AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782491948085
304 pages
Ribât Editions (01/01/2021)
4/5   1 notes
Résumé :
Bénie du haut des cieux et honorée par la présence de tant d’hommes aimés de l’Unique, al-Quds est fondamentale dans l’histoire, la géographie et le dogme de l’Islâm, inséparable de l’âme de la Oumma et de l’identité musulmane, inscrite en lettres d’or dans le cœur et l’esprit des croyants. Et que dire de la sacralité, des vertus et des mérites de sa sublime esplanade d’al-Aqsâ, première qibla des musulmans, seconde maison d’Allâh sur Terre, troisième mosquée sainte... >Voir plus
Que lire après Le petit roman d’al-Quds - Jérusalem en IslâmVoir plus
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Dès 1896, lors de la première visite de Theodor Herzl à Istanbul, le pieux sultan Abdülhamid II s’était montré très clair au sujet de l’offre sioniste de régler une partie de la – très lourde – dette extérieure ottomane en échange d’une charte permettant une immigration juive incontrôlée en Palestine :
“Je ne peux vendre ne serait-ce qu’un seul pouce de cette terre, car elle ne m’appartient pas à moi, mais à mon peuple. Mon peuple a gagné ces terres en les fertilisant de son sang ; et nous les couvrirons à nouveau de notre sang avant qu’elles ne puissent nous être arrachées. Les hommes de deux de mes régiments de Syrie et de Palestine se sont tous sacrifiés comme un seul homme à Plevna. Pas un seul d’entre eux n’a flanché ; ils ont tous donné leur vie sur ce champ de bataille. L’empire ottoman ne m’appartient pas à moi, mais au peuple ottoman. Je ne peux en céder une quelconque partie. Que les juifs épargnent leurs milliards. Quand mon empire sera démembré, ils pourront l’obtenir gratuitement ; mais seul notre cadavre sera divisé : je ne tolérerai pas sa dissection de notre vivant.”
Et en 1901, au terme d’une rencontre de deux heures avec Theodor Herzl, le sultan réitère son refus catégorique : al-Quds n’est pas à vendre. Sous la pression des notables musulmans de la ville sainte, qui sont alarmés par cet afflux massif de militants aux intentions hostiles et ne cessent d’envoyer des pétitions à ce sujet à Istanbul, des mesures préventives sont également prises contre la colonisation: limitation de l’immigration, refus d’accorder la citoyenneté ottomane aux activistes sionistes, restriction des possibilités d’achat de terres.
Commenter  J’apprécie          50
Cet amour pour al-Quds, « la Sainte », est encore stimulé par un événement marquant de la mission prophétique de Muhammad ﷺ‬, en l’an 620 : le Voyage nocturne et l’Ascension – Al-Isrâ wal-Mi’râj. Le contexte est difficile : en butte aux persécutions de plus en plus cruelles de Quraysh, le Prophète ﷺ‬ a récemment subi avec beaucoup de tristesse le rejet des gens de Tâif et surtout la mort de ses deux principaux soutiens, son épouse bien-aimée Khadijâh et son oncle et protecteur Abû Tâlib. Mais Allâh est sur le point de réconforter Son Messager ﷺ‬ par un extraordinaire miracle, auquel le Qur’ân fait référence en ces termes :
« Gloire à Celui qui fit voyager de nuit Son serviteur de la Mosquée sacrée (Al-Masjid al-Harâm) à la Mosquée la plus éloignée (Al-Masjid al-Aqsâ) dont Nous avons béni les alentours, afin de lui faire découvrir certains de Nos signes ! Allâh est, en vérité, l’Audient et le Clairvoyant. »
Alors qu’il prie une nuit auprès de la Kaaba, à Makkah, le Prophète Muhammad ﷺ‬ est en effet guidé par l’ange Jibrîl (Gabriel) vers Bayt al-Maqdis, qu’il rejoint sur une monture ailée du nom d’al-Burâq, ainsi que le rapportent ces deux hadîths :
« L’on m’a apporté un animal plus grand qu’un âne et plus petit qu’une mule, dont le pas pouvait atteindre aussi loin qu’il pouvait voir. Je l’ai monté et je suis parti ; Jibrîl était avec moi. Puis il m’a dit : ‘Descends de ta monture et prie’, ce que j’ai fait. Il m’a dit : ‘Sais-tu où tu as prié ? Tu as prié à Tayyibah (Médine), qui sera le lieu de ton émigration.’ Puis il a dit : ‘Descends de ta monture et prie’, ce que j’ai fait. Il a dit : ‘Sais-tu où tu as prié ? Tu as prié sur le mont Sinaï, où Allâh, le Puissant et le Sublime, a parlé à Mûsâ, que la paix soit sur lui.’ Puis il a dit : ‘Descends de ta monture et prie’, ce que j’ai fait. Il a dit : ‘Sais- tu où tu as prié ? Tu as prié à Bethléem, là où est né ‘Issâ, que la paix soit sur lui.’ Puis je suis entré à Bayt al-Maqdis où les Prophètes, que la paix soit sur eux, étaient rassemblés pour moi, et Jibrîl m’a fait avancer pour les guider dans la prière. »
« L’on m’a amené al-Burâq, qui est un animal blanc et long, plus grand qu’un âne mais plus petit qu’une mule, et qui pouvait poser son sabot à une distance égale à la portée de sa vision. Je l’ai monté pour me rendre à Bayt al-Maqdis, puis je l’ai attaché à l’anneau utilisé à cet effet par les Prophètes. Je suis entré dans le sanctuaire et j’y ai prié deux unités de prière (raka’at), puis je suis sorti et Jibrîl m’a apporté un récipient de vin et un récipient de lait. J’ai choisi le lait et Jibrîl m’a dit : ‘Tu as choisi la fitra.’ Puis il m’a emmené vers les cieux. (...) »
Puis, depuis le « Noble Rocher » – as-sakhrah al-musharrafah –, le Messager d’Allâh ‎ﷺ, toujours guidé par Jibrîl, entame son ascension à travers les sept Cieux, durant laquelle il salue à nouveau les Prophètes qu’il rencontre, avant d’atteindre enfin le « Lotus de la Limite », où il se trouve en la présence directe du Tout-Puissant ; c’est notamment à cette occasion que sont prescrites les cinq prières quotidiennes qui marquent, depuis lors, le quotidien des musulmans. Naturellement, de retour à Makkah, le récit de cet événement miraculeux est l’objet des moqueries des polythéistes, qui pensent enfin tenir la preuve de leurs allégations de démence à son égard, mais les détails très précis fournis par le Prophète ﷺ‬ au sujet de Bayt al-Maqdis – que certains grands commerçants de la ville avaient déjà visitée – en laissent plus d’un perplexe.. (...)
Quoi qu’il en soit, le Prophète ﷺ‬ a marqué par cet événement majeur, et même fondateur, la connexion physique, concrète, entre Makkah et al-Quds. En visitant personnellement Jérusalem, il a réactivé l’alliance divine entre les deux villes saintes et rétabli le « lien abrahamique » rompu depuis plus de deux millénaires par les vicissitudes de l’Histoire et la séparation entre les fils d’Isrâ’îl et la descendance d’Ismâ’îl. L’événement est d’autant plus symbolique que le Messager d’Allâh ﷺ‬ lui-même est un descendant d’Ibrâhîm, comme nombre d’Arabes : c’est le signe de l’unité retrouvée des croyants authentiques autour d’un Message intemporel. La prière collective sur l’esplanade d’al-Aqsâ – durant laquelle le dernier des Messagers a dirigé l’ensemble de ses prédécesseurs pour louer ensemble l’Unique – matérialise cette nouvelle ère, à la fois ancrée dans la Tradition monothéiste éternelle et porteuse d’immenses espoirs pour le futur. Par Sa dernière révélation à l’humanité, Allâh a réuni ce que les hommes avaient divisé. C’est aussi à Bayt al-Maqdis que le Prophète ﷺ‬ a choisi pour sa communauté le lait plutôt que le vin, la fitra contre le vice et l’égarement, la pureté originelle en lieu et place de la corruption : en somme, Jérusalem est plus que jamais inséparable de l’identité islamique et de l’âme des croyants.
Commenter  J’apprécie          00
Balian d’Ibelin sait que les heures sont maintenant comptées et que la ville est pleine de dizaines de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants, qui remplissent les rues et les églises au point où “l’on peut à peine marcher”. Aussi le seigneur franc tente-t-il aussitôt de négocier des conditions de reddition acceptables – non sans menacer, s’il ne les obtenait pas, de brûler toute la ville, massacrer les milliers de prisonniers musulmans et détruire les lieux saints d’al-Aqsâ avant de combattre jusqu’à la mort.
Après consultation avec son conseil d’oulémas, Salâh ad-Dîn accepte de lui offrir des termes dont il n’aurait même pu rêver : l’assurance de la vie sauve et un sauf-conduit vers la côte pour tous les chrétiens de la ville, hommes, femmes et enfants, contre le versement d’une très modeste rançon de dix dînârs pour les hommes, cinq pour les femmes, un pour les enfants – ceux incapables de payer après quarante jours étant réduits en captivité, mais non mis à mort. Le vendredi 27 rajab de l’an 583 de l’Hégire (2 octobre 1187), le jour même où le Messager d’Allâh ﷺ‬ avait accompli son Ascension nocturne depuis al-Aqsâ, Balian d’Ibelin remet donc les clés de la citadelle au sultan, et les armées de l’Islâm entrent pacifiquement à al-Quds – outragée, brisée, martyrisée, mais libérée. Les scènes de joie se multiplient alors que les trois mille captifs de guerre musulmans que les croisés avaient réduit en esclavage sont aussitôt délivrés de leurs chaînes. Les bannières de l’Islâm sont hissées sur les murs de la ville sainte, et un groupe de croyants se précipite aussitôt sur l’esplanade d’al-Aqsâ pour retirer l’immense croix en or placée au sommet du Dôme du Rocher, sous les vibrants takbîrs des croyants. Comme Salâh ad-Dîn l’avait promis, aucun habitant n’est tué et pas un seul bâtiment n’est pillé ; le sultan ordonne même que des gardes patrouillent dans les rues pour empêcher que le moindre outrage soit infligé aux chrétiens. Quel contraste avec l’ignoble carnage commis par les hommes de Godefroy de Bouillon !
Commenter  J’apprécie          10
Sans s’en douter, la ville sainte est désormais sur le point de subir le coup le plus rude de tous : la fameuse Guerre des Six Jours, qui sera, pour ses habitants musulmans, l’équivalent d’une seconde Nakba... Le 5 juin 1967, sans crier gare, Israël lance en effet une offensive-éclair contre l’Égypte. L’effet de surprise est total. (...) La Jordanie est entraînée dans la guerre presque contre son gré : le royaume a signé un pacte d’alliance défensive avec l’Égypte la semaine précédente. (…) La défense d’al-Quds est approximative et manque de tout – préparation, stratégie, commandement, effectifs, équipement. (…) Pour la première fois depuis vingt ans, la ville sainte s’embrase. Peu après midi, les bombardiers israéliens détruisent par une opération-éclair la principale station radar et la totalité de la modeste aviation jordanienne au sol, alors que ses chasseurs se ravitaillaient en carburant. En une matinée, Tsahal a pris le contrôle total des airs : la guerre est déjà perdue. Il ne reste plus guère, pour les défenseurs jordaniens d’al-Quds, qu’à sauver l’honneur. Ils ne démériteront pas. (...) Au nord du no man’s land, la 55ème brigade de parachutistes israéliens s’empare de la « colline aux munitions » après des combats au corps-à-corps dans une succession de tranchées et de bunkers souterrains, parfois au couteau et à la baïonnette. C’est peut-être la bataille la plus sanglante de la guerre des Six Jours : signe de l’acharnement de la résistance, l’affrontement a fait, en moins de quatre heures, 36 morts du côté israélien et 71 côté jordanien. Toute la journée du 6 juin, les défenseurs d’al-Quds tentent encore, avec l’énergie du désespoir, de repousser l’inéluctable échéance et de retarder la progression israélienne. (...) Et puis, au soir du 7 juin, la guerre est finie : Tsahal a pris le contrôle de toute la Cisjordanie. (...) Et le 11 juin, un cessez-le-feu vient mettre un terme définitif à cet effroyable fiasco des armées nationalistes arabes. Pour al-Quds commence désormais une épreuve d’un autre genre, un affrontement au long cours aussi sournois que la conquête a été fulgurante : l’occupation.
Commenter  J’apprécie          00
Car peu après cet événement étonnant débute, en Galilée, la mission prophétique de ‘Issâ ibn Maryam (Jésus, fils de Marie), envoyé par Allâh pour tenter, une dernière fois, de guider les fils d’Isrâ’îl sur le droit chemin et raviver les enseignements d’Ibrâhîm (Abraham) et de Mûsâ (Moïse), corrompus au fil des siècles, ainsi que le rapporte le Qur’ân (...). Après avoir entamé sa prédication dans la région de Nazareth, où il a multiplié les miracles et s’est attaché un certain nombre de disciples, ‘Issâ prend la route de Jérusalem autour de l’an 30, à l’approche des festivités de Pessa’h. Là, dans la ville sainte de son peuple bondée de pèlerins, il compte profiter de la grande affluence au Temple pour prêcher, encore et toujours, le même message réformateur : adorer Dieu seul et sans associé ni médiation cléricale, corriger les excès et innovations des siens, dénoncer le ritualisme exacerbé, dépourvu de toute profondeur spirituelle, et l’hypocrisie des élites religieuses de son temps. La scène est gravée dans la légende : assis sur un âne, à la tête d’une petite troupe de fidèles, ‘Issâ descend le mont des Oliviers, franchit la vallée du Cédron et atteint les murs de la cité, où d’aucuns l’accueillent avec une joie non dissimulée. Mais il sent bien que Jérusalem ne l’acceptera pas, et il en connaît le prix à payer pour la ville sainte – comme les Évangiles l’évoquent en ces termes énigmatiques : "Il viendra sur toi des jours où tes ennemis t'environneront de tranchées, t'enfermeront, et te serreront de toutes parts ; ils te détruiront, toi et tes enfants au milieu de toi, et ils ne laisseront pas en toi pierre sur pierre, parce que tu n'as pas connu le temps où tu as été visitée."
Commenter  J’apprécie          00

Videos de 'Issâ Meyer (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de 'Issâ Meyer
Présentation du livre par Thomas Sibille de la Librairie al-Bayyinah "Le Roman des Andalous" de Issâ Meyer aux Editions Ribât.
autres livres classés : pélerinagesVoir plus


Lecteurs (1) Voir plus




{* *}