« 13 Heures » n'est pas le premier roman policier de
Deon Meyer que je lis car j'aime son écriture si différente de celle des écrivains américains, longtemps les maîtres dans ce domaine, et aussi parce qu'il nous fait pénétrer dans un monde que je connais mal. Il s'agit ici de la vie quotidienne de personnes ordinaires, de la difficulté des blancs et des noirs à vivre ensemble dans cette société officiellement post-apartheid. C'est donc plus qu'un polar.
L'inspecteur de police Benny Griessel est un homme qui souffre : il essaie de décrocher de l'alcool et du tabac, sa femme l'a mis à la porte, sa fille, victime d'une agression, est partie vivre en Europe. Mais par ailleurs, professionnellement parlant, il est suffisamment bon pour être formateur/tuteur d'autres officiers de police. D'ailleurs, la photo de couverture -un léopard, l'animal le plus rapide au monde- et le titre nous font comprendre qu'il ne lui faudra pas longtemps pour mener à bien cette enquête, alors qu'au départ, elle s'annonçait difficile par son enjeu diplomatique.
Ce que Benny enseigne à ses subalternes, ce ne sont pas les procédures policières ou juridiques, mais comment un interrogatoire peut être riche d'enseignements. Il leur apprend à déchiffrer l'humain, en quelque sorte.
Deux histoires s'entrecroisent : d'une part, une jeune Américaine est retrouvée égorgée, une autre est traquée, poursuivie par de jeunes hommes blancs et noirs (en matière de criminalité, il n ‘y a pas d'apartheid !), et d'autre part, le mari d'une ancienne chanteuse, devenue alcoolique, est tué par balles chez eux. Nous passons sans cesse d'une enquête à l'autre et sommes pris dans une course poursuite entre une jeune fille à pied dans une ville qu'elle ne connaît pas et des gens entraînés mais pas bien identifiés.
Un livre empreint d'humanité, au sens où il n'y a pas de super-héros, juste des gens ordinaires, quel que soit leur bord, des êtres humains avec leurs qualités, leurs défauts, leurs souffrances, leurs rêves. Bref, ne cherchez ni Zorro ni Superman, vous ne les trouverez pas.
Je n'ai pas trouvé beaucoup de belles phrases à vous citer et pourtant, son écriture est fluide, rythmée, avec du souffle, grâce à une succession de phrases indépendantes, généralement assez courtes, malgré l'usage du passé simple que l'on qualifie souvent de vieillot. le lecteur est parfois pris par le rythme effréné des interrogations de Benny Griessel, pressé par le temps s'il veut retrouver la jeune Américaine vivante.
Le seul point qui a moins emporté mon adhésion, ce sont les nombreux détails sur l'industrie de la musique alors que finalement, cela ne joue qu'un rôle secondaire dans l'intrigue. J'ai longtemps cherché le lien entre les deux enquêtes et ai été un peu déçue par le dénouement. La seconde enquête était-elle vraiment indispensable ?
Pour terminer sur une note musicale, je remercie l'auteur de m'avoir permis de découvrir une chanteuse afrikaneer, Lize Beekman.