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EAN : 9782715258488
88 pages
Le Mercure de France (10/02/2022)
3.83/5   15 notes
Résumé :

Jean-Michel Maulpoix
Rue des fleurs
« Les poèmes sont des fleurs, dit-on parfois. Ne parle-t-on de florilège ? Ce mot fait sourire. Il y va d’autre chose que d’un art des bouquets. Chaque poème est une éclosion de sens. La poésie fait éclore dans la langue la douleur, l’amour, l’angoisse, la beauté…, elle les fait apparaître, leur prête voix, les révèle… Et plus le poème reste proche de la sensation, de l’impression, puis de l’éclosion qui lui ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique

" Un poème est un organisme vivant. Il pousse sur le papier. Il anime le langage, et ranime la curiosité. Il sort les mots de leur torpeur, il les réveille, il les fête ".... Voilà ce qu'écrit en note le poète à la fin du livre. Magnifique, non?

Dans ce dernier recueil, Jean-Michel Maulpoix explique avoir retravaillé des textes plus anciens. Il privilégie souvent la prose mais ici, il a voulu revenir au vers. Comme il l'explique dans un entretien au site" En attendant Nadeau", Il nous offre un bouquet de poèmes, le titre est aussi le nom de la rue dans laquelle il habite, près de Strasbourg, une allusion également aux allees fleuries des cimetières.

La mort est en effet souvent présente dans ces textes assez mélancoliques, par leurs thèmes : l'automne, les pensées dans le silence de la chambre, l'évocation des banlieues pauvres. Cependant, les images sont sensuelles, saisissantes de justesse, expressives:

" Les soieries d'été sont douces au toucher
C'est un crépuscule de corsages entrouverts sur la promenade
Et de baisers volés le long des bassins du jardin public
Où se mirent longuement les filles et les étoiles "

L'auteur aime les citations et s'amuse à introduire dans ses poèmes des vers d'autres poètes, comme dans " Nanterre".

Les textes de la partie" Arrière-saison" m'ont particulierement plu:

" le vent dans le tilleul
Se dispute avec lui-même
Les feuilles curieusement naïves
Boivent les paroles de la pluie"...

Ce n'est pas un coup de coeur pour moi , il m'a manqué de l'émotion, mais c'est un ressenti tout personnel et le recueil demeure très intéressant à découvrir!
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*****

« Je suis un explorateur du langage, un géographe. Je suis plus intéressé par les mots que par les histoires. »

Quel plaisir de retrouver Jean-Michel Maulpoix et sa poésie envoutante ! le jury Goncourt l'a récompensé, après la publication de « Rue des fleurs » et pour l'ensemble de son oeuvre, du Goncourt de la poésie 2022.

Une beauté simple. Inutile de relire plusieurs fois les poèmes, une clarté d'expression se dégage immédiatement. Un calme feutré m'envahit, le sens des mots s'impose directement. Je suis bien. Tout un univers poétique m'est offert, composé d'une multitude de photographies, tableaux instantanés, couleurs.

Ayant récemment publié une biographie du couple Camille et Claude Monet dans les débuts de l'impressionnisme, je ne peux m'empêcher de rapprocher l'art de Jean-Michel Maulpoix de celui du peintre. le poète aurait pu s'inspirer de la pensée de Claude Monet décrivant sa peinture : « Examine les contrastes d'ombre et de lumière, ils se répartissent à ravir. Les couleurs soucieuses les unes des autres vibrent intensément : un vert et un rose, côte à côte, se font valoir l'un l'autre. Un tableau doit reproduire tes émotions, ta scène intérieure, ton ressenti visuel face au spectacle qui s'offre à toi. »
N'est-ce pas ce que nous propose le poète dans son univers en clair-obscur ?

La couleur préférée de l'auteur, le bleu, s'imposait dans son recueil « Une histoire de bleu ». Elle revient.
« Petit jour »
« Ceux qui n'ont pas de visage
Balbutient dans la nuit
Ils mâchent quelques miettes de pain bleu
Tombées d'un ciel vide. »

« Au centre aéré »
« L'écolière bleue traverse la route en sautillant sur les clous blancs »

Maulpoix n'oublie jamais la note discordante, le point de couleur, que connaissent bien les peintres, qu'il glisse au bon moment dans ses phrases, pétale de couleur éclairant la scène. Je repense à son recueil « L'hirondelle rouge » parlant de ses parents décédés. Il s'inspirait d'un tableau du peintre catalan Joan Miro « L'hirondelle amour revient avec le printemps ».
La référence à Proust parlant de la « Vue de Delft » de Vermeer apporte cette note colorée.
« Un pan de mur jaune »
« On entend le soir des musiques aux portes
Et toutes les fenêtres sont bleues à partir de huit heures
On écoute on regarde on n'a rien à se raconter
Mais on cherche toujours un petit pan de mur jaune. »

Au long des pages, l'humaniste Jean-Michel Maulpoix nous décrit ses semblables, leur existence quotidienne : émigrés, travailleurs, malades, prostituées, enfants. Morceaux de vie…

« À l'hôpital »
« Deux infirmières roses
À demi nues sous leur blouse de nylon
Roulent le fauteuil d'un unijambiste »

« Émigrés »
Ils ne disent rien ne vont nulle part
Ils ont inscrit leur nom sur un bout de carton
Ils s'asseyent ou restent debout au coin de la rue
Serrés les uns contre les autres. »

« La poésie est un chemin, un cheminement où rien n'est gratuit. Elle n'est pas là pour faire beau. », nous dit le poète. Il nous parle de sa « Rue des fleurs » :
« C'est une très petite rue
Qui va de la chambre à la ville
En traversant de longs couloirs
Où s'empilent cahiers et livres
Elle a pour nom la rue des fleurs
C'est par là qu'ont plié bagage
Les mots échappés de mes pages. »

Parfois, le poète ressent le fardeau de l'existence et sa fragilité.
« Je n'irai plus très loin
Avec cette encre-là
D'une couleur si pauvre
Qu'elle n'éclaire plus rien
Et il n'est pas certain qu'en parler soit utile. »

Je reste admiratif devant la qualité de ce grand poète contemporain qui nous séduit et nous émeut depuis plus de quarante ans. À la fin du livre, il ajoute un « Post-scriptum » fleuri :
« Il resterait à raconter
La tendre amitié du myosotis et de l'orchidée
L'affection que le tournesol porte à la pensée
La passion de la marguerite et du coquelicot
La jalousie des boutons d'or et des bleuets
Dire l'exacte couleur des bouquets de juillet. »

***
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J'ai lu ce recueil il y a quelques jours. Je l'ai dévoré. J'ai commencé à le lire un soir, je l'ai terminé le lendemain soir. J'ai été séduite par la richesse du vocabulaire de l'auteur, et cela m'a surprise, d'ailleurs ! Je ne m'attendais pas vraiment à toutes ces phrases drôlement bien écrites dans le recueil. Je n'ai pas trouvé la plume très fluide, malgré les jolis mots que contenaient ces poèmes. J'ai donc été obligée de lire et relire et rerelire plusieurs fois les phrases pour être sûre d'avoir bien compris et bien lu, parce que bon sang de bonsoir, c'était assez abstrait et difficile à comprendre ! En somme, j'ai eu un peu de mal avec ce recueil de poèmes. Je pensais l'abandonner, mais j'avais envie de le terminer, de pouvoir ensuite dire que je l'ai lu, et ce que j'en ai pensé. C'est un joli petit recueil, une bonne lecture que je ne regrette pas, toutefois ce n'est pas un coup de coeur. C'est une lecture agréable et tendre, à lire à n'importe quelle saison selon moi, sous un gros plaid avec un chocolat chaud et un gros matou à côté, ou carrément sous les cocotiers. J'ai profité d'un voyage avec ma famille pour le découvrir, c'est donc chose faite !
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Ce recueil de poèmes de Jean Michel Maulpoix, que j'ai choisi par hasard sur la table des nouveautés de la médiathèque, m'a laissé sur ma faim.

En effet, malgré la réputation de l'auteur en tant que poète et professeur de lettres, j'ai trouvé que ses poèmes semblaient destinés à un public restreint d'initiés.
Je m'attendais à être emporté dans un tourbillon de mots, mais j'ai plutôt ressenti une lourdeur et une densité qui ont eu pour effet de me plomber sur terre. Bien que je puisse apprécier la complexité d'un poème et la finesse de l'utilisation des mots, j'ai trouvé que cela ne suffisait pas à me transporter vers un univers poétique.

En fin de compte, j'ai ressenti que la poésie de Maulpoix manquait de la qualité essentielle qui me touche dans la poésie : le partage. Pour moi, la poésie est une expérience commune, qui doit nous transporter vers des horizons lointains et nous émouvoir profondément.
Malheureusement, je n'ai pas ressenti cela dans ce recueil."

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Très beau recueil, comme je les aime, qui parvient à créer, dans des textes très courts, une défamiliarisation du quotidien avec des moyens très simples, comme l'illustrissime Jaccottet ou le tout aussi digne d'être connu Vandenschrick, par exemple. Une situation quotidienne se prend dans les rêts du langage pour devenir une chose étrange, inexplorée, et pourtant familière. du grand art.
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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
PETIT JOUR
  
  
  
  
Cœur fripé l’amer du sommeil dans la bouche
Tous ensemble ils arrivent par le tram de sept heures
Le bleu sent la javel la terre sent le goudron

Palmiers de ferraille et palmiers de suie
Des débris d’images couvrent leurs paupières
Les poulies du ciel grincent à grand bruit

Avançant sur le quai jusqu’à l’extrémité de la fatigue
Ils n’iront pas plus loin que ce monde-ci ce wagon-là
Du soir qui se lève au jour qui se couche.
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À L’HÔPITAL
  
  
  
  
Dans un couloir de l’hôpital civil
Une fillette pousse du bout du pied
Vers le ciel un caillou de marelle
Sur le damier blanc et noir du linoleum

Devant la porte des urgences
Une vieille femme ronfle dans son lit
Ses yeux gris-blanc grands ouverts

Deux infirmières roses
À demi nues sous leur blouse de nylon
Roulent le fauteuil d’un unijambiste

La ruche blanche bourdonne
Étrange messe étranges prêtresses
Enfants de chœur étranges

Des brancardiers transportent
On ne sait où
Des Christs de toutes sortes.
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  AU BORD DE LA MER
  
  
  
  
Les immeubles aux façades carrelées
Sont les salles de bains de la mer
Des enfants dégringolent en grappes
Tandis que le soleil ajuste sur les murs sa toilette de lumières
Les élégantes de la promenade se mirent avant le déjeuner

Quand il pleut ce sont de gros navires de faïence
Qui grincent et ruissellent de partout
La mer leur jette ses paquets de sel sur la tête
Le linge claque et les haubans sifflent
Les gamins boudent contre le carreau
Les jolies dames boivent du thé chinois
En croquant des biscuits secs

Les immeubles du bord de mer
Sont le souvenir d’un voyage
Qui n’a jamais eu lieu.

  
  
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EN ÉTÉ LE SOIR
  
  
  
  
II

Terrasse en surplomb d’où considérer les passants
Nappe en papier blanc serviette de papier rouge
Pizza Margarita des bulles de Valpolicella
Un soir comme celui-ci les voix sont faciles et lointaines

Le rire des convives applaudit
On grignote des morceaux de ciel
Du soleil couchant jusque dans l’assiette
Léger d’épaules et de visage

Cette vie grésille entre les doigts puis s’envole en fumée
Ce goût d’alcool et de tabac on voudrait que ça dure
Surtout ne pas bouger ne plus rien déranger.
Une mouche sur une brindille se tient en équilibre.
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EN ÉTÉ LE SOIR
  
  
  
  
I

Les soieries d’été sont douces au toucher
C’est un crépuscule de corsages entrouverts sur la promenade
Et de baisers volés le long des bassins du jardin public
Où se mirent longuement les filles et les étoiles

Sous la laine noire des arbres des voix tricotent
Peaux brunes la promenade est encore belle.
Poudre à vos yeux bleu de vos cernes
La lune en son halo de juillet.
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Vidéo de Jean-Michel Maulpoix
Jean-Michel MAULPOIX – En son for intérieur (France Culture, 1996) L’émission « Poètes en pied », série d’été de « For intérieur », par Olivier Germain-Thomas, diffusée le 3 août 1996. Invité : le poète en personne. Mise en ligne par Arthur Yasmine, poète vivant, dans l'unique objet de perpétuer la Poésie française.
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