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EAN : 9782352830269
150 pages
Mosquito (04/09/2009)
3.75/5   2 notes
Résumé :

Dans le panthéon des héros de papier, Marcel Labrume, créé en 1980, mérite une place de choix. Petit journaleux combinard, il est allé à Beyrouth en 1940 se refaire une virginité, dans le milieu des coloniaux arrogants, racistes et antisémites et c'est là que son chemin croisera celui d'une belle et jeune milliardaire poursuivie par les services de la Gestapo. Marcel bascule dans le bon camp, la morale est... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Qui est Marcel Labrume dont le titre du premier des deux albums contenus dans l'intégrale désigne comme un salaud ? de son état, Labrume est un journaliste qui vit à Beyrouth, c'est-à-dire dans une Syrie qui fut sous protectorat français et qui se trouve, en ce début de Deuxième guerre mondiale, au centre d'un jeu stratégique mêlant tout à la fois Allemands, Britanniques, Français et Arabes (parmi lesquels on trouvera, jeux d'alliance obligent, des Druzes, des Alaouites mais aussi des Chrétiens). Labrume est aussi un égoïste cynique : c'est pour cela que collaborer avec les nazis ne le trouble pas. Pour le compte de Steiner, chef de la Gestapo locale, il prend en filature Carole Gibson, une riche actrice américaine dont il finit par tomber amoureux. Dans le deuxième album, qui n'est pas la suite du premier, on retrouve Labrume soldat de la Légion Etrangère, déserteur, traversant tant bien que mal les lignes germano-italiennes du front libyen pour retrouver Tobrouk.

Si les deux albums diffèrent assez radicalement l'un de l'autre, il y a aussi des points de convergence : le personnage de Labrume, évidemment, dont le caractère cynique continue de s'exprimer. Il faut tout de même reconnaître une folie croissante dans le deuxième et, presque, une irrationnalité dans son comportement qu'on pourrait aisément attribuer à la folie de la guerre. On trouve aussi dans les deux albums une galerie de personnages, à double facette pour la plupart, qui révèle de la guerre cette part de vérité, qui est que les relations interpersonnelles tiennent, malgré l'ampleur et les enjeux du conflit, une part extrêmement importante. de là découle une suspicion généralisée, une ambiance d'espionnage qui transpire à chaque page et la sensation d'un danger permanent. Dans les deux albums, il s'agit pour Labrume de se sauver d'un panier de crabe gigantesque : chaque homme et chaque femme peut être l'allié(e) d'un jour et le(la) traître d'un autre. Naturellement, le troisième point commun d'importante est la guerre, décor grandiose et prétexte tout trouvé pour examiner les folies humaines. C'est que la normalité ne peut exister en pareil contexte. Alors, entre les militaires allemands et italiens, les rescapés britanniques, la police française, les bossus, les prostituées et les milices juives, le cas de Labrume ne détonne pas : c'est l'histoire d'un homme qui veut sauver sa vie, rejetant l'absurdité du conflit et la fiction de la patrie. Enfin, dernier point commun et non des moindres : le dessin de Micheluzzi. On pense d'abord, et à raison, à celui de Pratt pour Corto Maltese. Proximité facile : les deux auteurs sont italiens. Et pourtant, il y a une économie du geste et une science de la répartition des noirs et des blancs que l'on retrouve chez les deux auteurs. le noir alourdit l'ambiance, le blanc la surchauffe comme en plein désert. On trouve pourtant chez Micheluzzi plus de minutie, davantage de détail que chez Pratt. Mais peu importe la comparaison : quand deux dessins savent à ce point restituer une époque, une ambiance, une âme, il est inutile et absurde de vouloir savoir quel est le meilleur.

Cependant, des divergences apparaissent entre les deux albums. Tandis que le deuxième est un récit d'aventure plus classique, le premier hésite entre le récit d'espionnage et le roman noir, où la guerre n'est qu'un décor, un prétexte pour étudier cette faune particulière qui évolua, presque en vase clos, dans cet Orient qu'écrivains et artistes ont souvent fantasmé. Il en résulte une lecture plus aisée du deuxième album et une certaine confusion pour le premier : passant d'une scène à l'autre, d'un personnage ou groupe de personnages à un autre, Micheluzzi semble nous lâcher pour mieux nous rattraper, tel un couple de funambules qui, sur un trapèze à quinze mètres de hauteur, font des voltiges. Labrume évolue, aussi : il semble au bord de la folie dans le deuxième album, se parlant à lui-même, maugréant, semblant abandonner toute humanité pour la ressentir avec une intensité terrifiante en fin d'album. Paradoxalement, si le scénario du premier album paraît le plus complexe et, partant, le plus intéressant, c'est le Labrume du second récit qui est le plus tourmenté et, donc, le plus riche narrativement parlant.
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Labrume. Avec un nom comme celui-là, le beau Marcel aurait pu être agent secret, d'autant qu'il en a la carrure. Mais c'est un journaliste opportuniste, et « Collabo » de surcroît, qui s'est installé à Beyrouth.

Septembre 1940. Labrume passe son temps à flemmarder avec Mitzi, sa petite amie. Proche des milieux extrémistes, il se montre dans les soirées prisées des expatriés et tente d'y glaner quelques informations. C'est dans l'une d'elles qu'il rencontre Carole Gibbons, une jeune et belle milliardaire américaine. Rapidement, l'homme tombe sous le charme de cette femme qui, pour des raisons encore inconnues, est dans le collimateur de la Gestapo. Intrigué par la belle, il va se mettre à la suivre. Ce qu'il va découvrir va l'obliger à revoir ses convictions.

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Le personnage de Marcel Labrume est né en 1980. Première publication de ses aventures dans le magazine italien Alter Alter et arrivée en France du tome 1 en 1983 (alors publié par les Humanoïdes Associés). Mais ce diptyque est passé inaperçu à l'époque, malgré l'obtention du Fauve d'Or en 1984 pour le tome 2. Réédité en 2009 par les Éditions Mosquito, cette intégrale s'ouvre sur une préface signée par Michel Jans (Fondateur de Mosquito, auteur et grand esthète amateur de BD ; je vous propose ce lien pour découvrir une interview à laquelle il a répondu). Il commente l'évolution de Labrume, met en valeur de cette oeuvre (dans ce qu'elle apporte à l'univers BD en général) et montre le rapport que Michel Micheluzzi entretient avec son personnage :

Labrume, Marcel Labrume. Une belle fripouille. le symbole vivant de mes contradictions. Un homme qui m'attire avec son potentiel de séduction un peu perverse, pas son statut de personnage trouble, sans idéal, totalement immergé dans son abominable égoïsme. Et qui bien entendu pour toutes ces raisons me répugnent. Il y a cette subtile fascination pour ce qui est interdit, l'aspect séduisant du péché ainsi que le plaisir pervers de se sentir attiré, alors qu'en même temps, on se croit meilleur que lui.

Le tome 1, Que tu es beau Marcel, t'es un salaud Marcel, présente donc le héros dans un contexte de crise (Seconde Guerre Mondiale), et sur trame d'enjeux politico-économico-stratégiques. Au préalable, Micheluzzi rappelle le contexte historique et les événements majeurs qui ont fait date dans cette guerre, ainsi que l'intérêt de chaque pays a à tirer d'une place privilégiée en territoire arabe :

Les rôles sont distribués, le bal peut commencer. Mais dans la plus grande confusion car les Français pétainistes sont contre les gaullistes et contre leurs ex-alliés britanniques mais aussi contre leurs ex-ennemis allemands et italiens. Arabes sunnites contre Arabes chrétiens, Arabes contre les Français, mais aussi contre les Anglais mais sans s'opposer aux Allemands et aux Italiens, mais en tout cas toujours contre les Juifs qui, par bonheur, n'ont comme adversaires que les Allemands et les Arabes.

La trame narrative, en se basant sur des faits historiques, offre donc un décor intéressant pour ce ce héros sombre et cynique. J'ai pourtant été en difficulté durant la lecture du tome 1 : le personnage est trop détaché, froid, hautain et le revirement qu'il opère en fin d'album est réellement surprenant. Dans le bon sens du terme d'ailleurs. Une difficulté à distinguer (parfois) les personnages secondaires de l'intrigue, un rythme qui passe sans scrupules d'un plan à l'autre, d'un protagoniste à l'autre. Ce qui sème le trouble mais renforce la tension pesante – à couper au couteau – autour de Labrume. En revanche, le second tome, A la recherche des guerres perdues, est réellement prenant. Entre les deux tomes, Marcel a perdu Carole et s'est engagé dans les troupes de la Légion étrangère. On se demande s'il n'est pas en train de glisser lentement vers la folie : il soliloque, s'insulte, se moque de lui mais cela crée une ambiance mi-amère mi-poignante… j'aime.

Le graphisme, et ses nombreux jeux de hachures, vient compléter le caractère mordant de ce monde austère et renforce le côté cynique et individualiste de l'ambiance. le trait est lourd et l'ambiance se crée autour d'une succession d'aplats de noir ou de blanc. le noir donne de la portée au scénario, le blanc renforce les sensations de chaleur, moiteur, etc (environnement hostile, désert…). Les fonds de cases sont souvent minimalistes alors qu'en premier plan évoluent les personnages charismatiques. Les angles de vue utilisés par Micheluzzi rendent le récit dynamique. On a un bon rendu des mouvements des personnages.

Les mots sont au service des visuels et réciproquement, les éléments se répondent en écho. Une lecture fluide, agréable et prenante.

Racisme, espionnage, guerre…

Très bonne série, avec une préférence pour le tome 2 qui avait obtenu le Fauve d'Or à Angoulême en 1984. Au final, ce diptyque nous fait découvrir une vision assez méconnue d'un conflit. Nous découvrons Labrume en septembre 1940 et le quitteront, à la fin du second tome, en juin 1942 avec on ne peut plus d'incertitudes quant à son devenir.
Lien : http://chezmo.wordpress.com/..
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
18 juin. Une autre nuit vient de s’écouler et les gens ont continué à mourir, mais le soleil s’en fiche
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A la tienne Adolf, vieux salaud ! Désormais, le monde t’appartient ! … à nous ! Parce que, mon vieux, je me fous du monde entier… Ratata, tra tra, tra tra…
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Il n’est pas facile de rompre brutalement avec son passé…. C’est un peu comme mourir… ce n’est pas vrai. C’est naître une autre fois
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