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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Avec Jeudi noir, Michaël Mention nous transporte à Séville lors de la Coupe du Monde de football en 1982 revivre minute par minute l'affrontement devenu mythique entre la France de Battiston et l'Allemagne de Schumacher. Honnêtement, pour quelqu'un qui ne s'intéresse au football que de loin en loin, l'argument initial a tout lieu d'être ennuyeux. Mais étrangement, grâce à l'angle choisi pour raconter cette histoire (l'invention d'un douzième joueur fictif qui raconte le match à la première personne, impliquant ainsi le lecteur directement dans la rencontre), Michaël Mention entraine le lecteur au coeur d'une enquête socio-psychologique passionnante. Et cela à un rythme infernal, habilement orchestré par l'auteur qui insère à chaque début de chapitre une citation musicale en lien avec le propos qui va suivre. Efficace et percutant !
Tout comme le film "Coup de tête" de Jean-Jacques Annaud (auquel l'auteur rend hommage) ne parle de football que pour mieux souligner les travers de la société, avec Jeudi noir Mention utilise un match de foot pour revenir sur l'histoire (la petite et la grande) qui oppose à intervalles réguliers la France et l'Allemagne, et pour poser un regard juste et sans concession sur la société dans laquelle nous vivons : une libre tribune, voire un tribunal, qui va secouer les consciences… En 1979, avec "Coup de tête", Jean-Jacques Annaud filmait la fin des Trente Glorieuses, la lutte des classes, la médiocrité d'une société raciste, machiste, qui de surcroît méprisait déjà immigrés et chômeurs, unis dans la même galère. Ainsi parlait François Perrin :
« Moi aussi j'ai beaucoup voyagé pendant ces quelques mois de chômage. Je connais bien l'Afrique maintenant. Avec un balai et sans quitter Trincamp j'ai découvert le Sénégal, le Togo, le Mali, le Tchad… le nombre de tribus que j'ai pu croiser ! J'en arrivais à me demander ce que faisaient les missionnaires dans la brousse alors qu'il y a tant de boulot dans nos caniveaux. Je suis allé là où l'homme blanc ne s'aventure plus. Et tout ça sans passeport, avec seulement une carte de chômeur. »
Une génération plus tard, rien n'a changé. Le football, déjà opium du peuple (celui-là même qui faisait dire au président Sivardière : « J'entretiens onze imbéciles pour en calmer huit cents ») et catalyseur de haine (souvenons-nous, là encore, des encouragements prodigués par le président à ses joueurs : « On ne marque pas avec ses pieds, on marque avec ses couilles. On ne gagne pas avec sa technique, on gagne avec sa haine ») le football donc, s'il a gagné en professionnalisme et en ferveur des supporters, a surtout perdu de sa magie avec les affaires à répétition (le match OM-VA, le scandale de la FIFA, etc.) et peine à expliquer les salaires mirobolants d'hommes surpayés à courir derrière un ballon… La force de ce Jeudi noir, c'est de rendre au sport, et au football en particulier, ses lettres de noblesse, ses valeurs de solidarité et d'unité, qui disparurent au fil du temps. Ainsi se referme ce beau livre, avec ces quelques phrases à méditer :
« L'important n'est pas d'être français, mais de s'accepter comme tel. S'accepter pour mieux accepter l'autre, qu'il soit allemand, malien ou je ne sais quoi. En finir avec ces barrières inutiles que sont le racisme, les religions, l'exclusion. Noirs, Blancs, catholiques, musulmans, juifs, hétéros, homos… on est pareils. Tous mortels. Alors, qu'on arrête nos conneries et qu'on profite de la vie, ensemble. »
En reposant Jeudi noir, le lecteur aura aussi une pensée émue pour l'acteur Patrick Dewaere (qui incarna lumineusement François Perrin dans "Coup de tête") qui est l'âme de ce roman. Michaël Mention a bien compris que les fêlures, les failles, les fragilités de ce fauve n'étaient là que pour mieux laisser passer la lumière, cette lumière qui nous relie les uns aux autres, dans notre humanité.
Alors Michaël, si un jour tu lis cette chronique, je me permets de plagier Patrick Dewaere qui écrivit ces mots à Jean-Jacques Annaud après le tournage de "Coup de tête" :
« Je souhaite que tu comprennes cette chronique de A jusqu'à Z et que surtout tu sentes ce qu'il y a entre les lignes. Des fois j'ai peut-être l'air de dire n'importe quoi mais c'est surtout parce que je le dis n'importe comment. Je t'embrasse. »

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L'histoire nous est racontée à travers le regard d'un joueur fictif. Il parle avec fougue, passion de tout ce qui se passe. Par chance, il ne parle pas trop technique. Les joueurs le font-ils dans la vraie vie ? le stress, la peur de perdre, la peur de se blesser, la colère qui demande la vengeance, la suspicion de complicité au sein de l'équipe, la joie lorsqu'un but est marqué... Tout un panel d'émotions se succède montrant la véritable tension qui peut se passer pendant un match d'une telle importance. Ce match n'est pas qu'un simple match de demi-finale, c'est un match où s'affronte la France et l'Allemagne, l'Histoire, le mur de Berlin, la liberté… C'est pour cela que les pays en question regardent le match d'un autre oeil.

Puis vient cet acte violent d'un joueur allemand sur un français. L'hospitalisation en urgence d'un joueur. La colère des équipiers qui veulent une punition pour ce joueur que l'arbitre ne donnera pas. Comment va Patrick ? Aucun joueur ne doit savoir car il risque de perdre sa concentration. Cette ambiance très particulière est palpable à travers les pages. Même si je n'apprécie pas le foot, j'avais envie de savoir comment cela se finissait. Je ne savais pas qui allait gagner. J'avais un retard de 35 ans. le plus est le regard des joueurs, du personnels des équipes, de la presse après l'évènement. Ce qui donne du crédit à la perception du récit par l'auteur.
Lien : https://22h05ruedesdames.wor..
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Je ne pouvais pas passer à côté de ce livre. C'est sans aucun doute mon plus grand souvenir d'amateur de football. J'avais 12 ans à l'époque et je suis passé par tous les sentiments dans ce match. La joie, la haine, la tristesse...
Et ce livre relate parfaitement ce que j'ai pu ressentir pendant la rencontre.
Je n'ai jamais eu autant de frissons pendant une lecture. Je revoyais le match pendant ma lecture.
C'est bien construit et prenant même si je n'ai pas accroché à la recherche du traître.
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