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Citations sur L'Espace du dedans (87)

LES ÉMANGLONS
Mœurs et coutumes

Le travail est assez mal vu des Émanglons, et, prolongé, il entraîne souvent chez eux des accidents.
Après quelques jours d'un labeur soutenu, il arrive qu'un Émanglon ne puisse plus dormir.
On le fait coucher la tête en bas, on le serre dans un sac, rien n'y fait. Cet homme est épuisé. Il n'a même plus la force de dormir. Car dormir est une réaction. Il faut encore être capable de cet effort, et cela en pleine fatigue. Ce pauvre Émanglon donc dépérit. Comment ne pas dépérir, insomnieux, au milieu de gens qui dorment tout leur saoul ? Mais quelques-uns en vivant au bord d'un lac, se reposent tant bien que mal à la vue des eaux et des dessins sans raison que forme la lumière de la lune, et arrivent à vivre quelques mois, quoique mortellement entraînés par la nostalgie du plein sommeil.
Ils sont faciles à reconnaître à leurs regards vagues à la fois et insistants, regards qui absorbent le jour et la nuit.
Imprudents qui ont voulu travailler ! Maintenant il est trop tard.

VOYAGE EN GRANDE GARABAGNE - 1936
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On ne voit pas les virgules entre les maisons, ce qui en rend la lecture si difficile et les rues si lassantes à parcourir.

FACE AUX VERROUS ( 1954 ) - Tranches de savoir
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On voit la cage, on entend voleter. On perçoit le bruit indiscutable du bec s'aiguisant contre les barreaux. Mais d'oiseaux, point.
C'est dans une de ces cages vides que j'entendis la plus intense criaillerie de perruches de ma vie. On n'en voyait, bien entendu, aucune.
Mais quel bruit ! Comme si dans cette cage s'en étaient trouvé trois, quatre douzaines :
" Est-ce qu'elles ne sont pas à l'étroit dans cette petite cage ? " demandai-je machinalement, mais ajoutant à ma question, à mesure que je me l'entendais prononcer, une nuance moqueuse.
" Si..., me répondit son Maître fermement, c'est pourquoi elles jacassent tellement. Elles voudraient plus de place. "

AU PAYS DE LA MAGIE ( 1941 )
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JE SUIS GONG

Dans le chant de ma colère il y a un œuf,
Et dans cet œuf il y a ma mère, mon père et mes enfants,
Et dans ce tout il y a joie et tristesse mêlées et vie,
Grosses tempêtes qui m’avez secouru,
Beau soleil qui m’a contrecarré,
Il y a haine en moi, forte et de date ancienne,
Et pour la beauté on verra plus tard.
Je ne suis en effet devenu dur que par lamelles ;
Si l’on savait comme je suis resté moelleux au fond.
Je suis gong et ouate et chant neigeux,
Je le dis et j’en suis sûr.
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Dans la nuit

Dans la nuit

Je me suis uni à la nuit

À la nuit sans limites

À la nuit.



Mienne, belle, mienne.



Nuit

Nuit de naissance

Qui m’emplit de mon cri

De mes épis.

Toi qui m’envahis

Qui fais houle houle

Qui fais houle tout autour

Et fume, es fort dense

Et mugis

Es la nuit.

Nuit qui gît, nuit implacable.

Et sa fanfare, et sa plage,

Sa plage en haut, sa plage partout,

Sa plage boit, son poids est roi, et tout ploie sous lui

Sous lui, sous plus ténu qu’un fil,

Sous la nuit

La Nuit.
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LA RALENTIE


Oh! Fagots de mes douze ans, où crépitez-vous maintenant?

On a son creux ailleurs.

On a cédé sa place à l'ombre, par fatigue, par goût du rond. On entend au loin la rumeur de l'Asclépiade, la fleur géante.

…ou bien une voix soudain vient vous bramer au cœur.

On recueille ses disparus, venez, venez.

Tandis qu'on cherche sa clef dans l'horizon, on a la noyée au cou, qui est morte dans l'eau irrespirable.

Elle traîne. Comme elle traîne! Elle n'a cure de nos soucis. Elle a trop de désespoir. Elle ne se rend qu'à sa douleur. Oh, misère, oh, martyre, le cou serré sans trêve par la noyée.

On sent la courbure de la terre. On a désormais les cheveux qui ondulent naturellement. On ne trahit plus le sol, on ne trahit plus l'ablette, on est la sœur par l'eau et par la feuille. On n'a plus le regard de son œil, on n'a plus la main de son bras. On n'est plus vaine. On n'envie plus. On n'est plus enviée.

On ne travaille plus. Le tricot est là, tout fait, partout.

On a signé sa dernière feuille, c'est le départ des papillons.

On ne rêve plus. On est rêvée. Silence.

On n'est plus pressée de savoir.

C'est la voix de l'étendue qui parle aux ongles et à l'os.

Enfin chez soi, dans le pur, atteinte du dard de la douceur.

p.217-218
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EXTRAIT DE PASSAGES
DESSINER L'ECOULEMENT DU TEMPS

… Au lieu d’une vision à l’exclusion des autres, j’eusse voulu dessiner les moments qui bout à bout font la vie, donner à voir la phrase intérieure, la phrase sans mots, corde qui infiniment se déroule sinueuse, et, dans l’intime, accompagne tout ce qui se présente du dehors comme du dedans.

Je voulais dessiner la conscience d’exister et l’écoulement du temps. Comme on se tâte le pouls. Ou encore, en plus restreint, ce qui apparaît lorsque, le soir venu, repasse (en plus court et en sourdine) le film impressionné qui a subi le jour.

Dessin cinématique.

Je tenais au mien, certes. Mais combien j’aurais eu plaisir à un tracé fait par d’autres que moi, à le parcourir comme une merveilleuse ficelle à nœuds et à secrets, où j’aurais eu leur vie à lire et tenu en main leur parcours.

Mon film à moi n’était guère plus qu’une ligne ou deux ou trois, faisant par-ci par-là rencontre de quelques autres, faisant buisson ici, enlacement là, plus loin livrant bataille, se roulant en pelote ou ― sentiments et monuments mêlés naturellement ― se dressant, fierté, orgueil, ou château ou tour … qu’on pouvait voir, qu’il me semblait qu’on aurait dû voir, mais qu’à vrai dire presque personne ne voyait.

p.309
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DESSINER L'ECOULEMENT DU TEMPS

... Au lieu d'une vision à l'exclusion des autres, j'eusse voulu dessiner les moments qui bout à bout font la vie, donner à voir la phrase intérieure, la phrase sans mots, corde qui indéfiniment se déroule sinueuse, et, dans l'intime, accompagne tout ce qui se présente du dehors comme du dedans.
Je voulais dessiner la conscience d'exister et l'écoulement du temps. Comme on se tâte le pouls. Ou encore, en plus restreint, ce qui apparaît lorsque, le soir venu, repasse (en plus court et en sourdine) le film impressionné qui a subi le jour.
Dessin cinématique.
Je tenais au mien, certes. Mais combien j'aurais eu plaisir à un tracé fait par d'autres que moi, à le parcourir comme une merveilleuse ficelle à noeuds et à secrets, où j'aurais eu leur vie à lire et tenu en main leur parcours.
Mon film à moi n'était guère plus qu'une ligne ou deux ou trois, faisant par-ci par-là la rencontre de quelques autres, faisant buisson ici, enlacement là, plus loin livrant bataille, se roulant en pelote ou - sentiments et monuments mêlés naturellement - se dressant, fierté, orgueil, ou château ou Tour... qu'on pouvait voir, qu'il me semblait qu'on aurait dû voir, mais qu'à vrai dire presque personne ne voyait.
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QUI JE FUS (1927)
L'ÉPOQUE DES ILLUMINÉS.

Quand le crayon qui est un faux frère ne sera plus un faux frère.
Quand le plus pauvre en aura plein la bouche, d’éclats et de vérité.
Quand les autos seront enterrées pour toujours sur les bords de la route.
Quand ce qui est incroyable sera regardé comme une vérité de l’ordre de « 2 et 2 font 4 ».
Quand les animaux feront taire les hommes par leur jacasserie mieux comprise et inégalable.
Quand l’imprimerie et ses succédanés ne seront plus qu’une drôlerie, comme la quenouille ou la monnaie d’Auguste l’Empereur.
Quand aura passé la grande éponge, eh bien ! sans doute que je n’y serais plus, c’est pourquoi j’y prends plaisir maintenant et si j’arrête cette énumération, vous pouvez la continuer.
Il ne faut pas se mettre en bras de chemise pour rompre une allumette, et le poteau indicateur reste dans son rôle en ne faisant jamais la route lui-même, et la vie est précieuse à qui en a déjà perdu 26 ans, et les cheveux tombent rapidement d’une tête qui s’obstine, et les pleurs ne viennent jamais que le travail une fois fini, et les genres littéraires sont des ennemis qui ne vous ratent pas, si vous les avez ratés au premier coup.
Il faut toujours être en défiance, Messieurs, toujours pressé d’en finir, le jurer et remettre son serment en chantier tous les jours, ne pas se permettre un coup de respiration pour le plaisir, utiliser tous ses battements de cœur à ce qu’on fait, car celui qui a battu pour sa diversion mettra le désordre dans les milliers qui suivront….

p.16-17
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[Ecuador]

Rends-toi, mon cœur.
Nous avons assez lutté.
Et que ma vie s'arrête.
On n'a pas été des lâches,
On a fait ce qu'on a pu.
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