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Citations sur Le jardin sous la neige (15)

-ll y a sur le coeur une date de péremption, peu visible, comme pour les yoghourts, les saucisses, le gruyère râpé et le jambon. l'amour est une denrée périssable I Peut-être la plus fragile. Autant que les écarts de température, il craint la fatigue et la négligence.
- Mais quelle est cette usure ? Comment se faitil que I'on puisse oublier d'aimer ? Et pourquoi le corps ne garde-t-il des étreintes aucun souvenir? Est-ce soi-même que l'on quitte ? Se quitter, donner son congé. Fermer à double tour la serrure du vieux coeur. En vérité, le froid menace celui qui se met sous clef au lieu d'ouvrir portes et fenêtres... Cette progressive paralysie, cette ankylose des gestes, cette démarche courbée aux petits pas hésitants, cela s'appelle l'hiver !
- Apprendre à porter sa fatigue. Cesser de se retourner au moindre bruit. Ne plus regarder avec anxiété son visage dans la glace. Devenir la marionnette d'une vie de carton, dans un très petit jardin clos de murs, en banlieue...
- Se résigner à tituber jusqu'au bout de l'usure, les pieds dans des chaussons écossais, un verre de jus de raisin à cinq heures, un bol de verveine à six heures, et la pilule bleue de la vie grotesque, et le caleçon de flanelle, le paquet de couches, et le pull à carrea ux tricoté de grosse laine. - Se déprendre de soi-même. Accepter de n'être rien, ou si peu. Les yeux d'un gris vitreux et la voix cassée. Alors le froid qui saisit les cheville les tire doucement jusqu'à lui.
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Un temps survient où la vie se réfugie toute dans le choix du chapeau et du petit sac, la manière de nouer la cravate sur la chemise fanée oU de poudrer ses joues de beige et de vieux rose : un semblant d'allure, de bien-être, puisque désormais une seule question se pose : comment tenir encore debout ?
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À la saison froide on a pris conscience de la nature résiduelle des jours qu'il reste à compter. On sait que 'on appartient déjà à l'histoire ancienne.
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Un amour est ainsi : du temps qui brûle à l'état pur, d'une chaleur bienfaisante et d'une couleur très vive. Vous n'avez pas entendu craquer le sapin ni sonner l'horloge. Un matin, un grand froid vous a réveillé: les murs de la maison s'étaient envolés pendant la nuit ! Peut-être même avait-elle brûlé. Le lit était vide
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- Apprendre à porter sa fatigue. Cesser de se retourner au moindre bruit. Ne plus regarder avec anxiété son visage dans la glace. Devenir la marionnette d'une vie de carton, dans un très petit jardin clos de murs, en banlieue...
- Se résigner à tituber jusqu'au bout de l'usure, les pieds dans des chaussons écossais, un verre de jus de raisin à cing heures, un bol de verveine à six heures, et la pilule bleue de la vie grotesque, et le caleçon de flanelle, le paquet de couches, et le pull à carreaux tricoté de grosse laine.
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À la saison froide, les autres se détournent. Ils sont un peu gênés et regardent ailleurs. Nos histoires les ennuient, nos fatigues les assomment. Le jadis et le naguère ne les intéressent pas. Notre mémoire n'est pas la leur: on n'est plus dans le coup, on ne tient pas le rythme. Pourquoi ne pas s'arrêter là, et défaire pour de bon ses valises ? Le temps n'est-il pas venu de prendre du repos ? Qui aurait pu croire que nos raisons d'être fussent à ce point accrochées à autrui ? Les mots qu'il reste sont durs et secs : « Pas une main amie », « Où puiser le secours ? » Arthur l'avait compris ; il n'avait pourtant que vingt ans : « L'heure nouvelle est au moins très sévère. >
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À la saison froide, on diminue. On rentre la tête dans les épaules. On se voûte, on se tasse. On écrase une à une les vertèbres de sa carcasse. On marche moins vite. On titube. On se cogne aux meubles. On saità tout instant qu'on risque de glisser. On laisse les autres partir devant à l'assaut des montagnes. On se voit plus petit,plus fabble.
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Comment se persuader que la dernière heure n'est pas encore venue, que l'on n'a pas fait le tour du monde, visité toutes les villes, goûté à tous les vins, savouré tous les plats, écouté toutes les voix et lu tous les livres : sûr que le voyage continue, et qu'il n'est pas temps de déchirer son billet, ni de fermer les yeux à tout jamais.
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À la saison froide, la pluie cesse de tomber. Elle blanchit et tournoie, éperdue, cherchant son chemin, essayant peut-être de remonter vers les hauteurs du ciel d'où elle est venue, offerte aux bourrasques et se bousculant en essaims d'abeilles glacées. On dit alors qu'elle tourne en neige.

Les ruisseaux ne coulent plus ; euX aussi se sont arrêtés, emprisonnant les herbes et les paquets de branches brisées, On ne voit plus d'insectes venant étancher leur soif minuscule parmi des reflets de soleil. Le ciel bleu patiente sous la glace jusqu'au retour du printemps. Plus de voix, plus de feuilles, les oiseaux se sont tus; ils ne s'affairent plus dans les arbres et la terre fait silence. Les poètes s'en retournent à leur cabane de larmes.

On ne les entendra pas pleurer. Depuis longtemps déjà l'espérance faisait mauvais ménage avec la mémoire. À la saison froide, on secoue son manteau de neige, pareil à ce voyageur perdu qui a marché longtemps à travers les montagnes pour traverser l'hiver. Ses épaules sont blanches, comme ses cheveuX, et comme la peau de son visage.

Quand il franchit le seuil, la neige entre avec lui. À la saison froide, la vie perd ses couleurs. Comment s'émouvoir ? Les ailes des papillons et les abeilles sont grises. La vie aussi s'en va en miettes. On rêve à des prairies, des robes claires, et pourquoi pas, au zénith de l'été, un champ de blé piqueté de coquelicots et de bleuets.
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À la saison froide, on se calfeutre. Certains creusent un trou dans la terre. D'autres font provision de bois, de graines et de fruits secs. D'autres composent un lit de feuilles. La plupart ne bougent plus. Ils se préparent. Ils se résignent. Ils voudraient simplement dormir. À la saison froide, on regarde la vie filer au large : les affaires, les projets, les amours des autres.

On se tient tel un naufragé quí quettait naguère au loin depuis son île les navires de passage : on ne lève plus les bras, on n'allume plus de feu, on ne fait plus de signe... On n'en peut plus d'attendre... À la saison froide, le lointain disparaît.

On ne saurait dire comment c'est arrivé. D'un coup, l'horizon s'est retiré. Plus de plage où marcher, plus d'arbres ni de fleurs. À présent le monde est si étriqué ! Un timbre-poste sur une enveloppe ! Entre table et fauteuil, la vie est de moindre importance.
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