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EAN : 9782749162546
264 pages
Le Cherche midi (06/02/2020)
3.58/5   44 notes
Résumé :
L'Amérique est-elle condamnée à la bêtise, au machisme, à la paranoïa et au mensonge ?

Anna Crawford, professeure d'anglais au lycée de Seldom Falls, Pennsylvanie, est virée pour insubordination. Mauvais timing. Dans la foulée, un étudiant pénètre dans les locaux et se livre à une tuerie de masse : 19 morts, 45 blessés. Un temps suspectée par le FBI, Anna est rapidement innocentée. Mais le mal est fait : elle a été montrée du doigt, sa vie, jetée en ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (29) Voir plus Ajouter une critique
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"I'll give you my gun when you pry it from my cold, dead hands"

Il n'est pas facile d'écrire un roman sur un sujet aussi grave que les fusillades dans les écoles. McAllister y parvient plutôt brillamment en donnant vie et voix à un personnage féminin et féministe.

Anna est enseignante dans un lycée dans lequel une tuerie vient d'avoir lieu.
Brièvement soupçonnée d'être l'auteur de ce massacre, elle est rapidement innocentée. le véritable meurtrier est un adolescent, mais bien que mise hors de cause, la vie d'Anna se retrouve soumise à examen et à jugement par les médias nationaux et par la population.
Le récit va nous faire suivre Anna et la ville de Seldom Falls tout au long de l'année qui suit la tragédie.

Anna souffre fort logiquement du syndrome post traumatique. Elle connaissait toutes les victimes, elle aurait dû être au lycée ce jour là, elle n'avait jamais pensé être en insécurité dans sa ville si paisible.
C'est donc une femme déprimée et terrifiée qui nous dévoile ses pensées sur le fait d'être une femme dans un monde d'hommes brutaux, sur l'inquiétante culture des armes, sur la sensation croissante de ne jamais se sentir en sécurité, sur les médias avides, sur les mémoriaux sans signification que l'on érige, sur l'inutilité des institutions qui ne s'attaquent pas au fond du problème : la prolifération des armes à feu.
La peur collective prend de plus en plus de place, le bon sens perd face à l'hystérie, la bureaucratie, la politique.

Ironique, acerbe, en colère face à la bêtise et au machisme, la voix d'Anna offre une critique habile qui a du sens. Son cynisme et son nihilisme sont tout à la fois drôles et dramatiques. D'une prose tranchante, parfois trash, McAllister pose une question d'actualité : à quelles libertés sommes-nous prêts à renoncer pour assurer notre sécurité?

Traduit par Anne le Bot
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Anna Crawford est professeure d'Anglais dans une petite ville lambda de Pennsylvanie, comme il en existe des centaines partout dans le monde. Seldom Falls est la petite ville où il est censé bon vivre. À la suite d'un « écart de conduite », elle est mise à pied de son lycée et condamnée à se morfondre chez elle. Elle échappe donc au massacre perpétré par un étudiant, qui pénètre dans l'établissement et abat dix-neuf personnes et en blesse quarante-cinq. Son éloignement pour insubordination fait d'elle une suspecte potentielle. Avec les moyens que l'on imagine, la voilà emmenée de force, interrogée, finalement innocentée, mais vilipendée. Car si on est rescapée dans ces conditions, c'est qu'on a forcément quelque chose à se reprocher.
Alors qu'elle perd peu à peu pied avec la réalité, la ville autour d'elle, traumatisée, s'enfonce dans l'excès: les journaux cherchent si toutes les victimes sont réellement à plaindre et n'ont pas un cadavre caché dans le placard, le maire promulgue à tour de bras des lois liberticides afin de rassurer la population, l'invitation à la délation de comportements suspects est de mise, et, alors qu'il faut désormais montrer patte blanche pour accéder aux grands surfaces, l'armurerie n'a jamais été aussi prospère. La fin du monde est proche, contre les mécréants, une seule solution: armons-nous toujours davantage…
C'est un véritable pamphlet que nous offrent les éditions du Cherche-midi avec ce roman coup de poing de Tom McAllister. Pamphlet contre cette Amérique de Trump arqueboutée contre vents et marée sur son deuxième amendement, dans sa volonté d'être ultra sécuritaire. Ce qui débouche fatalement sur des situations absurdes : puisqu'un lycéen a pu pénétrer dans l'établissement pour tuer sans être arrêté, alors armons les professeurs et créons des milices étudiantes à même de riposter. Les autorités se déplacent, on créé un monument à la mémoire des défunts qui va forcément coûter une fortune et être très moche, on promet une riposte sans pitié, et on passe à autre chose parce que dans la ville d'à côté un nouveau massacre vient de commencer.
Tandis que l'auteur dénonce avec un humour féroce cet état de fait, il s'attache aussi à raconter le quotidien de son héroïne Anna, en se substituant à elle pour raconter ses errances à la première personne. Anna ne travaille plus, elle en est incapable. Elle renoue avec un ex-petit ami qui se croit obligé de lui venir en aide pour qu'elle aille mieux. Son frère qu'elle a tiré du marasme où il se trouvait quelques années plus tôt, ancien junkie désormais rangé, veut tout faire pour elle, même la faire venir chez lui et la protéger. Mais Anna ne veut pas. Ayant eu par le passé des soucis familiaux, elle est en définitive quelque peu asociale. Elle se cherche des buts dans la vie, se retrouve embarquée dans un comité de défense du citoyen, mais aussi dans un groupuscule dirigé par un obscur réverend Chet, pour qui la fin du monde est proche, et qui envisage la construction d'un gigantesque bunker à la sortie de la ville. L'allégorie du soleil absent de Seldom Falls est d'autant plus parlante : lorsqu'elle s'éloigne, Anna Crawford retrouve la lumière qui a disparu chez elle.
Vous l'aurez compris, j'ai réellement apprécié Ce qui nous tue. Il y a un côté résolument « Michael Mooresque » dans ce récit de l'Amérique actuelle et ses paradoxes, sans doute moins flamboyant, moins excessif qu'un bowling for Columbine, mais essentiel. Un vrai coup de coeur.
Je remercie infiniment les Editions du Cherche-midi pour leur confiance et pour m'avoir permis de découvrir ce premier roman traduit en France.
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Réquisitoire (et plaidoyer) contre l'absurdité juteuse et sanglante du Second Amendement qui fait des États-Unis une litanie de tueries de masse, l'une succédant à l'autre sans trêve, entraînant dans leur sillage de violence, de mort et de sang la répétition incessante des mêmes réactions, des mêmes indignations, des mêmes protestations stériles, le tout sous le "patronage" d'une NRA qui récupère cette violence pour démontrer et justifier la nécessité vitale pour chaque citoyen de s'armer, aidée dans son funeste marketing par le voyeurisme charognard des médias, le conditionnement mortifère des réseaux sociaux et des jeux vidéo et la complaisance arachnéenne des politiciens dont les fils de l'immense toile qui enserre le pays ont été tissés par la machiavélique entreprise.
Cette dénonciation est au littéraire ce que sont celles d'un Michael Moore au cinéma : lucide et sans appel !
La structure narrative nous fait habilement et froidement passer du jeune tueur avant son effroyable passage à l'acte, à la vie pré et post tuerie d'une enseignante, absente au moment du massacre pour cause de licenciement, qui va être soupçonnée dans un premier temps, avant d'assister post-traumatisée, mois après mois, au délire macabre d'une société désertée par tous ses repères, orpheline de sa raison et en proie à une folie collective.
Pour ce faire, l'auteur donne la parole à Anna Crawford, névrosée, alcoolique -qui ne le serait pas dans un tel contexte ! ?-, en quête d'un salut qui ne peut passer que par la...
Un extrait :
- Au bout de quelques semaines, l'enquête sur le tireur a été officiellement close. le manifeste qu'il avait écrit fournissait toutes les informations voulues, en particulier qui il haïssait et pourquoi.C'était une liste d'une déprimante banalité, celle d'un adolescent convaincu d'avoir découvert une vérité fondamentale, à savoir que les gens sont faux, que la religion organisée corrompt les hommes, que le monde est surtout fait de souffrance. Comme si on ne cherchait pas des moyens d'affronter cela autrement que par le meurtre. Dans son manifeste, il parlait de la solitude comme si ce problème avait été inventé pour le tourmenter lui et lui seul. Il se croyait plus intelligent que les autres. Il voulait ouvrir les yeux des gens sur toutes les choses horribles qu'il avait découvertes sur le Web. Passer trop de temps sur Internet sans prendre un peu de recul, c'est comme sortir au soleil de midi avec les pupilles dilatées. Il y a trop de choses à intégrer, il est impossible de tout digérer, tout ce qu'on sait, c'est que ça fait mal et qu'il faut y échapper. On est censé s'exposer graduellement aux horreurs du monde, afin de pouvoir acquérir au fil du temps une certaine immunité. On découvre peu à peu l'échec, la perte, la cruauté, le rejet, l'infériorité ; si on balance tout ça sur un gamin d'un seul coup, comment voulez-vous qu'il survive ?
Un livre sans concessions, sans complaisance, à l'humour corrosif, à la limite du pamphlétaire hard. Un livre à ne surtout pas manquer !
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J'ai reçu ce livre grâce au partenariat entre les éditions du Cherche-midi et le Picabo River Book Club !
Merci Merci !!!
Ce roman attaque directement dans le vif du sujet, et c'est tout ce que j'aime.
C'est comme si on ouvrait une porte et qu'on était aspiré à l'intérieur de quelque chose. J'adore être embarquée comme ça dès les premières lignes.
J'ai adoré l'énumération des derniers repas... juste avant de mourir ! Ça commence fort !
L'histoire est racontée par Anna, la prof d'anglais virée pour insubordination et un temps soupçonnée par le FBI d'avoir commis la tuerie de masse dans son lycée. Elle a une bonne dose de cynisme, une vision des hommes assez caustique et railleuse, c'est plein d'ironie, c'est drôle, c'est jubilatoire.
D'ailleurs elle a une vision ironique et désabusée sur le monde en général, sur la société, sur la religion, sur l'humanité, des petits jusqu'aux grands.
Au fil des pages on voit comment, pour lutter contre la violence, les américains utilisent une forme de violence. C'est très étrange comme logique. Les armes en libre circulation sont le fléau de ce pays, et ceux qui ont peur achètent des armes pour se défendre de ceux qui sont armés...

J'ai adoré Anna, ce personnage pas mal fêlé dont j'ai mis du temps à déterminer si son petit grain de folie était lié aux conséquences de l'attentat, ou si elle était déjà azimutée bien avant.
J'ai trouvé incroyablement perspicaces et drôles ses réflexions sur ses semblables ainsi que sur tous les détails de la vie et du quotidien... Elle a la tête remplie d'idées farfelues et tellement drôles, elle m'a passionnée du début à la fin.
Elle souffre d'un syndrome post-traumatique mais aussi, comme tant d'autres, de ce monde hyper connecté où on n'a plus le temps de respirer, où beaucoup cherchent leur quart d'heure de gloire quel qu'en soit le prix, où la pudeur et la décence se perdent : "La valeur de votre vie est directement proportionnelle au nombre de publicités qu'on peut diffuser avant la vidéo de votre assassinat."
J'ai aimé chaque personnage et chaque phrase de ce roman irrévérencieux et profond !
Je suis toujours impressionnée quand un auteur arrive à ce point là à entrer dans la peau d'une femme. Ce roman est pour moi un ÉNORME coup de cœur !

#PicaboRiverBookClub #EditionsCherche-midi
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Alors là, vraiment, voici un roman qui ne donne pas envie de vivre aux États-Unis ! Un livre sur un sujet très très grave: une tuerie dans le lycée d'une petite ville.
Une ville dans laquelle il faisait bon vivre, avant....
Puis sont arrivées la morosité, la jalousie, la bêtise et l'horreur !

J'aurais lâché l'affaire si l'écriture de Tom McAllister ne m'avait retenue.
Des phrases choc, des réflexions justes, de l'humour bien noir, et une narration décalée, qui ont fait que je suis allée au bout de l'histoire, même si j'y ai trouvé parfois un peu de longueur.
Par la bouche de son héroïne, Anna, prof dans ce lycée, complètement libre et insoumise, l'auteur nous raconte les conséquences terribles de cette tuerie.
Sans jamais parler ouvertement du pourquoi on en arrive là, comment, dans un pays se disant civilisé, on tue, et on laisse tuer des enfants, par des enfants,
Tom McAllister nous offre une vision terrible d'une Amérique où l'on n'est jamais en sécurité, que l'on soit un enfant, une femme, un homme , si l'on fréquente n'importe quel lieu public...
Voir si l'on reste chez soi....
Et c'est atroce, inconcevable, de quoi devenir dingue, comme Anna semble le devenir après avoir été accusée, puis innocentée,
mais qui garde toujours au fond de son cerveau des images qu'elle n'a même pas vues...
Ce livre est un cri et ce cri est celui-ci :
Il faut sauver l'Amérique des armes, de sa paranoïa, de sa faculté à retourner les situations....Qui aura le courage? L'ère Trump est-elle révolue?........
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Citations et extraits (29) Voir plus Ajouter une citation
Un vaisseau spatial non habité s'était posé sur Mars, où il avait lâché deux robots destinés à collecter des données. Les robots allaient partir dans des directions opposées, et le seul moment où ils ne seraient pas seuls sur cette planète, ce serait donc pendant les quelques secondes avant de se mettre au travail. Ils allaient déterminer si Mars était habitable. Personne ne s'attendait à y trouver des extra-terrestres, mais je me suis dit : "Et si les extraterrestres essayaient de nous éviter ?" On présume toujours qu'ils sont là-bas en train de planifier notre destruction, mais il me paraissait beaucoup plus probable qu'ils aient entendu parler de nous et décidé de garder leurs distances. Si on sait qu'il y a un requin dans l'eau, on ne va pas se baigner. Si on sait qu'il existe une planète peuplée d'êtres dont l'ambition est de se détruire, on va ailleurs. Les extraterrestres attendaient qu'on s'anéantisse pour pouvoir emménager sur notre planète, dans l'ensemble assez fonctionnelle. J'ai commencé à laisser ma fenêtre ouverte la nuit dans l'espoir qu'un OVNI atterrisse non loin de là et qu'ils m'enlèvent pour me ramener chez eux.
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Tout interdire sauf les armes. Interdire les espaces publics. Interdire les bâtiments. Interdire les doigts qui appuient sur la détente. Interdire la colère. Interdire la chair, les organes, l’épanchement de sang. Interdire les femmes et les enf qui constituent des cibles faciles, interdire les hommes qui aiment tirer sur des cibles. Interdire la physique et la vitesse. Interdire les interactions humaines.
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En Amérique, on envoie les enfants à l'école pour se faire tuer et apprendre l'algèbre, la physique, l'histoire, la biologie, la littérature. Les nations moins civilisées ne possèdent pas de système aussi organisé pour assassiner leurs enfants. Quand il y a des massacres dans les pays sous-développés, c'est parce que ce sont des sauvages. Quand il y a des massacres dans notre pays, c'est parce que nous sommes des individus accomplis et que nous reconnaissons la nécessité de sacrifier des vierges de temps à autre. Ces pays sont obligés de fomenter des guerres civiles, d'enrôler des enfants dans l'armée, de les doper aux amphés et de leur donner des kalachnikovs, et ce système est beaucoup plus aléatoire et nettement moins sûr pour les adultes. Il leur faut la famine et la misère pour étouffer lentement les enfants, plutôt que de les abattre humainement derrière leur pupitre. Il leur faut des drones prédateurs expédiés par une nation nettement plus évoluée en matière de meurtres d'enfants.
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Au début, j'avais cru vouloir être informée de tous les dangers autour de moi, mais en réalité, ça me paralysait. Il était possible de désinscrire du registre, mais si la prochaine alerte concernait un danger extrême ? Si Godzilla débarquait en ville et que j'étais la seule à ne pas être au courant ?
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Dès qu'Adam a découvert sa capacité d'érection, le monde a été voué à sa perte. Il a essayé de l'introduire dans Ève et, bien qu'elle ait eu quelques doutes, elle l'a laissé faire parce que ça semblait plus simple. Il était tellement fier de lui, comme si il avait inventé quelque chose. Tout ce qu'il voulait c'était de l'admiration pour son érection, et quand il ne l'obtenait pas, il pétait les plombs.
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