Je suis, semblerait-il, le premier à publier une critique de ce roman sur Babelio.
La première chose à dire c'est que le cadre est attirant : Une île, les embruns... Les paysages sont séduisants (la couverture le laisse déjà penser).
C'est une histoire sensible avec des personnes qui nous touchent. Il y a beaucoup de malheurs et de difficultés dans cette communauté insulaire mais toujours demeure présente la détermination et l'espérance de meilleurs lendemains.
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La jeune femme commença prudemment à taper le récit de son court voyage. Elle était plus qu'hésitante ; elle ne savait pas vraiment par où commencer. Sans doute aurait-il été plus judicieux de s'y mettre plus tôt, car déjà une semaine s'était écoulé depuis son retour de la charmante île bretonne d'Adrec.
Du charme, Adrec n'en manquait effectivement pas. Des paysages apaisants, le doux clapotis des vagues embrassant ses côtes, l'odeur rafraîchissante des embruns de l'océan chatouillant les narines… Et même ses habitants n'en étaient pas moins sympathiques. Mais…
Contrairement à ce que la brochure prétendait, l'île n'avait opéré en elle aucune magie, aucun bienfait. Elle était venue, elle aussi, trouver « le chemin vers la renaissance ». En vain. Ce fut à peine si elle avait oublié - même un bref instant - tous ses maux, ses problèmes, tout son profond chagrin ; elle n'a pu y échapper une seule seconde.
C'était pourtant l'objectif premier de ce séjour : laisser son esprit s'évader. Sa petite âme sensible est pourtant restée de marbre et indifférente. C'était bien dommage… le potentiel était bien là et il ne manquait rien de plus qu'un soupçon de poésie et d'originalité pour rendre cette escapade littéraire exceptionnelle.
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Quelques jours plus tard, alors que la fraîcheur tombe enfin sur l'île après une journée caniculaire, Jan sort de sa forge touffante, se rince au robinet dans la cour et se rend chez sa sœur. De part et d'autre de la porte d'entrée, deux hortensias sèchent sur pied; les minuscules fleurs racornies semblent brûlées de soleil. Edith est une jardinière consciencieuse, mais quand Jan touche le sol il constate qu'il n'a pas reçu d'eau depuis longtemps. Sa sœur n'est pas dans la maison et Jan fait un tour de jardin. Toutes les plantes sont dans le même état : desséchées, assoiffées. Jan saisit l'arrosoir et passe une bonne heure à réparer les dégâts. La terre est craquelée, et il lui faut plusieurs allers-retours. A peine a-t-il terminé qu'il apercoit Edith au loin. Elle s'immobilise en le voyant, puis se met à courir :
- Daniel ! Daniel ! crie-t-elle.
Mais en se rapprochant, elle reconnaît Jan.
PAGE 62
Quand l'orage s'annonce avec ses gros moutons noirs, les vagues s'assombrissent ; quand il pleut, elle est toute grise et uniforme, comme du mercure. Et quand le vent forcit, comme aujourd'hui, elle est blanche d'écume, et les plages sont ourlées d'une sorte de mousse laiteuse.
Son corps lui-même devenait ombre parmi les ombres et il distinguait à peine ses mains à présent gantées de nuit.