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10 aout 1792: combats des Tuileries comme si vous y étiez!
( Reste à savoir dans quel camp? )
Un palais mis à sac, des centaines de morts royalistes et fédérés, et une famille royale aux jours comptés, qui se met sous protection de l'Assemblée nationale ( pour si peu de temps...)

Le premier chapitre donne le ton, flamboyant, martyrisant, sanguinolent. Ca sent la mitraille et la rage du peuple est oppressante. La France des lumières affronte un cataclysme national, et les quelques personnages imaginés par Antoine de Meaux subissent, chacun dans leur statut social, la violence des événements de la Terreur.

Pour entamer ce livre politique et guerrier, il convient de faire (si nécessaire) une petite révision de sa Révolution française, au risque de se perdre entre Club des Jacobins, Girondins et Comité de salut public. La période est à l'instabilité de gouvernance, en particulier entre Paris et les Provinces. Et les faits relatés sont souvent compliqués et obscures pour comprend qui est qui, et comment chacun s'adapte à la nouvelle structure politique du pays.
C'est sans doute là que se place mon bémol car l'excès de précisions et détails noie la lecture, laissant en plan les personnages très peu développés ou trop nombreux, et une vue chronologique d'ensemble trop floue.

Roman ou docu-fiction? Ouvrage plus historique que romanesque, minutieusement documenté. L'écriture un peu ampoulée et pomponnée confère au récit un cadre adapté, désuet jusque dans le langage. Ici pas de bluettes sentimentales, pas d'intrigues fictives, mais des détails du quotidien nombreux, des descriptions sanglantes de combats ou d'exécutions au rasoir national. Un panorama crédible de ce que les français ont du vivre, subir et combattre pour se sauver la mise.

Notre Révolution: une bien affreuse période de terrorisme d'Etat.
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Voilà un primo-romancier qui n'a choisi ni la facilité, ni l'air du temps, mais pris le parti de nous replonger dans l'une des périodes les plus mouvementées de notre histoire : la Révolution. Il le fait avec talent et surtout une belle maîtrise. D'un coup, le lecteur se trouve comme transporté dans le temps, au milieu du bruit et de la fureur, d'un monde en train de disparaître dans des flots de sang. On pense un peu à La Religion de Tim Willocks pour la science du récit des affrontements, mais en beaucoup plus fin et bien mieux écrit.

De la Révolution Française, à moins d'avoir étudié la période de bout en bout, on connaît surtout les grandes phases, les événements parisiens, ainsi que les épisodes vendéens qui ont fait l'objet de nombreux livres et films. Beaucoup moins la façon dont la contre-révolution a été matée à Lyon et dans sa région alors que des gentilshommes fidèles au roi même après son exécution et surtout désireux de ne pas céder à la terreur - ni aux diktats parisiens - auront résisté jusqu'à la mort. Antoine de Meaux s'est donc glissé dans les pas de la noblesse lyonnaise et plus particulièrement de la famille de Pierrebelle dont quelques membres ont assisté le 10 août 1792 à la prise du Palais des Tuileries, prélude à la chute de la famille royale. Charles de Pierrebelle y a laissé la vie, sous les yeux de son frère Jean alors qu'accompagnés de leur beau-frère Louis du Torbeil, ils faisaient face aux hordes de révolutionnaires déchaînés. Rentrés à Lyon, ils réussissent dans un premier temps à reprendre la ville même si le temps joue contre eux. Car alentours, dans les campagnes, le peuple gronde, la machine est lancée et elle ne s'arrêtera pas.

Sous la plume de l'auteur, la fureur est palpable, le sang coule, les cris et les chants accompagnent les exécutions et les assassinats, les visages sont déformés par la haine. "Toute cette affaire, au fond, n'était pas compliquée. La nation sécrétait en son sein un corps étranger. Afin d'assurer l'ablation de cette tumeur, il fallait charcuter. le sang giclerait, çà et là. Il serait toujours temps, plus tard, de faire le tri entre le bon grain et l'ivraie, entre ceux qui, par niaiserie, s'étaient laissés entraîner, et les meneurs, qui connaîtraient bientôt le glaive de la nation, ou plutôt son rasoir". Dans la famille Pierrebelle, chacun est engagé à sa manière dans les combats. Les chocs sont rudes et bientôt, il ne faudra plus songer qu'à sauver sa peau...

Ce qui est remarquable dans ce roman, c'est la façon dont il parvient à inscrire les destins individuels de quelques personnages dans une Histoire en marche et un collectif. Tout est groupe, armées, hordes, files de condamnés. Même les fosses sont communes car au rythme où l'on exécute, il n'y a plus le temps de penser aux sépultures. Là où nombre de livres nous accrochent aux basques de héros porte-paroles, celui-ci s'attache à nous donner une vision d'ensemble, comme un immense tableau figurant des combats où l'on pourrait soudain reconnaître l'un ou l'autre des personnages. Ils sont tous des témoins. Mais ils ne vivront pas tous suffisamment pour le raconter.

Pas de méchants ni de gentils, le propos est ailleurs à montrer un monde qui bascule et des individus pris dans la tourmente. Une fresque historique enthousiasmante et ambitieuse, servie par un récit enlevé et passionné. Bluffant.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Ce roman historique nous plonge, à travers l'histoire d'une famille, en plein cœur de la Révolution française. Plus précisément, l'auteur, Antoine de Meaux, s'est concentré sur un épisode bien précis et peu étudié de cette période, celui du soulèvement de Lyon contre la Convention en juin 1793 qui conduisit au siège de la ville et à une terrible répression par la suite.


L'HISTOIRE
Point de départ de ce récit, une date, un lieu, un événement : le 10 août 1792, convaincus de la complicité de Louis XVI avec l'étranger, les fédérés et les sans-culottes prennent d'assaut le palais des Tuileries, obligeant le roi et sa famille à se réfugier à l'Assemblée. Quatre personnages d'une même famille participent alors à cette journée sanglante, mais pas dans le même camp : tandis que Louis du Torbeil et ses deux jeunes beaux-frères, Jean et Charles de Pierrebelle, tentent chacun de leur côté de prêter main-forte aux défenseurs des Tuileries, leur cousin Rambert Conche fait partie des émeutiers qui assaillent le palais. Cette tragique journée se solde par des centaines de morts, dont celle du garde national Charles de Pierrebelle, le sac du palais des Tuileries et la chute de la royauté.
Alors que la Terreur se profile, nos personnages regagnent leur terre natale, à Lyon et dans le Forez. Mais les kilomètres qui les séparent de Paris ne les éloignent pas pour autant des soubresauts de la Révolution. La politique de la Convention, bientôt dominée par les jacobins radicaux, ne fait pas l'unanimité à Lyon, loin de là. Ainsi, au printemps 1793, la municipalité de Lyon, dominée par les jacobins de Chalier, est renversée au profit des modérés. La rupture entre Lyon et la Convention est consommée en juillet 1793 lorsque Chalier est guillotiné : la Convention envoie alors des troupes armées conduites par le général Kellermann pour rétablir l'ordre dans la ville. C'est alors que les différents membres des familles de Pierrebelle et Conche – Louis, Jean, Camille, Barthélemy d'un côté, Rambert Conche de l'autre – vont s'engager dans cette nouvelle lutte, une véritable guerre civile. Commence alors un siège qui va durer deux mois, entre le 9 août et le 9 octobre 1793 : mouvements de troupes, combats d'artillerie, bombardement de la ville, incendies, disette… rien ne sera épargné à la ville de Lyon qui finit par se rendre ni à nos différents protagonistes qui connaîtront chacun des destinées très différentes… Renommée Ville-Affranchie, la ville subit alors une lourde répression menée notamment par Fouché et Collot d'Herbois : exécutions massives (guillotine, fusillade, mitraillade), destruction d'immeubles et des remparts de la ville.


UN SUJET ORIGINAL ET POINTU
La Révolution française, largement représentée dans la littérature historique, est un véritable sujet de prédilection pour les romanciers, que ce soit les événements parisiens ou bien les guerres vendéennes. En revanche, le thème des insurrections fédéralistes est rarement voire pas du tout abordé en littérature. Plus largement, peu de livres d'histoire, de revues, de magazines ou de films traitent de ce sujet qui reste mal connu mais qui est ô combien passionnant, reflétant toute la complexité de la Révolution française. Car contrairement des guerres de Vendée, les fédéralistes sont des républicains, ils se battent pour une certaine idée de la Révolution, mais celle-ci est devenue une véritable machine à tuer infernale, incapable de s'arrêter.
Un sujet aussi pointu aurait certainement mérité une note historique en début d'ouvrage – chronologie des faits et contexte historique – pour mettre le lecteur dans les meilleures conditions pour aborder ce roman passionnant mais néanmoins exigeant.


UN ROMAN TRÈS DOCUMENTÉ
Antoine de Meaux s'est livré à un très méticuleux et remarquable travail de documentation pour retranscrire le plus finement possible le déroulement du siège de Lyon. Témoins de ce travail de fourmi, les annexes qui contiennent deux arbres généalogiques – celui de la famille de Pierrebelle et celui de la famille Conche –, un plan du palais des Tuileries et des cartes de Lyon et de la région.
Ce très fort souci du détail historique, qui revêt parfois un caractère quasi chirurgical, alourdit parfois le récit, cassant le rythme, l'étirant, noyant le lecteur dans des descriptions lui faisant perdre le fil de l'histoire. Même les personnages semblent parfois écrasés par le poids des descriptions tant le souci de véracité historique semble prévaloir sur la fiction : l'Histoire prend alors le pas sur l'histoire. Cette impression est renforcée par le fait que les personnages n'ont guère d'interactions entre eux, ils agissent la plupart du temps de manière isolée. La Révolution dévore tout sur son passage, même ces personnages de roman dont on découvre au fil de la lecture le passé par bribes, mais les temps ne sont plus les mêmes et toutes les actions, pensées et sentiments des personnages sont vus par le prisme de la Révolution. En revanche, à la fin du roman, alors que la ville de Lyon s'est rendue, les personnages reprennent le dessus, semblent plus vivants et prennent du relief.
D'autres fois, au contraire, la présence de détails historiques, par leur force évocatrice, permet au récit de prendre son envol, participant à l'intensité dramatique et au souffle romanesque qui plane tout au long du roman.
Quoi qu'il en soit, force est de constater le talent avec lequel Antoine de Meaux réussit à inscrire les destins individuels de plusieurs personnages dans une magnifique fresque de l'Histoire en marche et brosse un tableau aussi fidèle que possible de ces événements dramatiques, avec moult détails.


UN ROMAN EN QUATRE PARTIES
Ce roman se compose de quatre grandes parties chronologiques, chacune divisée en courts chapitres, tels des saynètes. Une structure très agréable compte tenu de l'épaisseur du livre : 464 pages ! En effet, ce découpage bien rythmé ainsi que la présence de sauts de ligne tout au long du roman permettent une bonne aération du texte, le rendant tout à fait digeste et facilitant la lecture… et les pauses ! Le lecteur peut ainsi tout à loisir dévorer des centaines de pages à la suite ou grignoter par petits bouts si son emploi du temps ne lui permet pas de lire des heures durant.
Cependant, cette structure, de par son côté haché, a aussi ses points faibles : les saynètes se succèdent les unes aux autres, on passe d'un personnage à un autre, d'un lieu à un autre, le tout sans jamais s'attarder, comme si le temps nous était compté… mais il l'est compte tenu des événements que vivent les personnages.


DE NOMBREUX PERSONNAGES, FICTIFS OU RÉELS
La galerie des personnages est pour le moins impressionnante ! Qu'ils soient au premier plan ou à l'arrière-plan, ils sont tous importants, ils jouent tous un rôle dans cette vaste fresque historique : soldat, général, prêtre, noble, négociant, artisan, paysan, etc. Tous ces personnages, réels ou fictifs, se retrouvent emportés par les flots de cette guerre civile, conduisant des membres d'une même famille à se combattre, des paysans à affronter des nobles et des royalistes en déroute, mais tous sont déterminés à faire gagner leur Révolution, leurs idéaux.
Côté personnages réels, citons notamment le général Kellermann, Fouché, Collot d'Herbois, le général de Précy, Chalier, Couthon ou bien encore Dubois-Crancé.
Les personnages fictifs ne sont pas en reste puisque l'auteur s'est glissé dans les pas de la famille de Pierrebelle, robins anoblis, et de la famille Conche, négociants en soie, deux familles du Lyonnais et du Forez. Nous voici en présence d'une belle brochette de personnages, mais peu de femmes en définitive, à part Sophie de Pale et Jeanne : les frères de Pierrebelle – Jean (noble qui tombe amoureux de la jeune Sophie de Pale), Charles (garde national qui meurt dès le début du roman), Camille et Barthélemy (prêtre réfractaire) – ; leur beau-frère Louis du Torbeil ; leur cousin jacobin Rambert Conche (ancien oratorien défroqué, conseiller de Chalier) et son frère négociant en soie, Irénée Conche. Des personnages certes fictifs, mais dont les parcours sont représentatifs des nombreux destins broyés ou transcendés par la Révolution.


UN STYLE LITTÉRAIRE, AVEC UNE RÉELLE FORCE ÉVOCATRICE
En prenant le parti de relater le plus fidèlement possible le soulèvement et le siège de Lyon, Antoine de Meaux se trouvait un peu contraint par la forme : présence importante des descriptions et intervention d'un narrateur omniscient, présent sur tous les terrains, en tous lieux, mais aussi dans toutes les pensées des personnages. Le côté un peu figé et statique du récit aurait pu être adouci par la présence de dialogues – il y en a mais pas suffisamment.
Cependant, ce sont ces descriptions, parfois un peu longues mais très vivantes, qui permettent au lecteur d'entrer en plein cœur de l'histoire, de s'imprégner du contexte d'alors au point d'être parfois rebuté par le réalisme de certaines scènes violentes. Pour peu que le lecteur s'accroche lors de la lecture des premières pages, ce sera gagné, il entrera dans l'imaginaire très visuel de l'auteur. Il se retrouva alors littéralement transporté dans le temps à Lyon, au milieu du bruit et de la fureur, passant de scènes de chaos à d'autres scènes aussi terrifiantes. Sous la plume à la fois soignée, élégante et agitée d'Antoine de Meaux, la fureur et la haine sont palpables, les cris accompagnent les exécutions, le sang coule sur les scènes de bataille…


Un roman d'une précision historique incroyable, servi par une écriture soignée et pleine de vie.


Merci à Babelio et aux éditions Phébus pour ce partenariat (opération Masse Critique).
Lien : http://romans-historiques.bl..
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un, deux, trois…

Trois fois que je reprends ce roman et j'abandonne !

Pourtant j'adore les romans historiques se déroulant durant la période de la Révolution française !

Si j'ai un peu apprécié le début de ce livre, avec les descriptions de la Prise des Tuileries le 10 août 1792, j'ai vite été perdue par le style, détaillé certes, mais haché, parfois vulgaire, peu adapté à un récit historique !
De plus, la chronologie n'est pas respectée et ainsi on se retrouve faire des bons temporels sans explications…

L'histoire de ces ci-devants Louis du Torbeil et ses frères ne m'a pas intéressée, et leurs histoires d'amour encore moins.
Les personnages surgissent sans présentation préalable et on est vite perdus entre eux…

C'est vraiment dommage car l'histoire se poursuit à Lyon pendant la contre-révolution mâtée par Fouché et Collot-d'Herbois.

J'ai trouvé le titre particulièrement racoleur !
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Fresque magistrale de simples humains emportés par le souffle de l'histoire ; ci-devant aristos, bras baissės et têtes coupées, et révolutionnaires, affamés d'égalité, ont connu en ces années les troubles les plus sanglants de l'histoire de France. Parmi eux et au milieu d'eux, à Lyon et ses environs, la famille de Pierrebelle - les frères Jean, Charles, Barthélémy, Camille, Louis marquis de Torbeil, le beau-frère- , la douce Sophie, et puis le Chancru, Rambert et d'autres. Et puis après ? Tous ces morts pour cela.... Avec une plume trempée dans le sang, Antoine de Meaux a écrit là un roman extrêmement dense et documentė, exalté et exaltant.
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Sur un sujet passionnant et relativement méconnu - l'Histoire de la Révolution se limite trop souvent à Paris et à la révolte vendéenne - Antoine de Meaux compose un roman ambitieux, original, très solidement documenté mais assez inégal.
La plume est résolument littéraire : une langue belle, très descriptive, souvent poétique, des choix narratifs qui évitent les effets attendus et privilégient souvent le détail à la logique d'ensemble des événements. Un choix personnel, assez original, mais qui n'est pas sans défauts : si les descriptions sont prenantes et composent une atmosphère très forte, si certains passages sont d'une puissance superbe, le tout s'éparpille dans une construction très fragmentaire qui manque parfois de concision sur l'essentiel. Plusieurs fois, je me suis retrouvée un peu perdue, ne sachant plus trop dans quel camp et auprès de qui j'étais, et peinant à trouver grand intérêt à une succession de petites saynètes oubliées sitôt que lues.
Entre les deux morceaux de bravoure que sont le début - la prise des Tuileries - et la dernière partie du roman - le siège de Lyon et les combats des troupes alliées cherchant à rejoindre la ville depuis les monts du Forez - un gros morceau central du récit se perd dans des longueurs un peu pénibles, que les personnages n'ont pas assez de corps, de profondeur, pour rendre vraiment intéressantes. le sentiment de délitement qui s'empare de ces hommes dont le monde vient de s'écrouler, dont l'identité se trouve soudain niée par le nouvel ordre qui s'installe, est fort bien rendu, certes, et le propos de l'auteur est justement là. Toutefois, je lui aurais trouvé beaucoup plus de poids s'il avait été conté de manière un peu plus concise, ou attaché à des personnages plus travaillés.
C'est bien dommage, car le fracas des batailles, leur horreur, leur absurdité, leur grandeur désespérée, sont eux superbement rendus. L'effondrement final est magnifique.

C'est au final un roman dont je garderai sans doute le souvenir d'une ambiance, mais dont les personnages risquent de s'effacer assez vite de ma mémoire. Décevant par certains aspects, enthousiasmant par d'autres - à recommander malgré tout à ceux que la période intéresse !
Lien : http://ys-melmoth.livejourna..
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Ceux qui me suivent savent que j'affectionne la période révolutionnaire, j'étais donc très enthousiaste en recevant ce livre. Or, malgré un début extrêmement prometteur (les scènes de l'insurrection parisienne sont pleines de bruit et de fureur !), je n'ai pas accroché à l'histoire. La lecture fut certes plaisante mais j'ai bien peur qu'elle ne s'efface progressivement de ma mémoire.
On ne peut reprocher au livre un manque de documentation, bien au contraire, mais toute cette érudition vient plomber le rythme de l'histoire (comme cette liste des guillotinés et des fusillés qui s'égrènent sur 5 pages complètes - était-ce bien nécessaire ?). Et il vaut être mieux calé sur l'époque car certaines événements ou certaines références ne sont pas expliqués par des notes de bas de page, ce qui aurait été bien utile pour les lecteurs qui découvrent ce pan de notre histoire.
L'auteur n'est donc pas avare de détails historiques, donnant parfois l'impression de nous livrer un compte-rendu linéaire des événements plus qu'un roman. Le tout est donc assez touffu et dense, mais ce luxe de détails n'est malheureusement pas contre-balancé par le développement satisfaisant d'une intrigue. On passe trop rapidement d'une scène à une autre, d'un personnage à l'autre (dont il est d'ailleurs dommage que la psychologie ne soit pas plus développée car nous n'arrivons pas vraiment à nous attacher à eux), ce qui nous empêche de nous imprégner vraiment de l'atmosphère tragique qui sous-tend le roman tout en rendant la compréhension de certains passages assez confuse : à certains moments, on a du mal à savoir de quel camp en présence parle l'auteur.

De plus, je n'ai pas été convaincues par les amourettes des protagonistes car elles ne sont pas assez approfondies pour que l'on s'y intéresse vraiment, et paraissent de ce fait assez artificielles et inutiles à l'intrigue.

C'est dommage, car certains passages sont pleins de poésie et très joliment écrits. J'ai beaucoup aimé la description des paysages, par exemple.

Pour conclure, une lecture en demi-teinte. Je trouve que le potentiel du livre a été gâché par certains choix de narration qui mettent trop l'accent sur une histoire événementielle au détriment d'une intrigue plus étoffée. De plus, malgré la beauté et la poésie de l'écriture, il manque un souffle épique à l'histoire et de la chair aux personnages. Ces derniers traversent cette histoire tragique sans nous émouvoir vraiment.

En tout cas, je remercie Babelio et les éditions Phébus pour ce partenariat.
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Une révolution, des batailles, des chassés-croisés et surtout des hommes; comme toujours, les sincères, les exaltés et les opportunistes. Des femmes aussi qui luttent pour survivre, quoiqu'il se passe, et des enfants perdus au milieu des champs de bataille. Des gens qui s'aiment aussi dans la fureur et le sang, malgré tout. Un grand roman, un roman fleuve mais jamais ennuyeux tant le récit est fluide et coule à travers de courts chapitres qui dynamisent l'ensemble de l'histoire. On apprend énormément de ce récit très détaillé. Et notamment que la révolution ne s'est pas passée seulement à Paris mais aussi à Lyon où ce sont affrontés des radicaux et des modérés. Saisissant!
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Un souffle puissant qui se répand comme un fleuve et qui sert à dresser une fresque sanglante et flamboyante de ce moment historique.
Un souci du détail historique qui révèle un extraordinaire travail de documentation. Vocabulaire, noms de lieux, noms de personnes : tout est d'une grande précision.
Dans ce récit, on suit l'armée des Lyonnais avec force détails, le long de chemins ou de routes où apparaissent une quantité de noms de hameaux, de villages ou de villes. On la retrouve dans la ville de Lyon où l'on se perd à cause de l'abondance des noms de lieux évoqués.
Lyon a été une ville martyre en 1793, presque entièrement détruite, dont un grand nombre d'habitants a été passé au fil du « rasoir national », un des surnoms de la guillotine, sinistre emblème de la Révolution qui dérive.
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« le Fleuve guillotine », par Antoine de Meaux Phébus
En décembre 2014, j'avais écrit un article intitulé « Pro Rege et Fede », relatant les terribles évènements qui se déroulèrent dans le Forez et dans le Lyonnais en 1793 et 1794. Puis, en novembre 2014, je me rendis à Feurs, petite ville de la plaine du Forez, afin d'assister à la messe célébrée chaque année à la Chapelle des Martyrs, en mémoire des victimes de l'infâme Claude Javogue, l'envoyé de la Convention, celui qui devait déclarer sans frémir « Je savourerais avec délices le plaisir de faire guillotiner tous ces aristocrates, muscadins, prêtres, négociants et accapareurs qui vantent leur patriotisme ; je ne reconnais pour vrais patriotes que ceux qui, comme moi, dénonceraient au besoin leur père, leur mère et leurs soeurs et boirais sous l'échafaud un verre de leur sang. La véritable religion, c'est la mort des aristocrates, la seule divinité d'un bon républicain, c'est la guillotine ». Cela me donna l'occasion d'écrire un nouvel article sur le sujet, intitulé « Commémoration des martyrs foréziens ». Durant ce séjour dans la Loire, je me rendis également à Saint-Etienne, où je participais à une émission de RCF . C'est dans le studio de cette radio que je découvris un roman dont j'ignorais jusque-là l'existence : « le Fleuve guillotine », le premier roman d'Antoine de Meaux. Je me suis empressé de le lire. Il s'agit d'un roman historique dont l'action débute à Paris le 10 août 1792 juste avant l'attaque des Tuileries, avant de se dérouler principalement dans le Forez et le Lyonnais, durant la tragique période de la Terreur. Les personnages sont les protagonistes des évènements qui ensanglantèrent la région. L'auteur décrit les déchirements familiaux causés par cette véritable guerre civile. le long siège de Lyon et les souffrances qu'il engendra y sont particulièrement bien décrits. Les personnages du roman sont, pour la plupart, issus d'une même famille forézienne. Peut-être sont-ils d'ailleurs inspirés par des membres de la famille de l'auteur, lui-même descendant d'une des victimes de la Terreur, exécutée à Feurs en 1793. Antoine de Meaux évite le piège du manichéisme : il décrit la réalité de cette cruelle période telle qu'elle fut, sans chercher à glorifier ses héros. Ce livre est la chronique d'un monde qui n'est déjà plus, d'un monde qui est en train de basculer. le plus grand mérite de l'auteur est d'avoir levé le voile sur ces évènements qui déchirèrent le Lyonnais et le Forez durant la Révolution. Depuis la fin des années 80, le travail accompli par de nombreux historiens a permis de sortir la guerre de Vendée de l'oubli et surtout d'en révéler sa dimension génocidaire. Mais les atrocités commises dans le Rhône et dans la Loire demeurent très largement méconnues de la majorité des Français. Ce roman historique constitue donc une contribution significative à une meilleure connaissance de cette tragique période. Ce roman est fort bien documenté, il est le fruit d'un considérable travail de recherches historiques. « le Fleuve guillotine » n'est pas un roman facile, il est peuplé d'un grand nombre de personnages, de terribles évènements se bousculent, s'entremêlent, et la période est sombre, très sombre. Mais c'est un roman utile, je dirais même indispensable, pour mieux comprendre ce que fut réellement la Révolution française et l'impact qu'elle eut, en province, sur les gens ordinaires qui la vécurent, qui eurent à la subir. En lisant ce livre, on réalise à quel point cette révolution bouleversa tant de destins, tant de vies. Antoine de Meaux contribue à remiser les images d'Épinal qui, trop longtemps, ont tenu lieu de connaissances historiques pour bon nombre de Français, en ce qui concerne cette période de l'Histoire de France. Enfin, « le Fleuve Guillotine » est très bien écrit, le style est sobre et clair, les phrases sont courtes, comme je les aime. Un livre à lire, absolument !
Hervé Cheuzeville, 20 avril 2017.

Lien : http://cheuzeville.net/
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