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3,95

sur 878 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Yukio Mishima (ou l'inverse si l'on veut faire plus japonais) est parti d'un fait divers réel, à savoir l'incendie du célèbre et vénérable pavillon d'or de Kyôto par un novice quelque peu déséquilibré en 1950, pour en faire un roman initiatique d'une grande subtilité et absolument dépourvu de manichéisme.

Il faut rappeler que Mishima avait 25 ans au moment des faits et que l'incendiaire en avait 21, donc, qu'ils appartenaient quasiment à la même génération, ce qui a permis à l'auteur d'injecter multiples influences qu'il était capable de puiser chez lui ou certaines de ses connaissances pour forger un personnage crédible en s'appuyant sur les quelques éléments réels de la biographie du bonze novice qui se rendit coupable de ce sacrilège.

C'est donc un lent et vacillant cheminement auquel nous invite Mishima sur les traces d'un adolescent frappé d'une infirmité d'élocution, qui se sait laid, qui déteste sa mère et a perdu son père, lequel, lui-même prêtre zen lui a transmis un véritable sens de la vénération pour la beauté incomparable du pavillon d'or.

À la mort de son père, le prieur (principal religieux du temple où figure le pavillon d'or) recueille le jeune adolescent, étant un ami du père et lui ayant assuré de veiller sur lui. Ainsi, notre adolescent torturé devient novice au temple et peut contempler à loisir ce bijoux de raffinement et de fascination qu'est le pavillon d'or.

Il va se lier à deux amis, qui symboliseront le yin et le yang du jeune homme. Tsurukawa, d'une part, sorte de génie bienveillant qui arrive à percevoir les bons côtés du jeune bonze derrière ses infirmités et ses frustrations, tentant ainsi de les magnifier.
D'autre part, Kashiwagi, sorte de côté obscur, génie malveillant, qui sous prétexte de libération pousse son ami vers la dépravation.

On verra donc le jeune bonze tiraillé jusqu'au plus profond de son âme entre le côté lumineux et le côté obscur, adolescent mal dans sa peau, complexé dans sa chair, mal dans le monde, épris de beauté mais s'en sentant exclus, la recevant même comme une injure, faisant ressortir sa propre laideur, tant physique que spirituelle jusqu'à lui devenir insupportable.

La pavillon d'or cristallise tout ce qui, à ses yeux, est le summum du beau, donc ce qui l'empêche de vivre...

En somme, un beau roman sous forme de récit à la première personne, très psychologique où, au détours de quelques passages on devine un Japon d'après guerre, ruiné économiquement, gangrené par le marché noir et humilié par la présence des militaires américains. Je vous ai donné mon avis, c'est-à-dire, pas grand chose, maintenant c'est à vous de jouer pour forger le vôtre.
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Au coeur de Kyoto, s'élève le Pavillon d'or, majestueux, entouré d'un écrin de verdure et objet d'innombrables visites. Ce pavillon fut incendié en 1950. C'est l'histoire de ce geste dément que nous conte Mishima.

Lors de sa première visite au Pavillon d'or, que son père lui avait décrit comme le summum de la beauté, le jeune Mizoguchi est déçu. Malgré tout, une fascination maladive s'empare de lui. Peu de temps après le décès de son père, Mizogushi devient novice au Pavillon d'or. Sa laideur et son bégaiement l'isole des autres étudiants. Mais deux amitiés successives feront naître chez le juin homme influençable des désirs de vengeance…

Dans ce texte hypnotique, le lecteur suit les pensées chaotiques du jeune novice et comprend au fil des pages le cheminement de sa folie. Il ne s'agit pas d'excuser mais d'expliquer.

Mishima n'est pas tendre pour ses personnages. Il tue les plus méritants, la mère, le père, l'ami bienveillant, mais dresse les portraits sans compassion de Kiwagashi, le compagnon qui a grandement contribué aux errements de Mizogushi, et du père prieur, qui n'est pas le saint homme qu'il voudrait paraître.

Le roman offre ainsi un tableau du Japon d'après guerre, sous occupation américaine, et privé de l'essentiel, qui sert de cadre à cette réflexion sur le bien et le mal, le beau et le laid, et l'irruption de la folie.


375 pages Gallimard 6 février 1975
Caverne des lecteurs

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Ma première découverte d'un livre de Yoko Mishima me laisse admirative de son immense talent. C'est très modestement que je vais parler de ce classique de la littérature japonaise.

En 1950, un incendie criminel détruisait l'un des trésors nationaux, le Pavillon d'or du temple de Rokwonji, à Kyôto. Yoko Mishima s'est inspiré de ce fait divers pour écrire cette sombre histoire. Son écriture est d'une grande poésie, ses descriptions des paysages sont magnifiques, ses analyses des personnages d'une grande finesse psychologique.

L'ambiance est pesante, le roman débute avec les bruits des bombardements et le rationnement alimentaire durant la seconde guerre mondiale. …
Mizoguchi est le fils d'un bonze. Il est pauvre, laid et il bégaie. Son père sentant sa fin proche, décide le confier au Prieur du Pavillon d'or, son ami. Rapidement, le Pavillon d'or cristallise toutes les souffrances du jeune homme à travers l'amour démesuré qu'il lui porte. Il s'enferme alors dans une sorte de folie paranoïaque, une obsession pour le pavillon d'or qui ne le lâche plus. La beauté rayonnante du temple fait ressortir à ses yeux l'ensemble de ses disgrâces.
Devenu jeune novice, il fera la rencontre de deux amis, Tsurukawa, ouvert à la vie, un ami bienveillant qui le pousse à prendre confiance en lui et Kashiwagi, lui aussi affecté d'une infirmité. Mais ce dernier est un être pervers qui pousse Mizoguchi vers la noirceur et le mal.
La beauté et la laideur, la soumission et la domination, sont en duel permanent tout au long du récit. Mizoguchi s'enfonce petit à petit dans sa douleur qui l'empêche de vivre jusqu'au dénouement final…

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Au Japon, peu avant le largage des bombes atomiques, un jeune homme fils de bonze découvre pour la première fois le Pavillon d'or, un temple dont il avait si souvent rêvé et qu'il avait fantasmé. Un temple plusieurs fois centenaire réputé pour sa beauté. Si le coup de foudre attendu n'est pas immédiat, le trésor national va pourtant de plus en plus s'imposer dans sa vie, au point de l'empêcher de vivre comme n'importe quel japonais de son âge. D'abord épaté et inspiré par sa beauté, il va finalement le rendre responsable de son incapacité à voir le monde comme les autres et va commettre l'impensable...

Chronique sociologique et romancée d'un meurtre architectural. Mishima, dans une prose exquise et poétique, tente de retracer le récit de cet apprenti moine qui a incendié le 2 juillet 1950 l'un des trésors nationaux du Japon à Kyoto. Grâce à la préface du traducteur Marc Mécréant, on en apprend plus sur l'arrestation du coupable à l'époque, sur le résultat de l'acte criminel. Mishima, lui, narre le "avant", ce qui a conduit au crime.
L'approche est passionnante, l'ôde à la nature magique, les descriptions détaillées mais poétiques. le mobile de l'infamie ? La Beauté, incarnée par le temple. Celui-ci est si beau qu'il occupe toutes les pensées de Hayashi, notre pyromane, à tel point que plus rien d'autre, même les femmes alors qu'il est à un âge où les hormones se réveillent, ne l'enflamme. Il en déduira que le temple est responsable de son incapacité à s'intégrer, ou du moins à apprécier ce que tout le monde trouverait beau et enivrant.
C'est un peu long, mais c'est très bien fait. La traduction des années 60 a un charme indéniable et participe grandement à la beauté du texte en général. La fin du récit laisse un peu le lecteur sur sa faim, d'où l'intérêt de lire la préface pour en savoir plus sur le "après".
Lien : http://livriotheque.free.fr/..
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Japon. 1944-1950. le Pavillon d'Or est un temple zen qui contient des trésors nationaux ; il est lui-même un symbôle d'harmonie avec une silhouette à toit et auvent recourbés qui se reflète majestueusement sur le lac par les jours sans vent. Une présence de cinq siècles pour cette merveille de légèreté.

Pour tout dire, il symbolise la beauté éternelle pour le jeune bonze de 17 ans qui vient d'y entrer. Tout son contraire, car lui est pauvre, laid et bègue!

Peu à peu, Mishima distille le poison de la haine dans ce jeune esprit qui ne suscite que moquerie ou indifférence. Tiens oui l'indifférence! Est-ce d'ailleurs un hasard s'il est peu ou pas cité et que je n'ai pas retenu son nom?

Toujours est-il que ses amis vont l'aider indirectement à accomplir sa destinée (que je tairai), le bon Tsurukawa et le subversif Kashiwagi. Ce dernier est le méchant comme on les aime dans les romans: du charisme et d'une intelligence rare pour concevoir des entourloupes. Que du bonheur à lire!

Ce qui impressionne dans cette ouvrage est la grande maîtrise de Mishima, alors jeune homme de 25 ans, quant au récit d'un fait divers, qui a marqué le Japon, rondement mené mais aussi par son approche psychologique du personnage principal, touché par la grâce puis par un spleen qui tiennent tout le roman.

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S'appuyant sur un fait réel qui fut un véritable drame, Yukio Mishima construit un roman d'une extraordinaire beauté pour nous décrire le processus psychologique qui conduit un jeune moine obsédé par l'esthétique à commettre l'irréparable.
C'est superbement écrit et on suit chaque seconde des pensées de ce jeune homme jusqu'à l'incendie.
On évolue dans un décor exceptionnel et on touche un peu de l'immense univers de cet auteur remarquable qu'on a envie de revoir.
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Peu familier de la Littérature extrême orientale , ce classique de la Littérature japonaise a été un vrai plaisir de lecture. Récit initiatique ou Roman d'apprentissage, le Pavillon d'or nous immerge dans les réflexions et le cheminement d'un jeune moine bouddhiste dans l'immédiate après-guerre 39 -45 et nous fait témoin de sa perception sensible parfois naïve, souvent fantasmée des personnages et événements qui jalonnent son parcours.
Immersion poétique et sensuelle avec comme point d'horizon ,comme figure réitérée, ce Pavillon d'Or symbole tout à la fois de la grandeur d'une civilisation et de son poids écrasant dont le jeune novice tente radicalement de s'affranchir, symbole là aussi peut être d'un Japon ancestral qui cède la place à un Japon qui va faire pour se reconstruire, le pari de la modernité.
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Dans ce roman, on retrouve les ingrédients d'un bon, très bon Mishima. Son obsession d'esthete, sa fascination morbide pour le suicide... Cette ambivalence dans les caractères, parce qu'à chaque fois, face à ses personnages, on est incapable ni de les aimer, ni de les détester. le monde de Mishima n'est pas manichéen, et petit à petit, on le voit extraire du beau des choses terribles et cruelles.
Inspiré par un fait divers, le pavillon d'or est un roman iniatique. Il met en scène un adolescent bègue, mal dans sa peau, isolé. Oscillant entre le Bien et le Mal, les deux finiront par se confondre, devenir un tout.
Ce temple, ce Pavillon d'or, va cristalliser tout au long du roman, les émotions du héros. Jusqu'à l'ecoeurement.
La Beauté est éphémère.
La Beauté est destructrice et destructible.
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A partir d'un événement navrant - l'incendie volontaire, par un moine novice à l'esprit perturbé, en 1950, du Pavillon d'or de Kyoto, merveille construite 5 siècles plus tôt, -, Mishima nous livre un roman brillant et fort, reprenant et disséquant par le menu le caractère du pyromane, ses motivations, et les événements et incidents qui ont marqué sa vie et précédé son forfait.
Le texte est merveilleusement écrit. La description de la perturbation mentale croissante du personnage et du manque de rationalité de son comportement, forment un l'ensemble à la fois brillant et troublant.
On connaît le désordre psychique de l'auteur lui-même, qui, à sa façon, commettra aussi, plus tard, un geste irréparable. On comprend qu'il ait été intéressé par un personnage aussi étrange. Mais on retiendra surtout que c'est peut-être le plus beau leg littéraire qui a pu être construit à partir d'un fait divers.
Et ceux qui s'intéressent à la complexité des rites japonais, religieux ou profanes, trouveront dans cette lecture bien des sujets de satisfaction supplémentaire.
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Le style Mishima. Qu'en pensez-vous? N'êtes-vous pas, comme moi, subjugués? Ou êtes-vous peut-être décontenancés? Ecoeurés? Mal à l'aise?

Une sensualité hors-norme se dégage de cette oeuvre et une musicalité à tonalité lyrique berce la lecture. Seul bémol, sur les 375 pages de ce livre, la lecture de 100 suffit à nous sustenter puisque le récit ne concerne que l'épisode, au final uniquement symbolique, de l‘incendie du fameux pavillon d'or de Kyoto par un moine bouddhiste.

Un bel hommage à la Beauté avec un grand « B ». Les amateurs du concours BCE et Ecricome 2008 en conviendront

A vous de me raconter votre périple sensuel… ou pas.

Finem Spicere,

Monsieur Touki.
Lien : http://monsieurtouki.wordpre..
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