AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782757891742
144 pages
Points (16/02/2024)
3.67/5   38 notes
Résumé :
Perdu dans Jérusalem, le narrateur se maudit de n’avoir su refuser le voyage organisé que lui a offert son neveu à l’occasion de ses cinquante ans. Tout l’agace, à commencer par le groupe de touristes avec qui il est contraint de se déplacer, lui le célibataire endurci qui n’aime rien tant que le calme de sa petite librairie à Bar-sur-Aube. Au moins se félicite-t-il, à la vue de tous les ultra-orthodoxes arpentant la Via Dolorosa, que ses arrière-grands-parents aien... >Voir plus
Que lire après Suite en do mineurVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
3,67

sur 38 notes
5
3 avis
4
4 avis
3
2 avis
2
1 avis
1
0 avis
Les éditions Sabine Wespieser font un travail de très grande qualité.
J'ai eu envie d'en prendre plusieurs à ma bibliothèque, dont un livre de Jean Mattern, dont j'ai déjà lu trois livres.

Ici, dans cette « Suite en do mineur », le narrateur est en voyage organisé à Jérusalem – un voyage offert par son neveu, mais un cadeau empoisonné : lui qui n'aime ni la foule, ni ses collègues de voyage et qui n'est même pas intéressé par les multiples références à l'histoire biblique qu'on impose aux touristes à chaque point de vue.
Seul évènement pour lui : l'impression de voir, dans la foule, une silhouette qui lui fait remonter un long souvenir douloureux : celui de madeleine, une jeune femme qu'il a connu à Paris, qui l'a entrainée par hasard à une soirée du spectacle « Chair » et avec qui ensuite il a connu trois semaines d'amour intense dans sa chambrette parisienne.

Ce sera le seul vrai moment de bonheur dans sa vie : Madeleine lui annoncera ensuite qu'elle le quitte, et il tentera plus tard de la croiser dans la ville de Sète, où elle habite, mais elle est mariée et dotée d'un fils : elle n'a que faire de notre narrateur, Robert Stobezky.
Celui-ci rejoint alors son frère Maurice à Bar-sur-Aube – il faut dire que les deux frères ont perdu leurs parents très jeunes – où il deviendra libraire et … célibataire endurci.

Seuls éclats de lumière dans une vie bien rangée : son amitié avec son professeur de violoncelle, à qui il s'adresse après avoir eu un coup de foudre pour la fameuse « Suite en do mineur » de Bach. Celui-ci l'aidera à s'ouvrir au plaisir de la musique, et tous deux parcourront les festivals de musique classique avec bonheur. Mais rien n'est durable dans la vie De Robert, et Johann le vioncelliste disparaît du jour au lendemain.
Seule dernière consolation pour l'auteur : l'affection que lui réserve son neveu, le fils de son frère, avec qui il noue une relation profonde autour de la littérature dans sa librairie.

Il règne une atmosphère de grande tristesse sur cette »Suite en do mineur ».
Personnellement je n'y ai pas retrouvé le charme du « Bleu du lac », où la musique avait un rôle central aussi, de « Simon Weber » que j'avais chroniqué également, ou de « de lait et de miel » où la musique tient encore le rôle de premier plan.

Mais ça ne fait rien. Je poursuivrai dans la lecture des livres de Jean Mattern, un auteur sensible et nostalgique, publié chez une Editrice qui fait un travail remarquable.
Commenter  J’apprécie          3310
Etre seul est notre condition originelle. Nous sommes tous, au plus profond de notre être, seuls.
*
Une très belle découverte littéraire que ce roman profond, magnifique.
*
C'est dans un pays contenant tous les paradoxes que le narrateur découvre le chemin d'une véritable introspection salvatrice, harmonisée par la suite pour violoncelle n°5 de Bach symbole de solitude et réveil de la conscience.

« Dieu sait que je n'avais pas envie de ce voyage et si j'étais d'humeur à plaisanter je dirai qu'Il l'a mal pris (…) »
Robert s'est vu offrir pour ses 50 ans, par son neveu Emile, un voyage organisé en Israël.
« Ici à Jérusalem la moitié des touristes se prennent pour Jésus, Mohamed ou un autre prophète (…) ça s'appelle le syndrome de Jérusalem ».

S'échappant de son groupe de visite guidée, Robert, agacé, regagne son hôtel.
Il repense à une silhouette aperçue dans les dédales de cette ville, qu'il pense avoir reconnue.
Le trouble l'envahit… doute ou certitude ?
Cette fugace apparition de l'être aimé perdu de vue, croisé Via Dolorosa va réveiller les blessures enfouies, « via Dolorosa » chemin de la souffrance, voie de la douleur pour une voix endolorie.
Vision furtive, puis idée insinuée dans sa tête, on aurait bien dit « elle », un bonheur de trois semaines. Une passion courte et intense vécue durant l'été 1969 à Paris, il y a vingt-six ans, Madeleine.
Une brève parenthèse d'amour qui n'aura eu d'issue que la rupture qui laissa Robert dévasté.
« Mais le chemin de mes songes à son adieu se révéla court, et la chute dans le vide, brutale ».

Réminiscence d'années de solitude et de souffrances dues à l'abandon. Sa vie. Ses origines juives ashkénazes ; tout va resurgir.
Une déambulation dans les rues animées ; entre yeshivats, marchés, le Temple, la porte de Jaffa et le HaKotel, une église « à l'abri des bruits du souk autant que ceux du passé ».

C'est la littérature et la musique qui apaiseront le coeur De Robert, la suite en do mineur pour violoncelle de Bach, une réponse, une consolation. Voix déchirante, plaintive et sublime du violoncelle en écho du chagrin d'amour et de la perte.
La musique s'étant révélée à lui à l'écoute des notes bouleversantes provoquant une intense émotion au plus profond de son être, une impulsion à « être », une force de vie.

Certains morceaux, joués ou écoutés, ont un tel pouvoir d'envoûtement qu'ils touchent au plus profond de l'âme. Robert va découvrir ce pouvoir de la musique et sa puissance révélatrice.

« L'humanité a besoin de musique, car elle seule peut faire danser notre âme ».
Commenter  J’apprécie          144
Peu porté à lire les grands succès du moment, j'apprécie de fureter et de découvrir des livres passés presque inaperçus et susceptibles de réserver d'heureuses surprises. C'est le cas de ce roman.
Le narrateur, Robert, a reçu en cadeau un voyage en Israël. Quoiqu'étant d'origine juive, il n'est pas vraiment intéressé par la visite de Jérusalem. Or, il a cru apercevoir par hasard une femme qu'il a passionnément aimée à Paris pendant trois semaines, quand il était jeune. Malgré les années qui ont passé, il est resté très fixé sur ces souvenirs et a choisi une vie de célibataire dans une petite ville de province où il tient une librairie. Cette existence, en apparence tranquille, a été bien égayée par son amitié avec son professeur de violoncelle; en effet, il a eu un coup de foudre pour les célèbres Suites de Jean-Sébastien Bach.
Le roman est construit sur d'incessants allers-retours entre le présent (Jérusalem) et le passé (son seul amour, sa vie en province). Les souvenirs de sa passion amoureuse sont une source infinie de regrets mais, en même temps, le socle indispensable qui structure en permanence son affectivité. Cette ambivalence fondamentale est bien décrite; elle sonne très juste. Par ailleurs, la littérature et surtout la musique ont une grande place dans ce roman - ce qui n'est pas pour me déplaire. L'auteur a une écriture particulière, qui peut surprendre au début: les phrases sont longues et un peu labyrinthiques. Je m'y suis vite habitué et j'ai même apprécié cette manière d'écrire.
En résumé, c'est une heureuse découverte que j'ai faite de ce romancier, Jean Mattern, dont j'ignorais l'oeuvre.
Commenter  J’apprécie          100
Comment faire face à la douleur d'une rupture, comment amortir le choc d'une perte ? c'est à ce questionnement qu'est consacré le roman de Jean Mattern Suite en do mineur.
Robert Stobetzky est un homme d'âge mur, qui participe à un voyage organisé en Israël, par l'entremise de son neveu Emile qui l'a poussé à l'accomplissement de ce déplacement. Prisant très moyennement les circuits organisés, Robert, juif non pratiquant, dont les parents originaires d'un shtetl ukrainien ont miraculeusement échappé à la déportation en se cachant dans la campagne française, s'isole rapidement du groupe. Il arpent la Via Dolorosa dans la vieille ville de Jérusalem et croit y reconnaître Madeleine, une femme qui l'a aimé et déniaisé il y a trente ans à Paris en 1969.
Cette vision d'un autre temps devient alors le prétexte pour démêler les fils de la mémoire, ses mécanismes, ses lois parfois.
Ainsi, le narrateur revisite-t-il la notion de deuil et parvient à la circonscrire et la définir : « Je ne me serai pas senti, ce soir-là en l'attendant, plus orphelin que jamais. Mes ces vagues de tristesse qui nous frappent dans les moments les moins appropriés, c'est peut-être cela, le deuil. »
Le narrateur est bouleversé, par le souvenir de cette femme, bien évidemment mais Jean Mattern expose aussi des interrogations très pertinentes : sur le souvenir, la nostalgie, la trace que laisse, ou ne laisse pas, une personne dans l'existence de ceux qu'elle rencontre.
Madeleine, cette femme qui l'aimé et emmené voir Hair au théâtre de la Porte Saint-Martin, est-elle toujours les même trente ans plus tard ? Là encore, l'auteur du récit fait appel à la mécanique de conservation du souvenir, des sensations, des empreintes affectives : « L'image que j'ai gardé de Madeleine se confond avec le profil aperçu à quelques mètres d'ici. C'est elle, et le seul doute que je veux bien admettre est de savoir si au bout de trente ans on est encore la même personne. »
Un autre sentiment est passé au scanner par Jean Mattern : la nostalgie. Cette dernière est souvent convoquée pour décrire les années soixante, période d'émancipation et de liberté. Pourtant, en se remémorant les paroles de cette comédie musicale Hair, le narrateur fait un constant qui infirme l'attrait de la nostalgie : « Mais en écoutant Johann chanter cet air tiré de Hair, je me rendis compte que l'excitation de l'époque Peace and Love renfermait autant de drames que d'amour et de paix. »
Ce roman renferme également un autre décryptage :celui du pouvoir de la musique sur les êtres humains .Le narrateur Robert , lorsqu'il déménage à Bar-sur-Aube pour y fonder une librairie, se lie avec un professeur de musique qui l'initie au violoncelle .C'est cette rencontre avec l'univers musical son ambivalence , sa richesse qui aident Robert Stobetzky à surmonter , définitivement, la douleur du souvenir , l'acceptation de son parcours de vie : « La musique, quand elle sonne juste, déplore et console en même temps, elle chante la beauté du monde et se lamente de notre solitude irréductible. L'humanité a besoin de musique, car elle seule peut faire danser notre âme. »
Une activité essentielle pour l'humain, en quelque sorte…
Commenter  J’apprécie          40
Un véritable bonheur de lecture!

Robert ne parvient pas à refuser le cadeau pour ses 50 ans de son neveu chéri . Un voyage organisé à Jérusalem!

Solitaire majuscule,quasi misanthrope ,il déteste ce genre de troupeau. (Si vous aussi, vous allez vous régaler !)

Dans Jérusalem il croit apercevoir son amour absolu, Madeleine!
Leurs 3 semaines de passion ,l'été 69 ont bouleversé sa vie à tout jamais.
Est ce elle qu'il croise et qu'il se met à rechercher furieusement ?

Il revoit son passé et ce présent accablé de chaleur dans cette ville trop religieuse

Il sera question de littérature car il est libraire et de musique.
La suite en do mineur de Bach l'a un jour, arraché à sa torpeur et lui a fait prendre le chemin des vivants.

Il est question du deuil, de l'abandon et de cette passion absolue qui est gravée dans son coeur et son corps .

Il y a quelques années j'avais lu "Septembre"de Jean Mattern. C'est une pièce maîtresse de ma bibliothèque.
Son écriture est légère et élégante.
Si vous ne le connaissez pas...


Commenter  J’apprécie          102


critiques presse (1)
SudOuestPresse
03 mai 2021
Un homme au mitan de sa vie retrouve son amour perdu et se remémore ses années de solitude. Un roman subtil sur la perte.
Lire la critique sur le site : SudOuestPresse
Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Johann passait du rire aux larmes et des détails les plus loufoques – comme la position exacte dans laquelle il avait fini sa chute avec son amant à Gand – aux considérations les plus pertinentes sur cette capacité mystérieuse de la musique à nous émouvoir. Pourquoi une modulation, une quinte mineure, une montée chromatique ont-elles ce pouvoir sur nous ?
Quel est ce langage secret que notre corps comprend quand nous jouons ou écoutons de la musique, ce discours sans paroles qui nous touche à notre insu, qui nous happe, nous mord, nous étreint ?

« Pourquoi aimons-nous Schubert et Bach plutôt que Berlioz ou Wagner ? Ou l’inverse ? On a beau faire des heures de solfège, puis encore autant d’heures à s’acharner sur nos cordes, seul ou en orchestre, plus on avance, plus l’énigme s’épaissit, non ? »
Commenter  J’apprécie          190
Pourquoi une modulation, une quinte mineure, une montée chromatique ont-elles ce pouvoir sur nous ?
Quel est ce langage secret que notre corps comprend quand nous jouons ou écoutons de la musique, ce discours sans paroles qui nous touche à notre insu, qui nous happe, nous mord, nous étreint ?
Commenter  J’apprécie          50
Mais ces vagues de tristesse qui nous frappent dans les moments les moins appropriés, c'est peut-être cela, le deuil.
Commenter  J’apprécie          60
La musique, quand elle sonne juste, déplore et console en même temps, elle chante la beauté du monde et se lamente de notre solitude irréductible. L’humanité a besoin de musique, car elle seule peut faire danser notre âme
Commenter  J’apprécie          10
p. 130 l'humanité a besoin de musique, car elle seule peut faire danser notre âme.
Commenter  J’apprécie          40

Videos de Jean Mattern (9) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean Mattern
Jean Mattern vous présente son ouvrage "Suite en do mineur" aux éditions Sabine Wespieser.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2505570/jean-mattern-suite-en-do-mineur
Note de musique : © mollat
Visitez le site : http://www.mollat.com/ Suivez la librairie mollat sur les réseaux sociaux : Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/ Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mollat?ref=ts Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat Linkedin : https://www.linkedin.com/in/votre-libraire-mollat/ Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemollat/ Vimeo : https://vimeo.com/mollat
+ Lire la suite
autres livres classés : romanVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (83) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (2 - littérature francophone )

Françoise Sagan : "Le miroir ***"

brisé
fendu
égaré
perdu

20 questions
3667 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , littérature française , littérature francophoneCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..