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La rouille grouille effectivement dans la campagne de Buell en Pennsylvanie.
Les nombreuses aciéries sont à l'abandon, les habitants ont quitté la région laissant des maisons délabrées.
Philippe Meyer nous offre un roman contemporain dont l'action se déroule sur quelques jours autour de personnages forts dont les destins basculent après un malheureux incident.

Il y a Isaac dont l'avenir était prometteur, surdoué il pouvait prétendre à de nombreuses universités, il n'est pourtant pas parti et s'occupe de son père invalide.
Son ami, Billy Poe qui aurait pu disposer d'une bourse pour ses exploits sportifs mais qui lui aussi, a choisi de rester.
Grace, la mère de Billy, dévouée à son fils, est dans l'attente de quitter son mobile home et d'un avenir meilleur.
Harris le shérif qui approche de la retraite mais redoute la solitude.
Lee, la soeur d'Isaac, qui s'est mariée avec un compagnon aisé pour fuir sa famille et la région.

Un départ pour un renouveau, une mauvaise rencontre dans les premiers kilomètres, un accident et tout va basculer.
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Un premier roman vraiment réussi. Situé dans une province de Pennsylvanie aux États-Unis à la fin des années 90, le livre se concentre sur les conséquences de l'effondrement économique de l'industrie locale sur la vie des gens de la classe moyenne.
Dès les premières scènes, l'auteur a créé un monde où les vies sont au bord du désastre. de mauvais choix et de mauvaises décisions placent ses personnages dans des situations désagréables que chacun d'entre nous aurait du mal à affronter. La pauvreté, la violence, la drogue, l'ennui et le désespoir sont monnaie courante. Les anciennes structures d'usines sont abandonnées et les emplois se font rares.
le paysage du déclin industriel américain est décrit avec une puissance impressionnante et ses effets sur la vie des gens sont explorés sans relâche et sans sentimentalisme.
Deux amis improbables, Isaac (le gamin intelligent mais maladroit) et Billy (la "star" du foot du lycée) sont restés dans leur petite ville après l'obtention de leur diplôme, ratant leur chance d'aller à l'université. Isaac a pris soin de son père invalide après le suicide de sa mère et sa soeur s'est déjà "échappée" en allant à l'université, puis, en se mariant. les deux garçons ont eu une enfance difficile et rêvent de s'évader pour un avenir meilleur.
Quand Isaac décide de quitter la ville, Billy le suit, mais une malheureuse rencontre va bouleverser leur avenir pour toujours...
le style d'écriture m'a un peu déroutée au début, je dois avouer. C'est comme si j'étais dans la tête de six personnages, ce qui s'avère être surprenant. Je pensais, j'envisageais des solutions et je prenais des décisions avec eux ! Chaque point de vue couvrait une partie de l'histoire, mais aucun personnage n'avait l'histoire en entier. En plus d'Isaac et Billy, l'histoire est racontée du point de vue de Grace (la mère de Billy), Henry (le père d'Isaac), Lee (la soeur d'Isaac) et Harris (le chef de la police) . le roman est plus axé sur les personnages que sur l'intrigue, mais il y a une intrigue, et la tension se construit à travers cette "limite" de chaque personnage, révélant l'histoire progressivement.
Tous les personnages de Meyer sont des gens imparfaits mais attachants, prenant souvent des mauvaises décisions et faisant face aux conséquences. American Rust explore les questions de savoir jusqu'où une personne ira pour protéger un ami ou un être cher et si une personne doit se sauver ou sauver quelqu'un d'autre au risque de sa sécurité personnelle. Il touche aussi à des questions de dignité personnelle et de force intérieure. Dans quelle mesure les actions d'un individu sont elles motivées par la peur sociale, mentale ou physique, et devraient-elles l'être ?
Malgré quelques imperfections (qui tiennent de mon appréciation personnelle) et une fin un peu décevante, même si elle reste très ouverte, je me suis investie dans la vie de ces personnages et je suis ravie d'avoir fait ce bout de chemin avec eux !








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"Noir c'est noir, il n'y a plus d'espoir "...

L'acier a fait la fortune de Buell en Pennsylvanie mais lorsque les hauts fourneaux se sont éteints, la ville est devenue une ville-fantôme avec ses carcasses d'usine à moitié démantelées et squattées, ses maisons abandonnées et les quelques habitants y résidant encore, au chômage .
Le but pour les lycéens finissant leur scolarité est de partir de ce coin sans avenir.
C'est ce qui aurait pu arriver à Isaac, premier de sa classe, promis à des études supérieures de prestige et à Billy Poe, son copain qui pouvait envisager une carrière de footballeur mais, Isaac a décidé de rester pour s'occuper de son père paralysé après un accident de travail et Poe a trop tergiversé pour partir à temps et est resté vivre avec sa mère .

Lors d'une tentative de départ pour la Californie, nos deux compères font dès le premier soir la mauvaise rencontre qui va décider de leur avenir et un SDF est tué.
Rapidement Billy va être arrêté alors qu'Isaac décide de reprendre la route seul, sans savoir que son copain est en prison.
Rude apprentissage pour ces jeunes hommes, car même si leur vie d'adolescent n'a pas toujours été rose, ils se retrouvent confrontés à des adultes beaucoup plus violents et sans pitié : Poe se heurte d'emblée aux bandes de la prison et Isaac ne tarde pas à se frotter à la réalité du vagabondage .

Les chapitres se suivent en enchainant les récits des deux garçons ainsi que ceux de Grace, la mère de Billy, Lee la soeur d'Isaac , Henry son père et Harris, le chef de la police et amant de Grace .

Chaque adulte porte sa vie comme un sac à dos rempli de pierres, avec ses blessures et ses combats ; la description de cette Amérique là est bien loin des clichés du rêve américain, c'est le revers que nous raconte P Meyer, ceux qui restent sur le bord du chemin , les oubliés de la crise .

La fin du roman laisse cependant un fort message d'espoir car si la génération d'adultes qui a pris de plein fouet les ravages de la récession s'en remettra difficilement , les jeunes, par contre peuvent sortir la tête de l'eau s'ils restent fidèles à leurs idéaux, forts d'une expérience qui les font basculer du monde encore protégé de l'enfance à la vraie vie des adultes.
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Cela fait cinq ans que la mère d'Isaac est décédée. Cela fait cinq ans que le garçon, âgé de vingt ans, s'occupe seul de son père et qu'il a sacrifié ses projets d'études. Un matin, il prend la route, décidé à réaliser ses rêves. A Buell, il n'a aucun espoir. Grâce à la sidérurgie, sa ville a connu la prospérité. Hélas, après la fermeture des entreprises, elle est devenue une cité morte. Ses habitants ont perdu leur travail, leur maison, leur joie, leurs espérances, etc.


Isaac part avec juste un sac à dos et quatre mille dollars, qu'il a pris dans le bureau de son père. Il est triste que Billy Poe, qui devait faire le voyage avec lui, l'abandonne au dernier moment. Son ami est en liberté conditionnelle, mais il accepte de l'accompagner un bout de chemin. Alors qu'ils s'abritent pour la nuit, ils font de mauvaises rencontres et le périple se transforme en drame. L'un fuit, l'autre se retrouve en prison.


American Rust est la réédition de Un arrière-goût de rouille, paru en 2010. Philipp Meyer a été révélé, quatre ans plus tard, par son roman le fils, considéré comme un chef-d'oeuvre. En ce qui me concerne, je découvre l'auteur avec American Rust.


J'ai été captivée par l'ambiance oppressante de ce récit. Plusieurs personnages décrivent leur dure existence, suite au déclin de leur ville. Les commerces ont disparu, les salaires sont faibles, le taux de chômage est astronomique. Grace confie ses difficultés pour survivre et la spirale qui l'a entraînée dans la misère, brisant l'avenir de son fils. Ce dernier, emprisonné, relate sa version des faits, ses conditions d'incarcération, les choix qu'il fait. Il protège sa mère et elle veille sur lui, prête à tout pour le sauver. En raison de leurs contradictions et de leurs déchirements, ils m'ont émue. J'ai aimé leurs portraits psychologiques, qui donnent une lecture différente de leurs actes. Quant à Isaac, il décrit son parcours vers la liberté. Il oublie que les deuils et les chagrins nous suivent où que l'on aille. Il est peu préparé à affronter les règles de la vie itinérante et il tombe dans de nombreux pièges. C'est un enfant plongé dans un monde trop grand pour lui.


L'histoire est racontée par plusieurs voix. Les évènements du début ont de graves conséquences, mais chaque protagoniste ne connaît que l'impact sur sa propre vie.


La suite sur mon blog…


Lien : https://valmyvoyoulit.com/20..
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Bon, oui, oui, oui, je sais, on juge un livre sur ce qu'il est, pour ce qu'il est en tant qu'individu livresque à part entière et blablabla... Bref, on évite de comparer deux livres entre eux surtout quand ils n'ont rien à voir. D'accord. Mais là, c'était trop difficile. J'ai pris l'oeuvre de Philipp Meyer à l'envers et ai commencé par le Fils (comme beaucoup, non ?) alors forcément... Ben oui, voilà, j'ai comparé (houuuu !!) et Un Arrière-Goût de Rouille, il a beau être bien foutu, intéressant, creusé et tout ce qu'on veut, ben il tient pas (mais alors pas du tout) la comparaison.
C'est idiot, je sais, mais je tiens le Fils pour un livre que j'aurais même pas peur de qualifier de chef-d'oeuvre (ouais !), auquel même plus d'un an après la lecture, je pense régulièrement.
Un Arrière-Goût de Rouille, lui je suis sûre quand dans même pas trois mois, faudra que je relise la 4ème de couverture pour me rappeler de quoi il causait.
Pourtant comme je le disais, bien ficelé, personnages fouillés, personnalités propres à chacun, écriture intéressante etc... mais il manque un petit truc, un petit grain de quelque chose d'un peu plus fort dans tout ça histoire de relever un peu le plat. Parce que oui, voilà, c'est plat. Il se passe des choses, ça on peut pas le nier, mais à aucun moment on ne sent vraiment impliqué, zéro empathie, on reste toujours l'extérieur, à la fin c'est frustrant.
Mais, lot de consolation : si on suit Meyer chronologiquement, alors là, je n'aurai que 3 mots : vivement le prochain !
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Dans les années 2000, il existe à nouveau des villes fantômes aux Etats Unis.

Dans une petite bourgade de Pennsylvanie, le déclin économique est venu avec la fermeture des usines sidérurgiques, laissant des friches industrielles de fer, de rouille et de crasse, près desquelles survivent des hommes abandonnés après chômage ou accidents de travail.
La nature est magnifique mais la ville est exsangue et ne fait plus vivre personne.
Restent dans le paysage des HLM remplis de chômeurs, des familles à bout de souffle dans des mobil-homes, des jeunes sans avenir, rageusement désenchantés et violents.

Désespérance est le sentiment immédiat à la dernière page tournée. Vies ratées, boulots minables quand ils existent, vagabondages, clochardisations, prisons, mariages explosés et histoires d' amours sans amour.
La vie des hommes est le miroir de la ruine industrielle.
Billy et Isaac ont ils un avenir dans cette déchéance généralisée, responsables par accident de la mort d'un sans-abri?

Je sors pantelante de tant de misères et de déveine. Une lecture sombre, âpre et sans lumière, malgré une intéressante réflexion sur la loyauté, pour un ami, pour une famille, pour un port d'attache, source de toutes les galères.

Et si le propos de l'auteur était de nous faire visiter une Amérique malade de sa crise économique, c'est parfaitement réussi.
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Le naufrage de l'American dream dans un océan de rouille.
Une fois ses aciéries toutes fermées, la ville de Buell n'est plus qu'une friche industrielle où tout se délabre, se décompose, s'effondre.
Pourtant, cette ville-fantôme est au coeur d'une Nature splendide : la rivière, les forêts emplies de vie sauvage.
Partir ? Rester ?
Isaac est un jeune génie qui reste, pour s'occuper de son père invalide, dans une immense maison qui n'est plus entretenue, faute de moyens.
Son ami Billy, lui, vit avec sa mère dans un mobil-home. Ses capacités sportives lui ouvraient des portes, et pourtant il se rouille lui aussi, occupant son temps à chasser et boire des bières depuis que son amoureuse est partie, elle, étudier à Yale.
C'est un drame accidentel qui va mettre en mouvement ces deux protagonistes, et avec eux tous les personnages qui les entourent.
Tout est affaire de loyauté. Il y a de la tragédie antique dans le sort qui poursuit Isaac et Billy. Chacun d'eux est condamné à subir son lot d'épreuves, et chacun de leurs choix leur ferme sèchement au nez la porte des futurs. C'est très noir, mais les personnages sont attachants dans leurs faiblesses même. C'est une puissante critique du naufrage américain, écrite quelques années avant que Trump ne soit élu par cette société, qui s'estime déclassée et se raccroche à des idéaux de plus en plus flous.
Traduction parfaite de Sarah Gurcel.
LC thématique de janvier 2022 : ''États-Unis et Canada”
Challenge USA : un livre, un État (Pennsylvanie)
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Les éditions Albin Michel ont décidé de rééditer le premier roman de Philipp Meyer dans une traduction révisée de Sarah Gurcel, 10 après sa parution sous le titre « Un arrière-goût de rouille ».
Bonne idée parce que nous sommes nombreux à avoir été impressionné par « le fils », une saga familiale ambitieuse et incroyablement maitrisée que je vous recommande fortement.

Autrefois à Buell, ville sidérurgique de Pennsylvanie, les gens pouvaient gagner 30 $ à 40 $ de l'heure. Mais ça c'était avant. Avant que les usines ferment où soient délocalisées. Il ne reste plus que quelques jobs à 5 ou 7 $ de l'heure. Beaucoup de personnes sont parties à la recherche d'un avenir meilleur mais pour ceux qui sont restés, « La moitié des gens se sont tournés vers les services sociaux, les autres sont redevenus chasseurs-cueilleurs. Une exagération, mais pas tant que ça. ».

Les deux personnages principaux sont deux amis, Isaac English et Billy Poe. Isaac est un jeune homme brillant mais qui est resté coincé à Buell, s'occupant de son père veuf et malade alors que sa soeur, Lee, a fui faire ses études à Yale où elle a trouvé un riche mari. Billy Poe, lui, était la star du football à l'école, les universités étaient prêtent à l'accueillir mais il n'a jamais franchi le pas et finalement il végète dans le mobil home de sa mère.
Isaac va décider de prendre la route et comme tout bon personnage steinbeckien, il part à pied pour la Californie. Il demande à son ami de l'accompagner pour une partie du voyage sauf qu'il ne vont pas aller bien loin avant qu'un événement tragique les stoppe et change leur vie à jamais.

Voilà pour l'intrigue dont je ne vous parlerai pas en détail afin de ne rien divulgâcher. On est typiquement dans le genre de roman qui plonge le lecteur dans le coeur de l'Amérique contemporaine, celle économiquement dévastée, celle de la crise, des maisons abandonnées, celle du rêve perdu et du désespoir. Je suis très bon public des histoires de ce genre même si on peut reprocher à celle-ci de nous parvenir alors que d'autres auteurs ont déjà merveilleusement exploité la thématique. Je pense à Michael Farris Smith, à David Joy et consorts. Il y a forcément une impression de déjà-vu. Il convient donc de ne pas oublier qu'il a été écrit en 2009 pour ne pas bouder son plaisir.

Car plaisir, il y a ! Elle fonctionne plutôt très bien cette histoire (même si à mon gout ça lambine un peu par moment). Meyer écrit avec une telle assurance, avec un tel réalisme qu'en quelques chapitres, vous êtes ferré. Les paysages du déclin industriel sont très bien rendu, tout comme les répercussions sur les choix et les décisions des habitants. La narration alterne entre les personnages à chaque nouveau chapitre et l'auteur compresse une énorme quantité d'informations sur les personnages dans d'efficaces dialogues internes qui vous donnent l'impression de les suivre depuis déjà 4 tomes.

Si je ressors de ma lecture avec un plaisir mitigé en raison d'un petit côté réchauffé, j'ai globalement apprécié cette histoire qui met au centre l'amitié et la loyauté avec cette question : jusqu'où peut-on aller pour protéger un être cher ? Faut-il se sauver ou sauver l'autre au risque de sa propre sécurité ?
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« Cent cinquante mille chômeurs, ça ne laissait pas beaucoup de place au soleil, mais ni Virgil ni elle n'avait de famille ailleurs. Il fallait de l'argent pour partir ; il fallait partir pour trouver de l'argent. L'usine était restée fermée, encore et encore, et pour finir elle avait été en grande partie démolie. Grace se rappelait quand tout Buell était venu voir les hauts-fourneaux quasi neufs de près de soixante-dix mètres, Dorothy Five et Dorothy Six, se faire dynamiter, c'était juste avant que des terroristes fassent sauter le World Trade Center. Ce n'était pas logique, mais pour elle les deux événements étaient liés. Certains endroits, certaines personnes comptaient plus que d'autres. On ne dépensait pas un clou pour reconstruire Buell ».

C'est donc à Buell, petite ville industrielle de Pennsylvanie ravagée par la crise, que vivent Isaac English et Billy Poe. Tout juste sortis de l'adolescence, les deux jeunes hommes ont choisi de rester à Buell. le surdoué Isaac pour s'occuper de son père, ancien ouvrier handicapé après un accident du travail, qui semble pourtant n'avoir que mépris à son égard ; Billy, le footballeur qui aurait pu obtenir une bourse dans une université, par une certaine propension à la procrastination, parce qu'il était aussi finalement plus simple de rester vivre aux crochets de sa mère, Grace, que de partir et risquer de ne pas être à la hauteur.
Le jour où Isaac se décide finalement à partir, avec le rêve un peu fou de rejoindre une université californienne en traversant le pays comme un hobo, dans des trains de marchandises, Billy se laisse convaincre de faire un petit bout de chemin avec lui. Mais, après seulement quelques kilomètres, avant même d'avoir quitté Buell, Isaac et Billy se retrouvent avec un cadavre sur le dos. Si Isaac choisit de poursuivre son chemin, Billy décide une fois de plus de rester même si les apparences font de lui le coupable idéal.

Dans ce roman choral alternant les points de vue d'Isaac, de Poe, mais aussi de Lee, la soeur d'Isaac qui, elle, a eu le cran – ou la lâcheté – de quitter Buell pour Yale, de Henry, le père d'Isaac, de Grace, la mère de Poe et de Harris, le chef de la police, amant de Grace, Philipp Meyer dresse le portrait d'une Amérique oubliée et abandonnée, en pleine décrépitude à la fois économique et morale.
À travers des personnages simples et complexes – des êtres humains – Meyer nous conte une histoire qui l'est tout autant, ou chacun va devoir s'arranger avec sa conscience, essayant de l'ignorer, de contourner les impératifs moraux que lui a inculqués la société – mais quelle société ? Celle qui a précipité Buell et ses habitants au fond du gouffre et fait maintenant mine de les ignorer ? –, d'aller contre sa propre nature pour devenir un peu meilleur, de faire ce qu'il croit juste même si cela doit finalement créer une autre injustice.
Au milieu des usines à l'abandon dans un paysage rongé par la rouille et la dépression – économique, morale – Un arrière-goût de rouille fait aussi émerger une forme de renouveau incarnée ici par la nature gagnant du terrain ,le retour des ours et des coyotes, mais aussi la recherche par la plupart des personnages d'une certaine rédemption qui passera aussi parfois par le sacrifice. Une manière d'illustrer par l'exemple, et avec toutes les ambigüités qui peuvent aller avec, une des citations mises en exergue du roman, d'Albert Camus : « (…) ce qu'on apprend au milieu des fléaux, qu'il y a dans les hommes plus de choses à admirer que de choses à mépriser ».

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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Avez-vous eu le plaisir de lire le superbe roman le Fils de Philipp Meyer, publié chez Albin-Michel en 2014 ? L'éditeur a récupéré les droits de son premier roman déjà publié sous le titre Un arrière-goût de rouille pour en revisiter la traduction, alors que le roman vient d'être adapté en série par Showtime.

Isaac a vingt ans et s'occupe de son père handicapé dans une petite ville de Pennsylvanie qui n'est plus désormais qu'une ruine industrielle, les aciéries ayant fermé et l'industrie américaine étant en déclin face à la mondialisation. Avec son meilleur ami Poe, ils décident de tenter leur chance plus au sud, direction la Californie. Il suffira d'une mauvaise rencontre dans une usine désaffectée à l'orée de la ville pour qu'un drame change profondément leurs plans, laissant le cadavre d'un vagabond derrière eux.

Très vite, la police de Buell interpelle Poe connu dans le coin comme un jeune impulsif, un athlète raté déjà arrêté après avoir tabassé un gamin quelques temps plus tôt, que le shériff Harris avait protégé comme il pouvait. Il faut dire que l'homme couche avec Grace, la mère de Poe, qui survit comme elle peut avec son salaire de couturière.

Isaac décide de poursuivre sa route et prend la fuite, persuadé que la police est également à ses trousses. Peu à peu, il deviendra un de ces vagabonds, un hobo qui voyagera clandestinement en sautant à bord de trains de marchandises. Pourtant, un monde hostile l'attend dans la rue, et alors qu'il essaie de rester en vie, sa santé mentale commence à montrer des signes de fatigue.

Ce fut un roman passionnant, une plongée dans la société américaine modeste, celle de l'échec et du déclin, ces oubliés qu'on ne remarque pas dans le spectacle de la réussite américaine. C'est un excellent roman, une histoire d'amitié, de descente aux enfers et d'espoir d'une vie meilleure portée par des personnages attachants et une écriture superbe. Lisez-le rapidement, la série arrive sur Canal+ le 25 novembre !

🔗 Service de presse adressé par l'éditeur.
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