrir à Zsuzsanna une vie de lait et de miel. Avec cette jeune femme volontaire et lumineuse, qui a fui Budapest et sa révolution manquée, il a en commun l’expérience de l’exil et, chevillé au corps, le désir de construire un avenir possible. Arrivé en France quelques années plus tôt, il a lui aussi échappé à l’étau de l’histoire... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
« L'oubli nous accompagne de manière si étrange tout au long de notre vie. Parfois, le temps ne nous l'offre pas, refusant tout répit à notre mémoire ».

De Timisoara à la campagne champenoise.

Un souffle mélancolique imprègne ce roman, sur fond d'évènements historiques sur des hommes et des femmes pris en étau, poussés à fuir les chars soviétiques, la folie nazie ; partis se réfugier pour survivre.

Histoire d'une grande force intime sur l'exil, la lourde question du choix, toute une atmosphère diffuse, au crépuscule de la vie d'un homme, roumain du Banat aux origines françaises et de langue hongroise.

Complexité des sentiments, avec Zsuzsanna l'épouse à laquelle il sait pouvoir offrir « une vie de lait et de miel » lors de leur rencontre en 1957 ; avec Stefan l'ami avec lequel il quitta précipitamment Temesvar en 1944.
« En temps normal j'aurais dû me trouver à Timisoara en juin 1944 – mais ce temps existait-il encore, depuis le 1er septembre 1939 ? »

Au dernier chapitre de sa vie, le vieil homme se remémore un long combat et les tourments de son existence gravés dans sa mémoire.
Il se confie à son fils Gabriel au sujet de cet ami d'enfance, Stefan, qu'il n'a plus revu depuis leur séparation sur un quai de gare à Budapest envahie par les allemands et bientôt précipitée dans le chaos… c'était il y a soixante ans.

Les blessures indélébiles, la perte… Et tout ce qu'il s'agit tacitement d'abandonner, d'oublier, de laisser « enfermés de l'autre côté de ce rideau de fer. A quoi bon les ressusciter ».
*
Un récit non linéaire aux accents dramatiques et musicaux. Une plume subtile, triste et émouvante.
*
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Après le coup de coeur la semaine dernière pour le Bleu du lac, j'ai voulu rapidement découvrir un autre roman de Jean Mattern.
En effet si j'essaie en principe d'espacer mes lectures d'un même auteur, je ne pouvais attendre.
La règle s'est de nouveau confirmée! le coup de coeur n'a pas été au rdv et la déception est là...
Le pitch donné sur la 4ème de couverture était pourtant attirant : l'histoire d'un homme arrivé au terme de sa vie qui fait un retour sur cette dernière et se confie à son fils pour tenter de trouver une forme d'apaisement.
Sa relecture de l'Histoire et sa vision de l'amour et de l'amitié sont les 2 piliers de ce roman.

Les émotions sont présentes, les personnages travaillés, le style ciselé.
Les détails et précisons sont multiples.
Néanmoins les constants allers et retours dans le temps n'ont pas facilité mon entrée dans ce récit, ni même l'attachement aux personnages.
Le passage constant par le narrateur, de sa vie de jeune garçon à celle de mari père de famille, le tout dans une période de l'histoire complexe ont contribué à complexifier la lecture.
Roumain du Banat, le narrateur fuit son pays en compagnie de son meilleur ami mais le quitte durant cette fuite. Il se réfugiera en France où il rencontrera celle qui deviendra sa femme.
Roumanie, Hongrie, URSS, Serbie, Allemagne, Autriche, France, l'auteur nous décrit un moment d'histoire fort de ces différents pays à travers le récit de sa vie.

Dommage, pour moi les ingrédients y étaient mais pas l'alchimie.
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Il y a urgence, il meurt. Il demande à son fils Gabriel, de retrouver Stefan son ami d'enfance, une enfance d'avant-guerre à Temesvar en Roumanie.

À partir de là, il déroule son histoire, sa rencontre avec sa femme Zsuzsanna Hongroise exilée suite à la révolution manquée de Budapest en 56.
Il raconte la perte de leur fille ainée et cette vie qu'il a fallu faire semblant de vivre.
Il raconte son exil en 44, la peur, le froid, la faim, fuyant l'armée Russe, dangereusement proche.
Il raconte cette épouse qu'il s'est forcée à aimer alors que leur seul point commun était l'arrachement à leurs racines, le besoin de construire un bonheur simple, banal, d'une douceur de lait et de miel, après l'âpreté de cette course pour leur survie.

Les événements, les histoires se chevauchent, on se croit perdus, jetés d'une date à l'autre, d'un exil à l'autre, d'un pays à un autre; puis finalement tout s'emboite habilement, les liens se créent et on comprend pourquoi l'urgence de retrouver Stefan.

Une plume magnifique et une histoire de 130 pages qui donne l'impression, tant elle est dense et riche, d'en faire 300. Jean Mattern est décidément un auteur que j'aime. Et si vous n'avez pas encore lu "Le bleu du lac", mais qu'attendez-vous?
Lien : https://carpentersracontent...
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Un vieil homme, malade, est sur le point de mourir. Pour la deuxième fois. La première, c'était soixante ans plus tôt, à la sortie de la guerre, alors qu'il fuyait Temesvar, aujourd'hui Timisoara, en Roumanie. Il se souvient de ce moment, dans cet hôpital de Vienne. Se remémore Stéfan, l'ami d'enfance qu'il a perdu de vue à la même époque, et qu'il n'a jamais retrouvé. Revient sur sa vie, en Roumanie puis en Champagne, sur la guerre, sa rencontre avec Suzanne, hongroise ayant fui Budapest en 1956.

Bien que les lieux et les époques soient différentes et nombreuses (Roumanie des années 40, Budapest en 56, France des années 50 et 60), Jean Mattern signe un roman court. Pas d'épopée, mais un récit condensé, riche. La tension du récit est liée à sa construction ; loin de faire un récit chronologique, chaque paragraphe est l'occasion de plonger dans un nouvel épisode de la vie du narrateur, dans une nouvelle époque. Et à chaque entame de paragraphe, le lecteur se demande dans quel pays et à quelle époque il va être emmené.

Mais l'ensemble est construit de manière assez habile pour que le lecteur ne soit pas perdu. Les éléments du récit prennent au fil des pages plus d'ampleur, et chaque événement se voit ainsi replacer dans un temps plus long. Ainsi de cette séparation avec Stefan au moment de monter dans le train, qui ouvre presque l'ouvrage et dont on ne connaîtra le fin mot qu'en fin de récit.
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Dans ce second volet, Jean Mattern poursuit sa quête de la mémoire, et l'exploration familiale. Après Gabriel, le fils, c'est ici le père qui se penche sur son passé au soir de sa vie. Une vie commencée en Europe centrale, où les frontières changeaient à au gré des traités de paix, et des déclarations de guerre. Les retours s'entremêlent, comme pour accentuer la confusion des temps troublés que la Mittel Europa a connu durant cette période.
Comment notre narrateur et sa femme Suzanne, elle aussi réfugiée, ont surmonté l'exil, adopté une nouvelle patrie, et se sont assimilés…. Comment chacun des deux vit cela à sa manière, et à son rythme…
J'ai retrouvé avec un certain plaisir la plume de Jean Mattern, mais pas avec le même plaisir que les fois précédentes. Sans doute qu'une forme de lassitude s'est installée, et qu'il est temps, maintenant pour l'auteur de se renouveler un peu ?

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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Jadis aux confins de l'empire habsbourgeois, après une parenthèse turque d'un siècle et demi, le Banat avait été découpé en morceaux sur les cartes d'état-major lors de la conférence du Petit Trianon, et pour l'essentiel, la région fut intégrée à la Grande Roumanie en 1919.
(…)
Stefan partirait en Allemagne vêtu d'un manteau de la SS et moi, j'irais ailleurs, ou nulle part.
(…)
Une personne déplacée. Nous partagions cette expérience et (...) cela faisait certainement partie des ressorts qui firent naître, dans l'alchimie incompréhensible des désirs et des décisions, ce sentiment d'amour entre nous.
(…)
Le lait et le miel ne couleraient plus pour nous.
(…) L'oubli nous accompagne de manière si étrange tout au long de notre vie. Parfois, le temps ne nous l'offre pas, refusant tout répit à notre mémoire. (...) Mais parfois aussi, alors que nous voudrions tant conserver au fond de nous une image, un parfum, une parole, l'oubli, imperceptiblement, nous les ravit.
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L'oubli nous accompagne de manière si étrange tout au long de notre vie. Parfois, le temps ne nous l'offre pas, refusant tout répit à notre mémoire. Englués dans notre souffrance, nous avançons lestés, comme figés dans le temps. Mais parfois aussi, alors que nous voudrions tant conserver au fond de nous une image, un parfum, une parole, l'oubli, imperceptiblement, nous les ravit. Il est des trésors que l'on perd ainsi à tout jamais, et nous avons tort de proclamer si souvent : "Je n'oublierai jamais". Qui peut savoir ?
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Oublier Timisoara. Le violoncelle de Stefan. Combler l'absence des miens, seule une femme pouvait m'aider à y parvenir, j'en étais convaincu. Suzanne serait cette femme.
En échange, je serais celui qui lui offrirait sa chance, une vie de lait et de miel.
.....
Suzanne me fit comprendre, en peu de mots et quelques regards, que j'incarnais la réponse dont ELLE avait besoin. Et cette découverte, me procura la conviction que tout tout allait changer dans ma vie pour toujours, me bouleversa jusqu'à en avoir le vertige, et, pour finir me fit tomber si violemment et si profondément amoureux de Suzanne que je ne m'en remis pas. J'étais sa réponse, j'allais réparer ce que les chars soviétiques (à Budapest en 1957) avaient cassé en elle.
.....
J'ai aimé Suzanne parce u'elle croyait avoir trouvé son sauveur en moi, et je l'ai même rendue heureuse pendant de longues années, jusqu'à l'irruption de la mort dans sa vie. A cet instant, elle compris que je n'étais pas capable de la protéger du monde entier.
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"La télévision ou les journaux, depuis, m'ont confronté à tant d'images de gens jetés sur la route. L'humanité semble secrètement jouir de ce cycle éternellement renouvelé de l'exil. Et à chaque fois, je superpose le visage de mes quinze ans à celui de l'adolescent vietnamien, soudanais ou bosniaque".

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Quand le son se mourait dans des pianissimos, je sentais des caresses sur ma peau. Quand l'archer se mettait à frotter plusieurs cordes à la fois, je sursautais comme si ces cris de colère polyphoniques s'adressaient à moi, et parfois quand les doigts de la main droite de Stefan pinçaient les cordes, je croyais entendre des gouttes de pluie tomber sur la Temes.
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Vidéo de Jean Mattern
Jean Mattern vous présente son ouvrage "Suite en do mineur" aux éditions Sabine Wespieser.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2505570/jean-mattern-suite-en-do-mineur
Note de musique : © mollat
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