Nous sommes à Dorthe, petite ville de Gironde (il paraît qu'il s'adgit de Bazas), dans le milieu assez étouffant de la petite-bourgeoisie de province que Mauriaca si souvent dépeint. La famille Dubernet a du bien, le père mène une vie bien rangée auprès de son épouse Julia, souffreteuse et coincée, et de sa fille Marie, tout en jetant des regards intéressés à l'institutrice de cette dernière, Mme Agathe, fille semblet-il ruinée d'une famille aristocratique déchue, confite en chasteté obligatoire mais qui jette des regards concupiscents sur le jeune Nicolas Plasssac.
Dans cette ambiance très fin de siècle et un peu empreinte d'odeur de moisi, une bouffée d'air pur s'offre à nous en la personne de Marie et celle de Gilles Salone, fils du médecin que pourtant Julia juge indigne d'entrer dans la famille. Afin de se ménager des tête-à-tête tendres, les deux tourtereaux utilisent la bonne volonté de Nicolas : en « occupant » le chaperon Agathe, il donnera un peu de temps libre aux amoureux, ce qu'il fait bien volontiers pour faire plaisir à son ami de toujours, Gilles.
Amours contrariées, amours feintes, les éléments d'une tragédie sont là, jusqu'au moment où tout bascule dans le drame bourgeois, notamment quand meurt Julia, seul obstacle réel à l'amour des deux jeunes gens. Y aura-t-il une fin heureuse pour tous ? Pour Marie et Gilles ? Pour l'institutrice qui se meurt d'amour pour Nicolas ? Pour le père, devenu veuf très opportunément ?
Mauriac peint avec sa virtuosité habituelle le petit milieu bordelais qui tourne autour de lui-même etintroduit curieusement, lors de la postface un élément nouveau, à peine évoqué dans le texte par des allusions discrètes : l'intervention de la Grâce dans le destin de Nicolas, là où le lecteur aurait plutôt perçu celle d'un amour à l'époque jugé inconvenant.
D'une lecture agréable, ce roman ne fait pas partie, à mon avis, des oeuvres de Mauriac les plus réussies.
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