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3,65

sur 273 notes
Angela, quinze ans, est admise aux urgences suite à un accident de scooter. Son père est chirurgien dans cet hôpital.
Hématome crânien. Son collègue se charge de l'opération.
Au chevet de sa fille entre la vie et la mort, il s'adresse à elle et lui confie toute sa vie, et en particulier son amour fou pour une jeune femme un peu paumée : Italia.
Comme sa fille, il joue sa vie comme il l'a jouée seize ans auparavant.

J'ai littéralement dévoré ce roman.
Même si le style n'a rien de particulier, il est mené de main de maître.
C'est un magnifique portrait d'homme, sans concessions, lucide, sensible, douloureux.
Un homme faible, comme nous pouvons tous l'être
Un homme qui a vécu un amour fou pour une fille étrange.
Certes, le livre est un peu dérangeant. le fait que le père s'adresse à sa fille, même si elle ne l'entend pas, pour lui raconter son improbable histoire d'amour, avec des termes plutôt crus m'a parfois questionnée.
Mais je pense que la crainte de perdre sa fille le mène au plus profond de lui-même, d'où cette confession absolue.
Bref, un livre que j'ai aimé.
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Un livre-confession, avec tout ce que cela comporte d'exhibitionnisme et d'obscénité.

Sur fond de mélodrame- un accident, une opération de la dernière chance- Timoteo, chirurgien et père d'une jeune fille accidentée, tandis qu'un de ses collègues se charge de l'opération, se lance dans une confession chaotique comme sa propre vie: celle d'une liaison torride avec une femme pauvre, laide, humble et fidèle prénommée Italia, qu'il a connue et aimée juste avant la naissance de sa fille, quinze ans auparavant.

Et c'est à sa fille, Angela, plongée dans le coma, qu'il fait le récit détaillé de cette passion dévorante.

On ne peut s'attacher à un tel narrateur: lâche, égoïste, mauvais père et mauvais mari, amant aussi cruel dans ses exigences que dans ses négligences...que reste-t-il de Timo?

On ne peut s'attacher à cette passion d'un homme pour une femme qui "n'était pas son genre" : Swann est passé par là, qui a si bien dit, lui, cette passion physique d'un homme du monde pour une femme du demi-monde, qu'il tentait de s'expliquer parce qu'Odette avait quelque chose d'un Botticelli dans le ployé de sa nuque...Buzzati a repris ce thème dans "Un amour", avec une grande finesse...Mais il y a chez Margaret Mazzantini un goût pour le sordide, le cru, le gore qui rend toute cette confession suspecte.

Et cet amour viscéral, commencé par un viol, incompréhensible.

On est plein de pitié, de commisération pour la pauvre Italia, résignée, souffrante, muette, repliée sur son attente, puis sur le vide de son existence mais on ne comprend pas ce que Timo lui trouve, qui lui donne tant de prix.

Le narrateur est tellement incapable d'aimer vraiment quiconque qu'il est bien en peine de le dire - il n'y a que lui-même, au fond, qui l'intéresse : comment expliquer les interminables pages finales, quand tout est devenu irrémédiable, si ce n'est par une insupportable complaisance narcissique?

Autre "disagio" et non des moindres: comment imaginer une seconde un père faisant ce récit dégoulinant de honte et de concupiscence mêlés à sa propre fille en train de lutter contre la mort?

Bref, j'ai lu en V.O. "Non ti muovere" - un bien meilleur titre, revenant en leit-motiv dans cette auto-flagellation machiste où tout le monde, en effet, doit cesser de bouger pour écouter Monsieur le chirurgien nous confier ses turpitudes.

Je l'ai lu jusqu'au bout, par acquis de conscience et surtout pour me familiariser avec la langue d'une nouvelle auteure réputée abordable. Mais, qu'on me pardonne, je n'ai aimé ni l'argument, ni le narrateur, ni les motivations latentes. Je me suis sentie salie, insultée, méprisée comme toutes les femmes de Timo. C'était peut-être le but. Mais cela ne m'a pas fait plaisir du tout. J'ai vérifié une fois de plus mon absence de masochisme féminin...et ça m'a toute ragaillardie!

Non ti muovere, Timo! Reste où tu es!
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Un jour de pluie et d'étourneaux qui souillent les rues,une voiture qui glisse, une fille de quinze ans,sans casque,qui tombe de sa Vespa. Une course en ambulance vers l'hôpital,ce même hôpital où exerce le père,chirurgien.
C'est lui qui raconte l'encerclement terrible et minutieux du destin.Il parle à sa fille,(en pensée),il se parle à lui_même, dans un salon contigu à la salle d'opération.
Ce père qui attend dans sa blouse verte et son angoisse,est un homme qui,depuis des années semble s'être accommodé de son existence paisible de professionnel estimé,
Ce tiède mari d'une brillante journaliste,ce père distrait et fade d'une adolescente comme il y en a tant, est brusquement mis à nu,décortiqué,contraint à évoquer une vérité étrangère et violente ..Il révèle le secret douloureux d'un autre lui-même,désarmé et obscène.
Margaret Mazzantini a écrit un roman sur la précarité et l'ambivalence des sentiments,sur la difficulté d'aimer,d'une écriture sensible,capable de noter les nuances psychologiques .
C'est une histoire dure, crue,mais qui m'a accrochée et fait tourner les pages .
Toutefois,je partage l'avis de lululifat . J'ai trouvé improbable l'attachement irrésistible du chirurgien pour une femme sans attrait,terne et prématurément flétrie.
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Ecoute-moi, Non ti muovere en italien (ne bouge pas, convenant bien mieux au livre, je ne sais pas pourquoi ils ont choisi une autre traduction) se lit d'une traite. Je l'ai d'ailleurs lu en une journée. Margaret Mazzantini, tout comme dans son dernier roman Venir au monde, réussit à créer une ambiance lourde, parfois dérangeante, mais qui donne envie de savoir la suite.

Ce roman est la confession d'un homme qui craint de perdre sa fille, et qui révèle une part sombre de lui-même. Timoteo ne m'a pas parut sympathique. Ce n'est pas le genre d'homme que je fréquenterai dans la vie « réelle ». Il est infidèle, violent et égoïste. Par contre le personnage d'Italia est attachant et émouvant. Sa fragilité transparait dans l'écriture de Margaret Mazzantini. C'est en fait elle la véritable héroïne du roman. Une jeune femme abîmée par la vie.

Ecoute-moi est également un film, adapté du roman de Margaret Mazzantini et réalisé et interprété par son mari, Sergio Castellitto. Pénélope Cruz y incarne magistralement Italia.
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Un père, au chevet de sa fille plongée dans le coma suite à un accident de la route, comble le temps de cette attente insoutenable en racontant une histoire d'amour passée. La parole désespérée du père se met à nu pour oser dévoiler, face au silence comateux de sa fille, le secret de cet amour caché et improbable à travers lequel il s'est rencontré et abîmé. Il fait ainsi l'aveu des sentiments ambivalents et peu glorieux qui l'ont traversé. C'est le deuil de cet amour passé qui s'accomplit en même temps que s'affirme l'amour filial. Belle analepse qui fonde tout le roman et qui donne forme à la lutte déterminée pour la vie.
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Un texte dérangeant de prime abord mais passionnant ensuite.
Timoteo remonte le fil de sa vie alors que sa fille adolescente, Angela, se trouve entre la vie et la mort, suite à un accident de scooter. Son récit évoque avec dureté une liaison commencée violemment avec une femme de condition modeste, Italia, rencontrée comme par accident... Au fil du temps, cette histoire âpre, crue, se teinte d'éclat de tendresse, de lucidité, d'interrogation. Ce récit est la mise à nu d'un homme entre deux rives, pris dans les mailles des sentiments, sondant le mystère de l'attachement et de l'attirance sexuelle, évoquant douloureusement cette part obscure de nous-même, là où se niche notre vérité, alors que la vie se montre soudain si fragile...
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Prix Strega (Goncourt italien) 2002

"Écoute-moi" est un livre très fort qui surprend dès les premières phrases ; il y a une liberté de ton, un vocabulaire à la fois précis, cru et poétique, une façon de présenter la relation d'un homme aux trois femmes de sa vie (sa fille, sa femme et sa maîtresse) qui ne ressemblent à aucun autre écrit.

Un homme d'une cinquantaine d'années, chirurgien, attend dans une pièce attenante à la salle d'opération pendant que ses collègues essaient de sauver Angela, sa fille unique très aimée qui risque de mourir d'un accident de scooter.
Il lui raconte alors sa vie, de quoi était constituée son existence d' homme de quarante ans quand elle est née ; et en particulier sa relation avec sa maîtresse, une femme beaucoup moins distinguée que son épouse, une personne qu'il trouve déprimante au premier contact. Et puis, et puis... que s'est-il passé exactement ce jour-là ? Est-ce la chaleur, les deux verres de vodka bus sans rien manger, était-elle vraiment consentante ? C'est le début d'une relation étonnante, que lui-même a du mal à s'expliquer.

Il y a aussi dans ce livre de très beaux passages sur les relations mère - fille, sur l'amour paternel "Je suis un père quelconque, un pauvre père effondré de douleur, la bouche sèche, la transpiration et le froid entre les cheveux. C'est quelque chose qui ne passe pas, qui reste bloqué dans de vagues limbes de stupeur. Je suis en pleine prostration, en pleine embolie de douleur..." (p 16), sur les couples aussi, et le travail du temps et du destin.

Un livre confession, plutôt impudique, bouleversant, oppressant ; une histoire inoubliable racontée avec une sincérité peu habituelle.

Extrait p 27 : " Je l'ai rencontrée dans un café. Un de ces troquets de banlieue où le café est mauvais, comme l'odeur qui venait de la porte des toilettes entrouverte, derrière un vieux baby-foot aux bonshommes décapités par la fureur des consommateurs. On suffoquait de chaleur. Comme chaque vendredi, je devais retrouver ta mère dans la maison au bord de la mer que nous louions sur la côte, au sud de la ville. Ma voiture s'était éteinte sans un soubressaut, comme une bougie, sur la nationale déserte bordée par un champ sec et sale et par quelques hangars industriels. j'avais marché sous le soleil pour rejoindre les seuls immeubles qu'on voyait de loin dans les marges extrêmes de cette banlieue. C'était au début de juillet, il y a seize ans."
Lien : https://www.les2bouquineuses..
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Un père de famille à l'existence plate et rangée utilise le coma de sa fille pour revenir sur l'évènement, le seul peut-être, qui a réellement marqué sa vie : une liaison avec une femme qui n'est pas de son monde et qu'il va utiliser d'une façon presque outrageante. Regrette-t-il ? On ne parvient pas à le savoir. Revient-il sur cet évènement parce que c'est ce qu'il a connu de mieux ou presque dans sa vie, parce que c'est le seul écart qu'il s'est permis ? le roman part d'une idée qui pourrait être intéressante : comment quelques jours peuvent bouleverser une vie. Mais le héros n'est pas sympathique, l'amante est passive et sans relief, la liaison n'est pas si brûlante ni si bouleversante que çà, et au final il n'en reste pas grand-chose. Dommage.
"Venir au monde" du même auteur, est d'une autre dimension.
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Que pense Valentyne (Ecoute-moi de Margaret Mazzantini)de ce livre, Ecoute-moi, en lecture commune comme nous aimons tant à le faire quatre fois l'an? Ce premier livre de Margaret Mazzantini a eu pas mal de retentissement en Italie en 2004. Confession d'un chirurgien de renom que le très grave accident de scooter de sa fille Angela, quinze ans, plonge dans une auto-analyse bouleversante, douloureuse, impudique. Timoteo s'adresse ainsi à sa fille, entre la vie et la mort, comme s'il offrait ses aveux pour le salut d'Angela. Ecoute-moi est un roman très fort, certes traversé par un exhibitionnisme qui peut mettre mal à l'aise, mais qui explore les tréfonds de l'âme de cet homme, donc un tout petit peu aussi ceux du lecteur,de tréfonds. du moins c'est ainsi que je l'ai ressenti. Jusque là la parenthèse dans l'existence de Timoteo, quinze ans plus tôt était restée dans un coin de mémoire, comme entreposée, et je suppose que chacun pourra alors se reconnaître en lui. N'avons-nous pas presque tous comme ça un ou plusieurs épisodes de notre vie, comme enfouis mais prompts à nous sauter à la figure à l'occasion d'un choc comme le coma d'Angela? Non que cet évènement ancien soit forcément honteux ou glorieux, mais tellement inhérent et chevillé corps et âme à notre existence. Nos échecs et nos douleurs nous façonnent plus que nos réussites, plus relatives ou ressenties comme telles en général.

Difficile d'en dire davantage, ce serait trop dire, mais le voyage à l'intérieur de l'âme humaine où nous entraîne Margaret Mazzantini est bouleversant. La rencontre qu'a faite Timoteo il y a quinze ans coïncidait avec la naissance d'Angela. Comment cet homme instruit, cultivé et à l'aise, a-t-il pu s'engloutir dans une relation à première vue incompréhensible? Ce serait ignorer les pas toujours glorieuses incertitudes de l'amour, et les faiblesses, les coups du sort qui guettent les pauvres créatures terrestres que nous sommes. Comme un sentiment de déréliction, de perdition, voire de descente aux enfers flotte au, long de ce beau roman curieusement nommé ici Ecoute-moi alors que Non ti muovere se traduirait plutôt par Ne bouge pas. Mais je me dis aussi que pour une bonne écoute il faut rester là,presque sans bouger. C'est à ce prix que l'histoire de Timoteo se révèle comme très proche car à vrai dire Timoteo...c'est moi, ou peut-être vous, enfin nous tous, en ces moments si douloureux qu'il nous faut consentir à dire l'indicible.



Sergio Castellito, acteur réalisateur souvent sensible, et accessoirement époux de Margaret Mazzantini, a adapté le livre. le film est sorti en France sous le titre A corps perdu. Je ne l'ai pas vu mais ne suis pas sûr que Penelope Cruz soit le choix idéal pour le rôle d'Italia, qui met la vie de Timoteo sens dessus dessous. Et peut-on aller jusqu'à voir dans le prénom du personnage une métaphore du pays? Questo é il problema.
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J'ai lu ce livre il y a trés longtemps mais il m'a marqué, je ne sais plus pourquoi....détresse d'un pére face à sa fille dans le coma, amour absolu d'un homme adultére pour une femme anodine, fragilité de cette femme, fin pathétique de leur histoire.....
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