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Patrick Goddard (Illustrateur)
EAN : 9781781080405
224 pages
2000 AD Graphic Novels (05/07/2012)
5/5   1 notes
Résumé :
In 1999, Britain was successfully invaded by the Volgs. When London lorry driver Bill Savage learnt that his family had been killed by the Volgs, he became a one-man war machine - a persistant thorn in the side of the occupying army. Having adopted the identity of his dead brother, Savage operates out of a bombed-out london, leading the resistance against his hated enemy. Now, business brain Howard Quartz - the CEO of Ro-Busters - has launched an attack on the Volga... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome fait suite à Taking liberties et il s'intitule The Guv'nor. Il comprend les épisodes initialement parus en 2009-2010, dans les numéros (progs) 1577 à 1586, 1632 à 1641 et 1685 à 1699 de l'hebdomadaire 2000 AD. Ils ont été écrits par Pat Mills, dessinés et encrés par Patrick Goddard. Il s'agit d'une bande dessinée en noir & blanc. le point de départ de cette série est l'invasion de l'Angleterre par les Volgans (une dénomination politiquement correcte pour évoquer les russes) en 1999. L'histoire de Bill Savage et de la prise des pouvoirs des volgans est racontée dans le premier tome : Invasion!.

Livre IV The Guv'nor - L'action se déroule en 2007. Bill Savage s'est installé comme patron de bar sous le nom de Bill Carter. C'est sa soeur Cathy qui officie derrière le comptoir, pendant que lui se sert de cette couverture pour mener à bien des missions de sabotage dans Londres. Son établissement est fréquenté par le Général, un haut responsable de la sécurité volgan à Londres. Savage essaye de retrouver le tireur d'élite volgan appelé Steak Knife avant qu'il ne commette un assassinat irréparable.

Livre V 1984 - En 2009, une bête sauvage rôde aux alentours de King's Cross, dans un quartier qui a été détruit par les bombardements. Bill Savage (toujours sous le nom d'emprunt de Bill Carter) a réussi à mettre la main sur les informations concernant les rassemblements de troupe volgan sur la côte. Il a contacté les américains pour leur remettre ces informations, afin qu'ils préparent un débarquement, pour à leur tour envahir l'Angleterre et la libérer du joug des volgans. le général volgan Beria est convaincu que Bill Savage n'est pas mort. 2 inspecteurs de Scotland Yard sont sur les traces du dangereux agitateur.

Livre VI Crims - En 2009, Bill Savage tient un nouveau bar, toujours avec sa soeur, sous le nom de Jospeh Puccelli. La bête sauvage rôde toujours dans le quartier de King's Cross. Savage a acquis une information indiquant que les volgans ont installé un téléporteur sous saint Pancras, ce qui leur donne un avantage tactique considérable. Il décide d'infiltrer cette base, mais pour ça il lui faut recruter un petit commando, ainsi qu'un spécialiste en infiltration informatique, et un autre en physique quantique.

Pour ce troisième recueil consacré à l'histoire personnelle de Bill Savage, 2000 AD a mis les petits plats dans les grands. Pour succéder à Charlie Adlard, les éditeurs ont recruté Patrick Goddard qui réalise des dessins réalistes, avec une bonne densité d'informations visuelles à toutes les pages, un niveau descriptif assez élevé qui procure une excellente immersion au lecteur, et un usage des aplats de noir soutenu sans être excessif, pour bien retranscrire l'ambiance pesante de l'occupation de l'Angleterre par les volgans. L'histoire se compose de 3 chapitres qui se succèdent naturellement, le dernier fournissant la résolution d'une intrigue commencée dans le deuxième.

Patrick Goddard représente Bill Savage avec une belle carrure, un homme fort, un visage généralement fermé, souvent habillé d'un long trenchcoat dissimulant son arme. Il utilise régulièrement son fusil, mais pas de manière systématique. Vraisemblablement de mèche avec le scénariste, il affuble Savage d'une paire de lunette dans le dernier chapitre pour qu'il passe ainsi plus facilement incognito en renforçant la différence avec son apparence initiale. Il a également changé la manière de coiffer ses cheveux. le résultat reste réaliste, mais il évoque à plusieurs reprises le visage de Clark Kent (en plus dur et plus sombre). le lecteur sourit également en reconnaissant les traits de Richard Branson sur le personnage d'Howard Quartz. L'artiste a conçu des physiologies et des morphologies différentes pour chaque personnage, avec un sens impressionnant du réalisme, tout en faisant en sorte que chaque personnage se reconnaisse aisément. Il fait en sorte de ne pas exagérer les capacités physiques ou les carrures, pour conserver un degré de crédibilité maximal.

Le lecteur apprécie le soin apporté aux décors. Comme dans le tome précédent, l'artiste doit faire en sorte de représenter les rues de Londres (ou tout du moins les principaux monuments comme les gares) de manière reconnaissable. Goddard sait doser le degré de densité visuelle pour que ces monuments soient réalistes, sans surcharger la case, sans aller jusqu'à une impression photographique. Il apporte le même soin à sa direction d'acteurs. Ainsi les scènes de dialogue montrent des individus aux expressions mesurées, avec des gestes d'une ampleur normale. Il est tout aussi attentif à la conception de ses prises de vues. Il choisit ses angles de prise de vue de manière à ce que le lecteur puisse voir où se situe les interlocuteurs pendant les scènes de dialogue, quels gestes ou quels déplacements ils effectuent. Les scènes d'action bénéficient du même soin de conception, qu'ils s'agissent d'échanges de coups de feu, d'un combat physique, ou d'une course-poursuite en voiture. le lecteur est au coeur de l'action, aux côtés de Bill Savage.

Le lecteur est également impressionné par la connivence existant entre scénariste et dessinateur. L'intrigue est très exigeante, et comprend des nuances délicates à saisir. Pourtant Goddard les transcrit sans difficulté à chaque fois. Ainsi l'un des chapitres se termine par un duel à l'arme à feu entre 2 personnages. L'artiste réussit à la fois à l'intégrer à l'environnement clos dans lequel il se déroule (le bar de Bill), et à la fois à glisser le clin d'oeil aux duels de western, sans neutraliser la tension dramatique. Dans le chapitre 3, le scénario passe par une phase de présentation des spécialités de quelques truands, dont un habile à écraser les prisonniers au rouleau compresseur. Patrick Goddard évite la surenchère gore, préférant suggérer que montrer, pour un résultat tout aussi horrifique. Enfin, il représente tout avec conviction et facilité, de la décharge flottante, à un disquaire à l'ancienne, en passant par Hammerstein. Il n'y a que sa discrète propension à arrondir légèrement les contours qui atténue un tout petit peu la noirceur et l'intensité de sa narration.

La quatrième de couverture indique donc que Bill Savage fait la connaissance d'Howard Quartz, le président directeur général de l'entreprise Ro-Busters. Si le lecteur n'est pas familier des séries de 2000 AD, il prend ça comme une information nouvelle et il découvre quel type d'armes cette entreprise a développé. S'il connaît les principales séries de l'hebdomadaire, il sait qu'il va assister aux origines de robots emblématiques et promis à une longue vie, à commencer par Hammerstein (voir Ro-Busters: The Complete Nuts and Bolts Vol. I). de ce point de vue, Pat Mills poursuit ce qu'il avait commencé dans le premier tome, à savoir développer des points de continuité de l'Histoire alternative servant de trame globale à plusieurs séries de 2000 AD.

Mais le coeur de l'intrigue ne se trouve pas dans ce point de continuité, avec les Ro-Busters. Pat Mills continue son histoire alternative, d'une Angleterre ayant été envahie, avec un individu qui continue de résister à l'envahisseur. Comme dans les tomes précédents, Bill Savage est un bon anglais, un ouvrier (ancien conducteur de camion de livraison) qui refuse de se soumettre, qui refuse l'occupation, qui refuse la collaboration. Il défend son pays contre l'occupant, le fusil à la main, n'hésitant pas à abattre les soldats ennemis comme les gradés, sacrifiant tout à la reconquête de la liberté. Il est le chef d'un mouvement de résistance, et à ce titre, il lui arrive de rencontrer des plénipotentiaires des États-Unis. Il sait qu'en cas de capture l'ennemi ne lui fera pas de cadeau, à commencer par un interrogatoire de type torture. Il sait également que les volgans n'hésiteront pas à s'en prendre à ses proches pour l'atteindre, à commencer par sa soeur Cathy si sa véritable identité est percée à jour.

Le lecteur anglais se délecte à voir ainsi incarné et mis en scène l'esprit de son pays, le patriotisme fait homme, exécutant sommairement l'ennemi. le lecteur d'un autre pays apprécie ces scènes cathartiques dans lesquelles le héros apporte une solution finale, contre les envahisseurs ayant instauré une dictature. Mais Pat Mills n'est pas un scénariste borné et il n'est pas en train d'écrire un comics américain ou une aventure du Punisher. Il montre les exactions de la dictature en place, à commencer par les rafles en pleine rue, aggravée par un détail bien cynique (les civils ainsi ramassés sont mis dans la trémie d'une benne à ordure ménagère). Il montre également que la détermination de Bill Savage a depuis longtemps dépassé le stade de l'obsession et que rien ne peut entraver sa progression, pas même les risques pour la vie de sa soeur. Il montre aussi que les volgans n'hésitent pas à faire payer aux civils les troubles causés par la résistance.

Pat Mills ne fait pas dans l'angélisme. Dans ce conflit, Bill Savage est un fin stratège qui se salit les mains, qui mène ses hommes dans les missions les plus dangereuses, qui s'allie à la pègre pour pouvoir réaliser une mission. Pour lutter contre l'ennemi, tous les moyens sont bons, la fin justifie tous les moyens, même au péril de la vie des civils. Il ne peut pas y avoir de compromis, de négociation, de terrain d'entente. L'alternative est un retrait sans condition des volgans, ou la résistance continue jusqu'à la mort. Pour les volgans, la résistance n'est qu'une poignée de terroristes mettant la population civile en danger, et là aussi tous les moyens sont bons même de faire assassiner un représentant de la collaboration et des enfants, pour ensuite faire porter le chapeau aux résistants et les accuser de la mort d'innocents. Dans le même ordre d'idée, Pat Mills montre bien les rouages de la politique extérieure des États-Unis qui n'a rien d'altruiste. À l'abri de l'autre côté de l'océan, les dirigeants pèsent le pour et le contre en termes de danger, de perte en vies humaines, de possibilité de transaction avec l'occupant, d'opportunité de tester une nouvelle arme (les robots) en conditions réelles, sur un champ de bataille éloigné de leur territoire.

Pat Mills raconte donc des actions d'éclats d'un résistant homme d'action hors du commun, s'inscrivant dans un contexte complexe, où les actions d'un seul homme ne suffiront pas à remporter une guerre. Il y mêle une dose de politique fiction intelligente, ainsi que des éléments britanniques (des expressions typiques, mais aussi le souvenir de Lady Shirley Brown, une femme de caractère en évoquant d'autres). Au sein de ce récit déjà bien dense, il intègre des moments surprenants comme l'humoriste qui débite des blagues dans le bar de Bill Savage, un tigre de Sibérie, des criminels professionnels participant à la libération de leur pays mais pas gratuitement, ou encore un ancien musicien issu du flower power à l'histoire personnelle très inattendue, un traqueur de pédophiles.

Ce troisième tome consacré à Bill Savage s'avère encore plus intense que le précédent. Pat Mills continue de mettre en scène un individu viril tuant l'occupant sans remord, avec comme seul objectif de bouter l'ennemi hors de son pays. Derrière les apparences d'un récit bourrin et patriotique, le scénariste aborde la réalité plus nuancée de cette lutte contre l'oppresseur, des intérêts des alliés, des compromissions pour atteindre l'objectif (le lecteur ne peut pas absoudre Bill Savage de toutes ses actions, Savage ne devient pas un personnage romantique). Il réussit même à intégrer un point de continuité de l'histoire alternative qui sous-tend plusieurs séries de 2000 AD. Patrick Goddard effectue un excellent travail de mise en images, au service du scénario, très solide, avec des qualités narratives visuelles impressionnantes.
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LA CHAÎNE TWITCH DE GLÉNAT : https://www.twitch.tv/glenatlive LA CHAÎNE TWITCH D'ULTIA : https://www.twitch.tv/ultia
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