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Province, amour et confusion s'entremêlent du on-dit des uns et des autres, de cette petite classe sociale que l'auteur aime tant dépeindre avec talent.
Complexité de l'âme et faiblesse humaine tentent de s'écrire et de s'inscrire à la toile d'un tableau de moeurs et de coutumes souvent bien sombre.
A découvrir avec un plaisir simple et authentique.
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Dorthe, Sous-Préfecture de Gironde, en réalité Bazas… Vivent ici, les Dubernet et leur fille, Marie, dix-sept ans et amoureuse de Gilles Salones malgré la réprobation de sa mère; dans l'ombre de la famille Dubernet, Agathe de Camblanes, surnommée Galigaï, du nom de l'intrigante qui eut une grande influence sur Catherine de Médicis et qui finira décapitée et brûlée en Place de Grève en 1617.

Agathe, fille d'une grande famille que la fortune à quittée a déjà été mariée et abandonnée par son mari. Jeune femme au physique ingrat, elle est employée comme préceptrice auprès de Marie, et en pince pour Nicolas Plassac, l'inséparable ami de Gilles.
Galigaï ourdira une machination pour parvenir à ses fins auprès d'un Nicolas pour le moins rétif et attiré par d'autres préoccupations que celles du mariage, que seule la mort de Julia Dubernet, la mère de Marie, viendra contrecarrer…

Virulent pourfendeur de la bourgeoisie provinciale, François Mauriac évoque ici, avec une certaine intensité tragique, le conflit intérieur qui bouillonne en Nicolas. J'avoue qu'il m'a fallu atteindre la postface de l'auteur pour comprendre la nature des réticences de Nicolas à s'engager auprès d'Agathe ; réticences que j'avais prises pour une tendance homosexuelle refoulée ; en fait, si l'on en croit l'auteur, une impossibilité face à l'appel de Dieu. Pas convaincu…

Quoiqu'il en soit, paru en 1952 alors que François Mauriac se voyait décerner le Prix Nobel, « Galigaï » est un texte remarquable de la part de « l'analyste des passions de l'âme », tel qu'on le qualifie parfois ; moins célèbre que « Génitrix » ou « le noeud de vipères », mais pas moins digne d'intérêt.
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Ah, Mauriac et sa retenue toute chrétienne. le mec qui en dit beaucoup sans trop en faire. Je trouve amusant d'avoir trouvé ce livre à peine un jour après avoir trouvé et lu le Dernier tango à Paris, dans lequel la chair n'est pas qu'évoquée...
Cela dit, ce livre est intéressant à plus d'un titre, il parle de classes sociales, de rangs, de vertus, d'attirances. Oui, de désir, de sexualité, et de rejet et de dégoût. Tout ça par l'entremise d'un texte court où nécessairement les personnages ont été condensés, ne sont pas décrits sans fin, et les actions sont comme étouffées en ayant lieu (les lieux de l'action me semblent, à l'instar, étouffés, sous la brume, une cathédrale émergeante ou écrasante... Des impressions idiosyncratiques sans doute...). Parce que ce livre est doucement irrespirable, comme le destin. Au final, c'est plus une victoire d'une pureté stérile mais aussi d'une vulgarité productive.
La postface écrite par l'auteur en dit long sur l'époque et sa personnalité et ses positions.
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Encore un Mauriac inconnu, pêché dans une boîte à livres.
Depuis l'adolescence, j'aime les romans de Mauriac, ces ambiances sombres et lourdes, ces peintures de l'âme humaine, ces instantanés de province. J'aime son écriture, simple et fluide mais empreinte d'une grande classe naturelle.
galigaï ne dépare pas dans la liste et reprend tous les ingrédients magiques du Nobel : une petite ville, une intrigue amoureuse et familiale, le questionnement religieux.
La mise en parallèle de deux couples antagonistes est une réussite : les fougueux et insatiables prémices de Marie et Gilles face à l'amour non partagé d'Agathe pour Nicolas. Deux facettes des sentiments qui peuvent unir un homme et une femme.
A lire pour ces magnifiques études de personnages et pour ce délicieux petit goût suranné des romans de cette époque.
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Mauriac sait générer l'étouffement dans ses oeuvres avec cette bourgeoisie de Gironde qu'il pourfend au fil de ses romans. Et il en étudie tous les mystères, tous les déchirements, toutes les passions. Quand ce n'est pas la fortune, c'est l'amour comme dans ce roman avec la contradiction des sentiments, le doute de toutes parts qui enserre les personnages. C'est élaboré, fouillé, décortiqué.
On est pris dans un malaise que Mauriac était capable de créer en 1952 époque où les thèmes des romans n'allaient que rarement sur les chemins que lui explore, comme les drailles landaises qu'il a parcourues et où il a dû imaginer tant de personnages et de situations.
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galigaï/François Mauriac/ de l'Académie Française /Prix Nobel de littérature 1952
Ce roman paru en 1952 n'est pas le plus facile des oeuvres de Mauriac à comprendre dans son intégralité. En effet, tout au long de l'action qui se déroule à Dorthe petite sous-préfecture de Gironde, on s'interroge sur les motivations du personnage essentiel ( qui n'apparaît pas dès le début) qu'est Nicolas Plassac.. L'autre personnage essentiel est Agathe.
À Dorthe vivent quelques familles de riches propriétaires terriens et comme toujours chez Mauriac, la terre et ce qui l'entoure dicte leur conduite aux protagonistes, du moins pour la plupart.
Les Dubernet voit leur fille Marie, dix sept ans, flirter avec Gilles Salone le fils du médecin.
Agathe de Camblanes, la trentaine, la préceptrice de Marie est peut être aussi la maîtresse d'Armand, le père. C'est elle galigaï, l'entremetteuse, l'intrigante qui est amoureuse de Nicolas, l'ami d'enfance de Gilles Salone. C'est en souvenir de galigaï la mauvaise conseillère de Catherine de Médicis que ce surnom lui est attribué. Pour la petite histoire, rappelons que galigaï finira décapitée et brulée en 1617 en place de Grève à Paris.
Agathe a été mariée et abandonnée par son mari.
Machiavélique, elle va tenter d'agir sur Nicolas pour parvenir à ses fins. C'est « elle qui va lui révéler à la fois que la chair est triste, qu'il est capable de férocité comme les autres hommes, mais qu'au vrai, il n'a jamais aimé que Dieu. »
Mauriac, dans un style toujours aussi dépouillé pour ne pas dire minimaliste, nous offre des dialogues puissants et la bourgeoisie provinciale, par sous-entendus, est clouée au pilori à chaque chapitre.
Comme je le disais, Nicolas est un personnage ambigu et on se demande même s'il n'a pas des tendances homosexuelles. En effet, Gilles semble est une idole pour Nicolas et leur relation prête parfois à confusion.
Je viens donc de relire quarante ans après ma première lecture ce roman complexe et en fait c'est la dernière ligne et la postface qui apportent l'éclairage nécessaire à la compréhension.
Pour le style :
« C'était elle (Marie), l'enfant, qui s'abandonnait, et lui (Gilles) le chien-loup, qui restait très en-deçà des dernières caresses permises et qui, de ce jeune corps mystérieux, ne voulait connaître que le fruit ouvert de la bouche, que la gorge vivante qu'il couvrait toute de sa grande main. »
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Nous sommes à Dorthe, petite ville de Gironde (il paraît qu'il s'adgit de Bazas), dans le milieu assez étouffant de la petite-bourgeoisie de province que Mauriaca si souvent dépeint. La famille Dubernet a du bien, le père mène une vie bien rangée auprès de son épouse Julia, souffreteuse et coincée, et de sa fille Marie, tout en jetant des regards intéressés à l'institutrice de cette dernière, Mme Agathe, fille semblet-il ruinée d'une famille aristocratique déchue, confite en chasteté obligatoire mais qui jette des regards concupiscents sur le jeune Nicolas Plasssac.

Dans cette ambiance très fin de siècle et un peu empreinte d'odeur de moisi, une bouffée d'air pur s'offre à nous en la personne de Marie et celle de Gilles Salone, fils du médecin que pourtant Julia juge indigne d'entrer dans la famille. Afin de se ménager des tête-à-tête tendres, les deux tourtereaux utilisent la bonne volonté de Nicolas : en « occupant » le chaperon Agathe, il donnera un peu de temps libre aux amoureux, ce qu'il fait bien volontiers pour faire plaisir à son ami de toujours, Gilles.

Amours contrariées, amours feintes, les éléments d'une tragédie sont là, jusqu'au moment où tout bascule dans le drame bourgeois, notamment quand meurt Julia, seul obstacle réel à l'amour des deux jeunes gens. Y aura-t-il une fin heureuse pour tous ? Pour Marie et Gilles ? Pour l'institutrice qui se meurt d'amour pour Nicolas ? Pour le père, devenu veuf très opportunément ?

Mauriac peint avec sa virtuosité habituelle le petit milieu bordelais qui tourne autour de lui-même etintroduit curieusement, lors de la postface un élément nouveau, à peine évoqué dans le texte par des allusions discrètes : l'intervention de la Grâce dans le destin de Nicolas, là où le lecteur aurait plutôt perçu celle d'un amour à l'époque jugé inconvenant.

D'une lecture agréable, ce roman ne fait pas partie, à mon avis, des oeuvres de Mauriac les plus réussies.

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Le début du roman est bien , les chapitres se lisent rapidement. Je trouve qu il n est pas évident à la compréhension. Il porte aussi une grande partie a la religion.
La plume de l auteur ne me convient pas forcément mais cet une lecture qui m a beaucoup plue
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J'ai aimé cette histoire nourrie de rapports compliqués entre les êtres. Sous l'emprise les uns des autres, ils se manipulent à travers des jeux de pouvoir qui ne sont qu'un vernis qui masque leur faiblesse. Ils tissent eux-mêmes les filets qui vont les faire trébucher. L'agonie de l'une devient le sujet d'attentes diverses, de calculs d'intérêts. Quel requin parmi eux aura les dents les plus longues ? Qui tirera son intégrité du jeu ?

François Mauriac nous gratifie d'une longue postface dans laquelle il explique la démarche qui l'a amenée à écrire le roman. La lectrice d'aujourd'hui que je suis n'avait pas décelé une référence directe à Dieu dans le parcours de Nicolas, mais en somme, cela n'a pas grande importance. L'évolution intérieure du personnage tel que je l'ai comprise ne perd rien au change.

“Confessons que l'oeuvre d'art déforme bien plus qu'elle ne renseigne. C'est une échappatoire hypocrite que de prétendre aider à la connaissance de l'homme par des peintures si noires et si outrées. Les vivants ne ressemblent jamais à nos personnages inventés.” (179)

Voilà un point sur lequel je ne le suis pas. Et qui m'a surprise sous la plume de cet écrivain que je trouve au contraire au plus près des réalités humaines. Romancées, évidemment, mais tellement justes, décrites de façon tellement lucides. Leur mise en scène mettent en exergue des comportements rencontrés, côtoyés, subits. Et c'est bien pour cela que j'aime les romans de François Mauriac : ils permettent de prendre conscience avec recul des lâchetés de l'humanité. Paradoxe de l'intention de l'un face aux ressentis des autres…
Lien : http://versautrechose.fr/blo..
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