Une très belle découverte que celle de cet auteur israélien et de son personnage, Avraham, le chef de la section des homicides de Tel-Aviv. L'intrigue, subtile, se noue peu à peu et le lecteur est pris dans un filet dont les mailles se resserrent insensiblement, chapitre après chapitre, jusqu'à ce que ses éléments épars prennent sens dans une tension dramatique qui nous tient en haleine jusqu'au dénouement. Amateurs d'hémoglobine, de tueries à répétition et autres litanies sanglantes, passez votre chemin,
Dror Mishani ne propose rien de cela : ici tout est cousu main et de la plus fine manière.
Lea Jäguer, la soixantaine, veuve, a été retrouvée étranglée dans son appartement. L'enquête débute sans que l'équipe policière n'ait la moindre idée du mobile du meurtrier. La victime menait une existence paisible de retraitée, s'occupant à l'occasion de sa petite-fille, et personne ne lui connaissait de relation amoureuse depuis la mort de son mari. Pour l'inspecteur-chef Avraham, cette enquête est son baptême du feu, c'est la première qu'il dirige sans être placé sous les ordres d'Ilana Liss, autrefois sa supérieure. Sera-t-il à la hauteur et capable de faire avancer son équipe tout en gérant les tensions avec le divisionnaire Seban ? À son stress s'ajoute la difficulté à communiquer avec les parents de son amie Marianka, venus de Belgique pour une visite éclair.
Au même moment, Maly Bengtson, une jeune femme trentenaire, s'inquiète du comportement de son mari. Taciturne de nature, il devient de plus en plus mutique et disparaît pendant des heures sans donner la moindre explication. Qu'arrive-t-il à Koby, son mari attentionné qui l'avait si bien soutenue lorsqu'elle avait été victime d'un viol ? La situation échappe de plus en plus à Maly qui redoute une catastrophe, connaissant le caractère instable et irascible de son époux.
Dror Mishani nous entraîne dans un récit maîtrisé de bout en bout. Derrière l'énigme policière, se dessine le portrait d'une société israélienne où les immigrants peinent à se faire une place, où le viol n'épargne pas plus les femmes qu'ailleurs, où les tensions raciales pointent dans la vie quotidienne.
Après la grande
Batya Gour et son commissaire Michaël Ohayon, voici venu un nouveau virtuose sur la scène du polar israélien.