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sur 462 notes
Le roman « Ce que nous confions au vent » de Laura Imai Messina rend hommage à un lieu singulier qui existe au Japon : « le téléphone du vent ». Chacun vient décrocher ce combiné pour parler à un défunt, ses paroles lui parvenant par la force du vent…

Le roman « Ce que nous confions au vent » est certes une fiction mais son histoire se construit autour d'un lieu devenu symbolique dans le nord du Japon : le jardin qui abrite « le téléphone du vent », en hauteur, face à la mer. « le téléphone du vent » est né d'une initiative personnelle : à la suite du décès d'un de ces proches, Itaru Sasaki, un retraité décide d'installer dans son jardin, sur les hauteurs d'Otsushi avec vue sur la mer, une veille cabine de téléphone avec un combiné inactif. Son idée ? Poursuivre le dialogue avec son cousin défunt.
Après le tsunami de mars 2011 dans le nord du Japon, cette cabine est investie par la population donnant l'opportunité à qui le veut de venir parler à un proche décédé. En 2011, 10 % de la population d'Otsushi ont été engloutis par les eaux, et la moitié de la ville a été rasée. C'est le lieu qu'a choisi l'auteur pour nous conter l'histoire de deux coeurs brisés qui vont petit à petit avancer dans leurs deuils, grâce à cette cabine.

Takeshi, chirurgien et père d'une petite fille est veuf suite à la mort de sa femme d'un cancer. Yui, journaliste radio a perdu sa fille et sa mère lors du tsunami. Lui est déjà habitué des lieux quand il rencontre Yui. Elle va prendre le temps de nombreuses visites avant d'oser soulever le combiné et parler. Puis, un rituel s'installe. Ils se retrouvent pour effectuer leurs appels avant d'échanger avec le gardien du jardin et sa femme.

Au fil des pages, le lecteur découvre leurs vie d'avant, leurs sentiments actuels, les joies simples du passé, les rencontres d'autres cabossés de la vie. Chacun s'empare de ce téléphone du vent à sa manière. Certains donnent des nouvelles de la famille, d'autres posent des questions ou partagent leur colère, leur tristesse, etc.

Le récit est touchant et interroge chaque lecteur sur sa façon d'aborder la vie et la mort. le propos est intime, dans la retenue. C'est un livre de confidences où les émotions à fleur de peau se devinent plus qu'elles ne s'expriment au grand jour.

Le roman éclaire aussi sur différentes traditions japonaises en lien avec le deuil et la mémoire des ancêtres.
Cette lecture m'a bouleversée par sa poésie, sa douceur et sa façon d'avancer malgré l'absence d'êtres chers.
Un coup de coeur pour moi !
Lien : https://www.unlivredansmaval..
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Quelle beauté et douceur que ce roman qui nous emmène au nord du Japon, à la découverte d'une mystérieuse cabine téléphonique. Elle permet de parler aux morts du séisme et du tsunami de Fukishima. Ce téléphone n'est pas branché, et pourtant, de nombreuses personnes viennent y parler à leurs défunts.

C'est ce lieu de pèlerinage qui va réunir Yui, animatrice de radio qui s'intéresse à cette cabine téléphonique à Takeshi, un homme ayant perdu son épouse dans la catastrophe de 2011. Un lien très fort va se tisser entre eux, car Yui ne va pas innocemment sur ses lieux. Elle a également perdus des proches: sa fille et sa mère. Deux pilliers de sa vie, et la reconstruction sans elles est très difficile.

Un roman tout en poésie, pour traiter du deuil, de l'absence des autres, pour parler de la mort. Et pourtant, ce n »est pas juste la tristesse qu'on retient de ce texte. Mais surtout l'amour, l'espoir, et même un certain optimisme. La voix de la narratrice, Clara Brajtman, berce avec délicatesse l'histoire de Yui et Takeshi, et donne vie avec délicatesse aux rencontres que fait notre duo.

Cette cabine existe vraiment, et si le sujet vous intéresse, ce reportage d'ARTE montre à quel point ce lieu peut être bouleversant mais surtout si bénéfique.
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Quel bonheur que ce roman 😊
Une sensation de paix, de sérénité m'a envahit durant toute la lecture.
J'ai suivi Yui et Takeshi dans leur chemin de deuil (sur le chemin de cette incroyable cabine téléphonique) suite au décès d'êtres chers. Je les ai vu évoluer, reprendre vie, aider d'autres personnes à soulager leur peine, revivre…
C'est émouvant, délicat, tendre. le sujet est difficile, car il nous parle de la perte d'êtres chers mais l'écriture est tellement humaine, sincère et pleine d'amour que j'ai été emportée et « charmée »
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Ce soir-là, Yui roula jusqu'à Tôkyô sur l'autoroute déserte. Dans le crépuscule, tandis qu'elle traversait Kichijôji puis Mitaka, les lumières des supérettes éclairaient de petits rectangles de route ; les cerisiers touffus du boulevard de la ville de Musashino-shi, la maison de retraite, le gymnase, tout était endormi, comme sous l'effet d'un sortilège.
Pour la première fois depuis deux ans, en jetant un oeil dans le rétroviseur où tous les jours elle croyait voir sa fille assoupie dans son petit siège, Yui se dit qu'elle pourrait lui chanter une berceuse ; elle tournerait ensuite les yeux vers le siège passager où s'asseyait sa mère et lui décrirait l'étrange magie de la journée qui venait de s'achever.
Pour la première fois depuis le tsunami, elle se permit de mettre en doute la règle qu'elle s'était imposée de bien séparer le monde en deux, celui des vivants de celui des morts.
Quel mal y a-t-il, se dit-elle, à parler à ceux qui ne sont plus ?
Il suffisait d'accepter que ses mains ne touchent que le vide, que l'effort de mémoire parvienne à combler les failles, que la joie d'aimer se borne à donner, sans plus recevoir.
Cette nuit-là, emmitouflée dans ses couvertures, elle ouvrit un livre de contes.
À voix haute, elle lut l'histoire du petit soldat de plomb, du gros poisson qui l'avala, du long voyage qui le ramena jusqu'à sa ballerine dressée sur une seule jambe, et du feu de cheminée dans lequel ils finirent tous les deux, minuscule coeur de plomb et petite étoile noire comme le charbon.

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Roman à la fois léger et très lourd : il aborde le deuil d'une femme qui a perdu sa mère et sa fille dans un tsunami, et qui cherche des armes dans sa vie courante pour lutter contre ses pertes.

Elle trouve une cabine téléphonique reliée à rien, autour de laquelle se réunissent des personnes endeuillées avec leurs histoires et leurs épreuves différentes. Beaucoup d'aspect du deuil sont ainsi évoqués. Et on suit la rémission de Yui à travers beaucoup d'éléments futiles de la vie.
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Bonsoir,

Une lecture sur les mots et les maux. Nous sommes au Japon, l'histoire contient des éléments véridiques comme cette cabine téléphonique. Je vous parle de « ce que nous confions au vent » de Laura Imai Messina chez Éditions Albin Michel. Un roman tout en délicatesse et en poésie, sur la souffrance du deuil, de l'absence et sur le bien-être que peuvent apporter des mots. Un roman sur la résilience, sur l'espoir, sur le fait que accepter le malheur c'est aussi accepter des bonheurs futurs. Une très belle lecture.
Quatrième de couv. Sur les pentes abruptes du mont Kujira-yama, au milieu d'un immense jardin, se dresse une cabine téléphonique : le Téléphone du vent. Chaque année, des milliers de personnes décrochent le combiné pour confier au vent des messages à destination de leurs proches disparus.
En perdant sa mère et sa fille, emportées par le tsunami de 2011, Yui a perdu le sens de sa vie. C'est pour leur exprimer sa peine qu'elle se rend au mont Kujira-yama, où elle rencontre Takeshi, qui élève seul sa petite fille. Mais une fois sur place, Yui ne trouve plus ses mots...
C'est un endroit réel qui a inspiré à Laura Imai Messina ce magnifique roman. Ode à la délicatesse des sentiments, Ce que nous confions au vent est une puissante histoire de résilience autour de la perte et la force rédemptrice de l'amour.
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🎏Citation: « Bref, poursuivit-il en tirant sur sa cigarette, il y a une cabine téléphonique au milieu d'un jardin, sur une colline isolée. » &#xNaN;

J'ai vraiment aimé ce livre, plein de poésie, de douceur, et surtout j'ai eu une envie irrésistible d'aller vérifier si cette fameuse cabine téléphonique existe vraiment! Bon je suis pas aller au Japon donc je ne peux affirmé, mais si je venais a aller au Japon je pense que j'irais voir par curiosité si elle existe.
Je trouve cette idée très bonne de la cabine téléphonique qui n'est pas raccordé afin de parler aux gens qu'on a perdu. Je pense que j'aimerais ce concepte même en France et que c'est vraiment une manière très poétique de faire son deuil.
Ce que j'ai aussi adoré dans ce livre c'est l'amitié et les différentes émotions que vivent les personnes qui viennent régulièrement dans la cabine téléphonique, et qui ce croisent de ce fait régulièrement, l'entraide dans le deuil ainsi que la vie et la pureté d'une gentillesse sans intérêt.
J'ai vraiment trouvé ce livre doux et poétique et j'aime particulièrement cela, il est profondément « feel good ». Je le recommande vivement! 🦋
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"Ce que nous confions au vent" est tout d'abord une histoire magnifique dans un lieu bien réel où l'auteure a ressenti le besoin de se rendre, ce qui lui permet aujourd'hui de nous offrir son ressenti, ses émotions et de nous démontrer qu'il y a la vie, la mort, l'au-delà et que chacun les vit différemment. Sa plume est à la fois poétique, douce, sensible et les personnages choisis sont pleins de pudeur et très attachants.
Un livre qui fait beaucoup de bien, qui n'est pas triste, qui apaise et qui a toute sa place sur une table de chevet ou une bibliothèque pour être relu pour le plaisir ou dans les moments difficiles. La couverture est magnifique et prend tout son sens une fois le livre terminé.
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« Ce que nous confions au vent » de l'écrivain italo-japonaise Laura Imai Messina (2021, Editions Albin Michel, 240 p.) traduit par Marianne Faurobert part d'une histoire japonaise vraie. Quelqu'un installe une cabine téléphonique, plantée au milieu d'un jardin, qui n'est reliée à aucune ligne, dans laquelle des personnes endeuillées viennent parler à leurs défunts, suite au séisme et tsunami du Tohoku, le 11 mars 2011.
Après tout, il y a bien eu « La boîte à lettres du cimetières » de Serge Pey (2014, Editions Zulma, 208 p.). Mais il s'agissait d'un recueil d'une trentaine d'histoires dans lesquelles on accueille les camarades autour d'une table trop petite. On n'hésite pas à dégonder la porte de la maison familiale pour la coucher sur deux tréteaux. « « La porte, en quittant son travail de porte, avait modifié le vacarme des espérances de ceux qui étaient assis et qui se reconnaissaient à coup de blasphèmes et de mélancolies ». Dans un autre conte « Grand-mère avait dessiné un Christ à la peinture noire sur les pales du ventilateur fixé au plafond de bois de la salle commune. Quand le ventilateur tournait à fond, le Christ disparaissait. Elle disait que Dieu était une illusion d'optique, la même que celle provoquée par le ventilateur. Grand-mère le démontrait. Quand elle arrêtait le ventilateur, elle faisait récupérer au Christ son apparence d'homme. Quand elle le rallumait, il disparaissait. Grand-mère disait que la religion c'était ainsi : lorsqu'on fait tourner un homme ou son image rapidement il devient un dieu ». Un Dieu rotatif, en quelque sorte. Un coup je te vois, un coup tu me vois, à l'image de la Lune.
Ou plus ancienne, une boîte à lettres a été installée en 2005, à l'entrée du cimetière Boutet afin de recueillir les missives adressées à Arthur Rimbaud. Mais en janvier 2023, les intempéries ont eu raison de la boîte aux lettres. Encore avant lui, Xavier Forneret (1809-1884) est cité dans « L'Anthologie de l'Humour Noir » de André Breton (1966, Jean Jacques Pauvert, 596 p.) pour « j'ai vu une boite à lettre sur un cimetière ».
Le livre se passe à Otsushi, à environ sept heures de route au Nord de Tokyo, à 200 kilomètres au nord de Sendai il faut dire que l'on ne roule pas très vite au Japon. Lors de ce séisme, Yui a perdu sa fille et sa mère. Takeshi a perdu sa femme, et sa fille n'arrive plus à parler. Tous les trois se rencontrent autour de ce « téléphone du vent ».
Il s'agit en fait d'une histoire inspirée du Wind Phone, une véritable cabine téléphonique dans un véritable jardin, offert à une communauté de personnes qui en ont besoin et qui est devenu un lieu de pèlerinage. Au bas des pentes abruptes du mont Kujira-yama, le Mont de la Baleine, 481 m, au milieu d'un immense jardin,celui de Suzuki-san, se dresse une cabine téléphonique : le Téléphone du vent. le Bell Gardia
En mars 2011, un tremblement de terre au large des côtes japonaises a provoqué un énorme tsunami qui a atteint des kilomètres à l'intérieur des terres, tuant environ 16 milliers de personnes.
Deux personnages principaux, Yui qui a perdu ce jour-là sa fille et sa mère. Elle n'a jamais pleuré. Journaliste à la radio japonaise elle se concentre sur son travail qu'elle effectue avec rigueur. « Yui avait de longs cheveux noirs, blonds aux pointes, comme s'ils poussaient de bas en haut. [… Au lieu de cela, elle les a coupé un peu plus court à chaque fois, jusqu'à ce que, finalement, cela ressemble à un halo tombé. La couleur de ses cheveux, le contraste entre le jaune et son noir naturel, avait fini par être une sorte de journal de son chagrin. Comme un calendrier de l'avent ».
L'autre personnage principal, c'est Takeshi, médecin chirurgien à l'hôpital de Tokyo. Il ne sait que faire pour que sa fille, Hana rendue muette depuis le décès de sa mère, parle à nouveau. Il réfléchit à son nouveau rôle de parent unique. « Je regarde les mères dans la rue, dans les parcs, au supermarché et j'essaie de leur voler leurs secrets. Je veux savoir comment on fait parler un enfant, comment on le rend heureux d'être en vie ».
Ils sont tous deux réunis dans un même but. Ces deux personnages vont chaque mois se retrouver pour effectuer le trajet en voiture vers Bell Gardia, et tenter de parler à leurs chers disparus. Lors de leur première visite, Takeshi se rend au téléphone pour parler à son épouse défunte. Yui reste en retrait, hésitant. Ils deviennent amis et se rendent chaque mois à la cabine téléphonique, mais Yui ne parle toujours pas à sa famille perdue. Un rituel qui devient immuable, sur lequel se dessine leur histoire, on s'en serait douté, avec des silences qui succèdent aux paroles. Un jour, ils décident d'emmener Hana. Bien sûr, le miracle va se produire. « Suzuki-san avait compris avant la fin de la première année qu'ils étaient
en train de tomber amoureux, mais il ne le dit à personne. Il avait coutume
de répéter à sa femme : « L'amour, c'est comme la thérapie, ça ne
fonctionne que quand on y croit ».
Une histoire simple, faite de silences et de non-dits. Entre ces chapitres qui suivent l'histoire des deux protagonistes, ainsi que des expériences d'autres personnes en deuil qui visitent la lieu, l'auteur intercale de petites sections qui ressemblent presque à des poèmes. Ils portent des titres tels que « Parties du corps de Yui qu'elle a confiées à d'autres au fil des ans » et « Deux choses que Yui a découvertes après avoir recherché la signification de « Câlin » sur Google le lendemain ». On ‘en serait douté. Il y a aussi la librairie où se rend Yui, ou l'album que Takeshi lit à sa fille un soir. Petits chapitres, en forme de poèmes. Très japonais.
Alors, pourquoi cette cabine téléphonique dans le jardin de Suzuki-san. Il s'en explique. « Un jour, un homme m'a dit que la mort est une chose vraiment personnelle. D'une certaine manière, nous construisons nos vies en miroir de celles des autres. La mort, c'est différent. Tout le monde y réagit à sa manière… »
Tout cela est également très japonais. Il est vrai que l'auteur vit au Japon depuis 15 ans et travaille entre Tokyo et Kamakura, où elle vit avec son mari japonais et ses deux enfants. C'est une petite ville à une cinquantaine de kilomètres au sud de Tokyo. Elle devient capitale du Japon avec le shogun Minamoto no Yorimoto en 1192, lorsque le shogunat prend le pouvoir sur l'empereur. En centre-ville, face à la mer au out d'une longue allée plantée de cerisiers avec des lanternes de pierre, se trouve le sanctuaire shinto du clan Minamoto, dédié à Hachiman, dieu de la guerre, divinité tutélaire du clan.
Deux autres choses sur Kamakura. Une statue géante de 13 mètres de haut, en bronze, coulée en 1252, suivie de douze années supplémentaires de travail pour être achevée. Pesant 93 tonnes, elle a été détruite par un tsunami en 1495. Réparée, elle a de nouveau été déplacée par le séisme de Kanto en 1923, qui a affecté la région de Tokyo. Autre particularité de Kamakura, un magasin de toupies, véritable musée de toutes sortes de toupies, totons et jouets articulés. En tant qu'ancienne capitale, proche de Tokyo en train, mieux vaut ne pas y aller en week-end.
Autre signe de japonisme, la relation entre la religion shinto et la mort. Dérivé du bouddhisme, le shintoïsme est polythéiste et animiste. On adore les « kami », les esprits qui habitent ou représentent un lieu particulier, ou incarnent des forces naturelles comme le vent, les rivières et les montagnes. Beaucoup de kamis sont considérés comme les anciens ancêtres des clans. « Dans l'Antiquité, les Japonais croyaient que l'au-delà se trouvait de l'autre côté des mers et des fleuves ; voilà pourquoi, dans bien des régions du Japon, on pratiquait encore ce beau rituel consistant à poser des offrandes et des bougies sur des petites barques en papier que l'on confiait au courant afin qu'elles dérivent vers le large ». Parmi eux Izanami, première femme du dieu Izanagi, le co-créateur du monde et du Japon. Izanami est la déesse de la création puis de la mort. Il n'y a pas à proprement parler de mort dans le shintoïsme. Ce n'est qu'une étape dans la vie des kamis et ceux-ci sont immortels. Donc, il est tout à fait raisonnable de continuer à entretenir des relations avec les personnes disparues. « Parents défunts, enfants perdus, ancêtres pulvérisés par L Histoire et amis disparus: les voix de tous ceux qu'on avait appelés du Téléphone du Vent revenaient ici, sur les lieux d'où on les avait convoqués pour la première fois ».
Cette façon de raisonner explique pourquoi Suzuki-san construit la Bell Gardia, et que les proches des disparus du tsunami y viennent pour parler. « Tout en flânant dans le jardin, Yui les imagina rassemblés comme pour l'appel à l'école, levant la main en entendant leur nom et faisant connaissance. Sa fillette jouait peut-être avec la femme de M. Fujita, elles chantaient peut-être ensemble, se recréaient un monde où, tandis que les survivants veillaient les uns sur les autres, les défunts aussi s'aimaient et allaient de l'avant, accumulant les années. Pour finir, ils mouraient. À l'instar du corps, l'âme devait s'user ».
Ceci dit, les japonais sont très conscients de l'endroit où ils vivent et des aléas qui les menacent. Un collègue japonais chez qui j'ai passé quelques mois en année sabbatique m'a expliqué qu'ils avaient tout : les tremblements de terre, les tsunamis, les volcans, les typhons, les avalanches et les inondations. « le typhon se déchaînait, le mont mont Kujira-yama était sens dessus dessous. le grand cétacé semblait vouloir replonger dans l'eau, revenir à l'océan qui, un peu plus bas, s'élevait en vagues monstrueuses. La bête défiait le monde, elle l'apostrophait en hurlant ». Les japonais connaissent ces aléas, ils y font face et s'y préparent.
Pour ce qui est des séismes et tsunamis, j'ai pu constater depuis le séisme de Kobé, en 1995, un changement radical dans le système de prévention. Des digues ont été construites dans des très petits ports. Elles n'arrêteront pas les vagues, mais atténueront leur puissance. Un système très dense de détection des séismes permet d'activer des mesures préventives, comme l'arrêt des trains, des travaux en hauteur ou des ascenseurs, la fermeture automatique de potes coupe-feu dans les magasins. Une prévention aussi qui passe par une information grand-public, ce qui rend la population sensible, et disciplinée. Des systèmes d'alertes, avec des routes à suivre en cas de problème, qui sont appliquées et suivies. Une éducation citoyenne. Des prévisions, revues à la hausse, peut-être de façon exagérée. Mais on s'attend çà des vagues d'une trentaine de mètres dans la péninsule d'Ise au sud de Tokyo. Que faire dans ce cas ? Rien, inefficace et trop cher pour l'être. Par contre, une prévention et information. Pour lesquelles, il y aura toujours des manques.
Donc, dans ce contexte, installer une cabine pour communiquer avec les disparus ne choque pas du tout. Il est plus choquant, pour ma part, d'utiliser ses connaissances pour affirmer, sur la base d'expériences que l'on sait fausses, ou falsifiées, qu'il suffit d'injecter une quelconque poudre de perlimpinpin pour guérir d'une infection virale.
Pour en revenir aux communications avec nulle part, fussent-elles par téléphonie en ligne directe, comment faut-il interpréter les changements qui s'opèrent entre Yui et Takeshi, ou autour de Hana. Simple résilience due au temps ou changements dus au contexte. le simple passage du temps grammatical, du passé au présent puis au futur dans le livre suffit-il. « L'enfance disparaît chez tout le monde. Tous les enfants meurent un jour ».
Reste le souvenir de la jeunesse. « Quand soudain, venant d'une autre tête blanche, tout au fond, un chant s'était élevé : « Zô-san zô-san… Petit éléphant, petit éléphant au nez si long… » Yui, tout émue, avait vu l'éléphant se matérialiser devant elle, avec sa trompe, ses pattes comme de la terre cuite, et tout le reste ».

« On accepte mieux les fous tant qu'on n'est pas vraiment certain de leur folie ».
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Le résumé m'a donné envie de le lire. Des le début j'ai trouvé dommage le peu de dialogue et j'ai découvert que c'était comme ça tout du long. Beaucoup de narration, trop. On arrive quand même à rentrer dans l'histoire mais je ne me suis pas trop attaché aux personnages, seulement à l'endroit.
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