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EAN : 9782385530839
224 pages
La manufacture de livres (06/06/2024)
4/5   1 notes
Résumé :
Après quarante ans d’oubli, un frère retourne au cimetière pour y chercher le souvenir de sa sœur qui s’est suicidée alors qu’elle avait 28 ans. Il vient se recueillir sur le caveau familial où aucune plaque funéraire ne porte le nom de la disparue ; elle y est comme une intruse. C’est le temps des questionnements qu’il ne s’était jamais autorisé. Après avoir détourné le regard si longtemps, comment revenir à celle qui s’est donné la mort sans se sentir écrasé par l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
En passant devant le cimetière de Perpignan, Jean-Michel arrête sa voiture.
Est-ce le hasard qui l'a conduit ici ou un besoin inconscient ?
Ce n'était pas la première fois qu'il passait à proximité et pourtant il n'avait pas franchi les portes depuis plusieurs décennies.
Le lieu lui est néanmoins familier, il n'a aucun mal à retrouver l'emplacement. Sur la stèle funéraire figurent les deux noms de famille de ses grands-parents maternels. Une intruse porte un nom différent Florence Mestre 1955-1984, la soeur de Jean-Michel plus âgée que lui, de quatorze mois. Dans la soudaineté et l'effarement devant cette disparition subite, son père avait demandé à son beau-frère et à sa belle-soeur, la permission d'inhumer le corps dans leur tombeau, ne serait-ce que provisoirement.

Quarante après, les choses sont restées en l'état, il faut dire que le choc a été rude. Pourquoi a-t-elle fait cela ? comme si elle avait dit continuez sans moi, elle ne se plaisait pas avec nous ? Un mélange singulier de tristesse, d'amertume, de honte, de remords, Jean-Michel a « glyphosater » les souvenirs qui le reliaient à sa soeur Flo.
A l'âge mûr, Jean-Michel est âgé aujourd'hui de 68 ans, est-ce son esprit d'archéologue, profession qu'il aurait aimé exercer, qui lui souffle l'envie de faire renaître les souvenirs de Flo? Très proche de lui, très complice, puisque seulement séparés de quelques mois, une presque jumelle.

Sans pathos, ni complaisance, Jean-Michel Mestres, nous esquisse les réminiscences de leur jeunesse. Une mère partie bien trop tôt, un père un peu dépassé soumis à la loi de sa nouvelle compagne, mal acceptée des enfants. Les notes plus gaies des vacances chez les grands-parents dans la région de Perpignan. Il ressort tous les supports disponibles, photos, lettres, disques pour essayer de sortir des brumes ses pensées.

Dans ce roman autobiographique « Continuez sans moi », Jean-Michel Mestres nous plonge dans son intime et dresse un constat teinté d'aigreur sur sa lâcheté du moment et son manque de discernement. Pourquoi est-il parti avec sa compagne Hamama chez une amie, ce fameux week-end, sentant pourtant Flo un peu dépressive et isolée ?

Qu'elles étaient les pensées de Flo au moment du passage à l'acte ? :
Il est cinq heures
Et j'erre dans les rues vides
Des pensées emplissent ma tête
Mais là encore
Personne ne me parle
Mon esprit me ramène
Aux années que j'ai laissées passer.
It's five o'clock, Aphrodite's child (Demis Roussos), 1969

Vraiment un bon livre qui nous force à réagir sur une telle situation, les autres, comment se comportent-ils, eux, devant le suicide d'un proche et nous-même aurions-nous su trouver une parade au mal-être de cet être cher ?

Au-delà, c'est une réflexion sur la mort de nos proches, la conservation de souvenirs, de leur image, de leur singularité contre l'effet érosif du temps, même s'ils restent, à jamais, une partie de nous comme un membre amputé.

Sortie du livre le 6 juin prochain

Mes remerciements à l'agence littéraire Trames et aux Editions la Manufacture de livres.

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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Quand la maladie ou un accident emporte un proche, l'art de converser avec lui, de le garder vivant, d'entretenir un lien avec lui est casse-gueule mais un chemin reste possible. Chacun emprunte comme il peut, avec ses mots, ses silences, ses doutes, ses failles. Mais quand la violence du suicide éradique la possibilité d'un chagrin, qu'est-ce qui peut lui succéder ? J'ai cru remplacer la peine par l'effacement, la culpabilité par l'indifférence et le remords par le silence.
Foutaises, bien sûr
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Cela ne sert à rien d'aimer les familles par principe, ou de les haïr en bloc : on n'y échappe pas. A chacun de faire au mieux, de s'en dépatouiller.
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Les photos existent indépendamment de nous, même quand les tirages fatiguent ou que les diapositives se délavent. Elles survivent, même quand on les oublie jusqu'au jour où, à force de les chercher, elles nous explosent à la figure.
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Je voue un culte secret à ce court dialogue tiré des Quatre cents coups de François Truffaut. (...)
Lui a compris que la mort d'une mère, ça cloue le bec, ça éteint les questions, ça assomme l'adversaire. (...) Nous, c'est le notre de bec qu'on cloue. C'est nous qu'on éteint, qu'on assomme.
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La photo est belle. Quand la légende est meilleure que l'histoire, imprimez la légende.
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