"La mort jeune", paru en 1938, est un premier livre.
C'est un de ceux qui augurent un grand destin d'écrivain.
C'est un roman, assez court et très concentré.
Bernard Vallin est, à Paris, jeune étudiant en lettres.
Il en est sûr, son avenir sera fait de sport, d'art, de culture et peut-être même de politique.
Mais alors, qu'au retour de vacances bretonnes, sa vie s'annonce pleine de promesses, un implacable diagnostic vient fracasser toutes ses espérances : il souffre d'un sarcome, un cancer des tissus conjonctifs, dont l'évolution très rapide ne lui laisse pas plus de trois mois d'espérance de vie ...
Ce petit livre de poche, paru en 1973, est la version définitive, revue et corrigée par Jean Merrien, de l'ouvrage paru en 1938.
Ce premier roman est un roman difficile.
Le sujet en est vertigineux.
Mais Jean Merrien, dans sa préface, affirme croire en l'importance capitale du sujet.
Pour lui, écrire ne signifie pas exécuter des variations sur un thème pour affirmer sa virtuosité mais faire oeuvre belle, utile et forte.
"La mort jeune" est un roman dont l'entrée est un peu gâchée par un trop plein de controverses et de formules, par une trop grande richesse et une concentration d'idées qui lui donnent comme un air artificiel et en gênent la lecture.
Le rythme est trop rapide, comme si l'écrivain avait craint par un rythme moins soutenu de ne pas accrocher l'intérêt du lecteur.
Mais très vite ce dernier est aspiré dans une lecture dont il ne sortira qu'à l'épilogue du roman.
La plume de Jean Merrien trouve le bon rythme.
Ce drame tragique, pourtant marqué par l'idée poisseuse de la mort, est presque un drame ordinaire.
"La mort jeune" est une réflexion sur la vie, sur son sens, sur l'existence de Dieu, sur la sexualité, sur l'espérance et le désespoir.
Les personnages sont peints avec justesse.
Mais ils cèdent souvent le pas devant leur introspection.
Et leur stature aurait peut-être méritée une plus grande épaisseur.
Au final, ce roman est passionnant.
Et pour un coup d'essai, il s'est révélé comme un coup de maître ...
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Il n'y a pas de vérité, mon petit.
Il y a des vérités ; une pour chacun.
Et l'expérience des uns ne peut pas servir aux autres.
Il faut que chacun reprenne la route pour son propre compte.
Tout au plus peut-on baliser les tournants dangereux ...
- Vous êtes breton ? questionnait Huguette.
- Mon père l'était ; ma mère est bourguignonne ; j'opte pour la Bretagne, mais je vis à Paris. J'essaie de me racheter, l'été, en apprenant ma patrie, et la mer, qui est sa colonie.
- Vous voulez être marin ?
- Oh non ! J'ai un autre vice : le culte des mots.
- Eh bien, tu feras plus tard un glossaire des termes de marine, ou bien tu étudieras les formes du mot "mer" dans les langues post-sanscrites, pré-sanscrites et para-sanscrites ! ...
Il ne s'agit pas de passer un examen, pas plus que d'enseigner des "trucs" ou d’épater ces techniciens que sont - ou se prétendent - les critiques mais de s'adresser à un public, de l'intéresser ou de l'émouvoir, si possible de l'aider à s'élever, en tous cas de le faire penser ...
Jean Merrien : Dictionnaire de
la merDepuis COLLIOURE, dans les Pyrénées-Orientales,
Olivier BARROT présente le livre "Dictionnaire de
la mer, le
langage des
marins, la
pratique de la voile", de
Jean MERRIEN, réédité par Omnibus.
Dessins en banc-titre.