Deux enfants dans la tourmente

Ange-Abraham et Mustapha sont nés le même jour dans la même maternité à Alger. Leurs mères sont devenues amies et ils sont comme 2 frères.
Seulement l'un est juif et l'autre est musulman, et le livre raconte leur histoire entre 9 et 13 ans, soit entre 1958 et 1962, donc pendant la guerre d'Algérie.

L'histoire, très émouvante, est racontée par Ange avec ses mots d'enfant, soit directement, soit à travers des extraits de son journal et de sa correspondance avec Mustapha.
Le drame de la guerre d'Algérie est présent à chaque page, vu à travers les yeux d'un enfant.
Ange et Mustapha donnent cependant une très belle leçon d'amitié, plus forte que la guerre et que les problèmes religieux.

Par une étrange coïncidence due à l'intercession de Babélio et à 2 Masses critiques, j'ai lu ce livre jeunesse sur Deux enfants dans la tourmente de la guerre d'Algérie en même temps que le livre de Thierry Cohen, Avant la haine, qui raconte l'histoire de Raphaël et Mounir, deux amis, l'un juif, l'autre musulman, qui vont en venir à se haïr. Il était intéressant de voir le décalage entre les 2 périodes et de comparer le traitement entre un livre jeunesse et un livre pour adultes.

Je remercie donc Babélio et les éditions Chemins de traverse pour ce partenariat dans le cadre de la dernière opération Masse critique jeunesse et pour la découverte de cette belle histoire.

Un petit bémol cependant : je crains que la forme du livre ne rebute un peu les enfants qui sont habitués à de belles illustrations sur papier glacé:
-l'image de couverture est très particulière et ne m'a pas plu du tout, ni à mes enfants,
-les illustrations sont de simples photos sans charme particulier,
-le livre est plus large que la moyenne, ce qui fait de longues phrases sur une seule ligne, ce qui peut gêner la lecture des enfants,
-il y a des problèmes typographiques avec les notes de bas de page en page 13.

La guerre d'Algérie vue à travers le l’histoire, le regard et la relation amicale de deux enfants, Ange-Abraham le juif d’origine française et Mustapha, l’arabe musulman, entre le 15 juin 1958 et le 20 décembre 1962. Différents types de narration nous sont proposés : le journal intime d'Ange, la correspondance entre les deux garçons, un récit simple (parfois agrémenté des propres souvenirs de l'auteur) et également des témoignages iconographiques.
Avant l’indépendance de l’Algérie, les juifs et les musulmans y vivaient dans une relative harmonie. Les rencontres et les moments que les deux garçons passent ensemble deviennent plus rares à cause des événements qui séparent peu à peu les communautés. Petit à petit leurs relations s’espacent et sont même interrompues puisque la dernière lettre d’Ange à Mustapha ne lui parvient pas : il l’avait invité à sa Bar Mitsvah mais ils ne peuvent pas vivre ensemble ce moment important de la vie d’Ange.
Face à cette guerre qui ne dit pas son nom, chaque adulte réagit à sa façon. Certains attisent les tensions. Le frère de Mustapha s’engage avec le FLN, ce qui va le conduire à la mort.. Le père d'Ange veut rester en Algérie car il croit que la fraternité que les Juifs d'Algérie vivent avec les Algériens va résister mais non. Ce n'est qu'un rêve dans ces temps troublés et il faut se résoudre à partir en France. Et finalement c’est ce « retour » en France qui va permettre à Ange et Mustapha de se retrouver puisque ce dernier y a rejoint son père qui travaille en banlieue parisienne.

Ce livre a plutôt été écrit pour les adolescents et il reste assez simple. Mais son message est universel. Ange et Mustapha sont nés le même jour, dans la même maternité. C'est une belle métaphore de notre humanité : nous sommes tous différents, mais touts membres de la même famille humaine, « frères de coeur » comme l'écrit Mustapha à Ange.

Un grand merci à Babelio et les Éditions Chemins de Traverse pour cette belle découverte.
Ce court livre jeunesse nous raconte l'enfance de Ange-Abraham Choukroun et de Mustapha son ami, à travers le journal de Ange et de sa correspondance avec son meilleur ami.
Enfance dans l'Algérie des années 60, déchirée par un état de guerre, de massacres, de tueries et de souffrances. Les enfants sont liés par une amitié indéfectible, qui perdure malgré l'éloignement géographique de Ange, le juif et de Mustapha, le kabyle.
Le livre démarre lors des 9 ans d'Ange, et l'on voit les événements monter en puissance à travers son journal intime, son insouciance se transformer en peur, et finalement l'exil.
Ce livre écrit avec des mots d'enfants est très émouvant, mais aussi très drôle, car dicté par l’innocence de la jeunesse. Il est étayé sur des faits réels et raconte une période douloureuse de l'histoire d'Algérie.
Un sujet délicat évoqué avec beaucoup de pudeur.
Très belle écriture de l'auteure, j'ai beaucoup aimée.
Tranche d'âge, je dirais : 9/14 ans et plus bien sûr.