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Citations sur L'Espace du dedans (87)

En vérité, celui qui ne connaît pas la colère ne sait rien. Il ne connaît pas l'immédiat.
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QUI JE FUS (1927)

ÉNIGMES
À jules Supervielle


Ceux-là savaient ce que c’est que d’attendre. J’en ai connu un, et d’autres l’ont connu, qui attendait. Il s’était mis dans un trou et il attendait.
Si toi-même, tu cherchais un trou pour quelque usage, mieux valait, crois-moi, chercher ailleurs un autre trou, ou bien, à ses côtés t’asseoir, fumant les longues pipes de la patience.
Car il ne bougeait point de là.
On lui jetait des pierres et il les mangeait.
Il avait l’air étonné, puis il les mangeait. Il demeurait ainsi pendant le sommeil et pendant l’éveil, plus que la vie d’un préjugé, plus qu’un cèdre, plus que les psaumes qui chantent les cèdres abattus; il attendait ainsi, toujours diminuant jusqu’à n’être plus que l’orteil de lui-même.

¤

Je formais avec de la mie de pain une petite bête, une sorte de souris. Comme j'achevais à peine sa troisième patte, voilà qu'elle se met à courir… Elle s'est enfuie à la faveur de la nuit.

p.9


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EN PENSANT AU PHÉNOMÈNE
DE LA PEINTURE

La volonté, mort de l'Art.


Dessinez sans intention particulière, griffonnez machinalement, il apparait presque toujours sur le papier des visages.
Menant une excessive vie faciale, on est aussi dans une perpétuelle fièvre de visages.
Dès que je prends un crayon, un pinceau, il m’en vient sur le papier l’un après l’autre dix, quinze, vingt. Et sauvages, la plupart.
Est-ce moi, tous ces visages ? Sont-ce d’autres ? De quels fonds venus ?
Ne seraient-ils pas simplement la conscience de ma propre tête réfléchissante ? (Grimaces d’un visage second, de même que l’homme adulte qui souffre a cessé par pudeur de pleurer dans le malheur pour être plus souffrant dans le fond, de même il aurait cessé de grimacer pour devenir intérieurement plus grimaçant.) Derrière le visage aux traits immobiles, déserté, devenu simple masque, un autre visage supérieurement mobile bouillonne, se contracte, mijote dans un insupportable paroxysme. Derrière les traits figés, cherchant désespérément une issue, les expressions comme une bande de chiens hurleurs…
Du pinceau et tant bien que mal, en taches noires, voilà qu’ils s’écoulent : ils se libèrent.
On est surpris, les premières fois.

p.305-306
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UN HOMME PRUDENT

Il croyait avoir dans l'abdomen un dépôt de chaux. Il allait tous les jours trouver les médecins qui lui disaient " L'analyse des urines ne révèle rien ", ou qu'il était plutôt même sur le chemin d'une décalcification, ou qu'il fumait trop, que ses nerfs avaient besoin de repos, que... que... que.
Il cessa ses visites et resta avec son dépôt.
La chaux est friable, mais pas toujours. Il y a les carbonates, les sulfates, les chlorates, les perchlorates, d'autres sels, et c'est naturel, dans un dépôt il faut s'attendre à trouver un peu de tout. Or, le canal de l'urètre, tout ce qui est liquide, oui, mais les cristaux il ne les laisse passer qu'avec un mal de chien. Il ne faut pas non plus respirer trop fort ou accélérer brusquement la circulation en courant comme un fou après le tramway. Que le bloc se désagrège et qu'un morceau entre dans le sang, adieu Paris !
Dans l'abdomen, il y a quantité d'artérioles, d'artères, et de veines principales, le coeur, l'aorte et plusieurs organes importants. C'est pourquoi se plier serait une folie; et aller à cheval, qui y songerait ?
Quelle prudence il faut dans la vie !
...
p.37
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MAIS TOI, QUAND VIENDRAS-TU ?

Mais Toi, quand viendras-tu ?
Un jour, étendant Ta main
sur le quartier où j’habite,
au moment mûr où je désespère vraiment ;
dans une seconde de tonnerre,
m’arrachant avec terreur et souveraineté
de mon corps et du corps croûteux
de mes pensées-images, ridicule univers ;
lâchant en moi Ton épouvantable sonde,
l’effroyable fraiseuse de Ta présence,
élevant en un instant sur ma diarrhée
Ta droite et insurmontable cathédrale ;
me projetant non comme homme
mais comme obus dans la voie verticale,
TU VIENDRAS .

Tu viendras, si tu existes,
appâté par mon gâchis,
mon odieuse autonomie ;
Sortant de l’Ether, de n’importe où, de dessous mon
moi bouleversé, peut-être ;
jetant mon allumette dans Ta démesure,
et adieu, Michaux.

Ou bien, quoi ?
Jamais ? non ?
Dis, Gros lot, où veux-tu donc tomber ?

p.243-244
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Rends-toi mon coeur
Nous avons tant lutté.
Et que ma vie s'arrête.
On n'a pas été des lâches
On a fait ce qu'on a pu.

Oh mon âme
Tu pars ou tu restes...
Il faut de décider

Moi je n'en peux plus.
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Dans la vie on ne réalise jamais ce qu'on veut. Eussiez-vous par un meurtre heureux supprimé vos cinq ennemis, ils vous créeront encore des ennuis. Et c'est le comble, venant de morts et pour la mort desquels on s'est donné tant de mal.
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QUI JE FUS

GLU ET GLI

le rire est dans ma…
un pleur est dans mon...
et le mal Dieu sait où
on en est tous là
vous êtes l'ordure de la terre
si l'ordure vient à se salir
qu'est-ce qui adviendra!
l'ordure n'est pas faite pour la démonstration
un homme qui n'aurait que son pet pour s'exprimer…
pas de rire
pas d'ordure
pas de turlururu
et pas se relire surtout Messieurs les écrivains
Ah! que je te hais Boileau
Boiteux, Boignetière, Boiloux, Boigermain,
Boirops, Boitel, Boivéry,
Boicamille,
Boit de travers
Bois ça.

p.12-13
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QUI JE FUS (1927)
L'ÉPOQUE DES ILLUMINÉS.
….
Pauvres gens, ceux qui seront arrêtés par les tournants, pauvres gens, et il y en aura, des pauvres gens et des tournants.
Ils étaient pauvres gens en naissant, furent pauvres gens en mourant, sont à la merci d’un tournant.
Il ne faudra pas crier non plus, la mêlée sera déjà assez intense. On ne se reconnaitra pas, c’est pourquoi encore il faudra être pressé d’en sortir et d’aller de l’avant.
Malheur à ceux qui s’occuperont à couper les cheveux en quatre, c’est rarement bon, c’est profondément à déconseiller dans les bagarres.
Malheur à ceux qui s’attarderont à quatre pour une belote, ou à deux pour la mielleuse jouissance d’amour qui les fatiguera plus vite que les autres.
Malheur, malheur !
Ce sera atroce pour les gens qui s’apercevront qu’ils auraient du se tenir le cœur en état et c’est trop tard.
Pour ceux qui aiment voir souffrir, il y aura du spectacle, allez, mais l’époque ne sera pas aux voyeurs, plutôt aux accélérés, aux sans famille, à ceux qui n’auront aucune technique, mais un imperturbable appétit.
Quand à vous, les illuminés, représentez-vous que cela ne durera pas toujours, un illuminé n’en prend pas son saoul à chaque époque ― celle-là sera la bonne ― on vous adorera avec délire, on vous suivra aveuglément.
Enfin ! Enfin !
Mais que cela finisse vite. Je le dis pour votre bien, un illuminé ne peut durer longtemps. Un illuminé se mange lui-même la moelle, et la satisfaction n’est pas votre affaire. Vous verrez d’ailleurs comme cela finira. Les sons rentreront dans l’orgue et l’avenir s’invaginera dans le Passé comme il l’a toujours fait.

p.18-19
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- L'exécution aura lieu demain. Accusé, avez-vous quelque chose à ajouter ?
- Excusez-moi, dit Plume, je n'ai pas suivi l'affaire.
Et il se rendormit.
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