Le thème des enfants-soldats est un sujet difficile, peu présent en littérature jeunesse.
Claire Mazard propose ici un roman très fort. C'est écrit de façon juste. Au départ, le style est hâché : les phrases sont courtes, cela donne du rythme au récit, de la rapidité. Cela retranscrit aussi l'état d'esprit d'
Apollinaire-Conan l'Effaceur qui ressent de la terreur, de la culpabilité. Certaines phrases sont répétées une fois, deux fois, plusieurs fois, comme un leit motiv, une insistance : le héros se remémore sans cesse les scènes violentes qu'il a vécues, il est hanté par son passé.
Claire Mazard évoque le quotidien de l'enfant-soldat, son enrôlement dans les troupes rebelles (les méthodes de recrutement), la naïveté des enfants pris en otage dans le monde des armes. Entre les flashbacks en Afrique, moments très durs et forts, et le quotidien fragile à Paris puis peu à peu structuré à Pontarlier, nous vivons les doutes et les lueurs d'espoir d'
Apollinaire. Les souvenirs sont durs pour le jeune ado et poignants pour nous. L'introduction du monde de la poésie est très bien vu, avec les textes du poète
Apollinaire et son recueil
Alcools. Les comparaisons sont bien trouvées et justes, que ça soit en début (état d'esprit plutôt noir, morose, atroce) ou en fin de roman (un peu plus d'espoir, de lumière...). L'évasion par le monde de la photographie est également bénéfique pour le jeune héros, qui va aspirer à un retour à la vie "normale". La fin du roman est horrible et prend aux tripes avec les délivrances des deux ados - je me sentais mal à la lecture de ces phrases. La toute fin est une lueur d'espoir de reconstruction. Ce roman n'est pas réjouissant mais c'est un texte optimiste, malgré tout ce n'est pas le sort de tous les enfants-soldats : combien peuvent réellement s'en sortir ? Ce livre - pour les plus grands surtout - permet d'aborder une thématique peu traitée qui doit rappeler que nous avons la chance de vivre dans un pays libre et en paix. Petite erreur dans le texte : on ne dit plus la DDASS depuis 2010, mais l'ASE.
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