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Citations sur Des hommes (84)

On ne sait pas ce que c’est qu’une histoire tant qu’on n’a pas soulevé celles qui sont dessous et qui sont les seules à compter, comme les fantômes, nos fantômes qui s’accumulent et forment les pierres d’une drôle de maison dans laquelle on s’enferme tout seul.
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On a tous fait semblant de ne pas entendre. Tous fait semblant de croire qu'il parlait seulement comme parlent les alcooliques, bouffés autant par l'alcool que par le ressentiment et la haine.
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Et Rabut peut bien se retrouver assis au fond de son lit, avachi, le corps avachi par les années et la famille, tous ces mariages, ces naissances, ces communions et ces gueuletons avec les anciens d'Afrique du Nord, les méchouis, la nostalgie de quelque chose perdu là-bas, peut-être la jeunesse, parce qu'à force, peut-être on embellit même les souvenirs qu'on préférerait oublier et dont on ne se débarrasse pas, jamais vraiment ? Alors on les transforme, on se raconte des histoires, même si c'est bon aussi de savoir qu'on n'est pas tout seul à être allé là-bas, et, de temps en temps, pouvoir rire avec d'autres, quand la nuit c'est seul qu'il faut avoir les mains moites et affronter les fantômes.
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Je voudrais savoir si l’on peut commencer à vivre quand on sait qu’il est trop tard.
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Il n'est pas seul à être seul. Ils sont seuls tous ensemble.

On ne sait pas ce que c'est qu'une histoire tant qu'on n'a pas soulevé celles qui sont dessous et qui sont les seules à compter, comme les fantômes, nos fantômes qui s'accumulent et forment les pierres d'une drôle de maison dans laquelle on s'enferme tout seul.
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Et moi, à ce moment-là, j'ai pensé qu'il faudrait bouger le moins possible tout le temps de sa vie pour ne pas se fabriquer du passé, comme on fait, tous les jours; et ce passé qui fabrique des pierres, et les pierres, des murs.
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Il pense à ce qu'on lui a dit de l'Occupation, il a beau faire, il ne peut pas s'empêcher d'y penser, de se dire qu'ici on est un peu comme les Allemands chez nous, et qu'on ne vaut pas mieux.
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"Alors qu'il parle aussi et surtout quand la nuit tombe et que femme et enfants sont partis se coucher, qui a parlé ce soir-là, tellement parlé même, des années après les événements, leurs événements, enfin, lorsqu'ils avaient raconté, se retrouvant seuls et déjà éméchés, comment on avait du mal à vivre depuis, les nuits sans sommeil, comment on avait renoncé à croire aussi que l'Algérie, c'était la guerre, parce que la guerre se fait avec des gars en face alors que nous, et puis parce que la guerre c'est fait pour être gagné alors que là, et puis parce que la guerre c'est toujours des salauds qui la font à des types bien et que les types bien là il n'y en avait pas, c'était des hommes, c'est tout, et aussi parce que les vieux disaient c'était pas Verdun, qu'est-ce qu'on nous a emmerdés avec Verdun, ça, cette saloperie de Verdun, combien de temps ça va durer encore, Verdun, et les autres après qui ont sauvé l'honneur et tout et tout alors que nous, parce que moi, avait raconté Février, tu vois, moi, j'ai même pas essayé de raconter parce qu'en revenant il y avait rien pour moi, du boulot à la ferme, des bêtes à nourrir et puis regarder de loin, dans la ferme d'en face, la petite voiture d'où Éliane sortait tous les dimanches vers cinq heures, en revenant de chez ses beaux-parents. Parce que quand je suis rentré, se dire qu'elle était mariée, oui, ça, c'était vraiment dur. Et qu'elle était mariée avec un voisin, un pauvre type pour qui j'avais jamais eu le moindre respect parce que je savais que toute sa famille en quarante ça avait été des collabos, rien que des collabos retournant leur veste au dernier moment, toute cette saloperie chassant les derniers Allemands à coups de pelle, moi, on me l'a dit, ça, mon père me l'a dit, personne de plus furieux que les résistants des dernières heures, quelque chose à prouver, se rattraper, montrer qu'ils y sont, du bon côté, tout ce malheur c'est le souci d'être du bon côté, pour bien être du bon côté, je le sais, on me l'a dit, ce gars de vingt ans qu'ils ont achevé à coups de pelle et alors se dire qu'elle s'est mariée avec un gars de cette famille-là, cette engeance parce qu'il s'était fait réformer et qu'il avait de l'argent, pendant des mois en revenant je suis pas sorti de chez moi et même j'ai travaillé à la ferme comme jamais, j'ai refait les clôtures, j'ai marché pendant des heures dans la campagne et jamais j'ai trouvé que la boue c'était mieux que la pierraille, crois-moi, à ce moment-là, non, et la boue, les bottes, l'humidité et la lourdeur des champs, comment ça s'enlise, bon, le seul à qui je parlais sans gueuler c'était mon chien, dans les bois, quand je marchais pendant des heures et même le soir, c'était qu'à lui tout seul que je pouvais parler.
Bon, c'est toujours comme ça. Dans le bourg, des gars comme moi, il y en avait. L'Algérie, on n'en a jamais parlé. Sauf que tous on savait à quoi on pensait lorsqu'on disait nous aussi on est comme les autres, et les animaux valent mieux que nous, parce qu'ils se foutent pas mal du bon côté."
(Pages 228-230)
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J'ai regardé les photos avec leurs bords légérement crénelés,et j'ai passé la pulpe de mes doigts sur les cadres blancs en bas relief qui soulignent le tour de l'image, et à ce moment - là j'ai pensé qu'en Algérie j'avais porté l'appareil photo devant mes yeux seulement pour m'empêcher de voir, ou seulement pour me dire que je faisais quelque chose de-peut-être,disons-utile.
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Son prénom comme un rêve à retenir. Quand son cœur tout à coup à bondi, c'est ça a bondi dans sa poitrine et il s'est redressé parce que l'autre s'éteint redressé et soudain plus rien n'est possible entre eux, plus aucune paix parce que Rabut a repoussé Bernard et il a les larmes aux yeux lorsqu'il murmure et crache avec dégoût.
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