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Citations sur Histoires de la nuit (150)

Comme on refuse de se trouver nez à nez avec ce qu'on aurait trop longtemps désiré, prenant conscience que ce qu'on a aimé c'est le trajet et non l'arrivée
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Bientôt , il y aura la mort qui s'invitera dans le hameau comme elle s'invite partout , car elle est partout chez elle , chez elle quand elle veut , prenant ses aises dans des appartements où elle n'avait jamais posé les pieds ni daigné lancer un coup d'oeil ; soudain chez elle , comme une reine sans pudeur et sans gêne, vaguement obscène, laissant hagards et démunis tous ceux qui avaient cru un instant qu'elle les avait oubliés. ( p 584 )
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Il avait cru en rencontrant Marion que ce serait impossible entre eux, se demandant comment elle pouvait ne pas voir qu’ils n’avaient rien en commun, quand, au contraire, elle semblait heureuse de le trouver si différent, qu’elle avait même insisté en lui envoyant des images d’elle en expliquant, pleine d’espoir, qu’elle était en train de passer un diplôme et qu’elle pourrait travailler dans une imprimerie, alors que lui hésitait à lui parler de la ferme, de La Bassée, se demandant bien comment elle pouvait imaginer y trouver de l’intérêt, oui, très bien, avait-il osé, voyons-nous. Ils s'étaient rencontrés et la première fois elle avait ri - un peu trop, comme si elle avait tenu à le trouver drôle, lui, sachant trop bien qu’il ne l’était pas - et il était resté éberlué qu’elle veuille le revoir, qu’il passe une, puis deux, puis trois, puis quatre, plusieurs soirées en ville, allant après le restaurant jusqu’à partager une soirée au bowling, puis une autre au karaoke, et puis cet écart qu’il avait trouvé entre cette fille dont le dos portait un tatouage qu’il avait fini sinon par oublier du moins par négliger, car les nuits d’amour, quand il la prenait dans ses bras, dans l’obscurité des premières chambres, avaient tout transformé, et la rose meurtrie, les épines métalliques, tout ça, donc, avait fini par s’évanouir avec la lumière. Dans l’obscurité n’étaient restés que la chaleur et la douceur de la peau de Marion, son abandon, ses boucles créoles sur la table de chevet ; cet écart qu’il pressentait, il avait fini par l’oublier totalement ou par décider de ne pas le voir, ne cherchant pas à comprendre, car le plus important et le plus extraordinaire c’était qu’une femme de cette beauté et de cette intelligence s’intéresse à lui, non pas seulement pour une nuit, mais qu’elle lui parle de projet de vie, de mariage - c’est elle qui avait avancé le mot, qui avait osé le prononcer alors qu’il brûlait les lèvres de Patrice depuis des mois.
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Cœur qui soupire n'a pas ce qu'il désire.
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(....) car maintenant Marion doit cesser le combat contre elle-même ; maintenant elle comprend que cette place qu’il lui a offerte elle n’a jamais su vraiment l’accepter, qu’il a été difficile pour elle de l’accueillir, cette place, car elle doit reconnaître qu’elle n’a pas voulu aimer ce gros homme confortable et accueillant qui ne correspond à rien de ce qu’elle croyait pouvoir ou devoir attendre d’un homme, uniquement parce qu’elle avait été incapable d’imaginer qu’on puisse l’aimer vraiment, elle, qu’on puisse lui faire une place à elle, et incapable de penser qu’un homme qui pouvait l’aimer était aussi aimable parce qu’il était capable de l’aimer, et non pas, comme elle l’avait cru, comme elle s’était débattue contre elle-même pour le croire : haïssable ou méprisable à cause de ce qu’il l’aimait, comme s’il fallait qu’il soit trop con pour l’aimer, ou comme si l’aimer elle, c’était déjà mériter son mépris ou son indifférence.
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En réalité, c’est juste que pendant qu’elle peint elle oublie qu’il faudrait qu’elle joue à l’artiste qui vend très bien son travail - ce qu’elle pourrait faire, car elle sait ce qu’elle pourrait faire, car elle sait ce qu’elle fait, ce qu’elle peint, même si elle se laisse déborder et surprendre par des tableaux qui naissent sous ses doigts, elle sait aussi que l’inspiration ne tombe sur le râble de personne et qu’il faut travailler, lire, voir, réfléchir, penser son travail, et, le travail intellectuel accompli, alors seulement savoir l’oublier, l’anéantir, savoir lâcher prise et laisser déborder de ce monde conceptuel et réfléchi quelque chose qui vient d’en dessous, ou d’à côté, qui fait que la peinture excède le programme qu’on lui a assigné, quand tout à coup le tableau est plus intelligent, plus vivant, plus cruel aussi, souvent, que celui ou celle qui l’a peint .
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Ainsi, le lendemain matin, la femme était partie, ne lui laissant pour explication que la terreur et le dégoût qu'elle avait éprouvés en le voyant "fou" de rage - on ne peut pas vivre avec un homme qui a le regard que tu as eu hier soir. Il lui avait donné raison : elle avait eu cette intelligence de ne pas supporter ce furieux que Patrice tenait enfermé dans sa tête.
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Les couleurs, la nuit, quand elles sont exposées aux lumières artificielles, se noient dans un monde où elles perdent tout le relief et la puissance qu'elles accueillent naturellement à la lumière du jour.
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Il la regarde dormir, elle porte juste un tee-shirt trop grand, gris, dans lequel son corps semble flotter, et pourtant ses seins apparaissent plus lourds que lorsqu’ils tiennent dans un soutien-gorge. Il les lorgne sans gêne, sans embarras, leur forme, les courbes, leur poids ; il aimerait les prendre dans ses mains, les soupeser, les caresser même si c’est seulement à travers le tissu, comme il reluque sans gêne non plus le décolleté trop plongeant et la peau dont quelques rides dessinent des lignes qu’il suit, et le cou, le visage de profil de sa femme, sa beauté qui s’ignore à l’heure où elle se repose, au moment où elle dort, lui laissant à lui seul le privilège non pas de la posséder mais de la contempler, s’étonnant encore de pouvoir jouir du privilège d’admirer cette femme et de la voir tournoyer autour de lui, vivre, rire et dormir ; et tant pis s’il y a toujours cette blessure qui se réveille à cette heure-ci, dont il arrive à tromper la douleur par l’acharnement au travail, par tous les soucis qui l’accablent et dans lesquels il veut bien se noyer pour oublier que sa femme, avec son souffle, sa bouche - ses lèvres -, la forme de son nez, les rides au coin des yeux et cette odeur qui n’est qu’à elle et dont la chambre, les draps, la maison elle-même semblent être comme une émanation, ne le laisse plus souvent la toucher, lui qui crève de la honte que ça lui donne de la désirer, sachant que, une fois par mois peut-être, elle laisse son corps trapu, de gras et de muscles lourds, rose et pâle, livide comme celui d’un cadavre, d’une peau rêche, odorante, aigre, son corps qu’il regarde avec dégoût, avec honte, se satisfaire en elle, le laissant s’ébattre comme il voit qu’elle le fait, en fermant les yeux et en retenant son souffle, il le sait - en attendant qu’il accomplisse sa besogne le plus vite possible, comme s’il fallait bien lui concéder au moins ça.
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Comme si pour Ida sa mère n'était que la version allongée d'une enfant, comme si pour elle un corps d'adulte n'était pas autre chose qu'une enfance plus grande mais sans pilosité ni hanches ni seins ni rien de tout ça, qu'elle ne voit pas, à quoi elle semble ne prêter aucune attention, car c'est elle-même qu'elle dessine en se projetant dans une vie d'adulte qui serait comme une enfance exagérée.
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