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Ce livre est magnifique,j'aime énormément les écrits sur la religion et avec ce poème j'ai été heureuse.De la chute de Lucifer à l'expulsion d'Adam et Eve du Paradis j'ai parcouru les pages avec bonheur.L'écriture est splendide et remplie de sensibilité.
J'ai une grande admiration pour John Milton,si ma mémoire est bonne il était déjà aveugle quand il a écrit le Paradis perdu,dans son obscurité cet homme a réussi à trouver la lumière et à la transmettre au lecteurs à travers les âges.
J'ai adoré.
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Au XVIIème, un siècle après l'irruption de la Réforme, les lignes de démarcation entre catholiques et protestants sont solidement tracées. Après les théologiens, commence à émerger une littérature profane protestante. Agripa d'Aubignée en France, Milton en Angleterre. Mais ces austères puritains rejettent férocement la frivolité des cours catholiques, et plus encore le théâtre, considéré comme un lieu de débauche et d'impiété. C'est donc dans la Bible qu'ils puisent leur inspiration.

Il est probable que Milton caressa longtemps l'idée d'écrire une grande épopée inspirée du livre de la Genèse, et que le moment venu il y jeta toutes ses forces. Il en résulta ce long poème en prose narrant la création du monde, de la chute des anges rebelles à la chute de l'homme. On y trouve des inspirations de l'Iliade, de Dantes, mais également de nouvelles formes et de nouvelles idées.

Comme cette façon de débuter en flash back, par exemple. le livre s'ouvre sur Satan et ses fidèles vaincus, précipités au fond de la Géhenne, découvrant leur royaume d'exil désolé. Mais bien vite ils se ressaisissent. Il parait que quelque part, Dieu aurait créé un nouveau monde, habité par une nouvelle créature. L'homme…

La forme du texte est celle du XVIIème siècle, et de nos jours passerait pour bien lourde et longue, mais les descriptions sont magnifiques. Il est vrai que la traduction fut faite par Chateaubriand ! le défilé des démons, semblables à des tours et couverts de sang, pourrait être l'acte fondateur de l'héroïque fantaisie ! Les noms n'ont pas tellement changés d'ailleurs : Belial, Astartée, Dagon… Milton rajoute dans la liste la totalité des dieux de l'Egypte et de l'Olympe. La guerre des anges et des démons est également narrée avec force magnificence, et encore une fois n'a pas grand-chose à envier à une BD comme ‘Les chroniques de la lune noir'.

Il m'a été difficile de critique ce livre. Sévère et magnifique, il marque l'un des tournants de la civilisation européenne. Chateaubriand, fervent catholique, ne s'y trompa pas. On peut se demander si, pris par son feu, il fut d'un respect fidèle envers l'oeuvre original. Mais sa traduction est si magnifique qu'elle est une oeuvre en soi !
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Mon hermétisme aux grandes oeuvres classiques se confirme encore une fois. Déjà, l'Enéide m'avait soulée ; quant à l'Iliade et l'Odyssée, je n'arrive toujours pas à comprendre ce qui les distingue l'une de l'autre et pour tout dire, je crois les avoir lus mais je n'en suis même plus sûre. le cas non-échant, c'est dire si l'idée de les lire me traumatise. Toutefois, je m'incite parfois à penser que je ne suis jamais à l'abri d'une bonne surprise et, comme ne trouvant guère de bonnes surprises dans ce que je connais déjà – le connaissant déjà - je me plais fatalement à rechercher les bonnes surprises vers ce qui semble a priori le moins apte à me convenir. Me glissant dans la peau d'un personnage que je ne suis pas, mais qui aurait de nobles goûts littéraires, je me prends à dresser la liste de ce qui pourrait plaire dans cette oeuvre du Paradis perdu. Commençons.


Tout d'abord, Chateaubriand a fait beaucoup d'efforts pour nous en fournir une version très littéraire et recherchée. Il s'est fait chier à essayer de reproduire le rythme et les tonalités des phrases originales, et de ce point de vue c'est réussi. Il se permet même des néologismes, plutôt couillu à une époque que j'imagine conservatrice, mais après tout qu'est-ce que j'en sais de ce qui se faisait vraiment ou pas tellement en ces temps-là ?


Ensuite, Milton s'est posé un défi plutôt audacieux puisque le Paradis Perdu revisite l'épisode biblique du péché originel sur le mode de l'épopée. Imaginez un épisode chrétien chanté par des prêtres déguisés en poètes grecs, ou un truc du genre, pardonnez mon imprécision ignare et typique de notre siècle. La progression est donc assez prévisible et on retrouve notamment ce qui m'avait déjà barbé dans l'Enéide, une sorte de publicité généalogique des descendants du « héros », ici donc Adam, qui dure au moins dix minutes, le temps idéal en effet pour aller aux chiottes avant un épisode plus intéressant. Certes, on se fait quand même moins chier qu'en lisant la Bible, à condition d'aimer toutefois le lyrisme poétique et l'hystérisme descriptif, ce qui n'est pas mon cas. Quand je lis un Zola, j'ai l'habitude de sauter systématiquement toutes les descriptions ; quand je lis Milton, j'épure systématiquement les phrases de tout ce qui ne se réduit pas à sujet-verbe-complément d'objet. le reste peut être joliment trouvé, mais l'accumulation de mots d'esprits et de prouesses poétiques finit toujours par me donner la gerbe. La dernière fois que j'avais éprouvé ça, j'avais éclusé trop de vin blanc et je m'étais retrouvée la tête tournant à la vitesse d'un manège déchaîné, tout foutant le camp autour de moi alors que je comatais végétalement sur un pieu. Très désagréable. Bref, cette lourdeur étouffante n'était peut-être qu'une contrainte d'époque pour être lu (comme la contrainte pour être lu, de nos jours, c'est d'être une star de la télé, du sport ou du porno). La préparation de la bataille menée par Satan est le pire morceau du livre, c'est dommage parce que c'est ce qui ouvre l'épopée et ce qui devrait normalement convaincre le lecteur de rester un peu plus longtemps.


On peut lire ce texte tranquillou sur Wikisource pendant les heures de boulot, vous gênez pas, ça fera toujours un classique de moins à lire sur votre liste de torture (pour ça, bien sûr, il faut avoir la chance de travailler dans un open space rempli d'ordinateurs, ce qui n'est plus mon cas puisque je n'ai plus de travail et que j'ai écrit cette critique il y a un an et demi – ainsi va la vie les amis !)
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Le paradis perdu de Milton est sûrement un des plus grands poèmes de langue anglaise. Monument historique, religieux et littéraire figurant au Panthéon des chefs-d'oeuvre poétiques.
Pour plusieurs raisons, c'est un livre spécifique, la première est que ce petit bijou a été fait oralement par l'auteur devenu aveugle.
Deuxièmement, il utilise le vers blanc anglais non rimé, une forme semi-libre de versification, chose assez rare pour l'époque.
Troisièmement, il est conçu comme un roman palpitant ou les événements s'enchaînent.
A prime abord, on ne peut que s'inquiéter de la longueur de l'oeuvre et de son côté indiscutablement biblique, empreint de puritanisme anglais.
Mais Milton, homme politique, écrivain et poète n'a pu s'empêcher de transformer ce récit un peu académique parfois, en roman à la limite de l'heroic-fantasy, faisant de l'histoire un combat titanesque entre le bien et le mal, à la manière d'un Tolkien et du seigneur des anneaux. En politicien averti, l'auteur glisse aussi dans le récit un sous-propos métaphorique sur la situation politique de l'Angleterre avec la lutte sous-jacente entre républicains puritains fidèles à Cromwell et monarchistes catholiques favorables à la restauration royale.
Le paradis perdu en dehors de son contenu religieux reste avant tout, un brillant roman onirique ou l'imaginaire rencontre une part d'histoire humaine.
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C'est l'oeuvre majeure de Milton (1608-1674) mais aussi une oeuvre très importante de la littérature occidentale. Un poème formé de 12 livres; Milton a choisi un vers non rimé, la rime n'étant pour lui qu'une décoration. Un récit qui s'ouvre juste après la bataille entre Satan et ses troupes et les légions divines. le récit s'achèvera au moment où Adam et Eve quittent le paradis terrestre pour reconstruire un paradis intérieur, bien plus heureux.
Une oeuvre reprise par les romantiques, Milton donnant l'impression d'avoir fait de Satan le vrai héros de son texte, Satan dont l'image se dégrade au fur et à mesure de ses métamorphoses au cours du texte: chérubin puis cormoran puis crapaud puis serpent.
Particulièrement émouvant le passage où Adam renonce au paradis pour partager le sort d'Eve.
Un grand classique à lire et à relire, et plus particulièrement dans la version bilingue anglais-français.
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Je viens de relire le Paradis perdu de Milton : c'est à la fois grandiose par le thème et extrêmement poétique dans le détail. N'ayant peur de rien, Milton, ce poète aveugle (la tradition perdure) reprend la Genèse et la développe.
Plus particulièrement, il révèle la figure de Satan dont il fait un héros tourmenté digne d'un roman. le Satan que nous connaissons doit plus à Milton qu'à la Bible où le personnage est sensiblement différent et ne se pose pas en Grand Adversaire. Il commence d'ailleurs son oeuvre avec la révolte de Satan contre Dieu et son exil aux enfers avec les cohortes d'anges déchus qui l'ont suivi. Puis il reprend la création du monde en sept jours comme dans la Genèse mais en amplifiant le texte, et il en vient enfin au coeur du sujet avec la faute de l'homme et son exil du Paradis.
C'est une épopée en vers blancs, avec toute la grandeur nécessaire pour évoquer de si hauts personnages, qui fourmille de mille détails plus poétiques les uns que les autres. Je me suis lancée dans la lecture avec précautions et quelques réserves, je l'ai continuée avec enthousiasme !
NB : Ne manquez pas de regarder les magnifiques illustrations de Gustave Doré, autre génie dans son genre.
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Difficile de commenter une oeuvre qui, si sa beauté formelle m'a saisie, si son importance contextuelle et historique m'intéresse, peut me rebuter par certains aspects, par certaines idées évoquées - il est vrai que je ne suis pas la lectrice visée, que je ne suis pas croyante, et qu'avec mon regard contemporain féministe, j'ai été hérissée et même plus par la quasi totalité des remarques sur Eve ; ce n'est cependant pas Milton, mais la religion catholique et la Bible elles-mêmes qui expliquent que les femmes sont des créatures inférieures, que tout le mal vient de la première femme, et que, par conséquent, les femmes sont destinées à souffrir, à obéir et à se taire, et qu'un homme cesse d'être un homme s'il écoute sa femme.
Ceci dit, j'ai d'abord été intéressée par la longue préface dans laquelle Chateaubriand explique comment il a traduit, qu'il a été sensible aux images plus qu'à la rigueur grammaticale, souhaitant être au plus prêt du texte poétique originel. Et j'ai été effectivement séduite par de nombreuses images très évocatrices : l'armée innombrable de démons avec leurs bannières qui claquent au vent, L Oeil qui guette et qui voit tout en haut d'une tour - serait-ce Sauron ? peut-être une inspiration pour Tolkien en tout cas, les démons changés brusquement en serpents sifflant et rampant, la Nuit et le Chaos, le Pêché fille de Satan, dévorée par des chiens qui sortent de ses entrailles... Dans ces images, on sent une culture humaniste, avec de nombreuses références mythologiques grecques et latines - notamment à l'Iliade et l'Odyssée, à la Muse d'Homère elle-même, mais aussi des rapprochements plus inattendus dans un poème biblique comme l'évocation des planètes ou de la lunette d'astronomie de Galilée. Oui, c'est très foisonnant, très riche, très évocateur, mais aussi parfois assez long - la narration prend souvent la forme de longues listes.
J'ai d'ailleurs préféré le début, celui sur la Chute de Satan et son long chemin pour s'échapper et revenir tenter et corrompre le monde et les premiers hommes. Néanmoins, peut-être parce que je suis plus sensible à son écriture, j'ai préféré sur cette thématique la Fin de Satan de Victor Hugo, autre long poème. Satan est une figure complexe, monstrueuse et fascinante au sens propre, c'est-à-dire qu'on ne peut en détourner le regard : séducteur, charismatique, orateur, intelligent... Ensuite, la partie sur le Paradis et le pêché originel m'a beaucoup moins plu, trop cu-cul ai-je envie de dire, surtout quand Adam et Eve passent leur temps à rien... ou plutôt, à prier, à cueillir des fleurs et à faire l'amour. Cela m'a surpris en revanche, il y a beaucoup de sensualité, l'amour et le désir physique sont évoqués.
Je n'ai pas toutes les références bibliques, mais ce récit est tellement fondateur dans notre culture que je connaissais les événements et que ce n'est pas très important de connaître tous les noms des démons ou des anges. Il faut le lire pour un mythe et un poème du XVI ème siècle, sans trop y projeter un regard actuel, pour en voir toutes les riches images évocatrices.
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Extraits utilisés en exergue de chaque chapitre de l'Été où tout a fondu (Tiffany McDaniel / @editions_gallmeister ), le Paradis Perdu de Milton avait suscité une curiosité soudaine à assouvir…

Après quelques recherches, je me doutais que l'oeuvre serait riche, que j'allais devoir forcer un peu (j'ai un peu de mal à lire la poésie). Je ne m'attendais pas à autant prendre mon pied.

Parce que oui, j'ai littéralement adoré - malgré un style très riche, traduit par Chateaubriand - c'était complètement fou et épique !

En gros Milton raconte comment Satan a mené sa guerre contre Dieu parce qu'il ne supporte pas l'autorité et la servitude envers le Créateur (wah le passage où il se prend un coup de lance dans sa gueule par Michel il est dingue minou, je te jure), fomente un plan d'attaque pour se venger après avoir erré dans le Chaos avec ses sbires et s'infiltre à l'intérieur du Serpent afin de tromper Adam et Éve (oeuvre-jouets préférés de Dieu et Son Fils) et les faire chasser du Paradis.

Je l'ai lu comme un préquel du film Dogma (en beaucoup plus léché je te l'accorde), mais une fois que ça c'est intégré et que tu t'es fait.e à la langue, ça glisse comme sur des roulettes. C'est vraiment beau, ça se la joue cross universe façon Disney/Marvel en y intégrant géopolitique contemporaine de Milton, mythologie grecque et romaine et purée… le résultat est nickel !

Hormis les énormes grinçages de dents sur la place de la femme dans l'oeuvre de Dieu, Milton se fout dans la peau du Diable et arrive à critiquer une Église un peu trop archaïque en Europe et le fait plutôt brillamment.

Grosse surprise pour moi ! C'est du lourd, faut être concentré, mais putain c'était trop bon !

(mais je suis bien content de l'avoir fini)
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Cinq étoiles pour Chateaubriand.

Grace aux vers boiteux et un vocabulaire fort idiosyncratique, la version originelle en Anglais du « Paradis Perdu » est un calvaire à lire. Les seuls anglophones qui le lisent sont eux qui l'ont au programme d'un cours du premier cycle. Cette traduction en prose De Chateaubriand se sert d'un vocabulaire conventionnel, est facile à lire et plait énormément. Celui qui le lit va mieux comprendre les intentions de Milton que les pauvres étudiants anglophones aux prises avec la version de Milton. Je le recommande fortement à tout membre de GR qui veulent connaitre ce chef-d'oeuvre que leurs amis anglophones ont dû lire pendant leurs années universitaires.
Chateaubriand considère « Paradis Perdu » comme étant la plus grande épopée chrétienne. On accepte à l'unanimité cette opinion au Collège Victoria (l'Université de Toronto) où j'ai fait mon premier cycle. Il faut alors reconnaitre que Chateaubriand a raison.
Un seul bémol. Plutôt que chrétien, « Paradis Perdu » est ultra-protestant. Il n'y aucun intervenant entre l'homme et Dieu. On n'y trouve ni sacrements ni clergé. Malgré tout, « Paradis Perdu » est un grand chef-d'oeuvre très bien servi par la traduction De Chateaubriand.
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C'est vieux très très vieux, à lire pour la culture mais ce n'est pas ce genre poétique qui me passionne
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