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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Sexus : Book One of the Rosy Crucifixion
Traduction : Roger Giroux (pour le Livre de Poche)

Plus construit - du moins est-ce l'impression que j'en ai retirée - que les deux "Tropique", "Sexus" est le premier volume de la "Crucifixion en Rose." C'est aussi une ode à Mara-Mona, c'est-à-dire à June, la seconde épouse de l'auteur, celle qu'il célèbrera d'ailleurs maintes fois dans son oeuvre.
Le premier chapitre s'ouvre d'ailleurs dans le dancing où, la veille même, le narrateur vient de rencontrer une hôtesse qui vend ses danses et sa compagnie aux hommes seuls.
A partir de là, Miller entraîne son lecteur dans une ronde de personnages dont il nous a déjà fait admirer certains specimens. Je ne citerai qu'un nom - qui se passe de tout commentaire : l'ineffable Kronski.
Mais Sexus, c'est surtout l'occasion pour Miller de peaufiner son personnage hyper-viril, capable de contenter toutes les femmes - ou presque. Qu'il soit avec Mara, laquelle, à un certain moment, demande "humblement" à Kronski si "elle est vraiment digne de Henry" (!!!), ne l'empêche pas de forniquer à droite et à gauche, et même avec son épouse légitime alors que tous deux ont pourtant entamé leur procédure de divorce. le lecteur note tout de suite que c'est pratiquement Maude qui le lui demande.
Je crois à l'auteur américain beaucoup trop d'intelligence et de subtilité pour ne pas avoir brossé en vain de lui-même un portrait aussi peu flatteur. Parce qu'il s'attèle en profondeur au récit de sa vie - le fait qu'il enjolive nombre de détails ou les arrange en une perspective plus théâtrale n'enlève rien à cette profondeur - Miller sait qu'il ne peut plus reculer : cette fois-ci, il ne pourra pas se contenter d'effleurer le Miller gigolo, le Miller macho, le Miller lâche et fuyant qu'il fut aussi. Par conséquent, avec une habileté joviale et un talent qu'on ne saurait lui contester, l'écrivain dévoile alors tout ce qui, en lui, choque et scandalise comme jamais n'y sera parvenu le langage crû qu'il affectionne.
Le plus extraordinaire, c'est que, tout au long de ces 670 pages (en édition de poche), on ne songe pas un seul instant à planter là Henry, son sexe, ses blenmorragies, ses femmes, ses arnaques à l'argent, ses chantages aux sentiments, ses cuites et les invraisemblables amis qu'il traîne dans son sillage. Parfois, c'est vrai, on s'arrête, on s'interroge : voyons, ce funambule exhibitionniste qui, complètement saoul, nous fait des pieds-de-nez tout là-haut, sur cette corde qui a le tranchant d'une lame de rasoir, c'est vraiment le grand Henry Miller ? Incroyable ! Malgré tout ce qu'on savait déjà sur sa frénésie sexuelle, sur ses complications sentimentales et sur la vie d'homme entretenu qu'il mena par exemple auprès d'Anaïs Nin, on n'aurait jamais cru ça de lui ...
Et pourtant, malgré tout, on lui conserve une petite place tout au fond de notre coeur. Nul n'est parfait, se dit-on et au moins ne pourra-t-on taxer d'hypocrisie cet écrivain qui s'acharne à se peindre sous de telles couleurs.
Ultime clin d'oeil adressé au lecteur par le texte lui-même : l'anecdote que Miller rapporte sur Knut Hansum, l'un des auteurs qu'il aimait. Je vous laisse la découvrir, elle resssemble à la part d'ombre de Miller : agaçante, pitoyable, rusée, arrogante et cependant si naïve qu'on ne peut s'empêcher de sourire ainsi qu'on le ferait devant les frasques d'un gamin mal élevé mais brillant. ;o)
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Quand j'ai embrassé Henry Miller dans les années 75, j'ai failli tout laisser y compris Léon Tolstoï que je vénérais et que je vénère toujours, non pas Léon, je lui ai commis une infidélité en le laissant dormir un peu. En fait C'est Georges Moustaki qui me l'a suggéré. Georges était fan d' Henry Miller, au delà de la raison ..Et comme j'aimais énormément Georges, le personnage, la singularité, la liberté, sa beauté de pâtre grec, j'étais tout jeune, sur un petit nuage, je me suis mis comme un fan à aimer ce qu'il aimait..
Et comme tout a une triste fin, quand Georges au crépuscule de sa vie a sorti un livre sur les artistes qui ont compté pour lui dans sa vie, je n'ai même pas retrouvé le nom d'Henry Miller qui l'avait tant enchanté dans ses années canoniques ! Je fus intimement déçu, mortifié !
Je suis avec sur les bras Henry Miller avec sa Cruxifixion en rose, mais je le garde près de moi comme une étoile qui a illuminé ma vie à un moment donné, et j'entends le garder près de moi irrépressiblement.
PG 29 08 2022

(En fait je ne fais que rebondir sur le clin d'oeil d' AnnaCan
voir son remarquable billet sur Lady Chatterley de Lawrence)
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Mon auteur fétiche, trilogie magnifique, il m'a fait du bien dans ma relation difficile que j'entretenais avec mes parents et avec les filles, je ne me sentais enfin pas tout seul. Et puis bon comme auteur, c'est quelque chose.
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La crucifixion en rose
Tome I SEXUS
Henry Miller (1891-1980)
« Ce doit être un jeudi soir que je la rencontrai pour la première fois, au dancing…Je me sentais frais et dispos le coeur pur, obsédé par une seule idée : la posséder à tout prix…J'approchais de ma trente troisième année, l'âge du Christ en croix…J'étais au plus bas de l'échelle ; un raté dans toute l'acception du terme…J'étais loin de me figurer que cette semaine allait être l'apothéose de ma vie et durer sept longues années… »
Ainsi débute ce roman et d'entrée le ton est donné par le narrateur, marié il faut le savoir avec une personne qu'il hait, Maude, une femme qui secrète une tristesse accablante au sein d'un foyer qui ressemble à un sépulcre. Il n'espère guère que sa vie va changer suite à cette rencontre quand il dit :
« Voilà trente ans que je porte la croix de fer de la servitude infâmante, que je sers sans la foi, que je travaille sans gages, que je me repose sans connaître la paix. »
Il n'y a vraiment pas de raison que ça change, et pourtant …
Dès lors, il n'a de cesse de la rechercher dès le lendemain, pour des retrouvailles orgasmiques lorsque Mara allume pour lui, pleins feux la rayonnante incandescence de son amour.
Travaillant dans le télégraphe, il est peu motivé et songe plutôt à une carrière d'écrivain. D'une humeur sombre quand il n'est pas avec Mara, il voit le monde en larmes pour l'éternité, le rire n'étant qu'un instant qui passe et la joie une folie passagère dans un monde de tristesse.
« Faire rire le monde est une chose ; faire son bonheur, c'est une autre paire de manches. Personne n'y a jamais réussi. »
On peut dès l'entame admirer le beau style de Henry Miller :
« Mara était vêtue d'une robe noire à pois, à la mode suisse, qui soulignait l'opulence de ses formes. La brise jouait légèrement avec la masse noire, luisante, de ses cheveux, avivant son visage lourd d'une pâleur de craie, comme l'embrun qui fouette la falaise. Dans sa foulée rapide et souple, si sûre d'elle, et alerte, je vis une autre preuve d'un sens renouvelé de la vie : c'était l'animal jaillissant de la chair éclatée, avec la grâce et la beauté fragile de la fleur. C'était elle dans son être diurne, fraiche, saine, vêtue très simplement et parlant presque le langage de l'enfance. »
Magnifique.
L'autre trait de caractère d'Henry est d'être constamment désargenté tout en étant très généreux dès qu'il a trois sous, issus soit de son salaire soit d'un emprunt aux amis Ulric ou Kronski.
Son ami le Dr Kronski passe son temps dans de grands discours à nettoyer le monde, remettant de l'ordre dans la « grande bâtisse », préparant la voie à la fraternité humaine ! et au règne de la liberté de pensée. Kronsky qui ne se prive pas de privautés avec Mara qu'il fait plus que guigner :
« La tête blottie dans le giron de Mara, telle une vipère dilatée, il laissait les mots filtrer de ses lèvres, à la façon du gaz qui fuit d'un robinet mal fermé. C'était la plainte étrange de l'irréductible atome humain, la sub-âme errant dans les caves de la misère collective. »
Henry pense que Mara ne lui dit pas tout de sa vie et chaque jour connaît son lot de découvertes et de déconvenues passagères qui lui permettent de renouer temporairement avec Maude après qu'il lui a avoué sa liaison avec Mara.
Un nouveau rival se profile en la personne de Carruthers et Henry entrevoit la possibilité de s'établir avec Mara pour couper court à toute intrusion.
C'est plus tard le début d'une vie commune : Henry et Mara ne peuvent plus se quitter et s'installent dans le Bronx. Henry avoue qu'il ne possède pas Mara même si elle est entièrement sienne presque esclave, mais que c'est lui qui est possédé, la proie d'un amour comme il ne s'en est jamais offert, un amour qui est un gouffre, un amour total…pour se prosterner devant l'image de la divinité, mourir mille morts imaginaires, anéantir toute trace de soi, découvrir l'univers entier, incarné, enchâssé dans l'image vivante de l'autre… À présent ils sont Mona et Val : ils ont changé de vie et de noms !
Henry ne s'est pas rendu compte, au début de leur relation, du grand besoin que Mona a de lui, ni du changement qu'elle a opéré dans ses habitudes, afin de lui offrir d'elle une image idéale. Elle fait l'impossible pour se rendre indispensable, pour aimer Henry avec dévotion et abnégation. Et Henry de reconnaître qu'il a certainement plus besoin d'elle qu'elle de lui.
Mona incite de plus en plus Henry à se mettre à l'écriture qui lui de son côté se dit qu'il se doit de commencer ne serait-ce que par amour pour elle. Et alors Henry s'épanche en des phrases magnifiques pendant des nuits de hantises, où regorgeant de créations il ne voit rien que les yeux de Mona et dans son regard, montant comme des lacs de lave bouillante, des fantômes s'exhalant en surface, se fanant, s'évanouissant, réapparaissant, trainant avec eux l'effroi, l'appréhension, la peur, le mystère. Image fugitive et toujours poursuivie…et derrière ses fantômes se dissimule une créature enfantine, diminutive faisant mine de s'offrir lascivement…
« « Nuit après nuit, je ne quittais les mots que pour trouver le rêve, la chair, le fantôme. Possession et dépossession...chair blanche et frêle de l'enfant…et la nuit, c'est le désir et l'attente, l'attente au-delà de toute endurance. »
S'en suit une longue réflexion sur la création littéraire, un thème qui obsède Henry entre deux épisodes amoureux, s'interrogeant sur les grands mystères du rapport entre l'Homme et l'Univers. Pour lui, l'artiste se doit de franchir en force les frontières du réel.
« L'intelligence est peut-être une bénédiction ; mais la confiance totale, la crédulité poussée jusqu'à la simplicité d'esprit, la reddition sans condition, c'est une des joies suprême que réserve la vie. »
Henry sous prétexte de voir sa fille rend régulièrement visite à Maude dont il n'est pas encore divorcé et les corps avec nostalgie se rapprochent dangereusement… Sans compter avec Mélanie, la servante de sa femme, un être fantasmatique à priori ridicule mais dont la bestialité provoque Henry « comme le ferait une brebis en chaleur pour un berger solitaire… Ses cheveux blancs ne faisaient que mieux souligner le leurre frémissant de sa chair, ses yeux étaient d'un noir de jais, son sein ferme et plein, sa hanche telle un champ magnétique…Elle donnait l'illusion d'aller et de venir nue…Elle me hantait comme un feu rouge en pleine nuit…Songeant à la beauté démente de Mélanie, je m'abandonnais souvent à d'extatiques rêveries charnelles… » Mélanie, une veine de fabulation qu'Henry étalerait sur le papier un jour…
Henry, toujours aussi désargenté, plus tard connaît des moments d'exaltation et d'inspiration qu'il raconte, comme habité en marchant dans les rues du Bronx pour écrire le livre d'une vie.
« le soleil se couchait à l'ouest comme d'habitude, dans le dégoût cependant, et non dans la splendeur et le rayonnement, pareil à une omelette somptueuse noyée dans des nuées de morve et de glaires catarrheux. »
Alors qu'il se livre à des ébats avec Maude, il est appelé d'urgence ; Mona a fait une tentative de suicide. Elle ne supporte plus les visites répétées d'Henry à son ex. Elle décide d'abandonner la danse pour le théâtre, ce qui lui va bien, car elle est dans la vie de tous les jours capable de changer de rôle avec une rapidité dévastatrice :
« Elle changeait de rôle sous vos yeux, avec ce talent incroyable et insaisissable de prestidigitateur qui permet aux étoiles de music-hall d'incarner les personnages les plus divers. Ce qu'elle avait fait inconsciemment toute sa vie, elle apprenait maintenant à le faire délibérément grâce au théâtre. »
La relation amoureuse entre Mona et Henry prend alors un tour nouveau :
« Elle dégageait une force, un magnétisme, un charme rayonnant. Elle faisait penser à une de ces Italiennes de la Renaissance dont le regard méditatif et le sourire énigmatique vous contemplent, du fond d'une toile qui recule à l'infini…C'était mon devoir, ma mission, ma destinée en cette vie de la chérir et de la protéger… Un revenant de la Renaissance, tombant sur Mona et moi à l'improviste, eût parfaitement pu nous prendre pour deux personnages délogés d'un tableau représentant la fin violente de l'escorte miteuse d'un Doge sybarite. Nous gisions à l'orée d'un monde en ruines, composition présentant les caractères d'une étude plutôt précipitée de perspectives et de raccourcis, où nos corps prostrés mettaient la touche picaresque. »
À noter les très belles descriptions de New York page 566 et 567 conjuguées avec la vie sexuelle échevelée de Henry Miller qui est relatée sans circonlocutions dans la plus verte crudité dans le chapitre XIX. Tout ce chapitre est un moment d'anthologie peu égalé dans la littérature érotique.
Ce livre de 666 pages (diaboliques !) est un grand, passionné et féroce récit autobiographique avec le présent et le passé alternant, avec des analepses savoureuses comme ce souhait d'Henry d'instaurer un ménage à trois avec sa femme Maude et une de ses maîtresses Carlotta, avec l'évocation de tranches de vie avec ses amours et ses amis et les réflexions métaphysiques induites. Ou encore quand Henry psychanalyse son ami Kronski moyennant finance et se constitue une petite clientèle, toujours à l'affut de quelques dollars à gagner.
C'est une oeuvre étonnante, ardente, riche, puissante, totale avec comme fil conducteur l'amour indestructible pour Mona.
Extraits :
« On ne devient jamais que pour être. »
« du peu de lectures que j'avais faites, j'avais tiré cette conclusion que les hommes qui trempaient le plus dans la vie, qui la moulaient, qui étaient la vie même, mangeaient peu, dormaient peu, ne possédaient que peu de biens, s'ils en avaient...Ce qui les intéressait, c'était la vérité, rien que la vérité. Ils n'accordaient de valeur qu'à une seule forme d'activité : créer… Et créer, c'est trouver ma légende où entrerait ma clef qui ouvre l'âme. »
« L'objet de la discipline est de promouvoir la liberté. »
« L'imagination, c'est la voix de l'audace. »
« Les gens continuent à espérer jusqu'à leur lit de mort. L'espoir est un signe funeste ; symbole d'impuissance. le courage n'est pas plus utile. »
« le cul d'une femme vous renseigne exactement sur elle : caractère, tempérament.. ; il vous dit si elle est ardente, morbide, gaie ou légère, responsive ou non, maternelle ou amoureuse du plaisir, active ou indolente, voire même si elle est sincère ou menteuse de nature ! »
En visite à la cathédrale de Naples : « Deux mille ans d'imposture et de calembredaine pour aboutir à ce triomphe de foire ! »
Quand on est sans travail et trop dégouté pour en chercher, mieux vaut encore aller s'asseoir dans un trou puant… »
À lire absolument !
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Comme tout les grands écrivains américains de sa génération, l'oeuvre de Miller est presque totalement autobiographique, un prodigieux conteur par ses élans prophétiques, l'omniprésence dans ses textes du rêve et du fantasme. Il cherche tous les moyens d'expression possibles et inimaginables comme un contempteur impitoyable de l'Amérique, de son matérialisme et de la perversité des moeurs; tandis que le sens même de sa démarche artistique reflète une exigence vitale qui s'apparente à Arthur Rimbaud.
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La révélation d'un futur écrivain dans le New-York des années 30 mais qui pourrait être plus moderne, les beatniks pourraient ne pas être loin... Miller est DRH dans une entreprise mais rêve de devenir écrivain ; il en vit déjà au moins la vie de bohème, toujours fauché, toujours avec les potes, beuveries et sexes à tous les étages. Les scènes de sexe sont d'ailleurs très crues, ce qui valut au livre de Miller d'être longtemps interdit à la vente (en France mais dans d'autres pays aussi). Etrangement, comme chez Houellebecq, ces scènes très directes, purement pornographiques ne déparent pas dans le récit et ne choquent pas... ou comment dire crûment les choses sans devenir ni vulgaire ni se trainer dans la fange. Et une très belle description du New-York bohème d'avant-guerre le tout agrémenté de longues dissertations sur le sens de la vie, la société etc. Un livre envoûtant.
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Alors voilà, j'ai découvert Henry Miller lors de mon tour du monde, à 33 ans. Et j j'ai dévoré ces pages d'errances, d'alcool, de rêves, de triste réalité, d'un New York dur mais plein de promesses. Henry et ses petits boulot, le journal, ses potes de beuverie, Mona....
Il a écrit notamment quelque chose dans ce style: "Je venais d'avoir 34 ans et j'avais décidé de ne plus jamais travailler" Cette phrase, et son vagabondage incessant, à la recherche de quelque chose, tout cela m'a beaucoup marqué
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Dans la perversité assumée de cet écrivain il y a surtout de la poésie et de l'amour, qui se dévoilent être les fondamentaux de son écriture. Un amour brouillon mais passionnel, une âme de clochard céleste qui laissent ses déboires le mener çà et là. La force de Sexus est dans ce quotidien malmené d'un homme presque répugnant, qui assume toutes les conséquences de ses actes avec une passivité charmante. En se faisant entretenir par ses connaissances et en essayant tant bien que mal d'entretenir Mara-Mona, Henry Miller vit et nous fait vivre ses passions amoureuses et ses va-et-vient nocturnes en nous laissant avec cette étrange impression de ne pas avoir goûter pleinement à l'amour ou a un semblant de vie décalée.
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Henry Miller n'est pas seulement pour moi un écrivain modèle, il est un modèle de vie, écrivant/luttant comme un forcené contre des démons extérieurs… et les terrassant ! Les ouvrages (et la vie) d'Henry Miller sentaient la sueur, la fornication et la rage de vivre. Henry Miller affrontait le chaos extérieur pour le sublimer en oeuvre d'art et il y parvenait.

Dans sa trilogie Crucifixion en Rose (Sexus-Plexus-Nexus), ce n'était pas le Christ (Miller lui-même) qui finissait sur la croix, mais tous les Ponce-Pilate de la morale étriquée, tous les marchands du temple blafards, toutes les ouailles tremblantes de la non-vie.

Publiée entre 1949 et 1960, la trilogie de Miller précédait de loin la libération sexuelle des années 70. Je me rappelle avoir dû lire Sexus en anglais parce que l'éditeur français n'avait pas encore obtenu l'autorisation d'une publication en langue de Rabelais.

Ce qui me plaisait aussi en Henry Miller, c'est de savoir qu'en matière de fringale de vie, il avait son pendant féminin : Anaïs Nin.
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